L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Gilles Dulin (de Saint-Rémy-de-Provence) avait choisi :
Asia
Asia
Geffen Records
1982
« C’est chez un disquaire avignonnais qui a malheureusement fermé depuis longtemps que la sublime pochette de ce disque m’a sauté aux yeux. Roger Dean bien sûr, connu pour son travail avec Yes, mais aussi avec Osibisa, Gentle Giant, Uriah Heep, Babe Ruth… Pour être honnête, je ne savais pas que messieurs Wetton, Howe, Downes et Parlmer avaient formé un groupe, ou plus précisément un “supergroup” – je croyais que la mode de ce genre de formation était passée… Ben non : l’ancien bassiste et chanteur de King Crimson, le guitariste de Yes, le claviériste des Buggles et le batteur d’Emerson, Lake & Palmer avaient donc conjugué leurs talents pour former Asia – America et Japan, entre autres, étaient déjà pris… –, et enregistrer un premier album qui avait des allures de “best of” tant la qualité de leurs neuf chansons s’élevait au-dessus de la moyenne. Je m’étais étonné, de prime abord, qu’aucune d’entre elles ne dépassent les six minutes ; après tout, ces Quatre Fantastiques étaient connus pour leurs passé prog. Mais pour cette fois, ils avaient concentré leur art dans un format pop, et il faut avouer qu’ils avaient bien fait, car on frôlait la perfection. Heat Of The Moment (dont le riff préfigure étrangement celui de Owner Of A Lonely Heart de Yes, qui sortira un an après), Time Again, Wildest Dreams, Without You, Here Comes The Feeling… : sur des harmonies et des refrains finement ciselés, la voix du regretté John Wetton n’avait peut-être jamais aussi bien transmis des émotions, tandis que ses trois compères rivalisaient d’invention mélodique et de virtuosité sans esbroufe (Steve Howe et Carl Parlmer dans Wildest Dreams !). Asia, ou l’incarnation idéale de la pop prog. »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Agnès Chapotel (de Saint-Ouen) avait choisi :
New Power Soul
New Power Generation
NPG Records
1997
« Je suis folle de ce disque depuis sa sortie. En 1997, il me semble que ça n’allait plus trop de soi d’aimer Prince avec autant de passion qu’en 1987. Il n’était plus tendance, mais moi j’aimais son “temps-danse”, son look insensé, son brushing, son maquillage, ses boucles d’oreille, ses colliers, ses bagouses… (Dans le livret tou.te.s ses musicien.ne.s étaient au diapason.) Bon, le gun-mike, je sais pas, mais ça me faisait bien rire. Et puis le chansons, dix plus une, la cachée, la n° 49, Waysted Kisses, ma préférée peut-être, non, c’est Mad Sex (le groove !), non, When U Love Somebody (le refrain !), non, Freaks On This Side (bien dingo), non, Come On (le presque-tube), non, The One (non mais cette voix quoi, ces chœurs, ces paroles, et les strings de Clare Fisher)… Bref, en 1997, je me sentais un peu seule, mais ça n’allait pas durer, Prince allait peu à peu revenir en pleine lumière, surtout quand il se décida à récupérer son nom tout en gardant son symbole, aujourd’hui devenu, c’est fou, aussi célèbre que son patronyme. En 2001, “The Rainbow Children” le replaça sous les radars de la hype, mais moi, je vous jure, je suis longtemps restée scotchée à “New Power Soul”, et je suis sûre qu’il sera culte en 2037, quand il ressortira en coffret Super Deluxe [LOL]. Sinon, quelqu’un peut m’expliquer pourquoi “New Power Soul” – et, au passage “Exodus” – n’est pas sur les plateformes de streaming ? Allô, l’Estate ? »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Joseph Champonce (de Tartane) avait choisi :
In Through The Out Door
Led Zeppelin
Swan Song
1979
« Épargnez-moi vos sourires narquois : oui, “In Through The Out Door” est le premier album de Led Zeppelin que j’ai écouté ! Il venait de sortir, et c’était le seul disponible chez le disquaire de Montélimar où j’avais passé mes vacances d’été. Oui, je sais, nous sommes loin des fabuleux orages électriques et des douces et envoûtantes brises acoustiques des quatre premiers opus du groupe, mais je trouve que la diversité de cet album injustement mésestimé égale celle de “Houses Of The Holy” ou de “Physical Graffiti” (attention, je ne prétends pas qu’il y a dans “In Through The Out Door” des morceaux aussi grandioses que Kashmir ou In My Time Of Dying…)
D’abord, j’adore In The Evening, en ouverture, avec cet ahurissant solo de Jimmy Page qui débute comme un éboulement de notes ; et Fool In The Rain, cette douce folie au cœur samba ! (La partie de batterie de John Bonham a changé la vie de Jeff Porcaro, rien que ça…) Et Carouselambra, Led Zep’ qui vire prog, avec un pont disco orchestré par John Paul Jones !
