Jazz live
Publié le 15 Nov 2012

Actuum & Lucian Ban's "Enesco Re-Imagined" à Jazzdor, Strasbourg

 

Deuxième formation présentée dans le cadre de « Jazz Migration » après l’Imperial Quartet, Actuum associe une écriture serrée, fouillée, manifestement ornettienne, explicitement telle, et en même temps pleine de légèreté, de vivacité, d’humour, et pour tout dire du plus pur élan. C’est qu’au fond tout est dans la manière, et dans le point d’énonciation. A la fois très sérieusement engagés dans la musique, les quatre d’Actuum font preuve aussi de distance, à l’instar de celui qui présente leur programme, le trompettiste Louis Laurain. Les autres membres de ce quartette sans piano étant le bayonnais Benjamin Dousteyssier (as), Ronan Courty (b) et Julien Loutelier (dm). 

 

Insistons un peu : pour le coup, l’énergie (perceptible) de ce quartet vient moins du poids de chaque note, quand ce n’est pas de la puissance d’amplification comme il se trouve souvent aujourd’hui, mais de l’intention qui préside à son émission, et du désir qui l’a causée. Il y a de la jubilation à faire exister, consister, ces thèmes vifs et drôles, à les énoncer dans des unissons tp/as, et à varier à partir d’eux pour des parties improvisées brillantes, et souvent assez brèves. 

 

Georges Enesco n’est pas aussi connu dans le champ de la musique classique que ses aînés ou contemporains Bartok, Janaceck, ou Kodaly. D’origine roumaine, il a été violoniste (de l’école française et belge), a vécu et joué en France à l’époque où nous y avions aussi Jacques Thibaud, mais il a ajouté à cette carrière de virtuose celle d’un collecteur de musiques traditionnelles de son pays, et de compositeur. En Roumanie, les responsables de la culture ont donc soutenu et favorisé le projet du pianiste (également roumain) Lucian Ban, qui vit à New-York, quand celui-ci a projeté de « ré-imaginer » Enesco aujourd’hui, en compagnie de quelques irréfutables de la scène new-yorkaise, à savoir : Ralph Alessi (tp), Tony Malaby (ts, ss), Mat Maneri (viola), Albrecht Maurer (vln), Mark Helias (b, hier soir en remplacement de John Hébert, co-auteur de la musique avec Lucian Ban), Gerald Cleaver (dm) et Badal Roy (tablas, voc). 

 

Le résultat, qu’on n’aura malheureusement entendu « live » en France qu’hier soir au « Pôle Sud » de Strasbourg, mais qu’on peut retrouver au disque (Sunnyside SSC 1259) est de toute beauté. Voilà une musique très élaborée, qui ne caresse pas spécialement dans le sens du poil, mais qui emporte l’adhésion d’un public pas spécialement préparé à l’entendre, et encore moins à l’écouter. C’est que Lucian Ban et John Hébert ont à la fois laissé une belle place à l’improvisation sans jamais « ouvrir » totalement les espaces, et que l’écriture tient une place centrale dans cette relecture d’Enesco. Le post-modernisme est complètement assumé, qui nous entraine dans des ambiances parfois purement « swing » pour aller jusqu’à des audaces manifestes. Et s’il faut un peu de temps pour entrer dans cette musique, quand on oublie la référence textuelle (et c’est relativement facile car les pièces d’Enesco sont moins connues que celles de Mahler ou de Verdi) on se laisse porter par des mélodies très fraîches, et une orchestration délicate, ourlée, où les cordes tiennent une place importante, sans pour autant que les deux soufflants soient négligés. Ralph Alessi et Tony Malaby ont eu hier soir, de magnifiques moments de liberté.

