Christophe Panzani dans les plis du silence
Vendredi dernier, le saxophoniste Christophe Panzani avait invité quatre des sept pianistes qui figurent au générique de son dernier disque, « Les âmes perdues », à venir le rejoindre sur la scène du Duc des Lombards.
Christophe Panzani (sax ténor), Tony Paelman (p), Laia Genc (p), Yonathan Avishai (p),Leonardo Montana (p), 1er juillet 2016, Duc des Lombards
« Les âmes perdues » est donc le premier disque en leader du saxophoniste Christophe Panzani. Repéré d’abord dans le big band de Carla Bley (avec laquelle il fit trois tournées entre 2002 et 2009), il figure aujourd’hui dans certains groupes parmi les plus créatifs de la scène jazz française (Circles d’Anne Paceo, The Watershed and 117 elements…).
Dans ce disque (Choc de Jazz Magazine) on avait apprécié son art de jouer dans les plis du silence. Cette caractéristique s’applique aux compositions épurées de Christophe Panzani mais surtout à sa manière de jouer du saxophone ténor, avec ce son entre chien et loup, entre suggestion et affirmation, entre feutrine et brouillard. En travaillant sur la fragilité du souffle, Christophe Panzani a planté sa tente là où la plupart des saxophonistes ne se risquent que lors d’occasionnelles excursions. Ce son feutré , voilé, fragile, est porteur de poésie. Surtout lorsque Christophe Panzani, très droit, légèrement en arrière, yeux mi-clos, produit de longues et envoûtantes notes tenues. Par moments, il atteint une profondeur méditative qui m’évoque Charles Llyod.
Ce souffle fragile et ténu du saxophone oblige ses accompagnateurs à puiser en eux-mêmes des trésors de délicatesse. Ce soir, ils sont donc quatre des sept pianistes présents sur le disque. Deux pianos ont été installés pour l’occasion sur la scène du Duc des Lombards.
Chaque musicien joue un duo avec Christophe Panzani, plus un morceau où il partage l’accompagnement avec un collègues. Chacun a sa manière d’épouser la subtilité du saxophoniste.
Yonathan Avishai est le plus économe de ses paroles. Il est comme un type qui ne s’exprimerait que par monosyllabes. Mais comme chacun sait, dans la vie les taiseux sont souvent ceux qu’on écoute le plus. Yonathan Avishai possède une sorte d’autorité naturelle, et une capacité à swinguer irrésistiblement en quelques notes seulement. Christophe Panzani, qui a croisé sa route l’an dernier au Bab-Ilo dit de lui, enthousiaste: « J’ai l’impression d’entendre un Duke Ellington d’aujourd’hui! ».
A l’opposé de ce taciturne, on trouve les lignes gracieuses et exubérantes de la pianiste Laia Genc, originaire de Cologne. Sous ses doigts naissent des traits rapides, fiévreux, admirablement articulés. Elle les déroule avec un remarquable art du perlé. Sa virtuosité n’est pas froide ni démonstrative, mais tout le contraire: chaleureuse et communicative. Interrogé à son sujet après le concert, Christophe Panzani relève un aspect original de son jeu: « Elle utilise la pédale de sustain d’une façon particulière. Elle l’incorpore dans son propre phrasé, cela donne des effets vraiment intéressants! ».
Quant à Leonardo Montana, il est des quatre pianistes celui qui va le plus « chercher » Christophe Panzani. C’est le genre de pianiste casse-cou qui s’épanouit dans les prises de risque. On le sent irrésistiblement attiré par les chemins escarpés et les endroits signalés par des écriteaux « Sentiers impraticable » voire « Attention, champs de mines ». Il possède une qualité musicale souvent sous-estimée: la fougue.
Le dernier pianiste de la soirée, Tony Paelman, est celui avec lequel Christophe Panzani joue le plus régulièrement. La complicité entre eux est patente. Avec un toucher d’une infinie délicatesse il semble anticiper chaque mouvement du saxophoniste. « Avec lui je ne me pose des questions à aucun moment. Je ferme les yeux , et c’est parti… » souligne Christophe Panzani, qui s’enflamme pour « la pulse de fou » de son camarade. Entre l’écoute de ce saxophoniste et la découverte de merveilleux pianistes qu’on ne connaissait pas encore, ce fut une soirée jalonnée de moments rares.
texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët
(Autres dessins de l’artiste, sur le jazz mais pas seulement, visibles sur son site wwww.annie-claire.com)
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Vendredi dernier, le saxophoniste Christophe Panzani avait invité quatre des sept pianistes qui figurent au générique de son dernier disque, « Les âmes perdues », à venir le rejoindre sur la scène du Duc des Lombards.
