Jazz live
Publié le 26 Août 2024 • Par Xavier Prévost

Byard by Noé Huchard au Sunside

La déambulation parisienne du chroniqueur banlieusard le conduit vers 20h15, rue des Lombards, pour écouter le deuxième set d’une soirée de la série ‘pianissimo’ consacrée à Jaki Byard. Noé Huchard évoque en 3 épisodes (19h, 20h30, 22h, entrée libre mais avec supplément tarifaire au bar) ce pianiste très singulier, brillant instrumentiste et grand improvisateur, dépositaire de toute une tradition du piano jazz depuis le stride, mais qui fut aussi un pilier d’aventures esthétiques nouvelles en compagnie de Don Ellis, Charles Mingus, Eric Dolphy ou Sam Rivers.

NOÉ HUCHARD Trio

Noé Huchard (piano), Yoni Zelinik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie)

Paris, Sunside, 25 août 2024, 20h30

En introduction du premier thème, dans le plus pur style stride, le pianiste annonce la couleur : c’est une composition intitulée Dedicated to Bob Vatel of The Ten Gallons. Jaki Byard l’avait enregistrée à Paris en 1971 pour le label Futura. Il y évoquait ce pianiste français, grand amateur de Fats Waller, et qui avait naguère invité Manuel Rocheman, alors âgé de 12 ans, à ‘faire le bœuf ‘. Les partenaires du pianiste entrent en scène après l’intro du piano seul, et ce sont deux orfèvres, dans l’accompagnement comme dans les solos. On sent que s’annonce un beau moment de musique. Puis vient un blues lent, dans le respect de l’idiome, mais avec une liberté pleine de promesses. Yoni Zelink va nous faire découvrir qu’un solo de basse, sur une grille de blues, peut nous entraîner loin de nos références. Ce sera ensuite une intro-mystère, dans un brillant dialogue entre les deux mains du pianiste. Le mystère s’estompe, ou plutôt il s’évente : c’est Giant Steps de Coltrane (Byard l’avait enregistré en 1961) . Dans son solo Donald Kontomanou fait chanter le thème, avant d’en faire un tremplin vers quelques vertiges. Le piano nous offre un déboulé funambulesque sur cette grille légendaire : l’amateur se régale…. Noé Huchard va ensuite nous faire entendre une toute nouvelle composition, en hommage à Jaki Byard : harmonies sinueuses, liberté rhapsodique : on est bien dans l’esprit du Maître. Et pour conclure la séquence, retour au stride en solo, avant de bifurquer en trio vers After You’ve Gone (un thème que Jaki Byard avait enregistré en 1965 en trio avant d’enchaîner en quartette en compagnie de Joe Farrell). C’est la pause avant la reprise à 22h. Le chroniqueur va filer vers le métro pour attraper à la gare du Nord l’un des derniers RER de la soirée.

Xavier Prévost (texte et photos)