Catherine Russell à Bayonne : une reine sans couronne
C’est avec Catherine Russell que reprend la programmation jazz de la Scène Nationale de Bayonne et du Sud Aquitain où son directeur, Dominique Burucoa, nous réserve chaque année quelques bonnes surprises.
Il faut dire qu’il n’est pas seulement un amateur de jazz éclairé mais aussi un trompettiste amateur de bon niveau, jouant régulièrement dans la région avec son groupe Just Friends. Ainsi ne se contente-t-il pas de piocher dans la liste bien connue des musiciens qui écument les scènes françaises mais il va régulièrement chercher, dans un style de facture plutôt classique, des artistes que l’on n’a pas l’occasion de voir très souvent. La saison dernière nous avait gâtés, entre autres, avec Joey DeFrancesco, le nouveau « Jazz Brass » de François Biensan (quatre trompettes et une rythmique) et le « Jazz Ensemble » de Patrice Cratini qui avait enflammé le théâtre avec son programme Latinidad. Et n’oublions pas l’Anachronic Jazz Band qui était venu s’installer en résidence une semaine pour vivre une résurrection totalement réussie et enregistrer leur nouveau disque (Choc de Jazz Magazine/Jazzman). Nous vous en avions longuement parlé dans notre numéro de juillet.
Théâtre Municipal de Bayonne, le 22 octobre à 20h30
Catherine Russell (voix), Mark Shane (piano), Matt Munisteri (guitare), Tal Ronen (contrebasse).
Catherine Russell fait partie de ces artistes assez peu connus et pour cause. C’est à l’approche de la cinquantaine qu’elle a commencé à se produire et à enregistrer en leader, après trente ans passés comme choriste derrière des stars de la pop et de la soul (Al Green, Isaac Hayes, Steely Dan, Madona, Cyndi Lauper, Paul Simon, David Bowie …). Elle était pourtant tombée dans la marmite dès sa naissance puisqu’elle est la fille de Luis Russell (pianiste, chef d’orchestre et directeur musical de Louis Armstrong) et de Carline Ray qui fut l’une des premières femmes contrebassistes (entre autres aux côtés de Mary Lou Williams). Inutile de vous faire un dessin, cette chanteuse est une mémoire vivante de la musique noire. Je l’avais découverte en chroniquant son disque « Inside This Heart of Mine » il y a trois ans et nous ne nous étions pas trompés en 2012 à l’Académie du Jazz en lui décernant le Prix du Jazz Vocal. J’attendais donc avec impatience de la voir sur scène.
Un joli châle recouvrant un grand tabouret sur lequel est posée une tasse de thé chaud, voilà les seuls accessoires dont a besoin ce petit bout de femme qui a encore presque l’air d’une jeune fille. Ne restant pas en place comme si la dance faisait forcément partie de la musique, « Cat » (comme l’appellent les musiciens), attaque un répertoire puisé dans le patrimoine de la musique afro-américaine : Fats Waller, Wynonie Harris, Maxine Sullivan … Mais aucune copie conforme, pas de clin d’œil nostalgique et pas le moindre revivalisme. Entre des arrangements bien pensés par son guitariste et sa spontanéité pleine de fraîcheur, chaque morceau est réinventé, comme I Let A Song Go Out of My Heart d’Ellington ou Lucille, morceau écrit pour Armstrong par Luis Russell en hommage à la femme de Satchmo. On pense à Betty Carter et à Dinah Washington qui manqueront à ce siècle encore débutant mais dont l’héritage, déjà, n’est pas oublié. Une diction et une articulation remarquable permettent à Catherine Russell de chanter pratiquement n’importe quel titre avec toujours autant de swing. L’âme du blues, l’émotion dans les ballades, la joie dans les morceaux plus enlevés et un sens de l’interprétation alliant le don à l’expérience : en un mot la classe. Et surtout, en permanence, cette foi en la musique qu’elle chante, ce qui manque à beaucoup de chanteuses d’aujourd’hui dont certaines feraient remonter les feuilles mortes dans leurs branches quand elles attaquent Autumn Leaves.
PHILIPPE VINCENT
P.S. Dans la dizaine de concerts de jazz de la saison qui commence, on essaiera de ne manquer ni le septet de Pierre Boussaguet ni la brillante Cecile McLorin-Salvant accompagnée par le trio de Aaron Diehl.
