CANONGE – ZENINO : CZ Festival, bouquet final avec DANIEL HUMAIR
Depuis plus de quinze ans le pianiste Mario Canonge et le contrebassiste Michel Zenino se produisent presque chaque mercredi, en duo, à Paris au Baiser Salé. L’Antillais de Fort-de-France et l’enfant des Bouches-du-Rhône ont en commun la passion du jazz, au sens large. Depuis 6 ans ils ont inventé leur festival, mais pour cause de pandémie, ce n’était que la cinquième édition : CZ Festival #5
Après 4 soirées consécutives en mars (voir détail des invités ci-dessus), le bouquet final fut pour avril, avec Daniel Humair
MARIO CANONGE & MICHEL ZENINO invitent DANIEL HUMAIR
Mario Canonge (piano), Michel Zenino (contrebasse), Danie Humair (batterie)
Paris, Le Baiser Salé, 5 avril 2022, 19h30
Beaucoup de monde dans le club, un public très varié : de vieux amateurs (comme votre serviteur -qui a commencé à écouter le jazz par les disques et la radio à l’époque des culottes courtes-) qui ont écouté Daniel dans les premières années de sa carrière ; des jazz fans plus jeunes ; mais toutes tranches d’âge confondues, une attention extrême à la musique et à son rituel. C’est le pianiste qui lance chaque thème, sans annonce préalable ni, apparemment, concertation avec ses partenaires. C’est comme une jam session entre vieux routiers, ce qu’ils sont. Le concert commence avec Whisper Not : le genre de thème que l’on jouait dans les clubs parisiens quand Daniel est arrivé à Paris. On est tout de suite dans le bain : ce thème de Benny Golson, immortalisé par les Jazz Messengers et les cadences de Bobby Timmons, est transgénérationnel. C’est la langue commune des jazzmen, et de leur public. Une forme d’universalité du jazz, en quelque sorte. En cours de route Doxy, de Sonny Rollins, puis un blues sur tempo d’enfer, par quoi le décibelmètre tutoie les 100 db. Et aussi une belle ballade, cosignée par le batteur et son compatriote suisse George Gruntz. Au fil des solos les langages se télescopent. Daniel Humair nous rappelle que, s’il a commencé à la fin des fifties, il a également fait partie de ceux qui ont fait exploser les cadres. Musique très vivante, effervescente : Mario Canonge et Michel Zenino sont à la fête. Gershwin, un calypso, un clin d’œil à Monk, The Theme pour signaler la fin du concert, et un rappel généreux : un vrai concert de jazz à l’ancienne, mais avec tout le confort moderne. Il faut prendre congé, car il y a une autre groupe dans la foulée. Public aux anges, et chroniqueur itou, cela va de soi.
Xavier Prévost