Christian Brenner, Vincent Mascart, Bruno Schorp et Frédéric Delestré au Café Laurent
Une escapade en début de soirée dans un lieu qui accueille du jazz chaque jour, sauf le dimanche : le Café Laurent, bar du très chic -et historique- Hôtel d’Aubusson, à mi-chemin entre le Carrefour de l’Odéon et la Seine. Un lieu où j’aime venir de temps à autre, pour le premier set à 19h45 (le second est à 21h25).
Ce fut d’abord un piano bar, avant d’accueillir des duos, puis des groupes. Le pianiste Christian Brenner assure depuis deux décennies la programmation, sans pour autant se mettre souvent à l’affiche : des rencontres, parfois des groupes constitués, un son purement acoustique, et un public qui, même s’il n’est pas composé majoritairement d’aficionados, manifeste une belle intensité d’écoute. Assez régulièrement aussi des duos piano-voix : c’est ici que j’ai écouté pour la dernière fois au piano, en avril 2018, l’Ami Claude Carrière, avec la chanteuse Rebecca Cavanaugh. Claude est mort moins de 3 ans après ce concert
Ce soir un intitulé collectif accueille en fait les quatre-cinquièmes du quintette du pianiste, celui du disque «Avant l’été» (Amalgammes/ Inouï distribution), publié l’an dernier. Mais le programme sera différent : aujourd’hui le groupe joue des standards
Christian Brenner (piano), Vincent Mascart (saxophones ténor et soprano), Bruno Schorp (contrebasse), Frédéric Delestré (batterie)
Paris, Café Laurent, 23 mars 2024, 19h45
Le concert commence en douceur, dans une esthétique qui rappelle les années 50, mais bien vite les balises nous rapprochent de notre présent. Au deuxième thème, Night and Day (joué façon caribéenne), après l’exposé au ténor, le soprano de Vincent Mascart s’enflamme : comme on dit, ‘ça barde’, et le groupe est à l’unisson de cette effervescence. Le fait que ce quartette soit l’essentiel d’un quintette régulier est probablement pour beaucoup dans l’intensité et l’interactivité du jeu. Avant le concert j’ai bavardé avec Vincent Mascart, comme moi originaire de Picardie. Et nous avons parlé de l’Ami Jacques Mahieux (un autre Picard !), et de son quartette ‘Franche Musique’, dont Vincent était le saxophoniste. Et je pense encore à l’Ami Mahieux quand, dans son solo de batterie sur Night and Day, Frédéric Delestré fait entendre le phrasé du thème, comme Jacques aimait à le faire. Nous aurons aussi un thème de Sam Rivers, et d’autres belles choses. Tout au long du set ce fut pour le chroniqueur un vrai plaisir d’écoute.
Xavier Prévost (texte & photos)