Chaud-froid en Avignon pour Airelle Besson
Deuxième journée (et 25ème édition) de ce qui fut d’abord un simple tremplin régional devenu rapidement national, puis européen (avec des présidents de jury comme Daniel Humair, Jef Gilson, Barre Phillips…), aujourd’hui intégré dans un festival. Hier 31 juillet, deux anciens lauréats étaient de retour au cloître des Carmes : le quartette d’Airelle Besson (lauréate du tremplin en 2002 au côté de Sylvain Rifflet au sein du Joël Gauvrit Quintet) et le quintette de Thibault Gomez.
Hier, on a eu chaud ou, plus exactement, on a eu froid. La pluie s’attardait encore sur Avignon deux heures avant le début du concert et pourtant le public, clairsemé la veille, m’a-t-on dit, pour le concert de la chanteuse-pianiste Champian Fulton, était au rendez-vous, la pierre du cloître des Carmes tout juste sèche, pour Airelle Besson, son quartette, à la même affiche que le vainqueur du tremplin 2015, le quintette du pianiste et compositeur Thibault Gomez. Température fraîche pour un chaleureux concert.
Cloître des Carmes, Avignon (84), le 31 juillet 2016.
Thibault Gomez quintet : Robinson Khoury (trombone), Pierre-Marie Lapprand (sax), Thibault Gomez (piano), Etienne Renard (contrebasse), Benoît Joblot (batterie).
Après deux décennies de jury à Avignon, j’avais fait faux bond l’an dernier, mais probablement aurai-je partagé le sentiment de ceux qui furent fidèles au tremplin et qui ne reconnurent que très partiellement le dernier vainqueur, quintette formé entre Chambéry et Lyon où Thibaul Gomez (actuellement au CNSM de Paris tout comme Pierre-Marie Lapprand, Etienne Renard et Benoît Joblot) étudia avec Mario Stantchev et Franck Avitabile. Est-ce l’évolution rapide du groupe qui nous vaut le commentaire du programme : « Les Compositions du groupe puisent leur inspiration dans la plus pure tradition hard bop, non sans rappeler l’esprit des Jazz Messengers et du V.S.OP. Quintet d’Herbie Hancock. » Hier nous en étions loin. Peut-être Hancock avait-il encore sa place, celui des solos en apesanteur d’Herbie avec le second quintette (je pense aux versions live de Footprints) ? J’ai plutôt entendu un peu de Paul Bley, avec un jeu très ouvert, éparpillé sur le clavier, tout en discontinuité, une pugnacité fraîche et jaillissante comme un torrent de montagne, le piano momentanément préparé pour sonner comme une kora, sur des compositions ambitieuses qui ont l’ampleur d’authentiques récits. Un tromboniste souple, lyrique, merveilleusement complice de son leader dans un palpitant duo en hommage aux crapauducs. Un saxophoniste qui sait faire respirer ses phrases et suspendre son discours, une rythmique qui contribue à un son d’orchestre avec lequel on ne demande qu’à faire plus ample connaissance, ce qui sera bientôt chose faite : comme chaque année, le vainqueur du précédent tremplin était non seulement invité à assurer une première partie du festival, mais aussi à enregistrer au fameux studio La Buissonne où Gérard de Haro devrait avoir quelques plaisirs à les avoir derrière ses micros.
Airelle Besson Quartet : Airelle Besson (trompette, compositions), Isabel Sörling (voix, électronique), Benjamin Moussay (piano, Fender Rhodes, clavier basse, électronique), Fabrice Moreau (batterie).
