Crépuscule
Il se dit que le Sun Ra Arkestra n’est plus ce qu’il a été depuis que son leader est reparti dans les étoiles. Mais comme cet orchestre n’était pas venu au New Morning depuis 1989, l’occasion était trop belle pour goûter un parfum du temps passé.
Lundi 23 juin 2014, New Morning, Paris (75), 22h45
The Sun Ra Arkestra
Tara Middelton (vx), Marshall Allen (as, ewi), Charles Davis (ts), Knoel Scott (as, vx, danse acrobatique), Danny Ray Thompson (bs, fl), Cecil Brooks (tp), Vincent Chancey (cor), Dave Davis (tb), Dave Hotep (g), Farid Abdul-Bari Barron (p, kb), Tyler Mitchell (cb), Wayne Anthony Smith Jr. (dm), Elson Nascimento (perc), Stanley Morgan (congas).
Est-ce par soucis de concourir à la cohérence de la soirée que mon train arriva en retard à Paris ? Car, c’est bien connu, « la SNCF, c’était mieux avant ! », comme le Sun Ra Arkestra, même si sa direction est assurée par Marshall Allen, l’un des vétérans du vaisseau musi-spatial ! Heureusement, la seconde partie du concert n’a pas encore commencé à mon arrivée au New Morning. L’auditoire, plutôt bien fourni, venu écouter la grande formation se révèle hétéroclite : quelques vieux amateurs ayant sans doute assisté à des concerts historiques de feu Ra ; des jeunes appréciant la dimension festive et fraternelle dégagée par les musiciens ; des frères accourus pour soutenir les revendications portées par des leurs ; et même quelques allumés complètement ivres se trouvant là par hasard, mais ne le regrettant nullement.
Ces spectateurs n’étaient pas encore tous revenus à leur place que Tara Middelton et Marshall Allen montent sur scène et initient ce qui s’apparente vite à un joyeux bordel, les musiciens réapparaissant sur scène d’un peu partout, des loges, de l’extérieur du New Morning, pour empoigner leur instrument et se lancer dans la mêlée. Leurs costumes bariolés brillent de mille feux, chacun ayant rivalisé d’imagination pour le choix de son couvre-chef. À un geste autoritaire de Marshall Allen, Danny Ray Thompson lance un riff ravageur au baryton qui perdura tout au long de la pièce, dans une sorte de pièce à la Mingus mais en plus rock’n’roll. L’orchestre enchaîne avec un morceau d’allure bop que les connaisseurs semblent reconnaître. Il est fort à parier que ce bop à la Facteur Cheval ne convaincrait sans doute pas Wynton Marsalis, puisque le thème censé être donné en homorythmie se voit interprété de manière plus qu’approximative. Les arrangements sont créés d’ailleurs dans l’instant, annoncés par des gesticulations de Marshall Allen bien dans l’esprit de l’interprétation. Dans ce contexte, les solos de Charles Davis, autre membre historique de l’Arkestra, et du jeune Farid Abdul-Bari Barron, bien dans les clous, paraissent presque sagement orthodoxes.
Marshall Allen
Suite à du-presque-Mingus et du bop, un blues shuffle précède une pièce dans l’esprit des années 1940, un Swingin’ (de Marshall Allen) passé au tamis de l’interprétation free, c’est-à-dire où l’art du phrasé de pupitre et la satisfaction de la justesse de ton passent au second plan. Ce joyeux foutraque se prolonge avec une pièce dont le sujet tournait autour du « Sunshine » avec un étonnant solo de cor, et surtout une danse acrobatique assez impressionnante de Knoel Scott, assurant le show. Un 6/8 cahoteux précède ensuite Angels and Demons at Play, les sons d’Ewi de Marshall Allen ajoutant une touche interstellaire indescriptible à cette dernière pièce. Au sein de cet orchestre libertaire, je repère tout particulièrement Dave Hotep, le guitariste. Tout au long de la soirée, il aura donné l’impression de jouer son truc dans son coin, ou peu s’en faut, mais de manière incessante, y compris entre les morceaux !
Entonnée à la manière d’une ritournelle, Space is the Place clôt le concert, les instrumentistes à vent descendant de scène pour inviter les spectateurs à prendre part à la farandole qu’ils lancent, jusqu’à ce que, un à un, les musiciens disparaissent dans les coulisses. Standing ovation, annonce de vente de disques à la sortie de la salle par Danny Ray Thompson : c’est fini.
Aux concours de sortie de n’importe quel conservatoire, université ou école de jazz, le Sun Ra Arkestra serait à coup sûr recalé. Et pourtant, des effluves d’une saveur bien particulière, propre aux années 1960, celle de l’expression libérée par tous, a infusé l’air parisien l’espace d’un soir. Autre temps, autres mœurs, autres modes de pensée, autres goûts.
