Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compteInstagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Endtroducing”
DJ Shadow
MoWax

1996

Votre Disquindispensable d’hier, “Clube Da Esquina” de Milton Nascimento et Lô Borges, fait partie de ces œuvres en tous sens hors normes, au-delà des styles et, bien sûr, intemporelles. Il me semble qu’“Endtroducing” de DJ Shadow aussi. 
Je reviens régulièrement à cet album depuis sa parution, et je ressens à chaque fois la même impression : celle d’écouter une musique qui, malgré tout ce qu’elle doit à l’art du mix et à la culture hip-hop, m’emporte dans une sorte dimension parallèle où serait abolie toute forme de catégorisation, pour laisser libre cours à l’invention et surtout, place à l’émotion.
Car il émane d’“Endtroducing” une force d’attraction émotionnelle à nulle autre pareille. En mixant des disques pour la plupart introuvables et/ou inconnus, en architecturant des beats tous aussi sensuels qu’efficaces, DJ Shadow avait réussi à créer une musique inouïe, troublante, urbaine, crépusculaire, volontiers mélancolique, et pour tout dire géniale. 
Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître, et même si j’aime beaucoup “The PrivatePress”, publié six ans plus tard, je dois avouer que la magie d’“Endtroducing” est insurpassable. ET à propos de catégories, je me suis toujours demandé pourquoi on ne trouvait jamais ce chef-d’œuvre des années dans les bacs hip-hop mais dans ceux dévoués aux musiques électroniques…

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John Martyn
“Solid Air”
Island Records
1973
“Grace & Danger”
Island Records
1973



Exceptionnellement, deux Disquindispensables ce matin, du même grand chanteur, guitariste, auteur et compositeur anglais, John Martyn, qui me semble en passe, hélas, d’être un peu oublié par les nouvelles générations – si je me trompe, j’en serais le premier ravi.
“Solid Air” est incontestablement son chef-d’œuvre, son disque le plus aimé et apprécié. Du jazz, du folk, du blues et même de la soul et du funk en fusion – écoutez Dreams By The Sea–, cet homme à la voix douce et plaintive à nulle autre pareille – son falsetto évoquait celui d’un de mes bluesmen préférés, Skip James, dont il transfigure I’d Rather Be The Devil – semblait tout connaître, tout vivre intensément, à fleur de peau et de cordes – celles de sa voix mais aussi de sa guitare. Ne pas être profondément ému par “Solid Air” me semble tout à fait impossible. Et si d’aventure vous ne l’étiez pas en l’écoutant, ce pourrait je l’avoue être un sujet – certes passager – de fâcherie.
Six ans plus tard, John Martyn travaillait cette fois avec son nouveau pote Phil Collins – en plein divorce lui aussi, et en passe de devenir une superstar planétaire –, qui non content de jouer magnifiquement de la batterie (ou de faire les chœurs dans Sweet Little Mystery), assurait la production et avait convié le claviériste Tommy Eyre et le bassiste John Giblin(Collins et lui s’étaient croisés au sein de Brand X). 
“Grace & Danger” n’est peut-être pas aussi aimé que “Solid Air”, mais c’est pourtant un disque passionnant et profondément original, pas moins hanté par le jazz et le spleen – voire la déprime – et qui révèle les talents de ses accompagnateurs : on goûtera au passage le jeu de Fender Rhodes de Tommy Eyre et la basse “pastoriussienne” de John Giblin – ah, ces contrechants dans Hurt In Your Heart


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“Working Nights”
Working Week
Virgin

