Le percussionniste a déjà une riche carrière derrière lui mais continue d’œuvrer sur scène ou ailleurs en favorisant les rencontres entres instrumentistes, à l’ancienne.
par Yazid Kouloughli
Professeur de percussions depuis 1973, auteur, musicien de studio et d’orchestre recherché aux grandes heures du Club Saint-Germain, du Lido ou du Casino de Paris, compagnon de route de certaines des plus belles aventures du jazz hexagonal de ces dernières décennies, aux côtés de Martial Solal, Stéphane Grappelli, Michel Portal, Alain Jean-Marie, Daniel Humair ou encore Guy Pedersen, et même pratiquant aguerri d’une multitude d’arts martiaux, Alain Bouchaux a une vie bien remplie. De cette expérience au cœur du monde du jazz d’antan, celui d’une abondance d’engagements dans tous les lieux de la capitale pour une poignée de musiciens, il a gardé l’esprit de l’aventure et du partage et a pris l’habitude, depuis quelques temps, d’inviter chez lui à Paris des musiciens de tous horizons pour créer ensemble. « Chez moi on ne dit du mal de personne et il n’y a pas de concours ! explique t-il. On vient par amitié, et beaucoup de gens se sont agrégé à ça. Qu’on soit moderne ou pas, peu importe : les gens viennent et sont contents de jouer ». Son but : redonner à l’immense variété d’instrumentistes de la région parisienne ou d’ailleurs un lieu où se retrouver sans pression pour créer ensemble et échanger, ce dont les a privés la disparition de tant de hauts lieux du jazz live parisien ces dernières décennies.
De ces rencontres informelles mais fécondes sont déjà nés des projets, comme le Aâlin Bouchaux Sextet (Boris Blanchet, Antoine Viard et Fabrice Theuillon aux saxophones, Mico Nissim au piano, Marc Bollengier à la basse et Alain Bouchaux à la batterie et aux percussions) qui s’est produit le 7 décembre dernier au Triton.
Grâce au bouche à oreille, on commence même à lui proposer spontanément des rencontres. « Aujourd’hui on me téléphone pour me demander si je n’ai pas besoin d’un sax par exemple ! » s’amuse Alain Bouchaux. « De plus en plus de gens veulent venir jouer à la maison car ça a la réputation d’être tranquille, les gens savent qu’ils n’auront rien à prouver, qu’ils ne seront pas jugés et qu’ils seront bien traités » Un esprit qui n’est pas sans rappeler celui dans lequel bien des jeunes formations se sont créées ces dernières années, où le collectif prévaut sur la performance individuelle. Un phénomène dont le percussionniste se félicite : « Aujourd’hui les jeunes se regroupent volontiers sans penser à comment ils vont vendre leurs projets ou en faire une affaire. A mon époque on jouait facilement une semaine d’affilée dans un club, et le groupe se faisait comme ça, de lui-même. Maintenant les gens ont moins le syndrome du “soliste du siècle”, ils sont plus humbles, tout en étant en concurrence. Les musiciens aujourd’hui sont plus “gentils” qu’avant, ils ont du respect les uns pour les autres, malgré la prévalence des concours, et je trouve ça formidable. » Avis à ceux qui se reconnaissent dans cette louable initiative qui donne le meilleur exemple : Alain Bouchaux est toujours ravi de faire de nouvelles rencontres, et quand il n’est pas sur scène ou en phase de création, il est actif sur Facebook !