Têtes de Jazz 2017, 5 ans déjà : Wild Mimi et Ozma
Têtes de Jazz 2017
7 au 16 juillet 17 AVIGNON JAZZ FOCUS
Concerts Rencontres Workshops
Déjà cinq ans que je brave la chaleur en juillet pour me rendre à Avignon. Et ce n’est pas seulement pour le festival, la plus grande manifestation de spectacle vivant, réunissant le « in » et le « off » avec plus de mille spectacles cette année pour ce dernier. La ville s’affiche donc au rythme du théâtre mais aussi du jazz pour qui sait lire le programme, plus copieux qu’un ancien annuaire téléphonique…
Têtes de Jazz
Vitrine du jazz actuel, TDJ permet, en dix jours, de découvrir un peu de la diversité des jazz(s) d’aujourd’hui. Localisé derrière le Palais des Papes, autour de La Manutention, des cinémas Utopia (la seule chaîne de cinémas qui fait vraiment de l’art et essai, en nombre conséquent de films proposés), l’AJMI, scène de jazz SMAC, dont la jauge est parfaite pour moi, accueille 40 concerts, 3 créations, 18 groupes, 3 producteurs, 53 artistes…Pas mal comme proposition artistique, hein ?
L’ AJMI reçoit donc des partenaires qui, pour la circonstance forment un marché petit mais représentatif de ce qui se fait en France: les groupes de l’AJC Migration, sélectionnés par les festivals du réseau AFIJMA, devenu Jazzé Croisé, mais aussi ceux de Nemo Music, de la compagnie Tangram, de Pegazz et l’hélicon, l’Amour du Loup, le collectif KOA, Colore . Les cinémas Utopia proposent des cinés concerts tous les matins à 10H 30. Voilà de quoi réjouir les amateurs de jazz et aussi les nouveaux venus qui veulent entendre de la musique, qui en ont assez de « bouffer » du théâtre ou veulent simplement faire une pause rafraîchissante et se laver les oreilles…
On peut aussi acheter des CDs de labels indépendants et aussi des vinyls : eh oui, à côté de Fred Pallem venu encourager Wild Mimi, j’ai acheté Manny Albam, His Jazz Greats chez Dot, la fine fleur des musiciens de l’époque( Eddie Costa au vibraphone sur « In a mist», le seul titre du cornettiste Bix Beiderbecke au piano) ou Shelly Manne‘s The Three & the Two chez Contemporary, un classique avec Shorty Rogers, Jimmy Giuffre qui ne jouait pas encore free. Ou encore, moins reconnu des puristes, car il faisait des musiques hollywoodiennes, André Previn pour la B.O de The Subterranean…Je m’égare ?
Pas tant que ça car, en ce 11 juillet, la programmation a fait une belle place à des groupes de jeunes (trentenaires) qui décloisonnent les frontières musicales, se souvenant sans nostalgie de ce qu’ils ont écouté plus jeune, héritage musical familial (ça compte !). Donc s’ils ne s’aventurent pas sur les terres de la West Coast, ils s’expriment dans un drôle d’idiome qui ne peut pas s’appeler « Jazz rock » ni « fusion », ces termes étant déposés AOC. Mais c’est une drôle d’expérience auquel nous sommes soumis : sur un substratum épais de pop et rock progressif, une instrumentation jazz avec force cuivres et de l’improvisation….
WILD MIMI
C’est le bain direct, dès le premier titre de ce nouveau programme de Wild Mimi autour des compositions du poly instrumentiste Rémi Sciuto qui invite Journal intime. Ce trio diabolique ( Fred Gastard (saxes), Mathias Mahler (tb) et Quentin Ghomari (tp) qui remplace le « titulaire » Sylvain Bardiau pour cette série.
Qu’il rejouent Hendrix Lips on fire, qu’ils accompagnent Marc Ducret dans le beau Paysage, avec Bruits (Abalone) ou qu’ils se livrent mains et poignets déliés aux élucubrations textuelles et vocales du curieux (RE)MIMI, ils enchantent la musique de Sciuto qui se la joue vocaliste in english, qui plus est. Des chansons décalées volontiers… où resurgissent des fragments parodiques à la Zappa, avec ces collages et ruptures de rythmes si caractéristiques : surprise incessante, énergie clownesque, avec ces titres farfelus qui correspondent à l’univers bizarre, pour ne pas dire un peu déjanté et même inquiétant du leader, homme-orchestre. Suivons-le de sa voix cabossée et un brin canaille, dans ses désirs les plus fous, comme celui de se faire insulter par le public (attention pas de jets de tomates et autres fruits frais) quand il reprend la posture d’un homme politique qui a beaucoup déçu et passablement oublié ses promesses. Toute ressemblance…
J’entends aussi du King Crimson et du Genesis première période, avec Gabriel, dans leur théâtralité et leur storytelling très anglais, style « nursery rhymes ». Il y a aussi du Bowie de la fin des années soixante. Rien de surprenant, les plus grands rockers ont beaucoup écouté de musiques, du blues au folk, du cabaret aux choses les plus étranges. Et le jazz s’est toujours nourri des emprunts générationnels. Cette collection disparate nous saisit bizarrement comme un tout ; comme les chansons qui traversent le temps, certaines musiques ne meurent jamais, rejaillissent différemment. Redécouverte, arrangée, mitonnée en un fameux souper qui parle de « démocratie des couverts » :« Le prodige formé au jazz mais parti à l’aventure tous azimut(é)s est de retour pour appeler à la révolte des couverts » !
