Bayonne: Beñat Achiary, un cri pour les Ethiopiques
Les Ethiopiques se veulent un festival multiculturel sous formes de rencontres croisées ou non entre musique, danse, conférences, expos et films. Ainsi avant le spectacle intitulé Bas(h)oan -pour sonner en langue basque- en hommage au musicien « folk » engagé américain (1940-1986) débute par une séquence de ballet contemporain.u
Beñat Achiary (voc), Irazoqui (elg, voc), Mikel Artieda (elb), Julen Achiary (dm, voc)
Rencontres Artistiques Les Ethiopiques MSV Polo Beyris, Bayonne (64100), 26 avril
Cinq jeunes danseurs se mettent en mouvement dans le rythme des tambours de Julen Achiary, musicien fils de son père passé notamment par l’école « libre » d’Uzeste et son mentor « preacher » formateur, Bernard Lubat. Trois danseurs et deux danseuses de la troupe Bilaka évoluent dans une danse de l’élan, illustrant la tradition basque des pas (muxikoak), du ballet régulé et du saut, exercice caractéristique de cette pratique culturelle très présente en Euskadi, de sa transformation/mutation au goût du siècle présent surtout.
Difficile de rendre compte, encore moins définir pareille musique. Une marque de fabrique: la voix de Beñat Achiary. Sauf que cette fois elle sert (se sert d’) un texte, et donc lance des mots, des phrases au delà d’un habituel univers de sons. Des phrases, des rimes modelées en anglais ou en basque avec leur coloration spécifique dans les (larges) registres qui lui sont propre (complainte poignante au long d’Orphan’s Lament, ballade en mode de blues ancré dans les montagnes de Soule, province de la partie septentrionale du Pays Basque nord) La voix tour à tour torrentielle, tellurique du chanteur bayonnais originaire de Basse Navarre donne une empreinte en encre forte. De par la puissance brute de décoffrage ou sentimentale de son organe exceptionnel, on est enclin voix on à songer aux climats orageux du Cheap’Thrills de Janis Joplin voire aux sonorités tout en contraste des Doors. Mais ses montées ou descente en flèche, voir les acrobaties dans les lignes de chant produites pourquoi ne pas évoquer tout aussi bien les performances hors normes question tessiture du Phil Minton du Mike Wesbrook Orchestra. Les trafics sonores électriques dans un jeu de guitare d’aspect violent, presque désordonné (Joseba Irazoki) comme les apports très éclatés de la batterie de Julen Achiary apportent également un plus à ce climat référentiel au rock californien teinté de free des seventies. En rapport au disque paru ce début d’année (Bas(h)oan, Elkar, www.elkarargitaletxea.eus) le contenu musical sur scène sonne plus fort, davantage marqué par quelques teintes de saturation. Y compris dans le niveau du vocal de Beñat Achiary. Une manière d’engagement total (Salangadou) de recherche d’impact (0maha Berri)
Comme s’il fallait que le message de survie passe autant par les veines d’une musique mises a nue qu’au travers des seuls mots ou slogans délivrés. Il y a bien dans cette musique les graines d’une expression directe. Comme il a coutume de le faire, porteur d’un savoir faire et d’une tradition ancrée dans sa terre, Beñat Achiary porte haut cette même forme d’expression jusqu’à la limite du cri.
Robert Latxague