Jazz live
Publié le 20 Mai 2017

Et Avishai Cohen prit la mer en plein Quartier latin

C’est sous la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun dominant la chaire de l’amphithéâtre de l’Institut océanographique que le trompettiste Avishai Cohen se produisait hier 19 pour Jazz à Saint-Germain qui s’achève dimanche.

Maison des Océans, festival Jazz à Saint-Germain-des-près (Paris), 19 mai 2017.

Avishai Cohen Quartet: Avishai Cohen (trompette), Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Nasheet Waits (batterie).

Je boude généralement les salles de concert en mai, habituellement très requis par la réalisation de notre Guide des festivals – qui plus est cette année, puisque ce Guide fait l’objet d’un hors série, L’Officiel des festivals en kiosque aujourd’hui même –, puis fuyant Paris après bouclage pour quelques jours de repos bien mérité. Hier, notre numéro de juin partant vers notre imprimeur par les voies numériques, je ne pouvais cependant pas quitter la capitale sans aller écouter Avishai Cohen, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des figures majeures du jazz aujourd’hui.

Ce n’est pas le moindre mérite du festival Jazz à Saint-Germain que d’ouvrir au public des lieux mal connus du public, tel cet amphithéâtre de la Maison des Océans, dominé par la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun qui nous invite à embarquer. Et Avishai Cohen prit littéralement la mer… voguant dès les premières notes, comme au grand large lorsque la ligne d’horizon perd toute stabilité. Sa trompette est de celle qui se sont trouvées une identité en échouant à imiter celle de Miles Davis pour mieux hériter de l’essentiel, et ouvrant des échappatoires vers Booker Little, Don Cherry et Freddie Hubbard. Et s’il fallait l’épingler dans les vitrines d’un lépidoptériste, il le serait auprès d’Enrico Rava, Kenny Wheeler et Thomasz Stanko. Nous ne l’épinglerons pas, mais le laisserons voguer sur les creux et les crêtes de cette mer où il semble s’aventurer sans instruments de navigation. Voire…

À ses côtés, Yonathan Avishai a bien trompé son monde. Moi qui, le voyant il y a quelques mois invité par le trompettiste à le rejoindre en cours de concert sur la scène du New Morning, ait vu pendant quelques mesures (voire quelques chorus) dans son entrée comme l’irruption de la tradition telle qu’elle est envisagée par ses dévots. Quelques musiciens à qui Jazz Magazine avait proposé de débattre autour du disque du pianiste, “The Parade”, s’y sont laissés prendre, déclinant notre proposition avec un dédain un peu rapidement conçu. Car Yonathan Avishai échappe à tout cliché, ceux d’un revivalisme bop comme ceux du nouvelle académisme pianistique qui s’est constitué dans le sillage de Brad Mehldau, The Bad Plus et E.S.T. On aimerait le qualifier de minimaliste si le mot n’était déjà pris par les répétitifs, de miniaturiste s’il échappait à toute connotation péjorative, d’antipianiste (mais, s’il n’abuse jamais du pouvoir de ses effets, Yonathan Avishai est l’intime du piano)… Il partage en tout cas avec Yoni Zelnik cet art du minimum, du dépouillement, de l’espace et de l’apesanter qui convient si bien à la quête d’Avishai Cohen comme convient merveilleusement la batterie de Nasheet Waits à ce quartette où la distinction entre premier et arrière plan s’impose peu.

Absence d’outils de navigation ? En dépit de l’absence de partitions sur scène, voilà une musique extraordinairement balisée. Extraordinairement, parce que ces balises ne sont pas destinées à être vues du public (même si l’auditeur avisé saura repérer tel ponctuel unisson ou tel motif repère et s’il ne les repère pas précisément en ressentir l’effet) mais qu’elles permettent à nos quatre navigateurs de réinventer jour après jour leur répertoire sans jamais le perdre. L’orchestre terminera ce soir à Tours, au Petit Faucheux, une tournée dont Avishai Cohen vantait les mérites, expliquant combien, de concert en concert, le répertoire a pu s’épanouir, s’assouplir tout en consolidant sa cohésion, se réinventant constamment, nous faisant mesurer toute la distance qui sépare le déjà fort beau disque publié “Cross My Palm With Silver” paru chez ECM du concert d’hier, simplement sublime.