 

Un concert qui, sans entrer dans l’Histoire (…), aura marqué la présente édition de « Jazzdor ». Aujourd’hui le trio de Jean-Paul Celea (« Yes Ornette ! ») et Marc Ducret « Tower Bridge », qui vient de se produire à Nevers : voir ici même le compte-rendu qu’en fait Ludovic Florin. Et si après ça vous ne vous précipitez pas ce soir à « Pôle Sud », c’est à désespérer de la critique. Ou du moins de ses effets…

 

Philippe Méziat

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Deuxième formation présentée dans le cadre de « Jazz Migration » après l’Imperial Quartet, Actuum associe une écriture serrée, fouillée, manifestement ornettienne, explicitement telle, et en même temps pleine de légèreté, de vivacité, d’humour, et pour tout dire du plus pur élan. C’est qu’au fond tout est dans la manière, et dans le point d’énonciation. A la fois très sérieusement engagés dans la musique, les quatre d’Actuum font preuve aussi de distance, à l’instar de celui qui présente leur programme, le trompettiste Louis Laurain. Les autres membres de ce quartette sans piano étant le bayonnais Benjamin Dousteyssier (as), Ronan Courty (b) et Julien Loutelier (dm). 

 

Insistons un peu : pour le coup, l’énergie (perceptible) de ce quartet vient moins du poids de chaque note, quand ce n’est pas de la puissance d’amplification comme il se trouve souvent aujourd’hui, mais de l’intention qui préside à son émission, et du désir qui l’a causée. Il y a de la jubilation à faire exister, consister, ces thèmes vifs et drôles, à les énoncer dans des unissons tp/as, et à varier à partir d’eux pour des parties improvisées brillantes, et souvent assez brèves. 

 

Georges Enesco n’est pas aussi connu dans le champ de la musique classique que ses aînés ou contemporains Bartok, Janaceck, ou Kodaly. D’origine roumaine, il a été violoniste (de l’école française et belge), a vécu et joué en France à l’époque où nous y avions aussi Jacques Thibaud, mais il a ajouté à cette carrière de virtuose celle d’un collecteur de musiques traditionnelles de son pays, et de compositeur. En Roumanie, les responsables de la culture ont donc soutenu et favorisé le projet du pianiste (également roumain) Lucian Ban, qui vit à New-York, quand celui-ci a projeté de « ré-imaginer » Enesco aujourd’hui, en compagnie de quelques irréfutables de la scène new-yorkaise, à savoir : Ralph Alessi (tp), Tony Malaby (ts, ss), Mat Maneri (viola), Albrecht Maurer (vln), Mark Helias (b, hier soir en remplacement de John Hébert, co-auteur de la musique avec Lucian Ban), Gerald Cleaver (dm) et Badal Roy (tablas, voc). 

 

Le résultat, qu’on n’aura malheureusement entendu « live » en France qu’hier soir au « Pôle Sud » de Strasbourg, mais qu’on peut retrouver au disque (Sunnyside SSC 1259) est de toute beauté. Voilà une musique très élaborée, qui ne caresse pas spécialement dans le sens du poil, mais qui emporte l’adhésion d’un public pas spécialement préparé à l’entendre, et encore moins à l’écouter. C’est que Lucian Ban et John Hébert ont à la fois laissé une belle place à l’improvisation sans jamais « ouvrir » totalement les espaces, et que l’écriture tient une place centrale dans cette relecture d’Enesco. Le post-modernisme est complètement assumé, qui nous entraine dans des ambiances parfois purement « swing » pour aller jusqu’à des audaces manifestes. Et s’il faut un peu de temps pour entrer dans cette musique, quand on oublie la référence textuelle (et c’est relativement facile car les pièces d’Enesco sont moins connues que celles de Mahler ou de Verdi) on se laisse porter par des mélodies très fraîches, et une orchestration délicate, ourlée, où les cordes tiennent une place importante, sans pour autant que les deux soufflants soient négligés. Ralph Alessi et Tony Malaby ont eu hier soir, de magnifiques moments de liberté.