Je ne sais quel sera le titre de l’album à venir, en recherche de label, mais le précédent Wild Mimi titrait Rêves et fantasmes d’une chaussure ordinaire. La constante de ce groupe est la vitalité, le caractère expressionniste du son, une plasticité formelle épatante. Nous voilà happé sans pouvoir reprendre son souffle, comme aspiré, avec des moments de grâce pure quand Antonin Rayon, à l’orgue Hammond (entendu pour la première fois dans Le Sens de la Marche à l’auditorium ( !) du Thor, Vaucluse), soutient le saxophone basse, lourd et délicatement ciselé de Fred Gastard.
Comment dire ? Inutile de chercher à décrire davantage, il faut plonger dans ce bain très dense, cette matière vivante et sensible, tranchante et puissante, de la création en surchauffe. Je dois avouer que la durée limitée des concerts ne me déplaît pas du tout. Ainsi la concentration reste forte et on reste sur sa faim. Comme pour les trente-trois tours, quand il fallait se relever pour changer (ou non) de face. Un pas de côté pour ce septet ( 4+ 3) potache et non conventionnel ( sans oublier Emili(an)o Turi à la batterie, formidable lui aussi avec son beat frénétique), qui a gardé la fraîcheur des musiques qui savent aussi improviser…
OZMA
Je n’ai pas pu les voir en plein jour sur la scène du Charlie Jazz festival, samedi dernier, mais je me rattrape aujourd’hui dans un tout autre cadre, en plein noir.
A vrai dire, ce sont des retrouvailles puisque je les ai vraiment découverts ici même, il y a deux ans, dans des projets très différents : un photo concert extraordinaire D’autres regards 1914-1918 et le ciné concert du splendide Les trois âges de Buster Keaton. Pour vous rafraîchir la mémoire, lisez donc l’article de cet alter ego:
http://www.jazzmagazine.com/tetes-de-jazz-avignon-un-autre-regard-sur-ozma/
Si Ozma revient, cette année encore, avec un spectacle à images, leur spécificité, un vrai travail de cinéma-musique, sur le Monde perdu ( 1925 ) d’Harry O. Hoyt, le premier dino-film de l’histoire, comme ils aiment à le présenter, je suis allée écouter leur Welcome Home, sorti sur le label Cristal records.
Un programme qu’ils ont pris le temps de tester et de s’approprier en un an. Ozma est un groupe rock et post jazz, nébuleuse de plus de quinze ans d’âge mais dont le noyau dur est à présent constitué du quintet constitué de Julien Soro aux saxophones, Guillaume Nuss au trombone, Tam de Villiers à la guitare, Edouard Sero Guillaume à la basse, Stéphane Scharlé aux drums, ces deux derniers se partageant les compositions. Un collectif qui travaille intelligemment, ouvrant son chemin dans la musique improvisée actuelle. Une corne d’abondance de laquelle jaillissent bien des surprises sonores, vraiment décoiffantes, un sens de la performance, chacun dialoguant à égalité, en faisant assaut d’éloquence, de lyrisme et de virtuosité. Avec des timbres riches, des textures soyeuses, Ozma intègre dans son jeu des éléments venus de tous les horizons du jazz, des effets de growl et de vibrato ample au trombone (Ray Anderson?),
une sonorité éclatante du sax, styliste original, aux inventions mélodiques fréquentes, des envolées de « guitar hero » dans « Concerto for Sharks » et plus encore dans « Goldi Boldi », « Flat tyre at Durban Market ».
Pas besoin de gros riffs et de beats allumés pour remplir leur mission festive. Après le concert, minuté, il faut filer, car l’Ajmi est situé au-dessous d’une autre salle qui attend la fin des concerts pour attaquer ses pièces. Tout est programmé de façon précise et l’équipe technique, Magali ou Bruno (Levée) sont soumis à un emploi du temps des plus rigoureux. Sacré marathon pendant ces dix jours…
Je débriefe rapidement au Micocoulier, qui, à défaut de havre de fraîcheur, propose un vrai espace pro de repos, formidable…
Julien Soro m’avoue que, selon les jours, le programme sonne très différemment : hier par exemple, ils se sont « lâchés » davantage avec plus de « pains » mais une prise de risque plus grande. De toute façon, la musique live évolue tout le temps et il est formidable de pouvoir jouer plusieurs jours d’affilée, un vrai luxe que les temps actuels ne permettent plus guère.
