Jazz live
Publié le 27 Août 2022

BRUNO ANGELINI : un nouveau quartette au Sunside

Plaisir de l’amateur : venir en club pour découvrir un tout nouveau groupe, qui plus est constitué de musiciens qu’il admire. Un quartette de leaders, rassemblé par un pianiste autour d’un répertoire où ses propres compositions croisent des ‘standards du jazz moderne’ dont il partage le goût avec ses partenaires

BRUNO ANGELINI «Breathing»

Bruno Angelini (piano), Joce Mienniel (flûte), Claude Tchamitchian (contrebasse), Christophe Marguet (batterie)

Paris, Sunside, 26 août 2022, 21h

Le piano ouvre le concert pour dresser le décor : arpège descendant, parfum de mystère, harmonies tendues, avec quelques dissonances jouissives. Les autres musiciens rejoignent la musique, et la flûte entre dans une sorte de prélude à la soirée d’un faune : rassurez-vous, le chroniqueur n’a rien d’un satyre à l’antique, plutôt un modèle un peu décati frappé par l’obsolescence inhérente aux seniors…. La musique évolue vite vers une forme d’exacerbation mutuelle des quatre protagonistes, en toute musicalité. C’est le tout premier concert de ce groupe mais déjà la connivence est là. Le premier thème était une composition de Steve Swallow, issue d’un disque mémorable qui l’associait à Sheila Jordan, Dave Liebman, Steve Kuhn…. Viennent ensuite deux compositions de Bruno Angelini, d’abord folie du rythme et de l’audace, piano en cavalcade et flûte en débordements (merci Igor !), solo explosif de batterie qui se résout en délicatesse aux balais, avant qu’un solo de basse nous conduise à l’apaisement du titre suivant. Et le set se conclura en effervescence maximale, sur une composition du saxophoniste Walter Smith the 3rd, , dans la pulsation irrésistible du 6/8.

Le deuxième set s’ouvrira sur une composition de Kenny Wheeler, introduite comme dans la version princeps par un trio ‘à la Bill Evans’. Recueillement, intensité, mais aussi vivacité. Pour le thème suivant, retour aux compositions du pianiste, avec de très vifs échanges, avant un retour apaisé dans des accents de tambours amérindiens. Puis ce sera une composition issue du disque «Transatlantic Roots» du pianiste (label Vision Fugitive), avant un conclusion provisoire avec Mushi Mushi, thème de Dewey Rdeman pour le quartette de Keith Jarrett : explosion d’énergie et d’inventivité de tous. Ce quartette est décidément, dès son premier concert, une indiscutable réussite, tant par la formidable qualité de ses membres (et leur engagement) que par la très judicieuse composition du programme, entre thèmes originaux et reprises : ‘ça joue terrible !!!’

Un troisième set confirmera la réussite, avec de très belles relectures de Paul Motian puis de Carla Bley, avant un Lonnie’s Lament de Coltrane en forme de feu d’artifice conclusif. Belle et folle soirée, le chroniqueur est heureux, tout comme le public…. et les musiciens.

Xavier Prévost