Jimmy Page était, disons, un peu absent lors de l’enregistrement de ce disque, il s’était senti comme dépossédé de son groupe chéri par Robert Plant, qui avec l’aide de Jones aux synthétiseurs atteint de sommets d’émotion dans All My Love. Et I’m Gonna Crawl ! À mon avis, cette chanson a influencé le Prince de Purple Rain – oui, on ne le dit pas assez souvent(même Fred)… Bref, j’aime ce disque depuis toujours et, pour moi, un disque de Led Zeppelin, même imparfait, reste un grand disque. »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Mattéo Rigetti (de Besançon) avait choisi :
Lukather
Steve Lukather
Columbia
1989
« Fan de la première heure de Toto, la sortie du premier album solo de Steve Lukather fut pour moi une belle surprise. Pensant qu’il serait disponible dans son pays natal avant de sortir en France, j’avais appelé un vieil ami américain pour lui demander de me le trouver chez un disquaire de son coin (il habitait Los Angeles), afin que je puisse l’écouter avant tout le monde ici ! “Mais quel disque solo de Lukather, bro’ ?!” m’avait-il répondu par fax. Hé oui, à ma grande surprise j’ai appris par la suite que “Lukather” était sorti dans le monde entier…sauf aux États-Unis ! La faute au nouveau boss de Columbia, un certain Donny Ienner, que Lukather détestait – c’était réciproque je crois…
Mais ce petit désagrément ne m’empêcha pas d’écouter mon CD en boucle et, ô joie, de constater que le premier morceau, l’incendiaire Twist The Knife, avait été composé à quatre mains par “Luke” et son pote Eddie Van Halen, qui jouait de la basse dessus !
Il faut dire que cet album éponyme était un festival de “big names” : Jeff Porcaro, Carlos Vega, Danny Kortchmar, Steve Stevens, Jan Hammer, Mike Landau, Lee Sklar, Randy Goodrum, Will Lee, David Paich, Randy Jackson… Tous donnaient un certain cachet à un disque de hard-rock’n’roll sans complexe, rentre dedans, puissant, et bien sûr débordant de soli brûlants (celui de Drive A Crooked Road est “juste une dinguerie”, comme vous dites, vous les jeunes). Ce qui n’excluait pas certaine verve mélodique.
Bref, aussi bon qu’on disque de Toto, quoique plus “viril” – d’une certaine manière, il annonçait le dernier album de Toto avec Jeff Porcaro, “Kingdom Of Desire”, dont la première chanson, Gypsy Train, aurait pu figurer dans ce “Lukather” qui fit mon bonheur. »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Lise Descombes (de Trouville) avait choisi :
High Crime
Al Jarreau
Warner Bros. Records
1984

« Ce disque d’Al Jarreau fut en son temps décrié par les puristes à cause de sa production très “eighties”, synthés à go go et beats électroniques. Et pourtant, quel divin choc avais-je reçu quand le saphir se cala dans le sillon de la première face de mon 33-tours acheté à Paris lors d’un bref séjour, je m’en souviens comme si c’était hier. Raging Waters ! Quelle énergie ! La voix féline et le phrasé élastique du grand Al qui dansait sur les boîtes à rythmes, qui pour l’occasion avaient toutes hérité d’un nom : Chip McSticks, Skinsoh Umor, Tubs Margranate, Tyrone B. Feedback, Rug Toupé, U.L. Blowby… Ah ah ah !