TDJ continue jusqu’à dimanche 16 juillet avec Greg Houben, Laura Perrudin, Ambre OZChristophe Jodet, Peemaï, Dock in Absolute, I Call You When You Get There…
Sophie Chambon|Têtes de Jazz 2017
7 au 16 juillet 17 AVIGNON JAZZ FOCUS
Concerts Rencontres Workshops
Déjà cinq ans que je brave la chaleur en juillet pour me rendre à Avignon. Et ce n’est pas seulement pour le festival, la plus grande manifestation de spectacle vivant, réunissant le « in » et le « off » avec plus de mille spectacles cette année pour ce dernier. La ville s’affiche donc au rythme du théâtre mais aussi du jazz pour qui sait lire le programme, plus copieux qu’un ancien annuaire téléphonique…
Têtes de Jazz
Vitrine du jazz actuel, TDJ permet, en dix jours, de découvrir un peu de la diversité des jazz(s) d’aujourd’hui. Localisé derrière le Palais des Papes, autour de La Manutention, des cinémas Utopia (la seule chaîne de cinémas qui fait vraiment de l’art et essai, en nombre conséquent de films proposés), l’AJMI, scène de jazz SMAC, dont la jauge est parfaite pour moi, accueille 40 concerts, 3 créations, 18 groupes, 3 producteurs, 53 artistes…Pas mal comme proposition artistique, hein ?
L’ AJMI reçoit donc des partenaires qui, pour la circonstance forment un marché petit mais représentatif de ce qui se fait en France: les groupes de l’AJC Migration, sélectionnés par les festivals du réseau AFIJMA, devenu Jazzé Croisé, mais aussi ceux de Nemo Music, de la compagnie Tangram, de Pegazz et l’hélicon, l’Amour du Loup, le collectif KOA, Colore . Les cinémas Utopia proposent des cinés concerts tous les matins à 10H 30. Voilà de quoi réjouir les amateurs de jazz et aussi les nouveaux venus qui veulent entendre de la musique, qui en ont assez de « bouffer » du théâtre ou veulent simplement faire une pause rafraîchissante et se laver les oreilles…
On peut aussi acheter des CDs de labels indépendants et aussi des vinyls : eh oui, à côté de Fred Pallem venu encourager Wild Mimi, j’ai acheté Manny Albam, His Jazz Greats chez Dot, la fine fleur des musiciens de l’époque( Eddie Costa au vibraphone sur « In a mist», le seul titre du cornettiste Bix Beiderbecke au piano) ou Shelly Manne‘s The Three & the Two chez Contemporary, un classique avec Shorty Rogers, Jimmy Giuffre qui ne jouait pas encore free. Ou encore, moins reconnu des puristes, car il faisait des musiques hollywoodiennes, André Previn pour la B.O de The Subterranean…Je m’égare ?
Pas tant que ça car, en ce 11 juillet, la programmation a fait une belle place à des groupes de jeunes (trentenaires) qui décloisonnent les frontières musicales, se souvenant sans nostalgie de ce qu’ils ont écouté plus jeune, héritage musical familial (ça compte !). Donc s’ils ne s’aventurent pas sur les terres de la West Coast, ils s’expriment dans un drôle d’idiome qui ne peut pas s’appeler « Jazz rock » ni « fusion », ces termes étant déposés AOC. Mais c’est une drôle d’expérience auquel nous sommes soumis : sur un substratum épais de pop et rock progressif, une instrumentation jazz avec force cuivres et de l’improvisation….
WILD MIMI
C’est le bain direct, dès le premier titre de ce nouveau programme de Wild Mimi autour des compositions du poly instrumentiste Rémi Sciuto qui invite Journal intime. Ce trio diabolique ( Fred Gastard (saxes), Mathias Mahler (tb) et Quentin Ghomari (tp) qui remplace le « titulaire » Sylvain Bardiau pour cette série.
Qu’il rejouent Hendrix Lips on fire, qu’ils accompagnent Marc Ducret dans le beau Paysage, avec Bruits (Abalone) ou qu’ils se livrent mains et poignets déliés aux élucubrations textuelles et vocales du curieux (RE)MIMI, ils enchantent la musique de Sciuto qui se la joue vocaliste in english, qui plus est. Des chansons décalées volontiers… où resurgissent des fragments parodiques à la Zappa, avec ces collages et ruptures de rythmes si caractéristiques : surprise incessante, énergie clownesque, avec ces titres farfelus qui correspondent à l’univers bizarre, pour ne pas dire un peu déjanté et même inquiétant du leader, homme-orchestre. Suivons-le de sa voix cabossée et un brin canaille, dans ses désirs les plus fous, comme celui de se faire insulter par le public (attention pas de jets de tomates et autres fruits frais) quand il reprend la posture d’un homme politique qui a beaucoup déçu et passablement oublié ses promesses. Toute ressemblance…
J’entends aussi du King Crimson et du Genesis première période, avec Gabriel, dans leur théâtralité et leur storytelling très anglais, style « nursery rhymes ». Il y a aussi du Bowie de la fin des années soixante. Rien de surprenant, les plus grands rockers ont beaucoup écouté de musiques, du blues au folk, du cabaret aux choses les plus étranges. Et le jazz s’est toujours nourri des emprunts générationnels. Cette collection disparate nous saisit bizarrement comme un tout ; comme les chansons qui traversent le temps, certaines musiques ne meurent jamais, rejaillissent différemment. Redécouverte, arrangée, mitonnée en un fameux souper qui parle de « démocratie des couverts » :« Le prodige formé au jazz mais parti à l’aventure tous azimut(é)s est de retour pour appeler à la révolte des couverts » !
