Jazz live
Publié le 11 Août 2024 • Par Xavier Prévost

Courte escale au Gaume Jazz Festival

Le chroniqueur profite d’une visite à l’une de ses sœurs, dans les Ardennes françaises, à quelques kilomètres de la frontière, pour faire un saut dans ce festival dont plusieurs amis ou confrères lui ont parlé.

https://www.gaume-jazz.com/programme/
On est dans le Luxembourg belge, entre la province de Namur et la Grand Duché. Quelques kilomètres en direction de Bouillon, puis bifurcation à l’Est d’à peine 40 minutes : nous y sommes.

Avant le premier concert Jean-Pierre Bissot, directeur du festival, présente le programme des trois jours de cette quarantième édition dédiée à Jodie Devos, et rend hommage à cette cantatrice qui était aussi chanteuse de jazz. Disparue voici à peine deux mois, elle devait cette année créer avec The Amazing Keystone Big Band un spectacle autour de Judy Garland, prévu pour le lendemain : il aura lieu, et la chanteuse sera remplacée par une de ses amies, Neïma Naoury (dont les parents, Laurent Naoury et Natalie Dessay, sont aussi des artistes lyriques qui taquinent le jazz).

Sur la scène où va se tenir le premier concert, un grand portrait de Jodie Devos

RÉMY LABBÉ Quintet

Rémy Labbé (trompette, bugle & voix), Phil Abraham (trombone), Amaury Faye (piano), William Brunard (contrebasse), Raphaël Pannier (batterie)

Rossignol-Tintigny, chapiteau 2, 9 août 2024, 18h45

Le groupe joue quelques titres du disque ‘Careless Territories’ publié l’an dernier chez Challenge Records. Cela commence sur les accords du blues, en tempo vif, dans un esprit de soul jazz qui fleure bon le souvenir de Bobby Timmons et des Jazz Messengers. Puis une ballade mélancolique sera l’occasion d’une échappée du pianiste, intense, et très modale, en trio. Viendra ensuite une séquence vocale, sur tempo assez vif, du joueur de bugle. Puis une très belle ballade, While Your’re Here, sera l’occasion de beaux solos très expressifs au bugle et au trombone. Retour à la trompette pour un thème en hommage à Horace Silver : ce sera la fin du set, le quintette reviendra sur cette même scène vers 21h. Un beau moment de jazz, avec de ma part, et de celle du public, un supplément d’enthousiasme (sans chauvinisme – il est de Toulouse mais il fait sa vie musicale en Belgique-) pour le pianiste.

YOUN SUN NAH – BENJAMIN MOUSSAY duo

Youn Sun Nah (voix), Benjamin Moussay (piano, piano électrique, synthétiseur basse)

Rossignol-Tintigny, chapiteau 1, 9 août 2024, 19h45

On change de chapiteau pour écouter Youn Sun Nah, en duo avec Benjamin Moussay. Le programme parcourt le répertoire du récent disque ‘Elles’, portraits de femmes qui ont marqué la vocaliste, mais il y aura aussi d’autres thèmes. Après Killing Me Softly, évocation de Roberta Flack, nous écouterons My Funny Valentine, dans une version d’une rare intensité. Youn Sun Nah possède non seulement une voix aux multiples facettes, d’une incroyable maîtrise, mais aussi un talent d’expressivité qui bouleverse l’auditoire. Et elle laisse de belles plages d’improvisation à Benjamin Moussay, qui excelle dans ce type de dialogue. Puis la chanteuse change de registre en nous offrant une sorte beat-boxing qui va enflammer l’atmosphère. Nouvel atterrissage avec un hommage à la chanteuse Norma Winstone, et à nouveau une intensité, une émotion, qui deviennent palpables. Vient ensuite une nouvelle pirouette avec La foule, valse péruvienne dont la version française fut un grand succès d’Édith Piaf. En rappel Youn Sun Nah va changer encore de registre et nous offrir une évocation surprenante de Tom Waits, dont elle va faire revivre la voix rocailleuse avec une incroyable fantaisie. Youn Sun Nah, sous son apparente timidité, possède une sorte de puissance transgressive qui entraîne l’auditoire loin de ses repères : grand talent d’artiste, assurément !

Xavier Prévost (texte & photos)