Rappel ellingtonien, où le quartette a réussi à donner une réduction de l’extraordinaire palette dynamique du big band de Duke, puis, répondant à une ovation insistante, Avishai Cohen est revenu seul avec sa trompette pour jouer Lush Life, sur les lignes mélodiques duquel il a plané et voltigé avec l’adresse désinvolte d’un goéland. Ce soir, Jazz à Saint-Germain-des-Près touche quasiment à sa fin : solo du saxophoniste David Sauzay au Musée de Cluny et, à la Maison des Océans, quartette du pianiste Shahin Novrasli, protégé d’Ahmad Jamal, avec le contrebassiste de ce dernier, le batteur André Ceccarelli et le percussionniste Erkle Koiava. • Franck Bergerot

 

 

 

 |C’est sous la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun dominant la chaire de l’amphithéâtre de l’Institut océanographique que le trompettiste Avishai Cohen se produisait hier 19 pour Jazz à Saint-Germain qui s’achève dimanche.

Maison des Océans, festival Jazz à Saint-Germain-des-près (Paris), 19 mai 2017.

Avishai Cohen Quartet: Avishai Cohen (trompette), Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Nasheet Waits (batterie).

Je boude généralement les salles de concert en mai, habituellement très requis par la réalisation de notre Guide des festivals – qui plus est cette année, puisque ce Guide fait l’objet d’un hors série, L’Officiel des festivals en kiosque aujourd’hui même –, puis fuyant Paris après bouclage pour quelques jours de repos bien mérité. Hier, notre numéro de juin partant vers notre imprimeur par les voies numériques, je ne pouvais cependant pas quitter la capitale sans aller écouter Avishai Cohen, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des figures majeures du jazz aujourd’hui.

Ce n’est pas le moindre mérite du festival Jazz à Saint-Germain que d’ouvrir au public des lieux mal connus du public, tel cet amphithéâtre de la Maison des Océans, dominé par la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun qui nous invite à embarquer. Et Avishai Cohen prit littéralement la mer… voguant dès les premières notes, comme au grand large lorsque la ligne d’horizon perd toute stabilité. Sa trompette est de celle qui se sont trouvées une identité en échouant à imiter celle de Miles Davis pour mieux hériter de l’essentiel, et ouvrant des échappatoires vers Booker Little, Don Cherry et Freddie Hubbard. Et s’il fallait l’épingler dans les vitrines d’un lépidoptériste, il le serait auprès d’Enrico Rava, Kenny Wheeler et Thomasz Stanko. Nous ne l’épinglerons pas, mais le laisserons voguer sur les creux et les crêtes de cette mer où il semble s’aventurer sans instruments de navigation. Voire…

À ses côtés, Yonathan Avishai a bien trompé son monde. Moi qui, le voyant il y a quelques mois invité par le trompettiste à le rejoindre en cours de concert sur la scène du New Morning, ait vu pendant quelques mesures (voire quelques chorus) dans son entrée comme l’irruption de la tradition telle qu’elle est envisagée par ses dévots. Quelques musiciens à qui Jazz Magazine avait proposé de débattre autour du disque du pianiste, “The Parade”, s’y sont laissés prendre, déclinant notre proposition avec un dédain un peu rapidement conçu. Car Yonathan Avishai échappe à tout cliché, ceux d’un revivalisme bop comme ceux du nouvelle académisme pianistique qui s’est constitué dans le sillage de Brad Mehldau, The Bad Plus et E.S.T. On aimerait le qualifier de minimaliste si le mot n’était déjà pris par les répétitifs, de miniaturiste s’il échappait à toute connotation péjorative, d’antipianiste (mais, s’il n’abuse jamais du pouvoir de ses effets, Yonathan Avishai est l’intime du piano)… Il partage en tout cas avec Yoni Zelnik cet art du minimum, du dépouillement, de l’espace et de l’apesanter qui convient si bien à la quête d’Avishai Cohen comme convient merveilleusement la batterie de Nasheet Waits à ce quartette où la distinction entre premier et arrière plan s’impose peu.