Je ne sais quel sera le titre de l’album à venir, en recherche de label, mais le précédent Wild Mimi titrait Rêves et fantasmes d’une chaussure ordinaire. La constante de ce groupe est la vitalité, le caractère expressionniste du son, une plasticité formelle épatante. Nous voilà happé sans pouvoir reprendre son souffle, comme aspiré, avec des moments de grâce pure quand Antonin Rayon, à l’orgue Hammond (entendu pour la première fois dans Le Sens de la Marche à l’auditorium ( !) du Thor, Vaucluse), soutient le saxophone basse, lourd et délicatement ciselé de Fred Gastard.
Comment dire ? Inutile de chercher à décrire davantage, il faut plonger dans ce bain très dense, cette matière vivante et sensible, tranchante et puissante, de la création en surchauffe. Je dois avouer que la durée limitée des concerts ne me déplaît pas du tout. Ainsi la concentration reste forte et on reste sur sa faim. Comme pour les trente-trois tours, quand il fallait se relever pour changer (ou non) de face. Un pas de côté pour ce septet ( 4+ 3) potache et non conventionnel ( sans oublier Emili(an)o Turi à la batterie, formidable lui aussi avec son beat frénétique), qui a gardé la fraîcheur des musiques qui savent aussi improviser…
OZMA
Je n’ai pas pu les voir en plein jour sur la scène du Charlie Jazz festival, samedi dernier, mais je me rattrape aujourd’hui dans un tout autre cadre, en plein noir.
A vrai dire, ce sont des retrouvailles puisque je les ai vraiment découverts ici même, il y a deux ans, dans des projets très différents : un photo concert extraordinaire D’autres regards 1914-1918 et le ciné concert du splendide Les trois âges de Buster Keaton. Pour vous rafraîchir la mémoire, lisez donc l’article de cet alter ego:
http://www.jazzmagazine.com/tetes-de-jazz-avignon-un-autre-regard-sur-ozma/
Si Ozma revient, cette année encore, avec un spectacle à images, leur spécificité, un vrai travail de cinéma-musique, sur le Monde perdu ( 1925 ) d’Harry O. Hoyt, le premier dino-film de l’histoire, comme ils aiment à le présenter, je suis allée écouter leur Welcome Home, sorti sur le label Cristal records.
Un programme qu’ils ont pris le temps de tester et de s’approprier en un an. Ozma est un groupe rock et post jazz, nébuleuse de plus de quinze ans d’âge mais dont le noyau dur est à présent constitué du quintet constitué de Julien Soro aux saxophones, Guillaume Nuss au trombone, Tam de Villiers à la guitare, Edouard Sero Guillaume à la basse, Stéphane Scharlé aux drums, ces deux derniers se partageant les compositions. Un collectif qui travaille intelligemment, ouvrant son chemin dans la musique improvisée actuelle. Une corne d’abondance de laquelle jaillissent bien des surprises sonores, vraiment décoiffantes, un sens de la performance, chacun dialoguant à égalité, en faisant assaut d’éloquence, de lyrisme et de virtuosité. Avec des timbres riches, des textures soyeuses, Ozma intègre dans son jeu des éléments venus de tous les horizons du jazz, des effets de growl et de vibrato ample au trombone (Ray Anderson?),
une sonorité éclatante du sax, styliste original, aux inventions mélodiques fréquentes, des envolées de « guitar hero » dans « Concerto for Sharks » et plus encore dans « Goldi Boldi », « Flat tyre at Durban Market ».
Pas besoin de gros riffs et de beats allumés pour remplir leur mission festive. Après le concert, minuté, il faut filer, car l’Ajmi est situé au-dessous d’une autre salle qui attend la fin des concerts pour attaquer ses pièces. Tout est programmé de façon précise et l’équipe technique, Magali ou Bruno (Levée) sont soumis à un emploi du temps des plus rigoureux. Sacré marathon pendant ces dix jours…
Je débriefe rapidement au Micocoulier, qui, à défaut de havre de fraîcheur, propose un vrai espace pro de repos, formidable…
Julien Soro m’avoue que, selon les jours, le programme sonne très différemment : hier par exemple, ils se sont « lâchés » davantage avec plus de « pains » mais une prise de risque plus grande. De toute façon, la musique live évolue tout le temps et il est formidable de pouvoir jouer plusieurs jours d’affilée, un vrai luxe que les temps actuels ne permettent plus guère.