C’est pour le quartette le dernier concert d’un été fructueux et ça s’entend : la maîtrise du propos et le lâcher prise, portés par un public qui compte ses fans et, en rappel, réclamera, déjà, des titres du récent album “Radio One”. Un groupe soudé et pourtant une géographie sonore (et visuelle qui trompe peut-être ma perception des choses) partagée en deux pôles. Côté cour une dominante mélodique où la voix et l’instrument tressent l’une à l’autre les ritournelles de leur chant minimaliste, la trompette dense, pleine, projetée par un impressionnant mélange de volontarisme et de générosité, la voix comme son ombre, légèrement floutée (un peu trop par rapport à la prise du son du disque, et affectée par des problèmes d’humidité sur les effets dont Isabelle Sörling fait grand usage), comme son double en forme d’écho, mais qui se décale par rapport à ce dont elle est l’ombre et l’écho, se vrille, se détache, comme une zone de folie dont la trompette serait le surmoi. Côté jardin, le tandem piano-batterie, fascinant de complicité, tant dans ces espèces de tutti polyphoniques que constitue la partition du quartette et qui cristallisent son caractère organique, que dans leurs échappées duelles. Soit un concert intense, intensément rappelé par le public malgré le froid tombé sur le cloître, un froid qui m’a peut-être lassé et rendu moins perméable au caractère très systématique de l’écriture, vive, nerveuse, trépidante, mais qui semble répondre d’un morceau à l’autre aux mêmes logiques, aux mêmes mouvements perpétuels qu’illustre notamment Neige qu’Airelle jouait déjà en duo avec Nelson Veras.
Ce soir 1er août, rendez-vous à 20h30, au Cloître des Carmes (entrée libre), pour la première des deux journées du tremplin où l’on découvrira de jeunes orchestres venus de Belgique, d’Allemagne, de Hollande et de France. • Franck Bergerot|Deuxième journée (et 25ème édition) de ce qui fut d’abord un simple tremplin régional devenu rapidement national, puis européen (avec des présidents de jury comme Daniel Humair, Jef Gilson, Barre Phillips…), aujourd’hui intégré dans un festival. Hier 31 juillet, deux anciens lauréats étaient de retour au cloître des Carmes : le quartette d’Airelle Besson (lauréate du tremplin en 2002 au côté de Sylvain Rifflet au sein du Joël Gauvrit Quintet) et le quintette de Thibault Gomez.
Hier, on a eu chaud ou, plus exactement, on a eu froid. La pluie s’attardait encore sur Avignon deux heures avant le début du concert et pourtant le public, clairsemé la veille, m’a-t-on dit, pour le concert de la chanteuse-pianiste Champian Fulton, était au rendez-vous, la pierre du cloître des Carmes tout juste sèche, pour Airelle Besson, son quartette, à la même affiche que le vainqueur du tremplin 2015, le quintette du pianiste et compositeur Thibault Gomez. Température fraîche pour un chaleureux concert.
Cloître des Carmes, Avignon (84), le 31 juillet 2016.
Thibault Gomez quintet : Robinson Khoury (trombone), Pierre-Marie Lapprand (sax), Thibault Gomez (piano), Etienne Renard (contrebasse), Benoît Joblot (batterie).
Après deux décennies de jury à Avignon, j’avais fait faux bond l’an dernier, mais probablement aurai-je partagé le sentiment de ceux qui furent fidèles au tremplin et qui ne reconnurent que très partiellement le dernier vainqueur, quintette formé entre Chambéry et Lyon où Thibaul Gomez (actuellement au CNSM de Paris tout comme Pierre-Marie Lapprand, Etienne Renard et Benoît Joblot) étudia avec Mario Stantchev et Franck Avitabile. Est-ce l’évolution rapide du groupe qui nous vaut le commentaire du programme : « Les Compositions du groupe puisent leur inspiration dans la plus pure tradition hard bop, non sans rappeler l’esprit des Jazz Messengers et du V.S.OP. Quintet d’Herbie Hancock. » Hier nous en étions loin. Peut-être Hancock avait-il encore sa place, celui des solos en apesanteur d’Herbie avec le second quintette (je pense aux versions live de Footprints) ? J’ai plutôt entendu un peu de Paul Bley, avec un jeu très ouvert, éparpillé sur le clavier, tout en discontinuité, une pugnacité fraîche et jaillissante comme un torrent de montagne, le piano momentanément préparé pour sonner comme une kora, sur des compositions ambitieuses qui ont l’ampleur d’authentiques récits. Un tromboniste souple, lyrique, merveilleusement complice de son leader dans un palpitant duo en hommage aux crapauducs. Un saxophoniste qui sait faire respirer ses phrases et suspendre son discours, une rythmique qui contribue à un son d’orchestre avec lequel on ne demande qu’à faire plus ample connaissance, ce qui sera bientôt chose faite : comme chaque année, le vainqueur du précédent tremplin était non seulement invité à assurer une première partie du festival, mais aussi à enregistrer au fameux studio La Buissonne où Gérard de Haro devrait avoir quelques plaisirs à les avoir derrière ses micros.
