Le Disquindispensable, épisode #6
Chaque jour jusqu’au 23 août, Fred Goaty & fredgoatylapepitedujour (le compte Instagram qui aime les mêmes musiques que vous) vous présentent un “Disquindispensable” à (re)découvrir d’urgence.
“The Many Facets Of Roger”
Roger
Warner Bros. Records
1981
Quel formidable disque que voici. Le premier en “solo” de Roger Troutman – guillemets d’usage parce qu’en réalité la famille Zapp, son groupe de toujours, est dans la place : Lester à la batterie, et Larry Troutman, qui coécrit tout avec son frère Roger, Carl Cowen, Greg Jackson…
Reste que la tonalité, si elle reste outrageusement funk – notamment dans Do It Roger et la reprise de I Heard It Through The Grapevine dont nous allons parler dans quelques secondes –, s’échappe avec une classe folle aux confins du jazz et du blues.
Car si la marque de fabrique de Roger est évidemment la fameuse talk box popularisée à l’échelle planétaire par Peter Frampton via son légendaire “Frampton Comes Alive”, il fait ici subtil étalage de ses talents de guitariste : écoutez l’irrésistible et georgebensonien A Chunk Of Guitar et le bbkingesque Blue (A Tribute To The Blues) pour vous en convaincre.
Et, donc, il y a cette reprise absolument géniale du tube Motown de Marvin Gaye et de Gladys Knight & The Pips coécrit par Norman Whitfield et Barrett Strong. Comme souvent, Roger y insuffle un côté jubilatoire et ce je-ne-sais-quoi de spleen urbain. Et sa maestria à la talk box reste inégalée à ce jour – et pour toujours. Au gré de ses albums suivants, il se fera une spécialité que de “rogéïfier” des classiques soul-funk, de Papa’s Got A Band New Bag de James Brown à Midnight Hour de Wilson Pickett en passant par Living For The City de Stevie Wonder.