TDJ continue jusqu’à dimanche 16 juillet avec Greg Houben, Laura Perrudin, Ambre OZChristophe Jodet, Peemaï, Dock in Absolute, I Call You When You Get There…
Sophie Chambon|Têtes de Jazz 2017
7 au 16 juillet 17 AVIGNON JAZZ FOCUS
Concerts Rencontres Workshops
Déjà cinq ans que je brave la chaleur en juillet pour me rendre à Avignon. Et ce n’est pas seulement pour le festival, la plus grande manifestation de spectacle vivant, réunissant le « in » et le « off » avec plus de mille spectacles cette année pour ce dernier. La ville s’affiche donc au rythme du théâtre mais aussi du jazz pour qui sait lire le programme, plus copieux qu’un ancien annuaire téléphonique…
Têtes de Jazz
Vitrine du jazz actuel, TDJ permet, en dix jours, de découvrir un peu de la diversité des jazz(s) d’aujourd’hui. Localisé derrière le Palais des Papes, autour de La Manutention, des cinémas Utopia (la seule chaîne de cinémas qui fait vraiment de l’art et essai, en nombre conséquent de films proposés), l’AJMI, scène de jazz SMAC, dont la jauge est parfaite pour moi, accueille 40 concerts, 3 créations, 18 groupes, 3 producteurs, 53 artistes…Pas mal comme proposition artistique, hein ?
L’ AJMI reçoit donc des partenaires qui, pour la circonstance forment un marché petit mais représentatif de ce qui se fait en France: les groupes de l’AJC Migration, sélectionnés par les festivals du réseau AFIJMA, devenu Jazzé Croisé, mais aussi ceux de Nemo Music, de la compagnie Tangram, de Pegazz et l’hélicon, l’Amour du Loup, le collectif KOA, Colore . Les cinémas Utopia proposent des cinés concerts tous les matins à 10H 30. Voilà de quoi réjouir les amateurs de jazz et aussi les nouveaux venus qui veulent entendre de la musique, qui en ont assez de « bouffer » du théâtre ou veulent simplement faire une pause rafraîchissante et se laver les oreilles…
On peut aussi acheter des CDs de labels indépendants et aussi des vinyls : eh oui, à côté de Fred Pallem venu encourager Wild Mimi, j’ai acheté Manny Albam, His Jazz Greats chez Dot, la fine fleur des musiciens de l’époque( Eddie Costa au vibraphone sur « In a mist», le seul titre du cornettiste Bix Beiderbecke au piano) ou Shelly Manne‘s The Three & the Two chez Contemporary, un classique avec Shorty Rogers, Jimmy Giuffre qui ne jouait pas encore free. Ou encore, moins reconnu des puristes, car il faisait des musiques hollywoodiennes, André Previn pour la B.O de The Subterranean…Je m’égare ?
Pas tant que ça car, en ce 11 juillet, la programmation a fait une belle place à des groupes de jeunes (trentenaires) qui décloisonnent les frontières musicales, se souvenant sans nostalgie de ce qu’ils ont écouté plus jeune, héritage musical familial (ça compte !). Donc s’ils ne s’aventurent pas sur les terres de la West Coast, ils s’expriment dans un drôle d’idiome qui ne peut pas s’appeler « Jazz rock » ni « fusion », ces termes étant déposés AOC. Mais c’est une drôle d’expérience auquel nous sommes soumis : sur un substratum épais de pop et rock progressif, une instrumentation jazz avec force cuivres et de l’improvisation….
WILD MIMI
C’est le bain direct, dès le premier titre de ce nouveau programme de Wild Mimi autour des compositions du poly instrumentiste Rémi Sciuto qui invite Journal intime. Ce trio diabolique ( Fred Gastard (saxes), Mathias Mahler (tb) et Quentin Ghomari (tp) qui remplace le « titulaire » Sylvain Bardiau pour cette série.
Qu’il rejouent Hendrix Lips on fire, qu’ils accompagnent Marc Ducret dans le beau Paysage, avec Bruits (Abalone) ou qu’ils se livrent mains et poignets déliés aux élucubrations textuelles et vocales du curieux (RE)MIMI, ils enchantent la musique de Sciuto qui se la joue vocaliste in english, qui plus est. Des chansons décalées volontiers… où resurgissent des fragments parodiques à la Zappa, avec ces collages et ruptures de rythmes si caractéristiques : surprise incessante, énergie clownesque, avec ces titres farfelus qui correspondent à l’univers bizarre, pour ne pas dire un peu déjanté et même inquiétant du leader, homme-orchestre. Suivons-le de sa voix cabossée et un brin canaille, dans ses désirs les plus fous, comme celui de se faire insulter par le public (attention pas de jets de tomates et autres fruits frais) quand il reprend la posture d’un homme politique qui a beaucoup déçu et passablement oublié ses promesses. Toute ressemblance…
J’entends aussi du King Crimson et du Genesis première période, avec Gabriel, dans leur théâtralité et leur storytelling très anglais, style « nursery rhymes ». Il y a aussi du Bowie de la fin des années soixante. Rien de surprenant, les plus grands rockers ont beaucoup écouté de musiques, du blues au folk, du cabaret aux choses les plus étranges. Et le jazz s’est toujours nourri des emprunts générationnels. Cette collection disparate nous saisit bizarrement comme un tout ; comme les chansons qui traversent le temps, certaines musiques ne meurent jamais, rejaillissent différemment. Redécouverte, arrangée, mitonnée en un fameux souper qui parle de « démocratie des couverts » :« Le prodige formé au jazz mais parti à l’aventure tous azimut(é)s est de retour pour appeler à la révolte des couverts » !
