Béarn Guitare: Thibault Cauvin, danseur de cordes
À 38 ans il continue de courir le monde sa guitare cordes nylon en bagage cabine. Thibault Cauvin est un guitariste dit de musique classique mais bien ancré dans sa vocation assumée d’artiste globe trotter. Le bordelais, fils de guitariste lui même, cite toujours ses innombrables voyages, professionnels ou nom au premier rang de l’inspiration vis à vis de ses propres interprétations Au même titre que son souci d’une nature durable et du bonheur des vagues, son autre passion de guitariste surfer.
Thibaut Cauvin (g)
Salle Jean Monnet, Salies de Béarn (64270), 9 juillet
Façon Charlie Chaplin parfois, pour investir l’écran par surprise, Thibault Cauvin entre sur scène toujours en courant, d’un pas leste, tenant sa guitare en étendard. Et sourire aux lèvres. Cette fois comme en d’autres occasions il tient à préciser en introduction « La guitare est un instrument universel »
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Même si elle est censée sonner comme une représentation de Buenos Aires en noir autant qu’en blanc sous ses doigts la Milonga del Angel d’Astor Piazzola déroule ses contours harmonieux tout en douceurs, par petites touches dessinées comme au pochoir. Le musicien formé à Bordeaux aime les terres et les musiques germées en Amérique Latine. Pour passer d’Argentine au Brésil en notes différenciées il change de registre. Il puise alors avec jouissance dans les couleurs vives de Tom Jobim. Il claque ses cordes en percussion sèche. Avant de Ies appeler au calme faisant circuler ses notes arpégées in vivo dans des cordes douces qui fleurent bon les senteurs boisés de sa guitare. Brésil terres de parfums sauvage.
Original, Thibault Cauvin l’est aussi eu égard aux canons du monde du classique. Déjà il choisit de sonoriser sa voix et sa guitare avec capteur et système sans fil sur scène comme aujourd’hui la plupart des artistes en chanson ou jazz. Question de liberté de mouvement et de gestes. Et puis les compositeurs choisis viennent d’horizons différents. Stéphane Grappelli par exemple pour les mélodies claires, légères, primesautières de la musique composée pour la BO du film Les Valseuses de Bertrand Blier ; une version relookée, introduction raide en blocs d’accords et clusters en arêtes tirées au carré, dite « Jeux Interdits II » issue d’une commande effectuée auprès de son jeune frère Jordan avec qui, information glanée au passage, il travaille sur la création d’un un studio d’enregistrement personnel et familial « Je ne pouvais me résoudre à rester sur une énième relecture d’un morceau jouée par des millions de guitaristes en herbe…»
Les carnets de notes de ses voyages, on y revient, enfin, dessinées en lignes et accords façon encres fortes issues de l’écriture de compositeurs plus ou moins contemporains : Ulan de Mathias Duplessis choisi pour illustrer Oulan Bator ; Ragas du soir pour la folie d’agitations no limit de Calcutta (Sébastien Vachez); Koyunbaba enfin pour la palette de lumières du Bosphore ( Carlo Domeniconi )
En conclusion viendra un hommage à son père Philippe, lui même guitare héraut très original de Bordeaux dans les années 70 « Pour un anniversaire de tout gamin, il m’avait offert un morceau original écrit de sa main. Il l’avait baptisée : La composition pour guitare la plus compliquée du monde…je vais maintenant vous la jouer… »
Robert Latxague