Awake Quintet (with apologies)
Lors qu’en juin 1955, Cannonball Adderley fut invité à enregistrer pour Savoy après avoir été remarqué au Café Bohemia où il tapait le bœuf avec le quartette d’Oscar Pettiford, il composa With Apologies To Oscar le contrebassiste n’ayant pas été convié dans les studios. Quant à moi, je pourrais titrer ce compte rendu du quintette du saxophoniste Romain Cuoq et du guitariste Anthony Jambon au Duc des Lombards “With Apologies to the Baiser salé”.
Duc des Lombards, Paris (75), le 25 février 2016.
Awake Quintet : Romain Cuoq (sax ténor), Anthony Jambon (guitare électrique), Leonardo Montana (piano), Florent Nisse (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).
“With Apologies to the Baiser salé” parce que c’est un peu paradoxal d’attendre qu’il se produise au Duc des Lombards pour “découvrir” un groupe qui a grandi au Baiser salé où il a été en résidence de long mois. Certes, l’oiseau doit quitter son nid… Quant au jazzcritic, certes un peu à la bourre, il découvre ce groupe en beauté car, manifestement, c’est un vrai groupe totalement soudé qui se présente ce soir face au Boulevard Sébastopol.
Groupe, soudé, ces mots ne sont pas vains, tant le quartette s’affranchit de la convention des défilés de chorus alternés au profit d’un vrai discours collectif, où le ténor porte le plus souvent la voix mélodique. Voix écrite, et alors parfois à l’unisson de la guitare, mais le plus souvent accompagnée de ses arpèges combinés à ceux du piano qui accompagnent les parties de sax improvisées, et c’est un véritable miracle que piano et guitare paraissent si peu redondants – c’est à dire pas du tout – se combinant l’un l’autre en une sort de continuum qui peut évoquer un relatif minimalisme ou s’avérer plus mobile. Ecrite ou improvisée, cette “voix” du sax, crémeuse à souhait, est constamment mélodique, lyrique, souvent posée, hormis quelques moments de chauffe qui ne s’accompagne pas nécessairement d’une accélération du débit mais plus d’une intensité du propos, déroulée sans automatisme, mais développée comme une pensée s’accomplit dans le discours parlé, ponctué de respiration, de phrases plus ou moins longues, mais toujours signifiantes.
Le sax seul soliste ? Pas tout à fait, parce que l’interaction est intense, avec notamment un contrebassiste très actif, Florent Nisse : sonorité admirablement boisée, tout en soutien et dialogue, notamment dans un très beau solo de Leonardo Montana, le seul dont je me souvienne (j’ai manqué les deux premiers morceaux), où piano et contrebasse semblèrent improviser comme deux arbres qui pousseraient la ramure de l’un entrelaçant le tronc de l’autre. Ça me revient : il y aura eu un autre solo de piano, mais plus massif, entraînant tout l’orchestre dans une espèce de spirale ascendante de block chords. Et un merveilleux solo de contrebasse, admirablement articulé en de grands intervalles tout au long du manche, sans hâte, mais avec une très musicale précision. Et Anthony Jambon ? Le solo n’est pas sa priorité et en dehors d’une coda très “americana”, on n’entendra guère qu’un vrai solo d’une virtuosité élégante et aisée évoquant un peu Holdsworth, un peu plus Pat Metheny. Reste Nicolas Charlier, très assimilé à ce jeu collectif, qui prendra lui aussi un solo, partant d’une belle distribution de coups dans l’espace dont le débit s’intensifiera sans faire oublier cet espace initial.