Je ne sais quel sera le titre de l’album à venir, en recherche de label, mais le précédent Wild Mimi titrait Rêves et fantasmes d’une chaussure ordinaire. La constante de ce groupe est la vitalité, le caractère expressionniste du son, une plasticité formelle épatante. Nous voilà happé sans pouvoir reprendre son souffle, comme aspiré, avec des moments de grâce pure quand Antonin Rayon, à l’orgue Hammond (entendu pour la première fois dans Le Sens de la Marche à l’auditorium ( !) du Thor, Vaucluse), soutient le saxophone basse, lourd et délicatement ciselé de Fred Gastard.
Comment dire ? Inutile de chercher à décrire davantage, il faut plonger dans ce bain très dense, cette matière vivante et sensible, tranchante et puissante, de la création en surchauffe. Je dois avouer que la durée limitée des concerts ne me déplaît pas du tout. Ainsi la concentration reste forte et on reste sur sa faim. Comme pour les trente-trois tours, quand il fallait se relever pour changer (ou non) de face. Un pas de côté pour ce septet ( 4+ 3) potache et non conventionnel ( sans oublier Emili(an)o Turi à la batterie, formidable lui aussi avec son beat frénétique), qui a gardé la fraîcheur des musiques qui savent aussi improviser…
OZMA
Je n’ai pas pu les voir en plein jour sur la scène du Charlie Jazz festival, samedi dernier, mais je me rattrape aujourd’hui dans un tout autre cadre, en plein noir.
A vrai dire, ce sont des retrouvailles puisque je les ai vraiment découverts ici même, il y a deux ans, dans des projets très différents : un photo concert extraordinaire D’autres regards 1914-1918 et le ciné concert du splendide Les trois âges de Buster Keaton. Pour vous rafraîchir la mémoire, lisez donc l’article de cet alter ego:
http://www.jazzmagazine.com/tetes-de-jazz-avignon-un-autre-regard-sur-ozma/
Si Ozma revient, cette année encore, avec un spectacle à images, leur spécificité, un vrai travail de cinéma-musique, sur le Monde perdu ( 1925 ) d’Harry O. Hoyt, le premier dino-film de l’histoire, comme ils aiment à le présenter, je suis allée écouter leur Welcome Home, sorti sur le label Cristal records.
Un programme qu’ils ont pris le temps de tester et de s’approprier en un an. Ozma est un groupe rock et post jazz, nébuleuse de plus de quinze ans d’âge mais dont le noyau dur est à présent constitué du quintet constitué de Julien Soro aux saxophones, Guillaume Nuss au trombone, Tam de Villiers à la guitare, Edouard Sero Guillaume à la basse, Stéphane Scharlé aux drums, ces deux derniers se partageant les compositions. Un collectif qui travaille intelligemment, ouvrant son chemin dans la musique improvisée actuelle. Une corne d’abondance de laquelle jaillissent bien des surprises sonores, vraiment décoiffantes, un sens de la performance, chacun dialoguant à égalité, en faisant assaut d’éloquence, de lyrisme et de virtuosité. Avec des timbres riches, des textures soyeuses, Ozma intègre dans son jeu des éléments venus de tous les horizons du jazz, des effets de growl et de vibrato ample au trombone (Ray Anderson?),
une sonorité éclatante du sax, styliste original, aux inventions mélodiques fréquentes, des envolées de « guitar hero » dans « Concerto for Sharks » et plus encore dans « Goldi Boldi », « Flat tyre at Durban Market ».
Pas besoin de gros riffs et de beats allumés pour remplir leur mission festive. Après le concert, minuté, il faut filer, car l’Ajmi est situé au-dessous d’une autre salle qui attend la fin des concerts pour attaquer ses pièces. Tout est programmé de façon précise et l’équipe technique, Magali ou Bruno (Levée) sont soumis à un emploi du temps des plus rigoureux. Sacré marathon pendant ces dix jours…
Je débriefe rapidement au Micocoulier, qui, à défaut de havre de fraîcheur, propose un vrai espace pro de repos, formidable…
Julien Soro m’avoue que, selon les jours, le programme sonne très différemment : hier par exemple, ils se sont « lâchés » davantage avec plus de « pains » mais une prise de risque plus grande. De toute façon, la musique live évolue tout le temps et il est formidable de pouvoir jouer plusieurs jours d’affilée, un vrai luxe que les temps actuels ne permettent plus guère.