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C’est avec Catherine Russell que reprend la programmation jazz de la Scène Nationale de Bayonne et du Sud Aquitain où son directeur, Dominique Burucoa, nous réserve chaque année quelques bonnes surprises.
Il faut dire qu’il n’est pas seulement un amateur de jazz éclairé mais aussi un trompettiste amateur de bon niveau, jouant régulièrement dans la région avec son groupe Just Friends. Ainsi ne se contente-t-il pas de piocher dans la liste bien connue des musiciens qui écument les scènes françaises mais il va régulièrement chercher, dans un style de facture plutôt classique, des artistes que l’on n’a pas l’occasion de voir très souvent. La saison dernière nous avait gâtés, entre autres, avec Joey DeFrancesco, le nouveau « Jazz Brass » de François Biensan (quatre trompettes et une rythmique) et le « Jazz Ensemble » de Patrice Cratini qui avait enflammé le théâtre avec son programme Latinidad. Et n’oublions pas l’Anachronic Jazz Band qui était venu s’installer en résidence une semaine pour vivre une résurrection totalement réussie et enregistrer leur nouveau disque (Choc de Jazz Magazine/Jazzman). Nous vous en avions longuement parlé dans notre numéro de juillet.
Théâtre Municipal de Bayonne, le 22 octobre à 20h30
Catherine Russell (voix), Mark Shane (piano), Matt Munisteri (guitare), Tal Ronen (contrebasse).
Catherine Russell fait partie de ces artistes assez peu connus et pour cause. C’est à l’approche de la cinquantaine qu’elle a commencé à se produire et à enregistrer en leader, après trente ans passés comme choriste derrière des stars de la pop et de la soul (Al Green, Isaac Hayes, Steely Dan, Madona, Cyndi Lauper, Paul Simon, David Bowie …). Elle était pourtant tombée dans la marmite dès sa naissance puisqu’elle est la fille de Luis Russell (pianiste, chef d’orchestre et directeur musical de Louis Armstrong) et de Carline Ray qui fut l’une des premières femmes contrebassistes (entre autres aux côtés de Mary Lou Williams). Inutile de vous faire un dessin, cette chanteuse est une mémoire vivante de la musique noire. Je l’avais découverte en chroniquant son disque « Inside This Heart of Mine » il y a trois ans et nous ne nous étions pas trompés en 2012 à l’Académie du Jazz en lui décernant le Prix du Jazz Vocal. J’attendais donc avec impatience de la voir sur scène.
Un joli châle recouvrant un grand tabouret sur lequel est posée une tasse de thé chaud, voilà les seuls accessoires dont a besoin ce petit bout de femme qui a encore presque l’air d’une jeune fille. Ne restant pas en place comme si la dance faisait forcément partie de la musique, « Cat » (comme l’appellent les musiciens), attaque un répertoire puisé dans le patrimoine de la musique afro-américaine : Fats Waller, Wynonie Harris, Maxine Sullivan … Mais aucune copie conforme, pas de clin d’œil nostalgique et pas le moindre revivalisme. Entre des arrangements bien pensés par son guitariste et sa spontanéité pleine de fraîcheur, chaque morceau est réinventé, comme I Let A Song Go Out of My Heart d’Ellington ou Lucille, morceau écrit pour Armstrong par Luis Russell en hommage à la femme de Satchmo. On pense à Betty Carter et à Dinah Washington qui manqueront à ce siècle encore débutant mais dont l’héritage, déjà, n’est pas oublié. Une diction et une articulation remarquable permettent à Catherine Russell de chanter pratiquement n’importe quel titre avec toujours autant de swing. L’âme du blues, l’émotion dans les ballades, la joie dans les morceaux plus enlevés et un sens de l’interprétation alliant le don à l’expérience : en un mot la classe. Et surtout, en permanence, cette foi en la musique qu’elle chante, ce qui manque à beaucoup de chanteuses d’aujourd’hui dont certaines feraient remonter les feuilles mortes dans leurs branches quand elles attaquent Autumn Leaves.
PHILIPPE VINCENT
P.S. Dans la dizaine de concerts de jazz de la saison qui commence, on essaiera de ne manquer ni le septet de Pierre Boussaguet ni la brillante Cecile McLorin-Salvant accompagnée par le trio de Aaron Diehl.