Et ces chansons si entraînantes, ces arrangements inventifs et modernes… Imagination, Murphy’s Law, la chanson titre, le tube Let’s Pretend (où l’on reconnaissait bien la “patte” de Richard Page et de Steve George des Pages), la très funky Sticky Wicked… Non, ce n’était pas un Crime que d’écouter ce disque qui me rendait High le plus légalement du monde – quelle meilleure drogue que la musique ? »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme.
Michel Gauthier (de Tournon) avait choisi :
We Live Here
Pat Metheny Group
Geffen Records
1995

« C’est Claude Nougaro qui chantait : “Mon disque d’été est déjà rayé / Par les rayons gris de la mélancolie / Mon disque pleure sur sa dernière heure envolée.” Hé bien moi, mon disque de l’été 1996, c’était “We Live Here” du Pat Metheny Group, et je dois avouer qu’étant un peu jeune pour avoir “vécu” ce groupe génial dans les années 1980, son âge d’or selon les plus anciens, les disques du PMG (du “Pihemgi” !) des années 1990 sont ceux qui comptent le plus pour moi. Et donc celui-ci, le plus souvent rythmé par des beats (magnifiquement) programmés, mélangés au jeu de cymbale pointilliste de Paul Wertico. (Dans The Girl Next Door, on frôle le hip-hop !)
La musique du Pat Metheny Group m’a souvent invité au voyage – leurs célèbre double live de 1983 ne s’appelle-t-il pas “Travels” ? –, mais “We Live Here” représente pour moi un must du genre “trippin’ jazz” ensoleillé, avec des mélodies irrésistibles et des harmonies chatoyantes. Et puis il y les deux maîtres, Pat le guitariste et Lyle le claviériste, les Lennon & McCartney du jazz, qui de leur écrin avaient sorti leur plus belle plume pour coucher sur partition leurs idées lumineuses.
Et puis, comme on aime aussi leurs immenses qualités d’improvisateurs, permettez-moi d’insister sur les solos qu’ils prennent dans Episode d’Azur (j’adore ce titre !) : ils sont tout simplement touchés par la grâce. “Nous vivons ici” ? Moi aussi, pour la vie ! »
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L’été dernier, au mois d’août, un(e) fidèle de la Pépite du jour nous avait parlé chaque matin d’un disque incompris, mésestimé ou oublié qui lui tenait à cœur. Retrouvez jusqu’au 3 janvier cette sélection d’un réjouissant éclectisme. Annaëlle Dessan (de Nîmes) avait choisi : Zenyattà Mondatta The Police (A&M Records1980)

« Le troisième disque de The Police me tient à cœur pour une raison toute simple : je n’avais alors que deux 45-tours d’eux, Walking On The Moon et Message In A Bottle, et c’est le premier “33” que j’ai pu m’acheter avec mon argent de poche, peu de temps, je crois, après sa sortie (j’étais au Lycée Alphonse Daudet, je venais d’entrer en seconde, c’était donc forcément fin 1980). Je sais bien que “Zenyattà Mondatta” est loin d’être considéré comme le meilleur album de The Police, et d’ailleurs, pour moi qui ne connaissais donc que mes deux 45-tours, par cœur (et Roxanne bien sûr, qui passait souvent à la radio), je dois avouer que j’avais été un peu déçue, au début, ou plus précisément décontenancée par, comme dire, la différence énorme entre certaines chansons. J’adorais Don’t Stand So Close To Me, Voices Inside My Head (mon grand frère, batteurs, me disait que Stewart Copeland était vraiment génial sur ce morceau), et le fait que Driven To Tears et When The World Is Running Down, You Make The Best Of What’s Still Around (ce titre !) me troublait un peu, mais ça me plaisait tout de même. J’aimais nettement moins Canary In A Coalmine, dont je trouvais le refrain bêta (je dois avouer que je n’avais pas fait le rapprochement avec le fait que Sting soit originaire d’une ville minière…), De Do Do Do Do, De Da Da Da et Man In A Suitcase pour les mêmes raisons, et je zappais souvent Bombs Away. Mais le rythme bizarre de Shadows In The Rain et l’étrangeté des deux instrumentaux, Behind My Camel et The Other Way Of Stopping, fit qu’au bout du compte j’appris ce disque par cœur, qui reste pour moi un grand disque un peu enrhumé de The Police, mais un grand disque quand même. »
La rencontre au sommet de ces deux légendes de la guitare blues en 1983 est rééditée avec le plus grand soin en CD et en LP par Craft Recordings.