Christophe Panzani (sax ténor), Tony Paelman (p), Laia Genc (p), Yonathan Avishai (p),Leonardo Montana (p), 1er juillet 2016, Duc des Lombards
« Les âmes perdues » est donc le premier disque en leader du saxophoniste Christophe Panzani. Repéré d’abord dans le big band de Carla Bley (avec laquelle il fit trois tournées entre 2002 et 2009), il figure aujourd’hui dans certains groupes parmi les plus créatifs de la scène jazz française (Circles d’Anne Paceo, The Watershed and 117 elements…).
Dans ce disque (Choc de Jazz Magazine) on avait apprécié son art de jouer dans les plis du silence. Cette caractéristique s’applique aux compositions épurées de Christophe Panzani mais surtout à sa manière de jouer du saxophone ténor, avec ce son entre chien et loup, entre suggestion et affirmation, entre feutrine et brouillard. En travaillant sur la fragilité du souffle, Christophe Panzani a planté sa tente là où la plupart des saxophonistes ne se risquent que lors d’occasionnelles excursions. Ce son feutré , voilé, fragile, est porteur de poésie. Surtout lorsque Christophe Panzani, très droit, légèrement en arrière, yeux mi-clos, produit de longues et envoûtantes notes tenues. Par moments, il atteint une profondeur méditative qui m’évoque Charles Llyod.
Ce souffle fragile et ténu du saxophone oblige ses accompagnateurs à puiser en eux-mêmes des trésors de délicatesse. Ce soir, ils sont donc quatre des sept pianistes présents sur le disque. Deux pianos ont été installés pour l’occasion sur la scène du Duc des Lombards.
Chaque musicien joue un duo avec Christophe Panzani, plus un morceau où il partage l’accompagnement avec un collègues. Chacun a sa manière d’épouser la subtilité du saxophoniste.
Yonathan Avishai est le plus économe de ses paroles. Il est comme un type qui ne s’exprimerait que par monosyllabes. Mais comme chacun sait, dans la vie les taiseux sont souvent ceux qu’on écoute le plus. Yonathan Avishai possède une sorte d’autorité naturelle, et une capacité à swinguer irrésistiblement en quelques notes seulement. Christophe Panzani, qui a croisé sa route l’an dernier au Bab-Ilo dit de lui, enthousiaste: « J’ai l’impression d’entendre un Duke Ellington d’aujourd’hui! ».
A l’opposé de ce taciturne, on trouve les lignes gracieuses et exubérantes de la pianiste Laia Genc, originaire de Cologne. Sous ses doigts naissent des traits rapides, fiévreux, admirablement articulés. Elle les déroule avec un remarquable art du perlé. Sa virtuosité n’est pas froide ni démonstrative, mais tout le contraire: chaleureuse et communicative. Interrogé à son sujet après le concert, Christophe Panzani relève un aspect original de son jeu: « Elle utilise la pédale de sustain d’une façon particulière. Elle l’incorpore dans son propre phrasé, cela donne des effets vraiment intéressants! ».
Quant à Leonardo Montana, il est des quatre pianistes celui qui va le plus « chercher » Christophe Panzani. C’est le genre de pianiste casse-cou qui s’épanouit dans les prises de risque. On le sent irrésistiblement attiré par les chemins escarpés et les endroits signalés par des écriteaux « Sentiers impraticable » voire « Attention, champs de mines ». Il possède une qualité musicale souvent sous-estimée: la fougue.
Le dernier pianiste de la soirée, Tony Paelman, est celui avec lequel Christophe Panzani joue le plus régulièrement. La complicité entre eux est patente. Avec un toucher d’une infinie délicatesse il semble anticiper chaque mouvement du saxophoniste. « Avec lui je ne me pose des questions à aucun moment. Je ferme les yeux , et c’est parti… » souligne Christophe Panzani, qui s’enflamme pour « la pulse de fou » de son camarade. Entre l’écoute de ce saxophoniste et la découverte de merveilleux pianistes qu’on ne connaissait pas encore, ce fut une soirée jalonnée de moments rares.
texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët
(Autres dessins de l’artiste, sur le jazz mais pas seulement, visibles sur son site wwww.annie-claire.com)
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Vendredi dernier, le saxophoniste Christophe Panzani avait invité quatre des sept pianistes qui figurent au générique de son dernier disque, « Les âmes perdues », à venir le rejoindre sur la scène du Duc des Lombards.
