20 pianistes à suivre : #3 Sullivan Fortner
Choisi par Pascal Rozat – Photo : © Carol Friedman
Un swing indéfectible doublé d’une insolente liberté dans le placement rythmique, une source intarissable d’idées musicales servie par une parfaite indépendance des deux mains, un sens inné de la dissonance qui fait mouche : certains n’hésitent pas à parler de “génie” à son sujet, et on n’est pas loin de leur donner raison. Comme beaucoup des grands jazzmen d’antan, le Néo-Orléanais ne rechigne pas à enfiler le costume de l’amuseur public, allant même jusqu’à pousser la chansonnette (fort bien d’ailleurs) quand l’occasion se présente. Mais sous la roublardise et la faconde naturelles, que de trésors d’invention, que de profondeur ! Comme Cécile McLorin-Salvant, sa partenaire de duo, Sullivan Fortner possède cette capacité rare à conjuguer au présent la grande tradition du jazz. Et si l’on entend chez lui les influences croisées de Thelonious Monk, Bud Powell, Erroll Garner, voire Jason Moran, son style n’appartient déjà qu’à lui. •
À écouter
“Moments Preserved” (Impulse, 2017)