D’où une musique onirique, lyrique, aux parcours imprévisibles, profondément humaine, qui me rappelle un peu celle de Gabor Gado, la mystique douloureuse en moins, le sourire en plus que l’on retrouvera sur disque (“As We Fall, featuring Emile Parisien”), sous le label Jazz & People, sitôt que le groupe aura réuni l’argent nécessaire au financement du mastering, de la mise sous pochette et de la commercialisation. Aidons les! Franck Bergerot|Lors qu’en juin 1955, Cannonball Adderley fut invité à enregistrer pour Savoy après avoir été remarqué au Café Bohemia où il tapait le bœuf avec le quartette d’Oscar Pettiford, il composa With Apologies To Oscar le contrebassiste n’ayant pas été convié dans les studios. Quant à moi, je pourrais titrer ce compte rendu du quintette du saxophoniste Romain Cuoq et du guitariste Anthony Jambon au Duc des Lombards “With Apologies to the Baiser salé”.
Duc des Lombards, Paris (75), le 25 février 2016.
Awake Quintet : Romain Cuoq (sax ténor), Anthony Jambon (guitare électrique), Leonardo Montana (piano), Florent Nisse (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).
“With Apologies to the Baiser salé” parce que c’est un peu paradoxal d’attendre qu’il se produise au Duc des Lombards pour “découvrir” un groupe qui a grandi au Baiser salé où il a été en résidence de long mois. Certes, l’oiseau doit quitter son nid… Quant au jazzcritic, certes un peu à la bourre, il découvre ce groupe en beauté car, manifestement, c’est un vrai groupe totalement soudé qui se présente ce soir face au Boulevard Sébastopol.
Groupe, soudé, ces mots ne sont pas vains, tant le quartette s’affranchit de la convention des défilés de chorus alternés au profit d’un vrai discours collectif, où le ténor porte le plus souvent la voix mélodique. Voix écrite, et alors parfois à l’unisson de la guitare, mais le plus souvent accompagnée de ses arpèges combinés à ceux du piano qui accompagnent les parties de sax improvisées, et c’est un véritable miracle que piano et guitare paraissent si peu redondants – c’est à dire pas du tout – se combinant l’un l’autre en une sort de continuum qui peut évoquer un relatif minimalisme ou s’avérer plus mobile. Ecrite ou improvisée, cette “voix” du sax, crémeuse à souhait, est constamment mélodique, lyrique, souvent posée, hormis quelques moments de chauffe qui ne s’accompagne pas nécessairement d’une accélération du débit mais plus d’une intensité du propos, déroulée sans automatisme, mais développée comme une pensée s’accomplit dans le discours parlé, ponctué de respiration, de phrases plus ou moins longues, mais toujours signifiantes.
Le sax seul soliste ? Pas tout à fait, parce que l’interaction est intense, avec notamment un contrebassiste très actif, Florent Nisse : sonorité admirablement boisée, tout en soutien et dialogue, notamment dans un très beau solo de Leonardo Montana, le seul dont je me souvienne (j’ai manqué les deux premiers morceaux), où piano et contrebasse semblèrent improviser comme deux arbres qui pousseraient la ramure de l’un entrelaçant le tronc de l’autre. Ça me revient : il y aura eu un autre solo de piano, mais plus massif, entraînant tout l’orchestre dans une espèce de spirale ascendante de block chords. Et un merveilleux solo de contrebasse, admirablement articulé en de grands intervalles tout au long du manche, sans hâte, mais avec une très musicale précision. Et Anthony Jambon ? Le solo n’est pas sa priorité et en dehors d’une coda très “americana”, on n’entendra guère qu’un vrai solo d’une virtuosité élégante et aisée évoquant un peu Holdsworth, un peu plus Pat Metheny. Reste Nicolas Charlier, très assimilé à ce jeu collectif, qui prendra lui aussi un solo, partant d’une belle distribution de coups dans l’espace dont le débit s’intensifiera sans faire oublier cet espace initial.
