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Publié le 14 Août 2024

Le Disquindispensable, épisode #25

Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Clube Da Esquina”
Milton Nascimento / Lô Borges
Odeon

1972

L’état du Minas Gerais, les “mines générales”, est riche en filons d’or – devrait-on plutôt dire “était” ? Il faudra que je me renseigne. On dit ses habitants moins extravertis que les Brésiliens de Rio de Janeiro ou de Bahia, plus « tranquilles, complexes et mystiques ». Quoiqu’il en soit, ils nous ont offert nombre de pépites avec, à leur tête, le génial Milton Nascimento, chanteur et compositeur hors norme. Les autres grands musiciens du cru ont pour nom Wagner Tiso, Toninho Horta, Fernando Brant ou encore Lô Borges ; c’est avec ce dernier que Milton Nascimento a enregistré notre Disquindispensable de ce matin, chef-d’œuvre absolu s’il en est, et bien sûr de nombreux amis, de Deodato à Robertinho Silva en passant par Paulo Moura.

Oserais-je l’avouer, j’ai souvent la gorge serrée quand j’écoute la fin de Cais, au moment où Milton Nascimento se met à jouer du piano en vocalisant : c’est, pour moi, et je ne suis forcément pas le seul à éprouver la même chose, l’un des moments de musique les plus poignants qui soient, lumineux et mélancolique à la fois, comme l’est souvent la musique de Milton Nascimento. (La coda de Um Gosto De Sol reprend ce thème sublime qui hantera tous ceux qui l’écouteront ne serait-ce qu’une fois.)
On dit que “Clube Da Esquina” est à la Musique Populaire Brésilienne ce que le double blanc des Beatles est à son pendant anglais. Nous sommes d’accord : comme ses compatriotes Caetano Veloso ou Giberto Gil, Milton Nascimento a grandi en écoutant à la radio la musique des Fab’ Four de Liverpool, et leur(s) influence(s) est grande. Mais il émane des vingt-et-une chansons de ce double album miraculeux (qui eut un tel succès que la presse brésilienne reprit son titre – en français, “le club du coin” – pour désigner Milton et sa bande) un telle sensualité évocatrice qu’on oublie vite toute forme de référence, pour se laisser posséder, à la vie à l’amour.