Absence d’outils de navigation ? En dépit de l’absence de partitions sur scène, voilà une musique extraordinairement balisée. Extraordinairement, parce que ces balises ne sont pas destinées à être vues du public (même si l’auditeur avisé saura repérer tel ponctuel unisson ou tel motif repère et s’il ne les repère pas précisément en ressentir l’effet) mais qu’elles permettent à nos quatre navigateurs de réinventer jour après jour leur répertoire sans jamais le perdre. L’orchestre terminera ce soir à Tours, au Petit Faucheux, une tournée dont Avishai Cohen vantait les mérites, expliquant combien, de concert en concert, le répertoire a pu s’épanouir, s’assouplir tout en consolidant sa cohésion, se réinventant constamment, nous faisant mesurer toute la distance qui sépare le déjà fort beau disque publié “Cross My Palm With Silver” paru chez ECM du concert d’hier, simplement sublime.

Rappel ellingtonien, où le quartette a réussi à donner une réduction de l’extraordinaire palette dynamique du big band de Duke, puis, répondant à une ovation insistante, Avishai Cohen est revenu seul avec sa trompette pour jouer Lush Life, sur les lignes mélodiques duquel il a plané et voltigé avec l’adresse désinvolte d’un goéland. Ce soir, Jazz à Saint-Germain-des-Près touche quasiment à sa fin : solo du saxophoniste David Sauzay au Musée de Cluny et, à la Maison des Océans, quartette du pianiste Shahin Novrasli, protégé d’Ahmad Jamal, avec le contrebassiste de ce dernier, le batteur André Ceccarelli et le percussionniste Erkle Koiava. • Franck Bergerot

 

 

 

 |C’est sous la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun dominant la chaire de l’amphithéâtre de l’Institut océanographique que le trompettiste Avishai Cohen se produisait hier 19 pour Jazz à Saint-Germain qui s’achève dimanche.

Maison des Océans, festival Jazz à Saint-Germain-des-près (Paris), 19 mai 2017.

Avishai Cohen Quartet: Avishai Cohen (trompette), Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Nasheet Waits (batterie).

Je boude généralement les salles de concert en mai, habituellement très requis par la réalisation de notre Guide des festivals – qui plus est cette année, puisque ce Guide fait l’objet d’un hors série, L’Officiel des festivals en kiosque aujourd’hui même –, puis fuyant Paris après bouclage pour quelques jours de repos bien mérité. Hier, notre numéro de juin partant vers notre imprimeur par les voies numériques, je ne pouvais cependant pas quitter la capitale sans aller écouter Avishai Cohen, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des figures majeures du jazz aujourd’hui.

Ce n’est pas le moindre mérite du festival Jazz à Saint-Germain que d’ouvrir au public des lieux mal connus du public, tel cet amphithéâtre de la Maison des Océans, dominé par la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun qui nous invite à embarquer. Et Avishai Cohen prit littéralement la mer… voguant dès les premières notes, comme au grand large lorsque la ligne d’horizon perd toute stabilité. Sa trompette est de celle qui se sont trouvées une identité en échouant à imiter celle de Miles Davis pour mieux hériter de l’essentiel, et ouvrant des échappatoires vers Booker Little, Don Cherry et Freddie Hubbard. Et s’il fallait l’épingler dans les vitrines d’un lépidoptériste, il le serait auprès d’Enrico Rava, Kenny Wheeler et Thomasz Stanko. Nous ne l’épinglerons pas, mais le laisserons voguer sur les creux et les crêtes de cette mer où il semble s’aventurer sans instruments de navigation. Voire…