1985

J’avais acheté ce disque en 33-tours en 1985, puis, vingt-sept ans plus tard, la magnifique réédition double CD de Cherry Red Records m’a fait replonger dedans plus en profondeur que jamais grâce à ses vingt-trois bonus tracks aussi indispensables que les huit titres de l’album original.
Working Week, c’était une voix – et quelle voix –, celle de Julie Roberts ; une guitare, celle de Simon Booth, hélas disparu en 2023 ; et un saxophone, celui de Larry Stabbins. Je ne sais point trop ce que ce dernier et Julie Roberts ont fait ces derniers temps, mais bon sang, qu’est-ce que j’aimais ce groupe, et je dois avouver que je connais “Working Nights” par cœur. Cette fusion naturelle de jazz, de soul et de pop était parfaitement équilibrée, et le songwriting était à la hauteurs des ambitions musicales : mélodies finement ciselées, émotion prégnante sur certaines chansons (Autumn Boy  et ses volupteux arrangements de cordes). Mais comme à l’époque je n’avais pas acheté les maxi 45-tours liés au disque, j’étais passé à côté de diverses versions, live et/ou extended. Comme celles de Venceremos, Inner City Blues (de Marvin Gaye, of course) ou de Stella Marina par exemple, encore plus passionnantes que les versions album.
Les invités étaient nombreux dans “Working Nights”, qui reflétaient les nombreuses connexions de Simon Booth et Larry Stabbins avec la scène jazz grande-bretonne, qui n’allait pas tarder à être labélisées “acid”. Ainsi croisait-on au gré des chansons, le merveilleux Robert Wyatt (dans la protest song caritative Venceremos), la grande Julie Tippets (Stabbins avait accompagné son mari dans les années 1970), l’élégante Tracey Horn d’Everything But The Girl, les souffleurs Harry Beckett, Guy Barker, Chris Biscoe…

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“Enigmatic Ocean”
Jean-Luc Ponty
Atlantic
1977

Avais-je bien conscience que j’étais en train d’écouter un disque de jazz – appelez-ça jazz-rock ou fusion si vous préférez – quand sur ma platine ce chef-d’œuvre de Jean-Luc Ponty tournait en boucle ? J’avoue que je ne me souviens plus. Quand vous avez 16 ans, les étiquettes vous intéressent moins que l’émotion qu’est susceptible de vous procurer un disque, surtout si vous venez de dépenser 50 francs pour pouvoir l’écouter tranquillement chez vous.
Ce dont je me souviens bien, en revanche, c’est de ce sentiment fort et intense, celui de découvrir une musique inouïe qui me faisait rêver autant que celle de Yes ou de U.K. – dnt je venais de découvrir le premier disque, celui avec Allan Holdsworth – mais dont les solistes m’embarquaient dans une dimension parallèle encore plus folle.
Il y avait le violon lyrique et envoûtant du maître bien sûr, que j’ai depuis eu le bonheur d’interview deux fois, chez lui – si on m’avait dit ça à l’époque, j’aurais éclaté de rire : « Rencontrer Ponty en vrai ?! Tu parles… » –, la basse électrique de Ralphe Armstrong, la batterie de Steve Smith (futur membre de Journey et de Steps Ahead). Et, donc, Allan Holdsworth, qui distille un solo d’alchimiste ailé dans la Pt. III de la suite qui donne son titre au disque (celui de Ponty est somptueux aussi).
Voilà, la messe était dite, grâce “Enigmatic Ocean” j’avais définitivement placé ce génie de la six-cordes au rang de mes héros. Dès lors, il me fallait trouver tous les disques sur lesquels il jouait. Ce qui fut fait, après de longues années de quêtes, et à quelques exceptions près.
“Enigmatic Ocean” est à Jean-Luc Ponty ce “Close To The Edge” est à Yes, “IV” à Led Zeppelin, “Heavy Weather” à Weather Report, “Offramp” au Pat Metheny Group, “Discipline” à King Crimson, etc., etc. Un Disquindispensable quoi !

Du 23 au au 25 août, le festival girondin propose une série d’affiches exigeantes pour sa deuxième édition. Jazz Magazine est partenaire de l’événement.

En trois jours intenses où se croiseront les styles, les générations mais aussi tous les publics, le festival de Soulac sur mer concentre le meilleur de l’improvisation et du swing conjugués au présent et au futur.