TDJ continue jusqu’à dimanche 16 juillet avec Greg Houben, Laura Perrudin, Ambre OZChristophe Jodet, Peemaï, Dock in Absolute, I Call You When You Get There…
Sophie Chambon|Têtes de Jazz 2017
7 au 16 juillet 17 AVIGNON JAZZ FOCUS
Concerts Rencontres Workshops
Déjà cinq ans que je brave la chaleur en juillet pour me rendre à Avignon. Et ce n’est pas seulement pour le festival, la plus grande manifestation de spectacle vivant, réunissant le « in » et le « off » avec plus de mille spectacles cette année pour ce dernier. La ville s’affiche donc au rythme du théâtre mais aussi du jazz pour qui sait lire le programme, plus copieux qu’un ancien annuaire téléphonique…
Têtes de Jazz
Vitrine du jazz actuel, TDJ permet, en dix jours, de découvrir un peu de la diversité des jazz(s) d’aujourd’hui. Localisé derrière le Palais des Papes, autour de La Manutention, des cinémas Utopia (la seule chaîne de cinémas qui fait vraiment de l’art et essai, en nombre conséquent de films proposés), l’AJMI, scène de jazz SMAC, dont la jauge est parfaite pour moi, accueille 40 concerts, 3 créations, 18 groupes, 3 producteurs, 53 artistes…Pas mal comme proposition artistique, hein ?
L’ AJMI reçoit donc des partenaires qui, pour la circonstance forment un marché petit mais représentatif de ce qui se fait en France: les groupes de l’AJC Migration, sélectionnés par les festivals du réseau AFIJMA, devenu Jazzé Croisé, mais aussi ceux de Nemo Music, de la compagnie Tangram, de Pegazz et l’hélicon, l’Amour du Loup, le collectif KOA, Colore . Les cinémas Utopia proposent des cinés concerts tous les matins à 10H 30. Voilà de quoi réjouir les amateurs de jazz et aussi les nouveaux venus qui veulent entendre de la musique, qui en ont assez de « bouffer » du théâtre ou veulent simplement faire une pause rafraîchissante et se laver les oreilles…
On peut aussi acheter des CDs de labels indépendants et aussi des vinyls : eh oui, à côté de Fred Pallem venu encourager Wild Mimi, j’ai acheté Manny Albam, His Jazz Greats chez Dot, la fine fleur des musiciens de l’époque( Eddie Costa au vibraphone sur « In a mist», le seul titre du cornettiste Bix Beiderbecke au piano) ou Shelly Manne‘s The Three & the Two chez Contemporary, un classique avec Shorty Rogers, Jimmy Giuffre qui ne jouait pas encore free. Ou encore, moins reconnu des puristes, car il faisait des musiques hollywoodiennes, André Previn pour la B.O de The Subterranean…Je m’égare ?
Pas tant que ça car, en ce 11 juillet, la programmation a fait une belle place à des groupes de jeunes (trentenaires) qui décloisonnent les frontières musicales, se souvenant sans nostalgie de ce qu’ils ont écouté plus jeune, héritage musical familial (ça compte !). Donc s’ils ne s’aventurent pas sur les terres de la West Coast, ils s’expriment dans un drôle d’idiome qui ne peut pas s’appeler « Jazz rock » ni « fusion », ces termes étant déposés AOC. Mais c’est une drôle d’expérience auquel nous sommes soumis : sur un substratum épais de pop et rock progressif, une instrumentation jazz avec force cuivres et de l’improvisation….
WILD MIMI
C’est le bain direct, dès le premier titre de ce nouveau programme de Wild Mimi autour des compositions du poly instrumentiste Rémi Sciuto qui invite Journal intime. Ce trio diabolique ( Fred Gastard (saxes), Mathias Mahler (tb) et Quentin Ghomari (tp) qui remplace le « titulaire » Sylvain Bardiau pour cette série.
Qu’il rejouent Hendrix Lips on fire, qu’ils accompagnent Marc Ducret dans le beau Paysage, avec Bruits (Abalone) ou qu’ils se livrent mains et poignets déliés aux élucubrations textuelles et vocales du curieux (RE)MIMI, ils enchantent la musique de Sciuto qui se la joue vocaliste in english, qui plus est. Des chansons décalées volontiers… où resurgissent des fragments parodiques à la Zappa, avec ces collages et ruptures de rythmes si caractéristiques : surprise incessante, énergie clownesque, avec ces titres farfelus qui correspondent à l’univers bizarre, pour ne pas dire un peu déjanté et même inquiétant du leader, homme-orchestre. Suivons-le de sa voix cabossée et un brin canaille, dans ses désirs les plus fous, comme celui de se faire insulter par le public (attention pas de jets de tomates et autres fruits frais) quand il reprend la posture d’un homme politique qui a beaucoup déçu et passablement oublié ses promesses. Toute ressemblance…
J’entends aussi du King Crimson et du Genesis première période, avec Gabriel, dans leur théâtralité et leur storytelling très anglais, style « nursery rhymes ». Il y a aussi du Bowie de la fin des années soixante. Rien de surprenant, les plus grands rockers ont beaucoup écouté de musiques, du blues au folk, du cabaret aux choses les plus étranges. Et le jazz s’est toujours nourri des emprunts générationnels. Cette collection disparate nous saisit bizarrement comme un tout ; comme les chansons qui traversent le temps, certaines musiques ne meurent jamais, rejaillissent différemment. Redécouverte, arrangée, mitonnée en un fameux souper qui parle de « démocratie des couverts » :« Le prodige formé au jazz mais parti à l’aventure tous azimut(é)s est de retour pour appeler à la révolte des couverts » !