À ses côtés, Yonathan Avishai a bien trompé son monde. Moi qui, le voyant il y a quelques mois invité par le trompettiste à le rejoindre en cours de concert sur la scène du New Morning, ait vu pendant quelques mesures (voire quelques chorus) dans son entrée comme l’irruption de la tradition telle qu’elle est envisagée par ses dévots. Quelques musiciens à qui Jazz Magazine avait proposé de débattre autour du disque du pianiste, “The Parade”, s’y sont laissés prendre, déclinant notre proposition avec un dédain un peu rapidement conçu. Car Yonathan Avishai échappe à tout cliché, ceux d’un revivalisme bop comme ceux du nouvelle académisme pianistique qui s’est constitué dans le sillage de Brad Mehldau, The Bad Plus et E.S.T. On aimerait le qualifier de minimaliste si le mot n’était déjà pris par les répétitifs, de miniaturiste s’il échappait à toute connotation péjorative, d’antipianiste (mais, s’il n’abuse jamais du pouvoir de ses effets, Yonathan Avishai est l’intime du piano)… Il partage en tout cas avec Yoni Zelnik cet art du minimum, du dépouillement, de l’espace et de l’apesanter qui convient si bien à la quête d’Avishai Cohen comme convient merveilleusement la batterie de Nasheet Waits à ce quartette où la distinction entre premier et arrière plan s’impose peu.

Absence d’outils de navigation ? En dépit de l’absence de partitions sur scène, voilà une musique extraordinairement balisée. Extraordinairement, parce que ces balises ne sont pas destinées à être vues du public (même si l’auditeur avisé saura repérer tel ponctuel unisson ou tel motif repère et s’il ne les repère pas précisément en ressentir l’effet) mais qu’elles permettent à nos quatre navigateurs de réinventer jour après jour leur répertoire sans jamais le perdre. L’orchestre terminera ce soir à Tours, au Petit Faucheux, une tournée dont Avishai Cohen vantait les mérites, expliquant combien, de concert en concert, le répertoire a pu s’épanouir, s’assouplir tout en consolidant sa cohésion, se réinventant constamment, nous faisant mesurer toute la distance qui sépare le déjà fort beau disque publié “Cross My Palm With Silver” paru chez ECM du concert d’hier, simplement sublime.

Rappel ellingtonien, où le quartette a réussi à donner une réduction de l’extraordinaire palette dynamique du big band de Duke, puis, répondant à une ovation insistante, Avishai Cohen est revenu seul avec sa trompette pour jouer Lush Life, sur les lignes mélodiques duquel il a plané et voltigé avec l’adresse désinvolte d’un goéland. Ce soir, Jazz à Saint-Germain-des-Près touche quasiment à sa fin : solo du saxophoniste David Sauzay au Musée de Cluny et, à la Maison des Océans, quartette du pianiste Shahin Novrasli, protégé d’Ahmad Jamal, avec le contrebassiste de ce dernier, le batteur André Ceccarelli et le percussionniste Erkle Koiava. • Franck Bergerot

 

 

 

 |C’est sous la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun dominant la chaire de l’amphithéâtre de l’Institut océanographique que le trompettiste Avishai Cohen se produisait hier 19 pour Jazz à Saint-Germain qui s’achève dimanche.

Maison des Océans, festival Jazz à Saint-Germain-des-près (Paris), 19 mai 2017.

Avishai Cohen Quartet: Avishai Cohen (trompette), Yonathan Avishai (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Nasheet Waits (batterie).

Je boude généralement les salles de concert en mai, habituellement très requis par la réalisation de notre Guide des festivals – qui plus est cette année, puisque ce Guide fait l’objet d’un hors série, L’Officiel des festivals en kiosque aujourd’hui même –, puis fuyant Paris après bouclage pour quelques jours de repos bien mérité. Hier, notre numéro de juin partant vers notre imprimeur par les voies numériques, je ne pouvais cependant pas quitter la capitale sans aller écouter Avishai Cohen, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des figures majeures du jazz aujourd’hui.

