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Publié le 15 Août 2024

Le Disquindispensable, épisode #26


Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“Provision”
Scritti Politti
Virgin Records

1988

Trois ans après le formidable “Cupid & Psyche 85”, onze ans (!) avant le méconnu “Anomie & Bonhomie”, Green Gartside et David Gamson, alias Scritti Politti – aaah, les duos pop hyper créatifs des glorieuses années 1980 : Peter Cox + Richard Drummie = Go West, Roland Orzabal + Curt Smith = Tears For Fears… – avaient illuminé l’an de grâce 1988 avec “Provision”, sur lequel je m’étais précipité le jours de sa sortie parce que je savais qu’un certain Miles Davis jouait dessus, lui qui avait repris presque sans rien y changer Perfect Way dans “Tutu”, deux ans plus tôt (“Tutu” a d’ailleurs failli s’appeler “Perfect Way”).
Miles joue magnifiquement – comme d’habitude – sur Oh Patti (Don’t Feel Sorry For Loverboy), mais il y a évidemment moult autres chansons mémorables dans “Provision”, qui trente-six ans après passent toujours subtilement à travers les mailles du filet – à “Provision” bien sûr : ok je sors – stylistique, entre pop, soul et funk. Marcus Miller y fait généreusement claquer sa basse électrique (Bam Salute), ce qui n’est pas rien ; la production est une merveille d’équilibre sonore, les claviers sont en technicolor, les beats en ébullition : ça groove délicieusement, mais le songwriting n’est pas négligé pour autant.
À cette époque, G.G. & D.G. avaient c’est le moins qu’on puisse dire le vent en poupe. On lisait leur nom sur d’autres disques qu’on avait appris par cœur : “L Is For Lover” d’Al Jarreau et “Destiny” de Chaka Khan par exemple. (Plus tard, Gamson contribuera à deux chefs-d’œuvre de Meshell Ndgeocello, mais c’est une autre histoire.)

Et puis dis donc, il y a aussi l’incomparable Roger Troutman, qui fait groover sa talk box dans Boom ! There She Was et dans Sugar And Spice, et c’est aussi inoubliable que le solo de Miles Davis dans Oh Patti (Don’t Feel Sorry For Loverboy). On était gâté quand même…