Airelle Besson Quartet : Airelle Besson (trompette, compositions), Isabel Sörling (voix, électronique), Benjamin Moussay (piano, Fender Rhodes, clavier basse, électronique), Fabrice Moreau (batterie).
C’est pour le quartette le dernier concert d’un été fructueux et ça s’entend : la maîtrise du propos et le lâcher prise, portés par un public qui compte ses fans et, en rappel, réclamera, déjà, des titres du récent album “Radio One”. Un groupe soudé et pourtant une géographie sonore (et visuelle qui trompe peut-être ma perception des choses) partagée en deux pôles. Côté cour une dominante mélodique où la voix et l’instrument tressent l’une à l’autre les ritournelles de leur chant minimaliste, la trompette dense, pleine, projetée par un impressionnant mélange de volontarisme et de générosité, la voix comme son ombre, légèrement floutée (un peu trop par rapport à la prise du son du disque, et affectée par des problèmes d’humidité sur les effets dont Isabelle Sörling fait grand usage), comme son double en forme d’écho, mais qui se décale par rapport à ce dont elle est l’ombre et l’écho, se vrille, se détache, comme une zone de folie dont la trompette serait le surmoi. Côté jardin, le tandem piano-batterie, fascinant de complicité, tant dans ces espèces de tutti polyphoniques que constitue la partition du quartette et qui cristallisent son caractère organique, que dans leurs échappées duelles. Soit un concert intense, intensément rappelé par le public malgré le froid tombé sur le cloître, un froid qui m’a peut-être lassé et rendu moins perméable au caractère très systématique de l’écriture, vive, nerveuse, trépidante, mais qui semble répondre d’un morceau à l’autre aux mêmes logiques, aux mêmes mouvements perpétuels qu’illustre notamment Neige qu’Airelle jouait déjà en duo avec Nelson Veras.
Ce soir 1er août, rendez-vous à 20h30, au Cloître des Carmes (entrée libre), pour la première des deux journées du tremplin où l’on découvrira de jeunes orchestres venus de Belgique, d’Allemagne, de Hollande et de France. • Franck Bergerot|Deuxième journée (et 25ème édition) de ce qui fut d’abord un simple tremplin régional devenu rapidement national, puis européen (avec des présidents de jury comme Daniel Humair, Jef Gilson, Barre Phillips…), aujourd’hui intégré dans un festival. Hier 31 juillet, deux anciens lauréats étaient de retour au cloître des Carmes : le quartette d’Airelle Besson (lauréate du tremplin en 2002 au côté de Sylvain Rifflet au sein du Joël Gauvrit Quintet) et le quintette de Thibault Gomez.
Hier, on a eu chaud ou, plus exactement, on a eu froid. La pluie s’attardait encore sur Avignon deux heures avant le début du concert et pourtant le public, clairsemé la veille, m’a-t-on dit, pour le concert de la chanteuse-pianiste Champian Fulton, était au rendez-vous, la pierre du cloître des Carmes tout juste sèche, pour Airelle Besson, son quartette, à la même affiche que le vainqueur du tremplin 2015, le quintette du pianiste et compositeur Thibault Gomez. Température fraîche pour un chaleureux concert.
Cloître des Carmes, Avignon (84), le 31 juillet 2016.
Thibault Gomez quintet : Robinson Khoury (trombone), Pierre-Marie Lapprand (sax), Thibault Gomez (piano), Etienne Renard (contrebasse), Benoît Joblot (batterie).