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Il se dit que le Sun Ra Arkestra n’est plus ce qu’il a été depuis que son leader est reparti dans les étoiles. Mais comme cet orchestre n’était pas venu au New Morning depuis 1989, l’occasion était trop belle pour goûter un parfum du temps passé.
Lundi 23 juin 2014, New Morning, Paris (75), 22h45
The Sun Ra Arkestra
Tara Middelton (vx), Marshall Allen (as, ewi), Charles Davis (ts), Knoel Scott (as, vx, danse acrobatique), Danny Ray Thompson (bs, fl), Cecil Brooks (tp), Vincent Chancey (cor), Dave Davis (tb), Dave Hotep (g), Farid Abdul-Bari Barron (p, kb), Tyler Mitchell (cb), Wayne Anthony Smith Jr. (dm), Elson Nascimento (perc), Stanley Morgan (congas).
Est-ce par soucis de concourir à la cohérence de la soirée que mon train arriva en retard à Paris ? Car, c’est bien connu, « la SNCF, c’était mieux avant ! », comme le Sun Ra Arkestra, même si sa direction est assurée par Marshall Allen, l’un des vétérans du vaisseau musi-spatial ! Heureusement, la seconde partie du concert n’a pas encore commencé à mon arrivée au New Morning. L’auditoire, plutôt bien fourni, venu écouter la grande formation se révèle hétéroclite : quelques vieux amateurs ayant sans doute assisté à des concerts historiques de feu Ra ; des jeunes appréciant la dimension festive et fraternelle dégagée par les musiciens ; des frères accourus pour soutenir les revendications portées par des leurs ; et même quelques allumés complètement ivres se trouvant là par hasard, mais ne le regrettant nullement.
Ces spectateurs n’étaient pas encore tous revenus à leur place que Tara Middelton et Marshall Allen montent sur scène et initient ce qui s’apparente vite à un joyeux bordel, les musiciens réapparaissant sur scène d’un peu partout, des loges, de l’extérieur du New Morning, pour empoigner leur instrument et se lancer dans la mêlée. Leurs costumes bariolés brillent de mille feux, chacun ayant rivalisé d’imagination pour le choix de son couvre-chef. À un geste autoritaire de Marshall Allen, Danny Ray Thompson lance un riff ravageur au baryton qui perdura tout au long de la pièce, dans une sorte de pièce à la Mingus mais en plus rock’n’roll. L’orchestre enchaîne avec un morceau d’allure bop que les connaisseurs semblent reconnaître. Il est fort à parier que ce bop à la Facteur Cheval ne convaincrait sans doute pas Wynton Marsalis, puisque le thème censé être donné en homorythmie se voit interprété de manière plus qu’approximative. Les arrangements sont créés d’ailleurs dans l’instant, annoncés par des gesticulations de Marshall Allen bien dans l’esprit de l’interprétation. Dans ce contexte, les solos de Charles Davis, autre membre historique de l’Arkestra, et du jeune Farid Abdul-Bari Barron, bien dans les clous, paraissent presque sagement orthodoxes.
Marshall Allen
Suite à du-presque-Mingus et du bop, un blues shuffle précède une pièce dans l’esprit des années 1940, un Swingin’ (de Marshall Allen) passé au tamis de l’interprétation free, c’est-à-dire où l’art du phrasé de pupitre et la satisfaction de la justesse de ton passent au second plan. Ce joyeux foutraque se prolonge avec une pièce dont le sujet tournait autour du « Sunshine » avec un étonnant solo de cor, et surtout une danse acrobatique assez impressionnante de Knoel Scott, assurant le show. Un 6/8 cahoteux précède ensuite Angels and Demons at Play, les sons d’Ewi de Marshall Allen ajoutant une touche interstellaire indescriptible à cette dernière pièce. Au sein de cet orchestre libertaire, je repère tout particulièrement Dave Hotep, le guitariste. Tout au long de la soirée, il aura donné l’impression de jouer son truc dans son coin, ou peu s’en faut, mais de manière incessante, y compris entre les morceaux !
Entonnée à la manière d’une ritournelle, Space is the Place clôt le concert, les instrumentistes à vent descendant de scène pour inviter les spectateurs à prendre part à la farandole qu’ils lancent, jusqu’à ce que, un à un, les musiciens disparaissent dans les coulisses. Standing ovation, annonce de vente de disques à la sortie de la salle par Danny Ray Thompson : c’est fini.
Aux concours de sortie de n’importe quel conservatoire, université ou école de jazz, le Sun Ra Arkestra serait à coup sûr recalé. Et pourtant, des effluves d’une saveur bien particulière, propre aux années 1960, celle de l’expression libérée par tous, a infusé l’air parisien l’espace d’un soir. Autre temps, autres mœurs, autres modes de pensée, autres goûts.
