Les parallaxes de Paul Brousseau

C’est dans le cadre du Piano Solos Festival que Paul Brousseau présentera son solo “Parallaxe” ce vendredi 25 avril au Triton, à la même affiche que Frank Woeste.
Les disques s’accumulent dans ma boîte aux lettres et sur mon bureau déjà plein comme un œuf. Du temps où j’étais en charge de la répartition des chroniques à Jazz Magazine, j’y accordais une grande attention – ou du moins j’essayais, car les écoutant généralement en faisant autre chose, sous la menace permanente d’un prochain bouclage. Aujourd’hui, retraité, travaillant plus lentement et m’imposant sieste et marche quotidiennes, j’avoue avoir du mal à faire face. D’autant plus qu’une autre activité s’ajoute aux nécessités de mon hygiène et aux plaisirs nouveaux de ma vie de retraité, l’écoute en concert. Car c’est bien souvent là, bien vivantes, que je découvre les musiques dont on m’envoie les disques. Quel moment de plus grande disponibilité que le noir, le silence et l’attention collective d’une salle de concert ?
Un envoi m’a toutefois intrigué, puis captivé, envoi numérique de six fichiers son d’un programme solo du pianiste Paul Brousseau intitulé “Parallaxe”. Je crois avoir entendu Paul Brousseau pour la première fois au sein du Grand Ensemble de Marc Ducret “Le Sens de la Marche” vers 2003. On l’a retrouvé par la suite au fil d’un parcours inclassable, avec l’ONJ d’Olivier Benoît, auprès de Louis Sclavis ou de Jacques Rebotier, à la tête d’un projet hybride et singulier : Kolkhöze Printanium, etc.
Voici que je me repasse pour la troisième fois les six plages de son solo en demandant pourquoi ça m’interpelle ainsi et à quoi ça me fait penser. À rien ? Sinon peut-être à Ran Blake (je pense à “Wende” Owl, 1976, mon premier disque de lui, resté mon préféré)… mais pas seulement ; quelque chose d’autre, avec un rapport au silence ou tout du moins avec cette trace dont une note ou un phrase peu imprégner le silence. D’où cette absence d’empressement et cette esprit de vagabondage qui fait aller d’un pas après l’autre, de de ne pas poser le second pied sans avoir goûté le plaisir de dérouler parfaitement le premier. Avec un naturel faisant que l’on ne se dit qu’à la troisième écoute « Tiens, sur ce morceau, il a préparé le piano ».
La bonne nouvelle, c’est que paul Brousseau jouera ce programme aux Lilas ce vendredi 25 avril à la même affiche que Frank Woeste dans le cadre du Piano Solos Festival du Triton qu’auront inauguré la veille Avishai Cohen et Sophia Domancich. La mauvaise nouvelle, c’est que je n’y serai pas, appelé à 650 km de là. Alors soyez y ! Franck Bergerot
Piano Solos Festival au Triton : le 24 Sophia Domancich et Yonathan Avishai, le 25 Paul Brousseau et Frank Woeste, le 26 Delphine Deau et Bruno Ruder. On a fait pire !