Barcelona:blues, rock et flamenco soufflent de concert sur le Jamboree
Mèche virevoltante sur le front malgré ses cheveux noirs gominés, contrebasse sombre en mouvement avant arrière sous le rythme binaire appuyé, le leader risque la plaisanterie « J’ai comme l’idée que les joueurs du Barça ce soir au Camp Nou face au Real se disent maintenant au coup d’envoi :Dios ! on doit jouer au foot à l’heure même où le Barcelona Big Blues Band entre en scène au Jamboree !… »
Barcelona Big Blues Band: Ivan Kovacevic (dir, b), Victor Verges, Jaume Tormé (tp), Pere Masafret, Igor Kossenkof (tb), Duska Miscevic, Ignasi Poch (as), Arme Zuliev, Pol Prats (ts), Nuria Vito (ba s), Hector Martin (g), Federico Mazanti (p), Marti Elias (dm) + invité Spencer Evoy (voc, ts)
Jamboree, Barcelona, Catalogne/Espagne, 7 mai
Ça démarre au quart de tour, ça part en trombe sur un rythme d’enfer. Le big band étiqueté blues vrombit sur un tempo carrément rock and roll. Le chanteur canadien invité pour l’occasion arbore le look qui convient, comme copié collé direct d’un TV show made in USA: lunettes monture fines carrées, silhouette mince sous un costar cintré, noeud pap couleurs seyantes. Armé d’une voix qui passe en force, limite casse dans le registre des aigües, il tire par ses inflexions tout le train des quatorze musiciens dans son sillage. « Entertainer » parfait, Spencer Evoy a apporté dans ses bagages des compositions personnelles. Avec un thème majeur répété en épisodes successifs::autant d’histoires racontées de (et autour de)….poulets, « Cela peut vous paraître bizarre, mais moi ce volatile m’obsède » Résultat: des textes balancé crus façon dialogue de Tex Avery. Et pour emballer le produit musical très bien ficelé, toujours à vitesse gand V, n’étaient une ou deux ballades, l’orchestre livre live une mixture de rythm’n’blues, de rock, de boogie woogie sans laisser beaucoup de temps pour respirer. Pimenté de ci de là sur une heure de show d’un ou deux hits du rock ou d’un thème signé King Curtis en mode d’injection soul. Les arrangements assurés par le leader Ivan Kovacevic, bassiste croate installé à Barcelona, tombent pile poil, carrés, efficaces en diable, très ajustés au style affiché. Les musiciens, chacun à sa place, dans le collectif comme dans les solos proposés, assurent sans problème. Le public venu en nombre ce soir là, parmi eux visiblement des habitués -le Barcelona BBB tient la scène du club de la Plaza Real une soirée par mois – se retrouve certes un peu secoué par l’impact du tempo maintenu à bride abattue. Mais au fur et à mesure, à grands coups de battements de mains et claquements de doigts exécutés à l’invitation d’un chanteur qui s’y entend, le public conquis entre dans la danse. Ambiance surchauffée, ça bouge même sur les sièges.
Le big band barcelonais jusqu’au bout du set continuera de ire tirer en rafales blues rock. L’assistance pour autant en redemande. Le patron de la salle, lui, bien sur s’avoue ravi du résultat. Non pas qu’il soit fort inquiet pour l’avenir de sa salle. Et pour cause:. Au dessus de la partie jazz/blues du Jamboree, club phare de la capitale catalane (depuis les années soixante la scène a accueilli entr’autres Bill Coleman aussi bien que Ornette Coleman, Brad Meldhau ou Tete Montoliu bien sur- Joan Mas exploite une autre salle dédiée au flamenco. Avec quatre représentations par jour, musique, « cante » et danse s’inscrivent au programme de chacune « Dans notre public sur ce type de spectacle on trouve évidemment plus d’américains, de japonais ou de chinois que de catalans ou d’espagnols. Ainsi puis-je programmer des jeunes musiciens pour des découvertes de jazz au Jamboree » Avec une nouveauté notable: désormais les concerts de jazz du Jamboree sont retransmis live en streaming sur une web TV via Facebook.
Robert Latxague