Le bugliste Sylvain Gontard et l’accordéoniste Laurent Derache ouvrent le bal avec un concert dédié à l’éveil au jazz du jeune public, mais il se produiront également le lendemain à l’Ehpad de Saint-Jacques de Compostelle sur un répertoire qui célèbre, à leur façon unique, la magie de la créativité dans l’instant.

Le soir, le trio que forment Alès Demil, guitare, Lucas Ferrari, batterie, Damien Thebaud, orgue et claviers, rendra hommage à deux figures incontournables de la guitare électrique moderne : l’Américain Pat Metheny et le français Biréli Lagrène, avant que le tromboniste Daniel Zimmermann ne défende son superbe hommage à Serge Gainsbourg en compagnie de Daniel Zimmermann, trombone, Antonin Fresson, guitare, Stéphane Decolly, basse et Julien Charlet, batterie.

Samedi 24 août, 19h30, l’Asura Quartet (Martin Arnoux, guitare, Octave Potier, contrebasse, Simon Jodlowski, batterie, Pierre Thiot, saxophone), Lauréats de la 11ème édition du tremplin Action Jazz, ouvriront le bal et présenteront leur univers au carrefour du jazz, du blues, de la pop. Ils seront suivi d’un des plus fameux trios du jazz francophone : Benoît Sourisse, orgue Hammond, André Charlier, batterie, Louis Winsberg, guitare, avec le renfort de la chanteuse Malou Oheix.

Le festival se clôt comme il l’avait commencé, avec un duo grand style : cette fois ce sont la saxophoniste Géraldine Laurent et le pianiste Laurent de Wilde qui se retrouveront pour un rare mais précieux concert en tête à tête.



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“IV”
Toto
Columbia
1982

C’est en regardant Le Magicien d’Oz après avoir aligné plus de margaritas que de raison et fumé quelques cigarettes bizarres que Jeff Porcaro et David Paich ont trouvé le nom de leur groupe : Toto – le nom du chien de Dorothy…
Quand ils ont annoncé la nouvelle à Steve Lukather, celui-ci, toujours cash, leur a répondu : « Les gars, vous allez le regretter toute votre vie… » Cette étrange idée ne les a pas empêchés de vendre des millions de disques et de collectionner les Grammy Awards, mais si Toto avait adopté un nom, disons, plus sérieux, auraient-ils été moins souvent massacrés par leurs ennemis jurés, les rock critics ? Rien n’est moins sûr.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que notre premier Disquindispensable du week-end est un chef-d’œuvre. Un an après après “Turn Back”, dont l’insuccès commercial avait poussé Columbia à leur mettre une certaine pression, genre « si le prochain ne se vend pas mieux, c’est la porte, ok ? », Paich, Porcaro, Lukather & Co ont sorti le grand jeu – après tout, ces messieurs figurent parmi les meilleurs musiciens de la planète, non ? – et trempé leur plume de songwriter dans l’encre d’or pour aligner plus de tubes et de classiques qu’il n’en fallait pour clouer le bec des “décideurs” de leur chère maison de disques.
Pensez : “IV” commence par Rosanna et se termine par Africa. Ça calme, non ? Plus de quarante après, ces deux chansons phénoménales n’ont pas pris une ride, et depuis que Weezer a repris Africa, c’est même devenu un mélange improbable d’hymne universel et de chanson branchée. Quant aux sept autres chansons, on doit avouer qu’on les connaît aussi par cœur, faisant de “IV” l’égal des grands disques de Steely Dan, plus romantiques et/ou rock and roll, avec des paroles certes moins étranges et poétiques – quoique celle d’Africa justement… –, mais avec un degré de musicalité pas moins respectable. C’est-à-dire extrêmement élevé.


