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Publié le 9 Août 2024

Le Disquindispensable, épisode #20

Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compteInstagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.

John Martyn
“Solid Air”
Island Records
1973
“Grace & Danger”
Island Records
1973



Exceptionnellement, deux Disquindispensables ce matin, du même grand chanteur, guitariste, auteur et compositeur anglais, John Martyn, qui me semble en passe, hélas, d’être un peu oublié par les nouvelles générations – si je me trompe, j’en serais le premier ravi.
“Solid Air” est incontestablement son chef-d’œuvre, son disque le plus aimé et apprécié. Du jazz, du folk, du blues et même de la soul et du funk en fusion – écoutez Dreams By The Sea–, cet homme à la voix douce et plaintive à nulle autre pareille – son falsetto évoquait celui d’un de mes bluesmen préférés, Skip James, dont il transfigure I’d Rather Be The Devil – semblait tout connaître, tout vivre intensément, à fleur de peau et de cordes – celles de sa voix mais aussi de sa guitare. Ne pas être profondément ému par “Solid Air” me semble tout à fait impossible. Et si d’aventure vous ne l’étiez pas en l’écoutant, ce pourrait je l’avoue être un sujet – certes passager – de fâcherie.
Six ans plus tard, John Martyn travaillait cette fois avec son nouveau pote Phil Collins – en plein divorce lui aussi, et en passe de devenir une superstar planétaire –, qui non content de jouer magnifiquement de la batterie (ou de faire les chœurs dans Sweet Little Mystery), assurait la production et avait convié le claviériste Tommy Eyre et le bassiste John Giblin(Collins et lui s’étaient croisés au sein de Brand X). 
“Grace & Danger” n’est peut-être pas aussi aimé que “Solid Air”, mais c’est pourtant un disque passionnant et profondément original, pas moins hanté par le jazz et le spleen – voire la déprime – et qui révèle les talents de ses accompagnateurs : on goûtera au passage le jeu de Fender Rhodes de Tommy Eyre et la basse “pastoriussienne” de John Giblin – ah, ces contrechants dans Hurt In Your Heart