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Publié le 21 Mar 2025

Les Superphoniques de Frédéric Maurin

Hier, 20 mars, dans l’auditorium de la Maison de la Radio, l’Orchestre national de France sous la direction de Marie Jacquot, nous révélait la première partition symphonique de l’ancien chef de l’Orchestre national de jazz.

80 pupitres ! Ça fait beaucoup pour un jazzfan qui au-delà de onze musiciens considère qu’il a affaire à un big band. 80 musiciens de l’Orchestre national de France placés au centre de l’arène que constitue l’admirable auditorium de la Maison de la Radio dans cette configuration. Au programme, sous la direction de sa nouvelle cheffe Marie Jacquot, Les Tziganes pièce mineure de quatre minutes d’Elsa Barraine (1910-1999) qui mériterait d’être entendue dans des pages plus consistantes ; Concerto pour alto de William Walton (1929-1983) qui nous rappelle que notre fierté nationale, et une certaine habitude à ne voir de concurrence que dans une certaine mitteleuropa, ne doit pas nous empêcher de tendre l’oreille outre-Manche, ce qui n’est pas le cas de l’alto Antoine Tamestit qui incarna sa partie avec fougue et passion ; et enfin Petrouchka du grand Igor. Je m’en tiendrais là et n’aurais d’ailleurs pas ouvert cette chronique, au risque de pécher par incompétence, si ne s’était pas glissée dans ce programme une pièce de 10 minutes, Superphoniques, composée par Fred Maurin, bien connu dans nos pages pour son Ping Machine (orchestre que j’ai “porté sur les fonts baptismaux” il y a 21 ans, lors d’un Tremplin européen, avec un premier prix accordé par un jury m’associant à Marc Steckar et François Jeanneau), puis pour son brillant mandat à la tête de l’Orchestre national de jazz.

J’hésite à commenter ces Superphoniques au risque de d’outrepasser mes compétences, mais réécoutant l’œuvre en podcast tout en écrivant cette chronique que mon emploi du temps m’oblige à poster avant 10 heures ce matin, je vous invite à faire de même. À la réécoute, l’inconnu, l’insolite même s’organise en masses, motifs, combinaisons de timbres que je découvrais hier en un merveilleux chaos m’inspirant néanmoins alors déjà le sentiment du mouvement, de l’organique et du drame, avec cette réflexion dès la sortie du concert concernant le jeu sur les micro-intervalles que pas à un moment je n’avais eu le sentiment que l’on peut éprouver chez les prétendants au spectral d’en faire une expérience autre que sensuelle. Grâce en soit rendu à l’orchestre et à sa cheffe qui dirigea les quatre œuvres au programme avec une égale implication. À la sortie du concert en coulisses, la remarque concernant un possible trop plein d’idées, péché véniel que peu susciter l’expérience d’une première partition et ce format de dix minutes (et sentiment qui se dissipe à la prise de repères rendu possible par la réécoute), l’éditeur de Frédéric Maurin, Fabrice Goubin (Lacorch’ Editions) suggérait la commande à venir d’une œuvre de trente minutes. À suivre… Franck Bergerot