Actualité
Publié le 25 Juil 2024

Le Disquindispensable, épisode #4

Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.


“La Planète Sauvage”
Alain Goraguer
Cam Sugar / Decca Records
2023

C’est en trois jours et cinq séances, du 8 au 10 mars 1973, que la bande originale du film d’animation culte de René Laloux, La Planète Sauvage, a été enregistrée au légendaire Studio Davout, Paris XXe. Si le 33-tours original publié par Pathé dépasse aujourd’hui les 300 €, nul doute que la nouvelle réédition qui vient tout juste de paraître deviendra collector aussi, et vite, notamment dans sa version double album deluxe avec vinyles bleus (comme les Draags dessinés par Roland Topor).
Dans le nouveau livret, Stéphane Lerouge (créateur de la célèbre collection Écouter le Cinéma dont nous avons tous les meilleures références chez nous) détaille l’aventure du film, puis la conception de sa musique par le compositeur et arrangeur Alain Goraguer, disparu le 12 février dernier et connu pour son travail avec Boris Vian, France Gall, Jean Ferrat, Adamo, Georges Moustaki, Michel Delpech et, bien sûr, feu le résident du 5bis, rue de Verneuil.
Les vingt-cinq titres de la BO originale ont été remixés d’après les bandes multi-pistes originales par Sugarmusic et sous la supervision de Patrick Goraguer, le fils d’Alain. Sans trahir une seule seconde l’esprit de la musique telle qu’elle avait été enregistrée il y a cinquante ans, elle n’a jamais aussi bien sonné, révélant son côté à la fois intemporel et typique de son époque, ses cousinages sonores avec certaines BO blaxpoitation (Shaft d’Isaac Hayes, Trouble Man de Marvin Gaye), avec une touche atmosphérique et mystérieuse renforcées par de magnifiques arrangements de cordes, qui contrastent subtilement avec les clavinet, pianos électriques et autres guitares wah-wah (sans oublier les chœurs et les voix féminines). Le thème principal est décliné avec maestria, “variationné” au gré des ving-cinq morceaux et des dix inédits – l’alternate mix de Terr et Medor est assez fascinant, qui sonne presque comme un remix de Madlib (né l’année de la sortie du disque !).