Après deux décennies de jury à Avignon, j’avais fait faux bond l’an dernier, mais probablement aurai-je partagé le sentiment de ceux qui furent fidèles au tremplin et qui ne reconnurent que très partiellement le dernier vainqueur, quintette formé entre Chambéry et Lyon où Thibaul Gomez (actuellement au CNSM de Paris tout comme Pierre-Marie Lapprand, Etienne Renard et Benoît Joblot) étudia avec Mario Stantchev et Franck Avitabile. Est-ce l’évolution rapide du groupe qui nous vaut le commentaire du programme : « Les Compositions du groupe puisent leur inspiration dans la plus pure tradition hard bop, non sans rappeler l’esprit des Jazz Messengers et du V.S.OP. Quintet d’Herbie Hancock. » Hier nous en étions loin. Peut-être Hancock avait-il encore sa place, celui des solos en apesanteur d’Herbie avec le second quintette (je pense aux versions live de Footprints) ? J’ai plutôt entendu un peu de Paul Bley, avec un jeu très ouvert, éparpillé sur le clavier, tout en discontinuité, une pugnacité fraîche et jaillissante comme un torrent de montagne, le piano momentanément préparé pour sonner comme une kora, sur des compositions ambitieuses qui ont l’ampleur d’authentiques récits. Un tromboniste souple, lyrique, merveilleusement complice de son leader dans un palpitant duo en hommage aux crapauducs. Un saxophoniste qui sait faire respirer ses phrases et suspendre son discours, une rythmique qui contribue à un son d’orchestre avec lequel on ne demande qu’à faire plus ample connaissance, ce qui sera bientôt chose faite : comme chaque année, le vainqueur du précédent tremplin était non seulement invité à assurer une première partie du festival, mais aussi à enregistrer au fameux studio La Buissonne où Gérard de Haro devrait avoir quelques plaisirs à les avoir derrière ses micros.
Airelle Besson Quartet : Airelle Besson (trompette, compositions), Isabel Sörling (voix, électronique), Benjamin Moussay (piano, Fender Rhodes, clavier basse, électronique), Fabrice Moreau (batterie).
C’est pour le quartette le dernier concert d’un été fructueux et ça s’entend : la maîtrise du propos et le lâcher prise, portés par un public qui compte ses fans et, en rappel, réclamera, déjà, des titres du récent album “Radio One”. Un groupe soudé et pourtant une géographie sonore (et visuelle qui trompe peut-être ma perception des choses) partagée en deux pôles. Côté cour une dominante mélodique où la voix et l’instrument tressent l’une à l’autre les ritournelles de leur chant minimaliste, la trompette dense, pleine, projetée par un impressionnant mélange de volontarisme et de générosité, la voix comme son ombre, légèrement floutée (un peu trop par rapport à la prise du son du disque, et affectée par des problèmes d’humidité sur les effets dont Isabelle Sörling fait grand usage), comme son double en forme d’écho, mais qui se décale par rapport à ce dont elle est l’ombre et l’écho, se vrille, se détache, comme une zone de folie dont la trompette serait le surmoi. Côté jardin, le tandem piano-batterie, fascinant de complicité, tant dans ces espèces de tutti polyphoniques que constitue la partition du quartette et qui cristallisent son caractère organique, que dans leurs échappées duelles. Soit un concert intense, intensément rappelé par le public malgré le froid tombé sur le cloître, un froid qui m’a peut-être lassé et rendu moins perméable au caractère très systématique de l’écriture, vive, nerveuse, trépidante, mais qui semble répondre d’un morceau à l’autre aux mêmes logiques, aux mêmes mouvements perpétuels qu’illustre notamment Neige qu’Airelle jouait déjà en duo avec Nelson Veras.
Ce soir 1er août, rendez-vous à 20h30, au Cloître des Carmes (entrée libre), pour la première des deux journées du tremplin où l’on découvrira de jeunes orchestres venus de Belgique, d’Allemagne, de Hollande et de France. • Franck Bergerot|Deuxième journée (et 25ème édition) de ce qui fut d’abord un simple tremplin régional devenu rapidement national, puis européen (avec des présidents de jury comme Daniel Humair, Jef Gilson, Barre Phillips…), aujourd’hui intégré dans un festival. Hier 31 juillet, deux anciens lauréats étaient de retour au cloître des Carmes : le quartette d’Airelle Besson (lauréate du tremplin en 2002 au côté de Sylvain Rifflet au sein du Joël Gauvrit Quintet) et le quintette de Thibault Gomez.
Hier, on a eu chaud ou, plus exactement, on a eu froid. La pluie s’attardait encore sur Avignon deux heures avant le début du concert et pourtant le public, clairsemé la veille, m’a-t-on dit, pour le concert de la chanteuse-pianiste Champian Fulton, était au rendez-vous, la pierre du cloître des Carmes tout juste sèche, pour Airelle Besson, son quartette, à la même affiche que le vainqueur du tremplin 2015, le quintette du pianiste et compositeur Thibault Gomez. Température fraîche pour un chaleureux concert.