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C’est avec Catherine Russell que reprend la programmation jazz de la Scène Nationale de Bayonne et du Sud Aquitain où son directeur, Dominique Burucoa, nous réserve chaque année quelques bonnes surprises.
Il faut dire qu’il n’est pas seulement un amateur de jazz éclairé mais aussi un trompettiste amateur de bon niveau, jouant régulièrement dans la région avec son groupe Just Friends. Ainsi ne se contente-t-il pas de piocher dans la liste bien connue des musiciens qui écument les scènes françaises mais il va régulièrement chercher, dans un style de facture plutôt classique, des artistes que l’on n’a pas l’occasion de voir très souvent. La saison dernière nous avait gâtés, entre autres, avec Joey DeFrancesco, le nouveau « Jazz Brass » de François Biensan (quatre trompettes et une rythmique) et le « Jazz Ensemble » de Patrice Cratini qui avait enflammé le théâtre avec son programme Latinidad. Et n’oublions pas l’Anachronic Jazz Band qui était venu s’installer en résidence une semaine pour vivre une résurrection totalement réussie et enregistrer leur nouveau disque (Choc de Jazz Magazine/Jazzman). Nous vous en avions longuement parlé dans notre numéro de juillet.
Théâtre Municipal de Bayonne, le 22 octobre à 20h30
Catherine Russell (voix), Mark Shane (piano), Matt Munisteri (guitare), Tal Ronen (contrebasse).
Catherine Russell fait partie de ces artistes assez peu connus et pour cause. C’est à l’approche de la cinquantaine qu’elle a commencé à se produire et à enregistrer en leader, après trente ans passés comme choriste derrière des stars de la pop et de la soul (Al Green, Isaac Hayes, Steely Dan, Madona, Cyndi Lauper, Paul Simon, David Bowie …). Elle était pourtant tombée dans la marmite dès sa naissance puisqu’elle est la fille de Luis Russell (pianiste, chef d’orchestre et directeur musical de Louis Armstrong) et de Carline Ray qui fut l’une des premières femmes contrebassistes (entre autres aux côtés de Mary Lou Williams). Inutile de vous faire un dessin, cette chanteuse est une mémoire vivante de la musique noire. Je l’avais découverte en chroniquant son disque « Inside This Heart of Mine » il y a trois ans et nous ne nous étions pas trompés en 2012 à l’Académie du Jazz en lui décernant le Prix du Jazz Vocal. J’attendais donc avec impatience de la voir sur scène.
Un joli châle recouvrant un grand tabouret sur lequel est posée une tasse de thé chaud, voilà les seuls accessoires dont a besoin ce petit bout de femme qui a encore presque l’air d’une jeune fille. Ne restant pas en place comme si la dance faisait forcément partie de la musique, « Cat » (comme l’appellent les musiciens), attaque un répertoire puisé dans le patrimoine de la musique afro-américaine : Fats Waller, Wynonie Harris, Maxine Sullivan … Mais aucune copie conforme, pas de clin d’œil nostalgique et pas le moindre revivalisme. Entre des arrangements bien pensés par son guitariste et sa spontanéité pleine de fraîcheur, chaque morceau est réinventé, comme I Let A Song Go Out of My Heart d’Ellington ou Lucille, morceau écrit pour Armstrong par Luis Russell en hommage à la femme de Satchmo. On pense à Betty Carter et à Dinah Washington qui manqueront à ce siècle encore débutant mais dont l’héritage, déjà, n’est pas oublié. Une diction et une articulation remarquable permettent à Catherine Russell de chanter pratiquement n’importe quel titre avec toujours autant de swing. L’âme du blues, l’émotion dans les ballades, la joie dans les morceaux plus enlevés et un sens de l’interprétation alliant le don à l’expérience : en un mot la classe. Et surtout, en permanence, cette foi en la musique qu’elle chante, ce qui manque à beaucoup de chanteuses d’aujourd’hui dont certaines feraient remonter les feuilles mortes dans leurs branches quand elles attaquent Autumn Leaves.
PHILIPPE VINCENT
P.S. Dans la dizaine de concerts de jazz de la saison qui commence, on essaiera de ne manquer ni le septet de Pierre Boussaguet ni la brillante Cecile McLorin-Salvant accompagnée par le trio de Aaron Diehl.
