Guilhem Flouzat présente “Bottommost”
C’était hier au Sunside avec Isabel Sörling, Ralph Lavital, Laurent Coq et Florent Nisse, ce dernier pour Desmond White qui joue sur le disque dont le batteur Guilhem Flouzat célébrait la sortie.
L’une des qualités que l’on admire chez Guilhem Flouzat, c’est le caractère très orchestral de son jeu. C’est ce qui apparaît dans les moments de solo proposés hier en introduction ou à l’intérieur de certains morceaux. Une qualité qu’il partage intimement avec Florent Nisse et qu’il fait rayonner autour de cette cellule de par son écriture. Il faut dire que, dans cette disposition piano-guitare souvent problématique, Laurent Coq et Ralph Latival n’ont plus aucun secret l’un pour l’autre et se répartissent l’espace polyphonique ou le partagent en homophonie d’idéale manière, Lavital dans un recours également inspiré aux guitares électrique et acoustique, au jeu en single notes ou en accords, au médiator ou au finger picking, Laurent Coq passant de lignes lumineuse par leurs contours et la qualité de leur articulation à des dispositions d’accords très large combinant densité du propos et légèreté du dire.
La disposition orchestrale n’est pas sans évoquer le Pat Metheny Group avec Lyle Mays. L’imaginaire culturel est très “seventies”, les textes et les “long songs” imaginés par Flouzat renvoyant à une culture dont le premier nom qui vient à l’esprit est Joni Mitchell. Lui comme Isabel Sörling en connaissent manifestement l’œuvre, marqueur avoué par la chanteuse lors d’un hommage qu’elle lui rendit voici quelques années au festival Respire Jazz de Pierre Perchaud (et je m’efforce en rédigeant ces lignes de mettre de côté ma frustration de ne pas avoir assisté à l’hommage rendu récemment à la grande Joni par Jeanne Added à la Philhamonie), mais elle s’en distingue par un mélange d’abandon et de tension, comme si chaque phrase était chantée en émergeant du sommeil, à mi-chemin du rêve et de la réalité. Je quitte en catimini le concert avant son issue, après que le groupe ait donné le morceau qui donne son titre à l’album “Bottommost” et constitue tout à la fois sa conclusion et son sommet par la qualité de son poids et de son apesanteur, et qui m’apparaît comme un tremplin pour le futur du groupe. Franck Bergerot