On n’oserait presque pas vous faire l’affront de vous répéter ce qui a déjà si souvent été dit sur cette collaboration de rêve, qui de toutes celles qui jalonnent l’histoire du blues reste l’une des plus brûlantes et mémorables. Voilà enfin rééditée dans les règles de l’art cette session de 1983, enregistrée alors que SRV ne s’était pas encore couvert de gloire pour sa participation à l’album “Let’s Dance” de David Bowie, et qu’Albert King, déjà entré dans la légende malgré une reconnaissance jugée insuffisante par ses admirateurs, était encore au sommet de son éloquence.
Depuis quelques années, Craft Recordings multiplie les rééditions, en LP et/ou en CD, de grands disques historiques avec tout le soin qu’ils méritent, tant au niveau de la qualité du son que de l’attention portée aux pochettes, et c’est un plaisir que de (re)découvrir “Albert King With Stevie Ray Vaughan / In Session”, publié à l’origine sur le label Stax, aussi bien traité.
Si le LP reprend le tracklisting des 7 morceaux de la première édition de 1999, la version 2 CD propose elle l’intégralité des pistes enregistrées le 6 décembre 1983 aux CHCH Studios d’Hamilton, dans l’état de l’Ontario, qu’on n’avait découvertes qu’en 2010 à l’occasion de la sortie du DVD, avec trois plages supplémentaires mais qu’on vous recommande de ne surtout pas rater : Born Under A Bad Sign, I’m Gonna Move To The Outskirts Of Town et le célèbre Texas Flood de SRV. Ici, pas de DVD (vous devriez pouvoir en trouver assez facilement des extraits sur la toile), mais le livret, à la pagination généreuse (15 pages) comprend les textes qui agrémentaient l’édition originale de 1999 et la réédition de 2010.
La qualité de la musique se passe de commentaire, mais l’entente qui règne entre les deux hommes laisse pantois, qui se prolonge dans leurs discussions entre les morceaux préservées par le montage, tandis qu’ils sont accompagnés d’une section rythmique à la hauteur de l’événement (Gus Thornton, basse, Michael Llorens, batterie, Tony Llorens, piano et orgue). Pour la qualité du travail éditorial et celle de la musique, toujours aussi forte qu’au premier jour (ou comme le disait Albert King lui-même : « The blues don’t change ») cette réédition est des plus recommandables ! Yazid Kouloughli
Le coffret “Talking Heads: 77” inaugure une magnifique série de rééditions Super Deluxe qui commence donc fort logiquement par le premier album du groupe culte de David Byrne, Tina Weymouth, Jerry Harrison et Chris Frantz.
Par Fred Goaty
Flashback #1. Le 3 septembre 1976 à Londres, 801, le groupe du guitariste de Roxy Music, Phil Manzanera, est à l’affiche du Queen Elizabeth Hall. Dans leur set list figure une reprise de You Really Got Me chantée d’une voix faussement lasse et très artystiquement dépassionnée par le futur producteur de Talking Heads, Brian Eno.
Flashback #2. Le 10 octobre 1977, à New York, Talking Heads est à l’affiche du CBGB. Dans leur set list figure une reprise de Take Me To The River chantée d’une voix nerveuse et à l’hystérie savamment contrôlée par David Byrne. Cette façon d’aborder – les puristes diraient peut-être « de saborder », mais nous n’avons que faire des puristes… – le tube d’Al Green rappelle les manières obliques de Brian Eno, un an plus tôt dans la capitale anglaise. Dans les deux cas, la relecture est entêtante, qui s’éloigne respectueusement des versions originales – à quoi bon chercher à bêtement imiter ? [Talking Heads finit par graver une version studio de Take Me To The River en 1978 dans leur second album, “More Songs About Buildings and Food”, NDR.]