Christophe Panzani (sax ténor), Tony Paelman (p), Laia Genc (p), Yonathan Avishai (p),Leonardo Montana (p), 1er juillet 2016, Duc des Lombards
« Les âmes perdues » est donc le premier disque en leader du saxophoniste Christophe Panzani. Repéré d’abord dans le big band de Carla Bley (avec laquelle il fit trois tournées entre 2002 et 2009), il figure aujourd’hui dans certains groupes parmi les plus créatifs de la scène jazz française (Circles d’Anne Paceo, The Watershed and 117 elements…).
Dans ce disque (Choc de Jazz Magazine) on avait apprécié son art de jouer dans les plis du silence. Cette caractéristique s’applique aux compositions épurées de Christophe Panzani mais surtout à sa manière de jouer du saxophone ténor, avec ce son entre chien et loup, entre suggestion et affirmation, entre feutrine et brouillard. En travaillant sur la fragilité du souffle, Christophe Panzani a planté sa tente là où la plupart des saxophonistes ne se risquent que lors d’occasionnelles excursions. Ce son feutré , voilé, fragile, est porteur de poésie. Surtout lorsque Christophe Panzani, très droit, légèrement en arrière, yeux mi-clos, produit de longues et envoûtantes notes tenues. Par moments, il atteint une profondeur méditative qui m’évoque Charles Llyod.
Ce souffle fragile et ténu du saxophone oblige ses accompagnateurs à puiser en eux-mêmes des trésors de délicatesse. Ce soir, ils sont donc quatre des sept pianistes présents sur le disque. Deux pianos ont été installés pour l’occasion sur la scène du Duc des Lombards.
Chaque musicien joue un duo avec Christophe Panzani, plus un morceau où il partage l’accompagnement avec un collègues. Chacun a sa manière d’épouser la subtilité du saxophoniste.
Yonathan Avishai est le plus économe de ses paroles. Il est comme un type qui ne s’exprimerait que par monosyllabes. Mais comme chacun sait, dans la vie les taiseux sont souvent ceux qu’on écoute le plus. Yonathan Avishai possède une sorte d’autorité naturelle, et une capacité à swinguer irrésistiblement en quelques notes seulement. Christophe Panzani, qui a croisé sa route l’an dernier au Bab-Ilo dit de lui, enthousiaste: « J’ai l’impression d’entendre un Duke Ellington d’aujourd’hui! ».
A l’opposé de ce taciturne, on trouve les lignes gracieuses et exubérantes de la pianiste Laia Genc, originaire de Cologne. Sous ses doigts naissent des traits rapides, fiévreux, admirablement articulés. Elle les déroule avec un remarquable art du perlé. Sa virtuosité n’est pas froide ni démonstrative, mais tout le contraire: chaleureuse et communicative. Interrogé à son sujet après le concert, Christophe Panzani relève un aspect original de son jeu: « Elle utilise la pédale de sustain d’une façon particulière. Elle l’incorpore dans son propre phrasé, cela donne des effets vraiment intéressants! ».
Quant à Leonardo Montana, il est des quatre pianistes celui qui va le plus « chercher » Christophe Panzani. C’est le genre de pianiste casse-cou qui s’épanouit dans les prises de risque. On le sent irrésistiblement attiré par les chemins escarpés et les endroits signalés par des écriteaux « Sentiers impraticable » voire « Attention, champs de mines ». Il possède une qualité musicale souvent sous-estimée: la fougue.
Le dernier pianiste de la soirée, Tony Paelman, est celui avec lequel Christophe Panzani joue le plus régulièrement. La complicité entre eux est patente. Avec un toucher d’une infinie délicatesse il semble anticiper chaque mouvement du saxophoniste. « Avec lui je ne me pose des questions à aucun moment. Je ferme les yeux , et c’est parti… » souligne Christophe Panzani, qui s’enflamme pour « la pulse de fou » de son camarade. Entre l’écoute de ce saxophoniste et la découverte de merveilleux pianistes qu’on ne connaissait pas encore, ce fut une soirée jalonnée de moments rares.
texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët
(Autres dessins de l’artiste, sur le jazz mais pas seulement, visibles sur son site wwww.annie-claire.com)
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Vendredi dernier, le saxophoniste Christophe Panzani avait invité quatre des sept pianistes qui figurent au générique de son dernier disque, « Les âmes perdues », à venir le rejoindre sur la scène du Duc des Lombards.