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C’est avec Catherine Russell que reprend la programmation jazz de la Scène Nationale de Bayonne et du Sud Aquitain où son directeur, Dominique Burucoa, nous réserve chaque année quelques bonnes surprises.
Il faut dire qu’il n’est pas seulement un amateur de jazz éclairé mais aussi un trompettiste amateur de bon niveau, jouant régulièrement dans la région avec son groupe Just Friends. Ainsi ne se contente-t-il pas de piocher dans la liste bien connue des musiciens qui écument les scènes françaises mais il va régulièrement chercher, dans un style de facture plutôt classique, des artistes que l’on n’a pas l’occasion de voir très souvent. La saison dernière nous avait gâtés, entre autres, avec Joey DeFrancesco, le nouveau « Jazz Brass » de François Biensan (quatre trompettes et une rythmique) et le « Jazz Ensemble » de Patrice Cratini qui avait enflammé le théâtre avec son programme Latinidad. Et n’oublions pas l’Anachronic Jazz Band qui était venu s’installer en résidence une semaine pour vivre une résurrection totalement réussie et enregistrer leur nouveau disque (Choc de Jazz Magazine/Jazzman). Nous vous en avions longuement parlé dans notre numéro de juillet.
Théâtre Municipal de Bayonne, le 22 octobre à 20h30
Catherine Russell (voix), Mark Shane (piano), Matt Munisteri (guitare), Tal Ronen (contrebasse).
Catherine Russell fait partie de ces artistes assez peu connus et pour cause. C’est à l’approche de la cinquantaine qu’elle a commencé à se produire et à enregistrer en leader, après trente ans passés comme choriste derrière des stars de la pop et de la soul (Al Green, Isaac Hayes, Steely Dan, Madona, Cyndi Lauper, Paul Simon, David Bowie …). Elle était pourtant tombée dans la marmite dès sa naissance puisqu’elle est la fille de Luis Russell (pianiste, chef d’orchestre et directeur musical de Louis Armstrong) et de Carline Ray qui fut l’une des premières femmes contrebassistes (entre autres aux côtés de Mary Lou Williams). Inutile de vous faire un dessin, cette chanteuse est une mémoire vivante de la musique noire. Je l’avais découverte en chroniquant son disque « Inside This Heart of Mine » il y a trois ans et nous ne nous étions pas trompés en 2012 à l’Académie du Jazz en lui décernant le Prix du Jazz Vocal. J’attendais donc avec impatience de la voir sur scène.
Un joli châle recouvrant un grand tabouret sur lequel est posée une tasse de thé chaud, voilà les seuls accessoires dont a besoin ce petit bout de femme qui a encore presque l’air d’une jeune fille. Ne restant pas en place comme si la dance faisait forcément partie de la musique, « Cat » (comme l’appellent les musiciens), attaque un répertoire puisé dans le patrimoine de la musique afro-américaine : Fats Waller, Wynonie Harris, Maxine Sullivan … Mais aucune copie conforme, pas de clin d’œil nostalgique et pas le moindre revivalisme. Entre des arrangements bien pensés par son guitariste et sa spontanéité pleine de fraîcheur, chaque morceau est réinventé, comme I Let A Song Go Out of My Heart d’Ellington ou Lucille, morceau écrit pour Armstrong par Luis Russell en hommage à la femme de Satchmo. On pense à Betty Carter et à Dinah Washington qui manqueront à ce siècle encore débutant mais dont l’héritage, déjà, n’est pas oublié. Une diction et une articulation remarquable permettent à Catherine Russell de chanter pratiquement n’importe quel titre avec toujours autant de swing. L’âme du blues, l’émotion dans les ballades, la joie dans les morceaux plus enlevés et un sens de l’interprétation alliant le don à l’expérience : en un mot la classe. Et surtout, en permanence, cette foi en la musique qu’elle chante, ce qui manque à beaucoup de chanteuses d’aujourd’hui dont certaines feraient remonter les feuilles mortes dans leurs branches quand elles attaquent Autumn Leaves.
PHILIPPE VINCENT
P.S. Dans la dizaine de concerts de jazz de la saison qui commence, on essaiera de ne manquer ni le septet de Pierre Boussaguet ni la brillante Cecile McLorin-Salvant accompagnée par le trio de Aaron Diehl.