D’où une musique onirique, lyrique, aux parcours imprévisibles, profondément humaine, qui me rappelle un peu celle de Gabor Gado, la mystique douloureuse en moins, le sourire en plus que l’on retrouvera sur disque (“As We Fall, featuring Emile Parisien”), sous le label Jazz & People, sitôt que le groupe aura réuni l’argent nécessaire au financement du mastering, de la mise sous pochette et de la commercialisation. Aidons les! Franck Bergerot|Lors qu’en juin 1955, Cannonball Adderley fut invité à enregistrer pour Savoy après avoir été remarqué au Café Bohemia où il tapait le bœuf avec le quartette d’Oscar Pettiford, il composa With Apologies To Oscar le contrebassiste n’ayant pas été convié dans les studios. Quant à moi, je pourrais titrer ce compte rendu du quintette du saxophoniste Romain Cuoq et du guitariste Anthony Jambon au Duc des Lombards “With Apologies to the Baiser salé”.
Duc des Lombards, Paris (75), le 25 février 2016.
Awake Quintet : Romain Cuoq (sax ténor), Anthony Jambon (guitare électrique), Leonardo Montana (piano), Florent Nisse (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).
“With Apologies to the Baiser salé” parce que c’est un peu paradoxal d’attendre qu’il se produise au Duc des Lombards pour “découvrir” un groupe qui a grandi au Baiser salé où il a été en résidence de long mois. Certes, l’oiseau doit quitter son nid… Quant au jazzcritic, certes un peu à la bourre, il découvre ce groupe en beauté car, manifestement, c’est un vrai groupe totalement soudé qui se présente ce soir face au Boulevard Sébastopol.
Groupe, soudé, ces mots ne sont pas vains, tant le quartette s’affranchit de la convention des défilés de chorus alternés au profit d’un vrai discours collectif, où le ténor porte le plus souvent la voix mélodique. Voix écrite, et alors parfois à l’unisson de la guitare, mais le plus souvent accompagnée de ses arpèges combinés à ceux du piano qui accompagnent les parties de sax improvisées, et c’est un véritable miracle que piano et guitare paraissent si peu redondants – c’est à dire pas du tout – se combinant l’un l’autre en une sort de continuum qui peut évoquer un relatif minimalisme ou s’avérer plus mobile. Ecrite ou improvisée, cette “voix” du sax, crémeuse à souhait, est constamment mélodique, lyrique, souvent posée, hormis quelques moments de chauffe qui ne s’accompagne pas nécessairement d’une accélération du débit mais plus d’une intensité du propos, déroulée sans automatisme, mais développée comme une pensée s’accomplit dans le discours parlé, ponctué de respiration, de phrases plus ou moins longues, mais toujours signifiantes.
Le sax seul soliste ? Pas tout à fait, parce que l’interaction est intense, avec notamment un contrebassiste très actif, Florent Nisse : sonorité admirablement boisée, tout en soutien et dialogue, notamment dans un très beau solo de Leonardo Montana, le seul dont je me souvienne (j’ai manqué les deux premiers morceaux), où piano et contrebasse semblèrent improviser comme deux arbres qui pousseraient la ramure de l’un entrelaçant le tronc de l’autre. Ça me revient : il y aura eu un autre solo de piano, mais plus massif, entraînant tout l’orchestre dans une espèce de spirale ascendante de block chords. Et un merveilleux solo de contrebasse, admirablement articulé en de grands intervalles tout au long du manche, sans hâte, mais avec une très musicale précision. Et Anthony Jambon ? Le solo n’est pas sa priorité et en dehors d’une coda très “americana”, on n’entendra guère qu’un vrai solo d’une virtuosité élégante et aisée évoquant un peu Holdsworth, un peu plus Pat Metheny. Reste Nicolas Charlier, très assimilé à ce jeu collectif, qui prendra lui aussi un solo, partant d’une belle distribution de coups dans l’espace dont le débit s’intensifiera sans faire oublier cet espace initial.
D’où une musique onirique, lyrique, aux parcours imprévisibles, profondément humaine, qui me rappelle un peu celle de Gabor Gado, la mystique douloureuse en moins, le sourire en plus que l’on retrouvera sur disque (“As We Fall, featuring Emile Parisien”), sous le label Jazz & People, sitôt que le groupe aura réuni l’argent nécessaire au financement du mastering, de la mise sous pochette et de la commercialisation. Aidons les! Franck Bergerot|Lors qu’en juin 1955, Cannonball Adderley fut invité à enregistrer pour Savoy après avoir été remarqué au Café Bohemia où il tapait le bœuf avec le quartette d’Oscar Pettiford, il composa With Apologies To Oscar le contrebassiste n’ayant pas été convié dans les studios. Quant à moi, je pourrais titrer ce compte rendu du quintette du saxophoniste Romain Cuoq et du guitariste Anthony Jambon au Duc des Lombards “With Apologies to the Baiser salé”.