Cloître des Carmes, Avignon (84), le 31 juillet 2016.
Thibault Gomez quintet : Robinson Khoury (trombone), Pierre-Marie Lapprand (sax), Thibault Gomez (piano), Etienne Renard (contrebasse), Benoît Joblot (batterie).
Après deux décennies de jury à Avignon, j’avais fait faux bond l’an dernier, mais probablement aurai-je partagé le sentiment de ceux qui furent fidèles au tremplin et qui ne reconnurent que très partiellement le dernier vainqueur, quintette formé entre Chambéry et Lyon où Thibaul Gomez (actuellement au CNSM de Paris tout comme Pierre-Marie Lapprand, Etienne Renard et Benoît Joblot) étudia avec Mario Stantchev et Franck Avitabile. Est-ce l’évolution rapide du groupe qui nous vaut le commentaire du programme : « Les Compositions du groupe puisent leur inspiration dans la plus pure tradition hard bop, non sans rappeler l’esprit des Jazz Messengers et du V.S.OP. Quintet d’Herbie Hancock. » Hier nous en étions loin. Peut-être Hancock avait-il encore sa place, celui des solos en apesanteur d’Herbie avec le second quintette (je pense aux versions live de Footprints) ? J’ai plutôt entendu un peu de Paul Bley, avec un jeu très ouvert, éparpillé sur le clavier, tout en discontinuité, une pugnacité fraîche et jaillissante comme un torrent de montagne, le piano momentanément préparé pour sonner comme une kora, sur des compositions ambitieuses qui ont l’ampleur d’authentiques récits. Un tromboniste souple, lyrique, merveilleusement complice de son leader dans un palpitant duo en hommage aux crapauducs. Un saxophoniste qui sait faire respirer ses phrases et suspendre son discours, une rythmique qui contribue à un son d’orchestre avec lequel on ne demande qu’à faire plus ample connaissance, ce qui sera bientôt chose faite : comme chaque année, le vainqueur du précédent tremplin était non seulement invité à assurer une première partie du festival, mais aussi à enregistrer au fameux studio La Buissonne où Gérard de Haro devrait avoir quelques plaisirs à les avoir derrière ses micros.
Airelle Besson Quartet : Airelle Besson (trompette, compositions), Isabel Sörling (voix, électronique), Benjamin Moussay (piano, Fender Rhodes, clavier basse, électronique), Fabrice Moreau (batterie).
C’est pour le quartette le dernier concert d’un été fructueux et ça s’entend : la maîtrise du propos et le lâcher prise, portés par un public qui compte ses fans et, en rappel, réclamera, déjà, des titres du récent album “Radio One”. Un groupe soudé et pourtant une géographie sonore (et visuelle qui trompe peut-être ma perception des choses) partagée en deux pôles. Côté cour une dominante mélodique où la voix et l’instrument tressent l’une à l’autre les ritournelles de leur chant minimaliste, la trompette dense, pleine, projetée par un impressionnant mélange de volontarisme et de générosité, la voix comme son ombre, légèrement floutée (un peu trop par rapport à la prise du son du disque, et affectée par des problèmes d’humidité sur les effets dont Isabelle Sörling fait grand usage), comme son double en forme d’écho, mais qui se décale par rapport à ce dont elle est l’ombre et l’écho, se vrille, se détache, comme une zone de folie dont la trompette serait le surmoi. Côté jardin, le tandem piano-batterie, fascinant de complicité, tant dans ces espèces de tutti polyphoniques que constitue la partition du quartette et qui cristallisent son caractère organique, que dans leurs échappées duelles. Soit un concert intense, intensément rappelé par le public malgré le froid tombé sur le cloître, un froid qui m’a peut-être lassé et rendu moins perméable au caractère très systématique de l’écriture, vive, nerveuse, trépidante, mais qui semble répondre d’un morceau à l’autre aux mêmes logiques, aux mêmes mouvements perpétuels qu’illustre notamment Neige qu’Airelle jouait déjà en duo avec Nelson Veras.
Ce soir 1er août, rendez-vous à 20h30, au Cloître des Carmes (entrée libre), pour la première des deux journées du tremplin où l’on découvrira de jeunes orchestres venus de Belgique, d’Allemagne, de Hollande et de France. • Franck Bergerot