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Il se dit que le Sun Ra Arkestra n’est plus ce qu’il a été depuis que son leader est reparti dans les étoiles. Mais comme cet orchestre n’était pas venu au New Morning depuis 1989, l’occasion était trop belle pour goûter un parfum du temps passé.
Lundi 23 juin 2014, New Morning, Paris (75), 22h45
The Sun Ra Arkestra
Tara Middelton (vx), Marshall Allen (as, ewi), Charles Davis (ts), Knoel Scott (as, vx, danse acrobatique), Danny Ray Thompson (bs, fl), Cecil Brooks (tp), Vincent Chancey (cor), Dave Davis (tb), Dave Hotep (g), Farid Abdul-Bari Barron (p, kb), Tyler Mitchell (cb), Wayne Anthony Smith Jr. (dm), Elson Nascimento (perc), Stanley Morgan (congas).
Est-ce par soucis de concourir à la cohérence de la soirée que mon train arriva en retard à Paris ? Car, c’est bien connu, « la SNCF, c’était mieux avant ! », comme le Sun Ra Arkestra, même si sa direction est assurée par Marshall Allen, l’un des vétérans du vaisseau musi-spatial ! Heureusement, la seconde partie du concert n’a pas encore commencé à mon arrivée au New Morning. L’auditoire, plutôt bien fourni, venu écouter la grande formation se révèle hétéroclite : quelques vieux amateurs ayant sans doute assisté à des concerts historiques de feu Ra ; des jeunes appréciant la dimension festive et fraternelle dégagée par les musiciens ; des frères accourus pour soutenir les revendications portées par des leurs ; et même quelques allumés complètement ivres se trouvant là par hasard, mais ne le regrettant nullement.
Ces spectateurs n’étaient pas encore tous revenus à leur place que Tara Middelton et Marshall Allen montent sur scène et initient ce qui s’apparente vite à un joyeux bordel, les musiciens réapparaissant sur scène d’un peu partout, des loges, de l’extérieur du New Morning, pour empoigner leur instrument et se lancer dans la mêlée. Leurs costumes bariolés brillent de mille feux, chacun ayant rivalisé d’imagination pour le choix de son couvre-chef. À un geste autoritaire de Marshall Allen, Danny Ray Thompson lance un riff ravageur au baryton qui perdura tout au long de la pièce, dans une sorte de pièce à la Mingus mais en plus rock’n’roll. L’orchestre enchaîne avec un morceau d’allure bop que les connaisseurs semblent reconnaître. Il est fort à parier que ce bop à la Facteur Cheval ne convaincrait sans doute pas Wynton Marsalis, puisque le thème censé être donné en homorythmie se voit interprété de manière plus qu’approximative. Les arrangements sont créés d’ailleurs dans l’instant, annoncés par des gesticulations de Marshall Allen bien dans l’esprit de l’interprétation. Dans ce contexte, les solos de Charles Davis, autre membre historique de l’Arkestra, et du jeune Farid Abdul-Bari Barron, bien dans les clous, paraissent presque sagement orthodoxes.
Marshall Allen
Suite à du-presque-Mingus et du bop, un blues shuffle précède une pièce dans l’esprit des années 1940, un Swingin’ (de Marshall Allen) passé au tamis de l’interprétation free, c’est-à-dire où l’art du phrasé de pupitre et la satisfaction de la justesse de ton passent au second plan. Ce joyeux foutraque se prolonge avec une pièce dont le sujet tournait autour du « Sunshine » avec un étonnant solo de cor, et surtout une danse acrobatique assez impressionnante de Knoel Scott, assurant le show. Un 6/8 cahoteux précède ensuite Angels and Demons at Play, les sons d’Ewi de Marshall Allen ajoutant une touche interstellaire indescriptible à cette dernière pièce. Au sein de cet orchestre libertaire, je repère tout particulièrement Dave Hotep, le guitariste. Tout au long de la soirée, il aura donné l’impression de jouer son truc dans son coin, ou peu s’en faut, mais de manière incessante, y compris entre les morceaux !
Entonnée à la manière d’une ritournelle, Space is the Place clôt le concert, les instrumentistes à vent descendant de scène pour inviter les spectateurs à prendre part à la farandole qu’ils lancent, jusqu’à ce que, un à un, les musiciens disparaissent dans les coulisses. Standing ovation, annonce de vente de disques à la sortie de la salle par Danny Ray Thompson : c’est fini.
Aux concours de sortie de n’importe quel conservatoire, université ou école de jazz, le Sun Ra Arkestra serait à coup sûr recalé. Et pourtant, des effluves d’une saveur bien particulière, propre aux années 1960, celle de l’expression libérée par tous, a infusé l’air parisien l’espace d’un soir. Autre temps, autres mœurs, autres modes de pensée, autres goûts.