Mais si, hélas, 801 fut un groupe éphémère, Talking Heads devint un groupe majeur de la post-pop post-glam post-punk, et réécouter en version Super Deluxe leur premier album, “Talking Heads: 77”, nous replonge dans l’effervescence de la scène new-yorkaise d’alors, où il suffisait de faire la queue devant le CBGB pour écouter Television, Patti Smith, Blondie, les Ramones, Richard Hell & The Voidoids ou, donc, le combo de David Byrne (chant, guitare), Tina Weymouth (basse), Jerry Harrison (claviers, guitare) et Chris Frantz (batterie).
A priori (l’info dervait être confirmée sous peu), cette version Deluxe de “Talking Heads: 77” sera suivie par celles de “More Songs About Buildings And Food” (1978), “Fear Of Music” (1979) et “Remain In Light” (1980), soit les trois autres chefs-d’œuvre du groupe – rappelons que leur live de 1983 tiré du film du même nom de Jonathan Demme, “Stop Making Sense”, vient de bénéficier aussi de divers traitement super luxueux.
Constat : cette “Limited Edition” (ne tardez pas !) de “Talking Heads: 77” est non seulement réjouissante musicalement, mais le design l’est tout autant, qui s’élève dans les hautes sphères de la catégorie “beaux livres”. Car “Talking Heads: 77” se lit autant qu’il s’écoute grâce aux témoignages rédigés par tous les membres du groupe, tous aussi éclairants que passionnants, et auxquels il faut ajouter celui, pas moins décisif, de l’ingénieur du son Ed Stadium.
Quant à la musique, elle n’a rien perdu de son ses qualités nerveusement funky et de son singulier cachet mélodique. Le grand classique de ce premier album, c’est bien sûr l’inoubliable Psycho Killer et son « fa fa fa fa » à la Otis Redding, mais cet arbre ne doit surtout pas cacher un magnifique bosquet (qui deviendra par la suiteune luxuriante forêt ) de chansons cultes, de Love –> Building On Fire (leur premier 45-tours, qui figure dans le track listing du CD 3, “Rarities”) à Uh-Ho, Love Comes To Town, New Feeling en passant par Don’t Worry About The Government.
Ce coffet 3 CD + 1 blu-ray contient l’album original remasterisé (et qui sonne mieux que jamais), le CD live inédit du CBGB, le CD de douze raretés évoqué plus haut et le blu-ray pour audiophiles avec son Atmos Mix (supervisé par Ed Stadium) et la Hi-Res Stereo. Le livre est, vous vous en doutiez, illustré par moult photos et autres affiches et flyers et est superbement mis en page.
Dans les années qui suivront, Talking Heads sortira d’autres chefs-d’œuvre, Tina Weymouth influencera la scène hip-hop naissante avec son Tom Tom Club, David Byrne se lancera dans une carrière solo et créera le label Luaka Bop, mais c’est une autre histoire…
COFFRET Talking Heads : “Talking Heads: 77 3-CD + 1-blu-ray Limited Edition” (Sire / Rhino, déjà dans les bacs).
Avec “Into The Light : The Solo Albums”, celui qui fut entre 1974 et 1976 la voix Deep Purple revisite ses années solo dans un nouveau coffret publié sous l’étendard de son groupe de toujours, Whitesnake. Votre guide Julien Ferté vous dit tout.
C’est une cassette qu’il avait pris soin d’envoyer au management de Deep Purple en 1973 qui a changé la vie de David Coverdale. Il y chantait notamment Everybody’s Talking de Harry Nilsson, un rien pompette et, d’après Jon Lord, avec un sens du rythme aléatoire. Pourtant, les lads de Deep Purple, alors sans chanteur ni bassiste, tombèrent instantanément sous le charme de cette voix gorgée de soul et de notes bleues, et quelques semaines plus tard le natif de Saltburn-By-The Sea (10 000 habitants) devint officiellement le nouveau lead singer d’un des plus célèbres groupes de rock du monde.
Trois ans et trois albums plus tard (“Burn”, “Stormbringer” et “Come Taste The Band”, avec Tommy Bolin à la guitare à la place de Ritchie Blackmore), l’aventure était déjà finie pour “The Cov’”. À 26 ans, déjà considéré comme un dinosaure par les punks – qui avaient pourtant le même âge que lui ! –, il se retrouvait au premier carrefour de sa vie d’artiste.
