Martial Solal n’est plus…
…éternel cependant. Il avait renoncé au piano à la sortie de son brillantissime concert à Gaveau le 23 janvier 2019, on le savait déclinant, mais toujours digne, toujours drôle, caressant encore quelque projet d’écriture. Et ce soir, le téléphone, les mails, les réseaux, la presse en ligne bourdonnent de ce qui n’est pas une simple rumeur.
Ça vous tombe dessus au sortir d’une bonne comédie américaine, pouffant encore de rire, et l’on avait beau s’y attendre, on se frotte les yeux, incrédule, et voilà. C’est là. Ça devait arriver. Bien sûr, le jazz est âgé, la pyramide des âges s’effrite toujours plus largement et chaque mois apporte son lot de mauvaises nouvelles. Mais Martial Solal, c’était nous, sa discographie a quasiment l’âge de Jazz Magazine, exactement le mien. Martial, c’était notre jazz à nous, même s’il fut souvent plus respecté Outre-Atlantique que dans notre pays où la vivacité de sa musique et son imagination souvent à contre-courant fit grincer quelques dents. Immense pianiste, immense improvisateur… Les mots vous lâchent en ressortant le programme de ce concert à la Salle Gémier où il créa “Sans Tambour ni trompette” avec les contrebasses de Gilbert Rovère et Guy Pedersen. Première partie, The Trio de John Surman avec Barre Phillips et Stu Martin. Ce fut mon baptême du feu pour ce qui est du jazz, suivi d’une multitude de concerts – probablement l’artiste que j’ai le plus écouté “live” dans ces années 1970 qui suivirent jusqu’à ce dernier Gaveau – et de microsillons relayés par plus encore de CD qui l’immortalisent aujourd’hui.
Les titres et les noms me reviennent en vrac et sans hiérarchie, comme les microsilllons sont tombés de leur étagère sur mon tapis : Aigue marine, Roger Guérin, Suite en ré bémol, Daniel Humair, Mercredi 13, Roy Haynes, Leloir est cher, Lee Konitz, Fa mi ré do, Pierre Michelot, Incertain regard, Jean-Marie Ingrand, Ridikool, Django Reinhardt, Monostome, Denis Leloup, Nos smokings, Marc Johnson, Tea for Three,les Frères Moutin, Solaltitude, Claudia Solal, Ouin Ouin, Pierre Lemarchand, Mystère Solal, Benoît Quersin, Blues Martial, Christian Garros, Thème à tics, Michel Portal, Claudianna, Eric Le Lann, Exposition sans tableau, Dave Liebman, No Delay, Dave Douglas, Liberté sous potion, André Hodeir, Dermaplastic, Kenny Clarke, Il était un petit navire, Johnny Griffin, Ah non !, Hampton Hawes, Morceau de Cantal, Jean-Philippe Morel, Incertain Regard, Manuel Rocheman, Suite pour une frise, Paul Motian, Impromptulm, Paul Rovère, Échappement libre, Anna, Lucien valsons, Jean-François Jenny-Clark, Note-Ability, NHOP, Vice versa, Fats Sadi, Et si c’était vrai, Éric Ferrand-N’Kaoua, Fanfari dondaine, Lucky Thompson, Jazz Frit, François Merville, Fafasifa, Charles Belonzi, Sir Jack, Henri Texier, Blues Masochiste, Gary Peacock, Blouse bleue, Sidney Bechet, Oblique, Stéphane Grappelli, Jo Jaguar, Joachim Kühn, Avertissez-moi, Cesarius Alvim, Valse à trois temps, Didier Lockwood, Ile de Ré bémol, Dave Douglas, Blues antagoniste, Jean-Louis Viale, Concerto Icosium, Hervé Sellin, Coming Yesterday, Jean-Paul Celea, À bout de souffle, Dodecaband, Chi va piano, Jean-Charles Richard, What Is This Lee ?, Teddy Kotick… liste à compléter avec toutes mes excuses pour les oubliés. Franck Bergerot