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Il se dit que le Sun Ra Arkestra n’est plus ce qu’il a été depuis que son leader est reparti dans les étoiles. Mais comme cet orchestre n’était pas venu au New Morning depuis 1989, l’occasion était trop belle pour goûter un parfum du temps passé.
Lundi 23 juin 2014, New Morning, Paris (75), 22h45
The Sun Ra Arkestra
Tara Middelton (vx), Marshall Allen (as, ewi), Charles Davis (ts), Knoel Scott (as, vx, danse acrobatique), Danny Ray Thompson (bs, fl), Cecil Brooks (tp), Vincent Chancey (cor), Dave Davis (tb), Dave Hotep (g), Farid Abdul-Bari Barron (p, kb), Tyler Mitchell (cb), Wayne Anthony Smith Jr. (dm), Elson Nascimento (perc), Stanley Morgan (congas).
Est-ce par soucis de concourir à la cohérence de la soirée que mon train arriva en retard à Paris ? Car, c’est bien connu, « la SNCF, c’était mieux avant ! », comme le Sun Ra Arkestra, même si sa direction est assurée par Marshall Allen, l’un des vétérans du vaisseau musi-spatial ! Heureusement, la seconde partie du concert n’a pas encore commencé à mon arrivée au New Morning. L’auditoire, plutôt bien fourni, venu écouter la grande formation se révèle hétéroclite : quelques vieux amateurs ayant sans doute assisté à des concerts historiques de feu Ra ; des jeunes appréciant la dimension festive et fraternelle dégagée par les musiciens ; des frères accourus pour soutenir les revendications portées par des leurs ; et même quelques allumés complètement ivres se trouvant là par hasard, mais ne le regrettant nullement.
Ces spectateurs n’étaient pas encore tous revenus à leur place que Tara Middelton et Marshall Allen montent sur scène et initient ce qui s’apparente vite à un joyeux bordel, les musiciens réapparaissant sur scène d’un peu partout, des loges, de l’extérieur du New Morning, pour empoigner leur instrument et se lancer dans la mêlée. Leurs costumes bariolés brillent de mille feux, chacun ayant rivalisé d’imagination pour le choix de son couvre-chef. À un geste autoritaire de Marshall Allen, Danny Ray Thompson lance un riff ravageur au baryton qui perdura tout au long de la pièce, dans une sorte de pièce à la Mingus mais en plus rock’n’roll. L’orchestre enchaîne avec un morceau d’allure bop que les connaisseurs semblent reconnaître. Il est fort à parier que ce bop à la Facteur Cheval ne convaincrait sans doute pas Wynton Marsalis, puisque le thème censé être donné en homorythmie se voit interprété de manière plus qu’approximative. Les arrangements sont créés d’ailleurs dans l’instant, annoncés par des gesticulations de Marshall Allen bien dans l’esprit de l’interprétation. Dans ce contexte, les solos de Charles Davis, autre membre historique de l’Arkestra, et du jeune Farid Abdul-Bari Barron, bien dans les clous, paraissent presque sagement orthodoxes.
Marshall Allen
Suite à du-presque-Mingus et du bop, un blues shuffle précède une pièce dans l’esprit des années 1940, un Swingin’ (de Marshall Allen) passé au tamis de l’interprétation free, c’est-à-dire où l’art du phrasé de pupitre et la satisfaction de la justesse de ton passent au second plan. Ce joyeux foutraque se prolonge avec une pièce dont le sujet tournait autour du « Sunshine » avec un étonnant solo de cor, et surtout une danse acrobatique assez impressionnante de Knoel Scott, assurant le show. Un 6/8 cahoteux précède ensuite Angels and Demons at Play, les sons d’Ewi de Marshall Allen ajoutant une touche interstellaire indescriptible à cette dernière pièce. Au sein de cet orchestre libertaire, je repère tout particulièrement Dave Hotep, le guitariste. Tout au long de la soirée, il aura donné l’impression de jouer son truc dans son coin, ou peu s’en faut, mais de manière incessante, y compris entre les morceaux !
Entonnée à la manière d’une ritournelle, Space is the Place clôt le concert, les instrumentistes à vent descendant de scène pour inviter les spectateurs à prendre part à la farandole qu’ils lancent, jusqu’à ce que, un à un, les musiciens disparaissent dans les coulisses. Standing ovation, annonce de vente de disques à la sortie de la salle par Danny Ray Thompson : c’est fini.
Aux concours de sortie de n’importe quel conservatoire, université ou école de jazz, le Sun Ra Arkestra serait à coup sûr recalé. Et pourtant, des effluves d’une saveur bien particulière, propre aux années 1960, celle de l’expression libérée par tous, a infusé l’air parisien l’espace d’un soir. Autre temps, autres mœurs, autres modes de pensée, autres goûts.