LAURENT CUGNY Tentet, Jazz à Saint Germain
LAURENT CUGNY Tentet, Jazz à Saint Germain
En sortant du métro, la fac de Jussieu : c’est l’un des nombreux lieux, parfois insolites, où s’épanouit le festival.
C’est la clôture du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, et pour moi le concert que je ne voulais manquer pour rien au monde : le nouveau groupe de Laurent Cugny
Le disque récemment paru («Zeitgeist», Frémeaux & Associés) m’a enthousiasmé. Il a été enregistré en septembre dernier, mais c’est le tout premier concert du groupe. Pour la première partie du concert, le festival a suivi une suggestion de Laurent Cugny : le quintette de la trompettiste Ysaura Merino, une musicienne que l’on a entendue dans l’orchestre des jeunes de l’ONJ, cette année dirigé par Laurent Cugny, en février dernier (chronique de Franck Bergerot ici), avec d’ailleurs deux des membres du groupe que l’on va découvrir
YSAURA MERINO Quintet
Ysaura merino (trompette), Loan Buathier (guitare), Pierre Louis Varnier (piano numérique), Baptiste Archimbaud (contrebasse), Orélio Paladini (batterie)
Paris, auditorium Jussieu Sorbonne Université, 17 mai 2023, 20h30
Le concert commence avec une belle énergie, par des climats qui rappellent au désormais vieux chroniqueur les musiques qui faisaient fureur dans les années 70. Puis c’est un standard, Old Devil Moon, rajeuni avec un certains talent. Quand vient le tempo lent, au titre suivant, les improvisations deviennent un peu flottantes. Mais la prestation est digne d’intérêt, surtout dans ce contexte un peu intimidant. À suivre donc
LAURENT CUGNY Tentet
Laurent Cugny (piano électrique, arrangements, direction), Pierre de Bethmann (piano électrique), Laurent Coulondre (orgue), Manu Codjia (guitare), Jérôme Regard (contrebasse), Stéphane Huchard (batterie), Antoine Paganotti (batterie), Sylvain Gontard (trompette), Martin Guerpin (saxophone soprano), Stéphane Guillaume (clarinette basse)
Paris, auditorium Jussieu Sorbonne Université, 17 mai 2023, 22h
C’est ‘l’équipe première’ du disque (dans lequel il y avait alternance de bassiste et de batteur). Seul remplacement : Sylvain Gontard à la trompette, au lieu de Quentin Ghomari. Le concert suit au début l’ordre du disque. Mais on est dans une autre dimension, les solistes ont plus d’espace, et l’interaction est palpable entre les riches textures de ce groupe inusité (3 claviers, 2 batteries) et les souffleurs et la guitare. Tous seront aussi solistes, et il se tisse constamment des connivences subliminales entre les instruments, ce qui confère à l’ensemble une riche et féconde tension. Comme le dira le leader en présentant le bassiste, Jérôme Regard est le cœur du réacteur nucléaire : il distribue l’énergie, la précision, donne l’échelle des nuances. Cette musique est éminemment collective ! Les deux batteurs auront des solos, accompagnés ou non, en dialogue, et la différence de leurs approches fournit à cette musique (qui n’en manque pas!) un supplément d’âme. Tout le répertoire du disque va y passer, sauf (si je n’ai pas été inattentif) un thème de Miles Davis. En rappel l’inoxydable Mood Indigo, traité avec égards, mais avec bien des espaces de liberté. Très très beau concert (et c’était une première !). On se dit que les prochains (Saint Omer le 9 juillet, La Londe-les-Maures le 4 août, en attendant Radio France en décembre) pourraient nous entraîner encore plus loin, plus haut, plus fort.
Vers 23h20, le chroniqueur file vers le métro Jussieu. En temps normal, il lui fallait 45 à 50 minutes pour aller de cette station à sa banlieue Est. Mais depuis plus de deux ans les suppressions de RER en soirée font que ce soir, il faudra près de 2 heures, dont un parcours final de plus de 2 km à pied (alors que la gare du RER est à 300 m de chez moi….). Mais la très belle prestation du groupe de Laurent Cugny méritait bien un tel sacrifice : bonheur absolu.
Xavier Prévost