 

Un concert qui, sans entrer dans l’Histoire (…), aura marqué la présente édition de « Jazzdor ». Aujourd’hui le trio de Jean-Paul Celea (« Yes Ornette ! ») et Marc Ducret « Tower Bridge », qui vient de se produire à Nevers : voir ici même le compte-rendu qu’en fait Ludovic Florin. Et si après ça vous ne vous précipitez pas ce soir à « Pôle Sud », c’est à désespérer de la critique. Ou du moins de ses effets…

 

Philippe Méziat

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Deuxième formation présentée dans le cadre de « Jazz Migration » après l’Imperial Quartet, Actuum associe une écriture serrée, fouillée, manifestement ornettienne, explicitement telle, et en même temps pleine de légèreté, de vivacité, d’humour, et pour tout dire du plus pur élan. C’est qu’au fond tout est dans la manière, et dans le point d’énonciation. A la fois très sérieusement engagés dans la musique, les quatre d’Actuum font preuve aussi de distance, à l’instar de celui qui présente leur programme, le trompettiste Louis Laurain. Les autres membres de ce quartette sans piano étant le bayonnais Benjamin Dousteyssier (as), Ronan Courty (b) et Julien Loutelier (dm). 

 

Insistons un peu : pour le coup, l’énergie (perceptible) de ce quartet vient moins du poids de chaque note, quand ce n’est pas de la puissance d’amplification comme il se trouve souvent aujourd’hui, mais de l’intention qui préside à son émission, et du désir qui l’a causée. Il y a de la jubilation à faire exister, consister, ces thèmes vifs et drôles, à les énoncer dans des unissons tp/as, et à varier à partir d’eux pour des parties improvisées brillantes, et souvent assez brèves. 

 

Georges Enesco n’est pas aussi connu dans le champ de la musique classique que ses aînés ou contemporains Bartok, Janaceck, ou Kodaly. D’origine roumaine, il a été violoniste (de l’école française et belge), a vécu et joué en France à l’époque où nous y avions aussi Jacques Thibaud, mais il a ajouté à cette carrière de virtuose celle d’un collecteur de musiques traditionnelles de son pays, et de compositeur. En Roumanie, les responsables de la culture ont donc soutenu et favorisé le projet du pianiste (également roumain) Lucian Ban, qui vit à New-York, quand celui-ci a projeté de « ré-imaginer » Enesco aujourd’hui, en compagnie de quelques irréfutables de la scène new-yorkaise, à savoir : Ralph Alessi (tp), Tony Malaby (ts, ss), Mat Maneri (viola), Albrecht Maurer (vln), Mark Helias (b, hier soir en remplacement de John Hébert, co-auteur de la musique avec Lucian Ban), Gerald Cleaver (dm) et Badal Roy (tablas, voc). 

 

Le résultat, qu’on n’aura malheureusement entendu « live » en France qu’hier soir au « Pôle Sud » de Strasbourg, mais qu’on peut retrouver au disque (Sunnyside SSC 1259) est de toute beauté. Voilà une musique très élaborée, qui ne caresse pas spécialement dans le sens du poil, mais qui emporte l’adhésion d’un public pas spécialement préparé à l’entendre, et encore moins à l’écouter. C’est que Lucian Ban et John Hébert ont à la fois laissé une belle place à l’improvisation sans jamais « ouvrir » totalement les espaces, et que l’écriture tient une place centrale dans cette relecture d’Enesco. Le post-modernisme est complètement assumé, qui nous entraine dans des ambiances parfois purement « swing » pour aller jusqu’à des audaces manifestes. Et s’il faut un peu de temps pour entrer dans cette musique, quand on oublie la référence textuelle (et c’est relativement facile car les pièces d’Enesco sont moins connues que celles de Mahler ou de Verdi) on se laisse porter par des mélodies très fraîches, et une orchestration délicate, ourlée, où les cordes tiennent une place importante, sans pour autant que les deux soufflants soient négligés. Ralph Alessi et Tony Malaby ont eu hier soir, de magnifiques moments de liberté.