Ce n’est pas le moindre mérite du festival Jazz à Saint-Germain que d’ouvrir au public des lieux mal connus du public, tel cet amphithéâtre de la Maison des Océans, dominé par la fresque Le Pont de la Princesse Alice de  Louis Tinayre et Alexandre Brun qui nous invite à embarquer. Et Avishai Cohen prit littéralement la mer… voguant dès les premières notes, comme au grand large lorsque la ligne d’horizon perd toute stabilité. Sa trompette est de celle qui se sont trouvées une identité en échouant à imiter celle de Miles Davis pour mieux hériter de l’essentiel, et ouvrant des échappatoires vers Booker Little, Don Cherry et Freddie Hubbard. Et s’il fallait l’épingler dans les vitrines d’un lépidoptériste, il le serait auprès d’Enrico Rava, Kenny Wheeler et Thomasz Stanko. Nous ne l’épinglerons pas, mais le laisserons voguer sur les creux et les crêtes de cette mer où il semble s’aventurer sans instruments de navigation. Voire…

À ses côtés, Yonathan Avishai a bien trompé son monde. Moi qui, le voyant il y a quelques mois invité par le trompettiste à le rejoindre en cours de concert sur la scène du New Morning, ait vu pendant quelques mesures (voire quelques chorus) dans son entrée comme l’irruption de la tradition telle qu’elle est envisagée par ses dévots. Quelques musiciens à qui Jazz Magazine avait proposé de débattre autour du disque du pianiste, “The Parade”, s’y sont laissés prendre, déclinant notre proposition avec un dédain un peu rapidement conçu. Car Yonathan Avishai échappe à tout cliché, ceux d’un revivalisme bop comme ceux du nouvelle académisme pianistique qui s’est constitué dans le sillage de Brad Mehldau, The Bad Plus et E.S.T. On aimerait le qualifier de minimaliste si le mot n’était déjà pris par les répétitifs, de miniaturiste s’il échappait à toute connotation péjorative, d’antipianiste (mais, s’il n’abuse jamais du pouvoir de ses effets, Yonathan Avishai est l’intime du piano)… Il partage en tout cas avec Yoni Zelnik cet art du minimum, du dépouillement, de l’espace et de l’apesanter qui convient si bien à la quête d’Avishai Cohen comme convient merveilleusement la batterie de Nasheet Waits à ce quartette où la distinction entre premier et arrière plan s’impose peu.

Absence d’outils de navigation ? En dépit de l’absence de partitions sur scène, voilà une musique extraordinairement balisée. Extraordinairement, parce que ces balises ne sont pas destinées à être vues du public (même si l’auditeur avisé saura repérer tel ponctuel unisson ou tel motif repère et s’il ne les repère pas précisément en ressentir l’effet) mais qu’elles permettent à nos quatre navigateurs de réinventer jour après jour leur répertoire sans jamais le perdre. L’orchestre terminera ce soir à Tours, au Petit Faucheux, une tournée dont Avishai Cohen vantait les mérites, expliquant combien, de concert en concert, le répertoire a pu s’épanouir, s’assouplir tout en consolidant sa cohésion, se réinventant constamment, nous faisant mesurer toute la distance qui sépare le déjà fort beau disque publié “Cross My Palm With Silver” paru chez ECM du concert d’hier, simplement sublime.

Rappel ellingtonien, où le quartette a réussi à donner une réduction de l’extraordinaire palette dynamique du big band de Duke, puis, répondant à une ovation insistante, Avishai Cohen est revenu seul avec sa trompette pour jouer Lush Life, sur les lignes mélodiques duquel il a plané et voltigé avec l’adresse désinvolte d’un goéland. Ce soir, Jazz à Saint-Germain-des-Près touche quasiment à sa fin : solo du saxophoniste David Sauzay au Musée de Cluny et, à la Maison des Océans, quartette du pianiste Shahin Novrasli, protégé d’Ahmad Jamal, avec le contrebassiste de ce dernier, le batteur André Ceccarelli et le percussionniste Erkle Koiava. • Franck Bergerot