Duc des Lombards, Paris (75), le 25 février 2016.
Awake Quintet : Romain Cuoq (sax ténor), Anthony Jambon (guitare électrique), Leonardo Montana (piano), Florent Nisse (contrebasse), Nicolas Charlier (batterie).
“With Apologies to the Baiser salé” parce que c’est un peu paradoxal d’attendre qu’il se produise au Duc des Lombards pour “découvrir” un groupe qui a grandi au Baiser salé où il a été en résidence de long mois. Certes, l’oiseau doit quitter son nid… Quant au jazzcritic, certes un peu à la bourre, il découvre ce groupe en beauté car, manifestement, c’est un vrai groupe totalement soudé qui se présente ce soir face au Boulevard Sébastopol.
Groupe, soudé, ces mots ne sont pas vains, tant le quartette s’affranchit de la convention des défilés de chorus alternés au profit d’un vrai discours collectif, où le ténor porte le plus souvent la voix mélodique. Voix écrite, et alors parfois à l’unisson de la guitare, mais le plus souvent accompagnée de ses arpèges combinés à ceux du piano qui accompagnent les parties de sax improvisées, et c’est un véritable miracle que piano et guitare paraissent si peu redondants – c’est à dire pas du tout – se combinant l’un l’autre en une sort de continuum qui peut évoquer un relatif minimalisme ou s’avérer plus mobile. Ecrite ou improvisée, cette “voix” du sax, crémeuse à souhait, est constamment mélodique, lyrique, souvent posée, hormis quelques moments de chauffe qui ne s’accompagne pas nécessairement d’une accélération du débit mais plus d’une intensité du propos, déroulée sans automatisme, mais développée comme une pensée s’accomplit dans le discours parlé, ponctué de respiration, de phrases plus ou moins longues, mais toujours signifiantes.
Le sax seul soliste ? Pas tout à fait, parce que l’interaction est intense, avec notamment un contrebassiste très actif, Florent Nisse : sonorité admirablement boisée, tout en soutien et dialogue, notamment dans un très beau solo de Leonardo Montana, le seul dont je me souvienne (j’ai manqué les deux premiers morceaux), où piano et contrebasse semblèrent improviser comme deux arbres qui pousseraient la ramure de l’un entrelaçant le tronc de l’autre. Ça me revient : il y aura eu un autre solo de piano, mais plus massif, entraînant tout l’orchestre dans une espèce de spirale ascendante de block chords. Et un merveilleux solo de contrebasse, admirablement articulé en de grands intervalles tout au long du manche, sans hâte, mais avec une très musicale précision. Et Anthony Jambon ? Le solo n’est pas sa priorité et en dehors d’une coda très “americana”, on n’entendra guère qu’un vrai solo d’une virtuosité élégante et aisée évoquant un peu Holdsworth, un peu plus Pat Metheny. Reste Nicolas Charlier, très assimilé à ce jeu collectif, qui prendra lui aussi un solo, partant d’une belle distribution de coups dans l’espace dont le débit s’intensifiera sans faire oublier cet espace initial.
D’où une musique onirique, lyrique, aux parcours imprévisibles, profondément humaine, qui me rappelle un peu celle de Gabor Gado, la mystique douloureuse en moins, le sourire en plus que l’on retrouvera sur disque (“As We Fall, featuring Emile Parisien”), sous le label Jazz & People, sitôt que le groupe aura réuni l’argent nécessaire au financement du mastering, de la mise sous pochette et de la commercialisation. Aidons les! Franck Bergerot