Jazz live
Publié le 19 Avr 2025 • Par Xavier Prévost

Au Café Laurent : Sylvain Beuf, Franck Amsallem, Viktor Nyberg & Frédéric Delestré

Le chroniqueur chenu est à nouveau de passage à l’angle de la Rue Christine et de la rue Dauphine, au bar de l’Hôtel d’Aubusson. Comme très souvent en ce lieu, c’est un groupe de rencontre : tous se connaissent, mais ils n’ont jamais joué tous les quatre ensemble ; le pianiste est familier du saxophoniste, et aussi du contrebassiste, qui fut voici quelques années son élève au Conservatoire National Supérieur. Mais c’est la première fois qu’il joue avec le batteur.

Sylvain Beuf (saxophone ténor), Franck Amsallem (piano), Viktor Nyberg (contrebasse), Frédéric Delestré (batterie)

Paris, Café Laurent, 18 avril 2025, 19h45

Comme toujours je viens pour le premier set, avant de poursuivre ailleurs ma soirée pour dîner ; et dès les premières minutes j’ai l’impression d’écouter un groupe constitué, régulier, complice. Comme me le fait remarquer quelque 50 minutes plus tard Franck Amsallem, c’est leur métier. Je le sais, et les standards (ceux de Broadway et ceux du jazz), sont leur terrain de jeu favori. Le public, nombreux comme de coutume, est très attentif. Les musiciens sont sensibles à cette écoute. Tout commence avec Isfahan, extrait de la ‘Far East Suite’ de Duke Ellington : entre eux c’est la cohésion, l’écoute, l’émulation. Franck Amsallem envoie dès ce premier titre une improvisation qui annonce que les choses sérieuses commencent dès l’abord. Et Sylvain Beuf n’est pas de reste, qui lui tient la dragée haute. Chacun pousse les feux, et dans le thème suivant, Along Came Betty, l’un et l’autre se montrent flamboyants. N’allez pas penser que Viktor Nyberg et Frédéric Delestré ne sont que les passagers passifs de cette joute : au contraire : la basse improvise avec panache, et la batterie fait revivre dans les solos les phrasés du thème, dialoguant transversalement avec les membres du groupe. Sur Beatrice (thème de Sam Rivers qui me rappelle, je ne sais pourquoi, la mélancolie de It Might As Welll Be Spring….), l’effervescence redouble, et après son solo le pianiste tombe la veste, avant de commenter en accords le solo de contrebasse. Puis c’est une ballade, Come Rain Or Come Shine, qui fait revivre chez le chroniqueur (et chez le pianiste qui me le confiera ensuite) le souvenir de la torride version de Ray Charles. Et pour conclure le set, folles improvisations du piano comme du sax sur une composition de Duke Pearson, Jeanine, immortalisée par Cannonball Adderley. Apothéose de ce début de soirée ; cela me convainc que, décidément, il y a là une vrai groupe, dès cette prestation unique que l’on espère inaugurale.

Xavier Prévost

Viktor Nyberg présentera son propre quartette le mardi 22 avril au Jazz Club d’Eaubonne (Val d’Oise), avec Sylvain Beuf, Étienne Deconfin et Rasmus Blixt