Je ne sais quel sera le titre de l’album à venir, en recherche de label, mais le précédent Wild Mimi titrait Rêves et fantasmes d’une chaussure ordinaire. La constante de ce groupe est la vitalité, le caractère expressionniste du son, une plasticité formelle épatante. Nous voilà happé sans pouvoir reprendre son souffle, comme aspiré, avec des moments de grâce pure quand Antonin Rayon, à l’orgue Hammond (entendu pour la première fois dans Le Sens de la Marche à l’auditorium ( !) du Thor, Vaucluse), soutient le saxophone basse, lourd et délicatement ciselé de Fred Gastard.
Comment dire ? Inutile de chercher à décrire davantage, il faut plonger dans ce bain très dense, cette matière vivante et sensible, tranchante et puissante, de la création en surchauffe. Je dois avouer que la durée limitée des concerts ne me déplaît pas du tout. Ainsi la concentration reste forte et on reste sur sa faim. Comme pour les trente-trois tours, quand il fallait se relever pour changer (ou non) de face. Un pas de côté pour ce septet ( 4+ 3) potache et non conventionnel ( sans oublier Emili(an)o Turi à la batterie, formidable lui aussi avec son beat frénétique), qui a gardé la fraîcheur des musiques qui savent aussi improviser…
OZMA
Je n’ai pas pu les voir en plein jour sur la scène du Charlie Jazz festival, samedi dernier, mais je me rattrape aujourd’hui dans un tout autre cadre, en plein noir.
A vrai dire, ce sont des retrouvailles puisque je les ai vraiment découverts ici même, il y a deux ans, dans des projets très différents : un photo concert extraordinaire D’autres regards 1914-1918 et le ciné concert du splendide Les trois âges de Buster Keaton. Pour vous rafraîchir la mémoire, lisez donc l’article de cet alter ego:
http://www.jazzmagazine.com/tetes-de-jazz-avignon-un-autre-regard-sur-ozma/
Si Ozma revient, cette année encore, avec un spectacle à images, leur spécificité, un vrai travail de cinéma-musique, sur le Monde perdu ( 1925 ) d’Harry O. Hoyt, le premier dino-film de l’histoire, comme ils aiment à le présenter, je suis allée écouter leur Welcome Home, sorti sur le label Cristal records.
Un programme qu’ils ont pris le temps de tester et de s’approprier en un an. Ozma est un groupe rock et post jazz, nébuleuse de plus de quinze ans d’âge mais dont le noyau dur est à présent constitué du quintet constitué de Julien Soro aux saxophones, Guillaume Nuss au trombone, Tam de Villiers à la guitare, Edouard Sero Guillaume à la basse, Stéphane Scharlé aux drums, ces deux derniers se partageant les compositions. Un collectif qui travaille intelligemment, ouvrant son chemin dans la musique improvisée actuelle. Une corne d’abondance de laquelle jaillissent bien des surprises sonores, vraiment décoiffantes, un sens de la performance, chacun dialoguant à égalité, en faisant assaut d’éloquence, de lyrisme et de virtuosité. Avec des timbres riches, des textures soyeuses, Ozma intègre dans son jeu des éléments venus de tous les horizons du jazz, des effets de growl et de vibrato ample au trombone (Ray Anderson?),
une sonorité éclatante du sax, styliste original, aux inventions mélodiques fréquentes, des envolées de « guitar hero » dans « Concerto for Sharks » et plus encore dans « Goldi Boldi », « Flat tyre at Durban Market ».
Pas besoin de gros riffs et de beats allumés pour remplir leur mission festive. Après le concert, minuté, il faut filer, car l’Ajmi est situé au-dessous d’une autre salle qui attend la fin des concerts pour attaquer ses pièces. Tout est programmé de façon précise et l’équipe technique, Magali ou Bruno (Levée) sont soumis à un emploi du temps des plus rigoureux. Sacré marathon pendant ces dix jours…
Je débriefe rapidement au Micocoulier, qui, à défaut de havre de fraîcheur, propose un vrai espace pro de repos, formidable…
Julien Soro m’avoue que, selon les jours, le programme sonne très différemment : hier par exemple, ils se sont « lâchés » davantage avec plus de « pains » mais une prise de risque plus grande. De toute façon, la musique live évolue tout le temps et il est formidable de pouvoir jouer plusieurs jours d’affilée, un vrai luxe que les temps actuels ne permettent plus guère.
TDJ continue jusqu’à dimanche 16 juillet avec Greg Houben, Laura Perrudin, Ambre OZChristophe Jodet, Peemaï, Dock in Absolute, I Call You When You Get There…
Sophie Chambon