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“Bridge Of Sighs”
Robin Trower
Chrysalis
1974

On ne compte plus les épigones, imitateurs, pasticheurs, clones et autres caricatures de Jimi Hendrix. Mais combien de guitaristes ont-ils réussi, sinon transcender son immense héritage, du moins à jouer dans son esprit, à honorer sa mémoire ? Ils sont évidemment très peu, et Robin Trower en fait partie.
Souvenons-nous d’abord de Song For A Dreamer, dans le dernier disque de Procol Harum auquel il a participé, “Broken Barricades”, en 1971 : c’est une des plus belles chansons dédiées au Génial Gaucher.
En 1973, Robin Trower débutait sa carrière solo avec “Twice Removed From Yesterday”. Très bon disque, mais toutes les planètes n’étaient pas encore alignées. En revanche, deux ans plus tard, avec “Bridge Of Sighs”, elles tournaient parfaitement autour du soleil hendrixien. Huit chansons, pas une à jeter. Grande variété d’approche. Tempos rapides, lents, entraînants, envoûtants.
Les sommets ? L’entrée en matière renversante, Day Of The Eagle ; la somptueuse chanson titre, enchaînée avec In This Place (dans les deux cas, ambiance vaudou, entre chien et loup). Lady LoveLittle Bit Of Sympathy
Alors bien sûr, il y a le jeu fluide et bleu de Trower, qui du style hendrixien a fait un langage, mais il y a aussi la voix habitée de James Dewer, dont les accents soul rappellent celle d’un autre grand Briton à voix d’or, Paul Rodgers, et le jeu sans fioritures de Reg Isidore, batteur au swing qu’on qualifiera, bien sûr, de mitchmitchellien. “Bridge Of Sighs” est l’un des grands disques de rock anglais des années 1970. Pour son 50ème anniversaire, il vient d’être réédité en mini-coffret façon livre. Trois CD, un blu-ray, l’album original, un nouveau mix, des indéits, du live, un livret très intéressant : n’hésitez pas.

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Double Vision
Bob James / David Sanborn
Warner Bros. Records

1986

Vous connaissez Blue Lick, l’une des pépites de “Lucky Seven” de Bob James ? « Bien sûr Fred ! Un morceau sensuel et funky au riff envoûtant, idéal pour arpenter les rues de New York comme en 1979… » Ok, alors vous avez forcément remarqué la présence de David Sanborn dans la section de cuivre : juste une note, et l’on reconnaît instantanément son alto, tel un vieil ami qui ne changerait pas.
Mais ce matin notre premier Disquindispensable est un must des années 1980, qui scellait-célébrait la rencontre au sommet entre le claviériste et le saxophoniste. Une production Tommy LiPuma, l’une de ses meilleures sans doute, sur une idée à laquelle, au départ, David Sanborn était opposé, de peur d’être définitivement labélisé du sceau infâmant de “smooth jazz”, lui le fou de blues, de soul et de bebop qui, jusque-là, avait toujours su flirter avec succès avec la pop, tout en alignant dès 1975 des albums que nous sommes nombreux à avoir appris par cœur.
Quelques engueulades – durant le mixage du disque notamment, où James et Sanborn, tous deux présents, insistaient pour que leurs instruments respectifs soient mis en valeur – et quelques méchantes chroniques plus tard (dont une dans People), “Double Vision” finit par s’écouler à deux millions cinq cent mille exemplaires et entrer dans notre ADN, qu’on le veuille ou non.
Il faut dire : les deux compos de Marcus Miller en ouverture (Maputo !), la section rythmique exceptionnelle que ce dernier forme avec Steve Gadd, la performance d’Al Jarreau dans Since I Fell For You, la reprise de You Don’t Know Me pour se souvenir de Ray Charles, l’émotion générée par Moon Tune (personne ne peu jouer-chanter comme David Sanborn)… : tout est smooth, c’est vrai, romantique à souhait, mais tout est jazz et, surtout, parfait.

