12 jazz portraits par Annie-Claire Alvoët
La saison étant propice aux rétrospectives et aux cadeaux, voici une rétrospective des dessins réalisés en 2017 par Annie-Claire Alvoët pour Jazz magazine.
(Lawrence Fields, pianiste de Joe Lovano, New Morning, 15 mars 2017)
On le sait, le jazz est une musique de l’instant. Elle requiert des réflexes agiles. Un coup de cymbale un peu appuyé, une inflexion inattendue du contrebassiste, et voilà le musicien de jazz qui doit réagir en un quart de secondes. Pas pour montrer qu’il a compris, mais pour être en phase avec la direction que ses partenaires veulent imprimer à la musique. Il faut donc aller très vite. Une bonne idée, à un mauvais moment, c’est à dire un quart de seconde trop tard , n’est plus une bonne idée. Ce n’est même pas une mauvaise idée, d’ailleurs, en fait ce n’est plus rien. Tout ce que l’on peut espérer, c’est se raccrocher si l’on peut à l’idée suivante. Le jazzman ne doit pas regarder les trains qui passent, il doit les prendre. Duke Ellington le dit à sa façon dans un de ses traités d’esthétique compositionnelle les plus connus : « You must take the A train ». (et non pas, « you must watch the A train »). C’est parce que le jazz est une musique de l’instant qu’il est si difficile à jouer correctement, et si difficile aussi à représenter avec une plume, un pinceau, ou un crayon. La difficulté est de capter la ressemblance, mais d’attraper aussi la rapidité. Si certains dessins ou peintures de jazzmen ratent leur cible, c’est qu’ils ont saisi l’une sans l’autre. La ressemblance est là, mais figée, sans vie, avec des musiciens qui semblent échappés du Musée Grévin. Pour capter la ressemblance et la vie, certaines techniques sont bien entendu plus adaptées que d’autres. Celle utilisée ici, une plume, un pinceau, de l’encre, présente l’avantage de la légèreté. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi la rapidité du coup d’oeil et la compréhension intime de cette musique. Il faut, finalement, que l’artiste se mue lui-aussi en improvisateur. Tous les dessins présentés ici ont donc été exécutés sur le vif et sans retouches. C’est en marchant lui-aussi sur une corde tendue au-dessus du vide que l’artiste peut capter l’électricité de cette musique et ses frémissements. Et c’est précisément ce que l’on observe dans cette rétrospective des dessins d’Annie-Claire Alvoët réalisés pour jazz magazine en 2017.
JFM
PS: merci à ceux qui nous accueillent dans leurs colonnes (Fred Goaty et Franck bergerot) et dans leurs salles (Stéphane Portet, Catherine Farhi, Sébastien Vidal) et dans leurs appartements privés ( Helene-Caroline Bodet et Damien de Polignac, Yann Lorang)
Laurent de Wilde, Sunset, 17 février 2017
Lawrence Fields (2) au New Morning, le 15 mars 2017
Joe Lovano, New Morning, le 15 mars 2017
Marc Ducret, concert d’appartement chez Helene-Caroline Bodet, 23 avril 2017
Enrico Pieranunzi, concert d’appartement chez Helene-Caroline Bodet,17 juin 2017
Mark Turner , Sunset, 10 novembre 2017
Or Bareket, bassiste de Fred Nardin, entouré d’admiratrices, Duc des Lombards, 13 octobre 2017
Wallace Roney, New Morning, 17 octobre 2017
Carla Bley et son batteurJim Doxas, New Morning, 20 novembre 2017
Julien Pontvianne et Alexandre Herer, du groupe Abhra, concert d’appartement, 3 décembre 2017
Maxime Sanchez, 7 janvier 2017, concert d’appartement chez Yann Lorang
Jacques Coursil, Sunside, 10 décembre 2017