 

Un concert qui, sans entrer dans l’Histoire (…), aura marqué la présente édition de « Jazzdor ». Aujourd’hui le trio de Jean-Paul Celea (« Yes Ornette ! ») et Marc Ducret « Tower Bridge », qui vient de se produire à Nevers : voir ici même le compte-rendu qu’en fait Ludovic Florin. Et si après ça vous ne vous précipitez pas ce soir à « Pôle Sud », c’est à désespérer de la critique. Ou du moins de ses effets…

 

Philippe Méziat

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Deuxième formation présentée dans le cadre de « Jazz Migration » après l’Imperial Quartet, Actuum associe une écriture serrée, fouillée, manifestement ornettienne, explicitement telle, et en même temps pleine de légèreté, de vivacité, d’humour, et pour tout dire du plus pur élan. C’est qu’au fond tout est dans la manière, et dans le point d’énonciation. A la fois très sérieusement engagés dans la musique, les quatre d’Actuum font preuve aussi de distance, à l’instar de celui qui présente leur programme, le trompettiste Louis Laurain. Les autres membres de ce quartette sans piano étant le bayonnais Benjamin Dousteyssier (as), Ronan Courty (b) et Julien Loutelier (dm). 

 

Insistons un peu : pour le coup, l’énergie (perceptible) de ce quartet vient moins du poids de chaque note, quand ce n’est pas de la puissance d’amplification comme il se trouve souvent aujourd’hui, mais de l’intention qui préside à son émission, et du désir qui l’a causée. Il y a de la jubilation à faire exister, consister, ces thèmes vifs et drôles, à les énoncer dans des unissons tp/as, et à varier à partir d’eux pour des parties improvisées brillantes, et souvent assez brèves. 

 

Georges Enesco n’est pas aussi connu dans le champ de la musique classique que ses aînés ou contemporains Bartok, Janaceck, ou Kodaly. D’origine roumaine, il a été violoniste (de l’école française et belge), a vécu et joué en France à l’époque où nous y avions aussi Jacques Thibaud, mais il a ajouté à cette carrière de virtuose celle d’un collecteur de musiques traditionnelles de son pays, et de compositeur. En Roumanie, les responsables de la culture ont donc soutenu et favorisé le projet du pianiste (également roumain) Lucian Ban, qui vit à New-York, quand celui-ci a projeté de « ré-imaginer » Enesco aujourd’hui, en compagnie de quelques irréfutables de la scène new-yorkaise, à savoir : Ralph Alessi (tp), Tony Malaby (ts, ss), Mat Maneri (viola), Albrecht Maurer (vln), Mark Helias (b, hier soir en remplacement de John Hébert, co-auteur de la musique avec Lucian Ban), Gerald Cleaver (dm) et Badal Roy (tablas, voc). 

 

Le résultat, qu’on n’aura malheureusement entendu « live » en France qu’hier soir au « Pôle Sud » de Strasbourg, mais qu’on peut retrouver au disque (Sunnyside SSC 1259) est de toute beauté. Voilà une musique très élaborée, qui ne caresse pas spécialement dans le sens du poil, mais qui emporte l’adhésion d’un public pas spécialement préparé à l’entendre, et encore moins à l’écouter. C’est que Lucian Ban et John Hébert ont à la fois laissé une belle place à l’improvisation sans jamais « ouvrir » totalement les espaces, et que l’écriture tient une place centrale dans cette relecture d’Enesco. Le post-modernisme est complètement assumé, qui nous entraine dans des ambiances parfois purement « swing » pour aller jusqu’à des audaces manifestes. Et s’il faut un peu de temps pour entrer dans cette musique, quand on oublie la référence textuelle (et c’est relativement facile car les pièces d’Enesco sont moins connues que celles de Mahler ou de Verdi) on se laisse porter par des mélodies très fraîches, et une orchestration délicate, ourlée, où les cordes tiennent une place importante, sans pour autant que les deux soufflants soient négligés. Ralph Alessi et Tony Malaby ont eu hier soir, de magnifiques moments de liberté.

 

Un concert qui, sans entrer dans l’Histoire (…), aura marqué la présente édition de « Jazzdor ». Aujourd’hui le trio de Jean-Paul Celea (« Yes Ornette ! ») et Marc Ducret « Tower Bridge », qui vient de se produire à Nevers : voir ici même le compte-rendu qu’en fait Ludovic Florin. Et si après ça vous ne vous précipitez pas ce soir à « Pôle Sud », c’est à désespérer de la critique. Ou du moins de ses effets…

 

Philippe Méziat