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“Dialogues”
Charlie Haden / Carlos Paredes
Polydor
1990

Tandis qu’il se produisait à l’Avanti Festival de Lisbonne, le contrebassiste Charlie Haden fut invité un soir à jouer dans un club local avec le légendaire guitariste portugais Carlos Paredes, apôtre du fado. Instantanément fasciné par sa complicité avec l’autre guitariste qui l’accompagnait – ils jouaient, dit-il, « comme un seul homme » –, son approche de la musique si originale lui rappela celle d’un autre musicien avec lequel il avait souvent joué : Ornette Coleman.
Douze ans plus tard, à l’initiative de Jean-Philippe Allard, qui signait là l’une de ses toutes premières productions pour Polydor / PolyGram Jazz, Charlie Haden retrouva Carlos Paredes au Studio Acousti d’Alain Cluzeau, rue de Seine à Paris, les 28 et 29 janvier 1990. 
Neuf morceaux furent gravés, pour la plupart des compostions de Carlos Paredes, à l’exception du célèbre Song For Che de Charlie Haden (créé en 1969 avec le Liberation Music Orchestra, et qu’Haden jouera régulièrement par la suite, souvent en duo, avec Pat Metheny, Jim Hall, Gonzalo Rubalcaba…).

C’est peu dire que ce bien nommé “Dialogues” est l’un des plus beaux duos enregistrés par Charlie Haden, un disque magique, au-delà des styles qui, comme disait l’autre, est une manière d’aller simple « dans la région du cœur ».
Si d’aventure vous ne le connaissez pas encore, dites-vous bien que ce sera sans doute pour la vie. Merci Carlos, merci Charlie, merci Jean-Phi.


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“Heavy Weather”
Weather Report
Columbia
1977

L’avantage, avec les chefs-d’œuvre, c’est que vous avez beau les avoir déjà écouté dix, vingt, cent ou peut-être mille fois, qui sait, ils ne sonnent jamais de la même manière et vous révèlent toujours quelque chose qui, jusque-là, vous avait échappé. Prenons, ce matin, notre second Disquindispensable du week-end, “Heavy Weather”, le premier album de WeatherReport dans lequel Jaco Pastorius jouait sur (presque) tous les morceaux – Rumba Mama est une petite folie percussive jouée en duo par Manolo Badrena et Alex Acuña. 
C’est à se demander, parfois, si ce disque magique et éternellement changeant n’est pas un “best of”, et quelles étaient les mystérieuses forces gravitationnelles qui avaient alignées ces trois hommes-planètes nommés Joe Zawinul, Wayne Shorter et, donc, Jaco Pastorius. 
Souvenons-nous, une fois de plus – car on le sait depuis longtemps : ne s’en lassera jamais – que ces trois compositeurs de génie avaient ici touché à une sorte de perfection absolue dans le fond et la forme. Des mains de Zawinul étaient tombés BirdlandRemark You Made et The Juggler ; de celle de son brother Wayne Harlequin et Palladium ; Pastorius, lui, était venu avec Teen Town et Havona
Non mais vous vous rendez compte ?! “Heavy Weather”, c’est un système solaire au centre duquel brille l’astre de la création pure, à même de donner l’inspiration divine à ceux qui osent le regarder en face ne serait-ce que quelques nanosecondes. Comment ça j’exagère ? À peine. Réécoutez l’intro de Birdland et ces premières notes de synthé destinées, sans doute, à établir un lien avec des êtres venus d’ailleurs, comme dans Rencontre du troisième type ; réécoutez le chant de Shorter dans A Remark You Made et ne séchez pas vos larmes ; réécoutez Teen Town et pleurez encore (de joie) ; et ces accords stellaires dans Harlequin, on en parle ? et Jaco qui joue des steel drums dans Palladium, hein ? The Juggler ? Encore une intro magique… Havona ? Comme si on faisait le tour du monde en un jour. Météo d’un jour, météo pour toujours : beau fixe.