Actualité
Hommage
Publié le 29 Avr 2025

Adieu Andy Bey

C’est avec beaucoup de tristesse que noys apprenons la mort, à 85 ans, du grand chanteur et pianiste de jazz Andy Bey, dont nous avions découvert la voix envoûtante et d’un raffinement suprême en 1996 quand parut le sublime “Ballad, Blues & Bey”, qui marquait son retour après une longue période d’absence. Sa musique ne nous quittera jamais.
Par Fred Goaty (avec David Linx)

Il y a quelques années, son confrère David Linx l’avait rencontré pour Jazz Magazine. Souvenirs :
David Linx : Quand je vous entends, Andy, j’entends quelqu’un qui a une sorte de langage invisible ancré à la fois dans la tradition et dans l’avant-garde. Un peu comme Jeanne Lee. De plus, vous avez une manière intemporelle de glisser la négritude, moins dans la manière de chanter que dans la façon de conter une histoire, même lorsque vous partez d’un standard…

Andy Bey : On peut chanter des chansons pendant des années, mais elles prennent plus de sens avec l’âge, ou un autre sens. On cherche à atteindre l’essence de ce qu’on veut faire. Techniques et concepts sont importants, mais finissent par converger. J’ai toujours travaillé, aussi bien pianistiquement que vocalement, et les deux ont fini par s’imbriquer. J’aime T-Bone Walker et Bela Bartók.

David Linx : Dans vos enregistrements, j’entends aussi un côté européen. Il n’y a pas que la tradition américaine, ou noire, mais plusieurs qui fusionnent, paisiblement.

Andy Bey : Je suis content que quelqu’un l’entende… J’ai écouté tant de musiques depuis l’âge de 5 ou 6 ans… Beaucoup de gospel – l’église n’était jamais loin, je ne pouvais pas la rater – puis des chanteurs de blues avec qui je partageais l’affiche…. Au lycée, j’ai écouté Bartók, Stravinsky, Ravel, Debussy… Et aussi Duke Ellington, Miles, Sonny Rollins, John Coltrane… J’adorais Sarah Vaughan, Betty Carter, Nat King Cole, Frank Sinatra, Little Jimmy Scott… Je pense avoir été surtout influencé par Sarah. J’adorais aussi Ella, qui était brillante, pour son swing, son articulation… Finalement tout s’est fondu, même si je continue d’enrichir ma palette. Il s’agit de trouver sa voie.

Cinq disques essentiels
Horace Silver : “The United States Of Mind” (Blue Note, 1970-72).
Andy Bey : “Experience And Judgment” (Atlantic, 1974).
Andy Bey : “Ballads, Blues & Bey” (Evidence, 1996).
Andy Bey : “Shades Of Bey” (Evidence, 1998).
Andy Bey : “Tuesdays In Chinatown” (N-Coded Music, 2001).

Photo © Stéphanie Badini