Christophe Panzani (sax ténor), Tony Paelman (p), Laia Genc (p), Yonathan Avishai (p),Leonardo Montana (p), 1er juillet 2016, Duc des Lombards
« Les âmes perdues » est donc le premier disque en leader du saxophoniste Christophe Panzani. Repéré d’abord dans le big band de Carla Bley (avec laquelle il fit trois tournées entre 2002 et 2009), il figure aujourd’hui dans certains groupes parmi les plus créatifs de la scène jazz française (Circles d’Anne Paceo, The Watershed and 117 elements…).
Dans ce disque (Choc de Jazz Magazine) on avait apprécié son art de jouer dans les plis du silence. Cette caractéristique s’applique aux compositions épurées de Christophe Panzani mais surtout à sa manière de jouer du saxophone ténor, avec ce son entre chien et loup, entre suggestion et affirmation, entre feutrine et brouillard. En travaillant sur la fragilité du souffle, Christophe Panzani a planté sa tente là où la plupart des saxophonistes ne se risquent que lors d’occasionnelles excursions. Ce son feutré , voilé, fragile, est porteur de poésie. Surtout lorsque Christophe Panzani, très droit, légèrement en arrière, yeux mi-clos, produit de longues et envoûtantes notes tenues. Par moments, il atteint une profondeur méditative qui m’évoque Charles Llyod.
Ce souffle fragile et ténu du saxophone oblige ses accompagnateurs à puiser en eux-mêmes des trésors de délicatesse. Ce soir, ils sont donc quatre des sept pianistes présents sur le disque. Deux pianos ont été installés pour l’occasion sur la scène du Duc des Lombards.
Chaque musicien joue un duo avec Christophe Panzani, plus un morceau où il partage l’accompagnement avec un collègues. Chacun a sa manière d’épouser la subtilité du saxophoniste.
Yonathan Avishai est le plus économe de ses paroles. Il est comme un type qui ne s’exprimerait que par monosyllabes. Mais comme chacun sait, dans la vie les taiseux sont souvent ceux qu’on écoute le plus. Yonathan Avishai possède une sorte d’autorité naturelle, et une capacité à swinguer irrésistiblement en quelques notes seulement. Christophe Panzani, qui a croisé sa route l’an dernier au Bab-Ilo dit de lui, enthousiaste: « J’ai l’impression d’entendre un Duke Ellington d’aujourd’hui! ».
A l’opposé de ce taciturne, on trouve les lignes gracieuses et exubérantes de la pianiste Laia Genc, originaire de Cologne. Sous ses doigts naissent des traits rapides, fiévreux, admirablement articulés. Elle les déroule avec un remarquable art du perlé. Sa virtuosité n’est pas froide ni démonstrative, mais tout le contraire: chaleureuse et communicative. Interrogé à son sujet après le concert, Christophe Panzani relève un aspect original de son jeu: « Elle utilise la pédale de sustain d’une façon particulière. Elle l’incorpore dans son propre phrasé, cela donne des effets vraiment intéressants! ».
Quant à Leonardo Montana, il est des quatre pianistes celui qui va le plus « chercher » Christophe Panzani. C’est le genre de pianiste casse-cou qui s’épanouit dans les prises de risque. On le sent irrésistiblement attiré par les chemins escarpés et les endroits signalés par des écriteaux « Sentiers impraticable » voire « Attention, champs de mines ». Il possède une qualité musicale souvent sous-estimée: la fougue.
Le dernier pianiste de la soirée, Tony Paelman, est celui avec lequel Christophe Panzani joue le plus régulièrement. La complicité entre eux est patente. Avec un toucher d’une infinie délicatesse il semble anticiper chaque mouvement du saxophoniste. « Avec lui je ne me pose des questions à aucun moment. Je ferme les yeux , et c’est parti… » souligne Christophe Panzani, qui s’enflamme pour « la pulse de fou » de son camarade. Entre l’écoute de ce saxophoniste et la découverte de merveilleux pianistes qu’on ne connaissait pas encore, ce fut une soirée jalonnée de moments rares.
texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët
(Autres dessins de l’artiste, sur le jazz mais pas seulement, visibles sur son site wwww.annie-claire.com)