Adieu à Andrew White
Andrew White s’est échiné à transcrire plus de mille solos de jazz (dont des centaines de Coltrane !). Cela seul suffirait à ce qu’il passe à la postérité, alors que ce qu’on appelle “le grand public” est plutôt passé à côté. Savoir encyclopédique, de la composition à la direction d’orchestre, jouant aussi bien du saxophone alto que de la basse électrique – on l’entend avec Weather Report dans “Sweetnighter” : Joe Zawinul l’avait engagé pour faire peur à Miroslav Vitous et lui montrer comment apporter un vrai groove afro au groupe – ou du hautbois (cf. le deuxième album de Weather Report “I Sing the Body Electric” [Merci à Franck Bergerot pour ces précisions !]. Son style était à son image : « effréné, ébouriffant, infatigable, exhaustif », comme le décrit Philippe Carles dans le Dictionnaire du jazz.
Il a joué avec Elvin Jones après avoir fondé le J.F.K. Quintet (rejoint parfois par Eric Dolphy) au début des années 1960, tant l’élection du président américain avait suscité d’espoir. Enthousiaste, rieur, généreux, aimant la vie et les femmes, quelles qu’elles soient (son studio de Nashville était décoré de photos olé olé…), il s’auto-éditait (son autobiographie Everybody Loves the Sugar fait tout de même 800 pages !) et s’auto-enregistrait. Cet amoureux du son ne collectionnait que les vinyles et nourrissait une réelle passion pour la culture et la chanson françaises, Nougaro, Ferré, Barbara. Il avait d’ailleurs épousé une Française, Jocelyne Uhl. Sa vie s’est arrêtée le 11 novembre 2020, à 78 ans. François-René Simon
Photo © Marc Minsker (via Wikimedia Commons)