Dès lors, que faire de cette notoriété gagnée à la sueur de son front et par la force de ses cordes vocales ? Former un nouveau groupe avec Jeff Beck, Willie Weeks et Andy Newmark ? Il en a été question quelques minutes… Rejoindre cet autre groupe célèbre qui lui faisait alors les yeux doux ? Non. David Coverdale le sent, David Coverdale le sait : il est temps de se lancer dans une aventure solo, de sortir sans attendre son premier album.
Ainsi, le 1977, le premier 33-tours de l’“Ex-Deep Purple singer” (il savait bien que la maison de disques insisterait pour ajouter ce sticker…) fait son apparition chez les disquaires. On ne le sait pas encore, mais son titre au double entendre cher au blues, “WhiteSnake”, serait un an plus tard celui de son nouveau groupe… En attendant, “WhiteSnake”, produit par un autre membre historique de la Deep Purple Family, le bassiste Roger Glover (qui trois ans plus tôt avait invité Coverdale à chanter dans son concept album “The Butterfly Ball”), était un album qui préfigurait déjà ce rock alors plus vraiment hard teinté de soul et de blues (Peace Lovin’ Man fait songer à la version de With A Little Help From My Friend des Beatles chantée par Joe Cocker), avec une salutaire touche funky (aaah, la talk box dans Whitesnake… oooh, Celebration), qui serait la marque de fabrique des premiers Whitesnake, du moins jusqu’en 1984.
En 1978, “NorthWinds”, toujours produit par Roger Glover, toujours avec Micky Moody à la guitare (et Simon Phillips à la batterie), éleva le niveau d’un cran grâce à un songwriting aux contours plus affirmés, toujours dans des atmosphères inspirées par Free et Bad Company, mais aussi par Little Feat. Du steviewonderien Keep On Giving Me Love (avec Ronnie James Dio et sa femme Wendy dans les chœurs !) au lyrique Only My Soul nappé de piano électrique en passant par l’ensorcelant Time & Again, David Coverdale n’a peut-être jamais aussi bien chanté sur disque que dans “NorthWinds”.
Avance rapide. Nous voilà en 2000, vingt-deux ans et quelques vies plus tard. David Coverdale est désormais un vétéran du hard-rock, et pour souffler avec son groupe de toujours, Whitesnake, il s’offre une nouvelle parenthèse solo et décide d’écrire des chansons en tandem avec le guitariste Earl Slick, connu pour son travail avec « un grand ami » de Coverdale, David Bowie. Si “Into The Light” n’a pas tout à fait le charme des deux premiers opus solo du chanteur, on le (re)découvre avec certain plaisir ; la production a certes sans doute moins bien vieilli que celles supervisées par Roger Glover, et quelques longueurs manquent de nous égarer en route – au début des années 2000, les CD étaient souvent plombés par des chansons qui auraient dû n’être que des faces b… Reste que All The Time In The World, par exemple, transpire de la passion du “‘Cov’” pour The Allman Brothers Band.
Ces trois albums sont donc les pierres de touche du magnifique coffret de six CD “Into The Light : The Solo Albums Revisited, Remixed, Remastered”. Comme son titre l’indique, ils ont tous été augmentés de titres rares et/ou inédits, remasterisés et, pour “WhiteSnake” et “NorthWinds”, superbement remixés grâce à la fameuse Machine Audio Learning utilisée par Peter Jackson pour son génial documentaire sur les Beatles, Get Back. Le plaisir est grand que de réécouter “WhiteSnake” et “NorthWinds” ainsi remis en valeur (la String Version de Time & Again est une splendeur), tout en lisant les souvenirs – parfois un peu flous… – de David Coverdale racontés à Hugh Gilmour dans le livret. On notera au passage qu‘e’en 2024 le nom de Whitesnake est plus vendeur que celui de David Coverdale – marché américain, quand tu nous tiens…
PS : Ne manquez les post réguliers de David Coverdale sur Instagram et X (il y est très présent, sous le nom de Whitesnake bien sûr) et le unboxing de ce coffret sur YouTube, toujours un grand moment !
COFFRET Whitesnake : “Into The Light : The Solo Albums Revisited, Remixed, Remastered” (Rhino / Warner Music, dans les bacs le 25 octobre). “Into The Light” (2 LP), “WhiteSnake” et “NorthWinds” (LP simples) sont également disponibles en vinyles collectors.