Cyrille Aimée, comme à la maison
« J’ai grandi à Samois-sur-Seine et je connais presque tout le monde dans le public ! » nous confie-t-elle. Si les acclamations du public permettent d’en juger, ce doit être vrai.
Quelques instants plus tôt, Cyrille Aimée a fait son entrée sur scène, émergeant sur le tapis rouge de notes déroulé quelques instants plus tôt par ses musiciens.
Et si c’est elle mène la danse, ils ne tarderont pas à se révéler diablement efficaces, usant de toutes leurs qualités pour sublimer les morceaux dont les sonorités balayent presque toute l’histoire du jazz. A l’image de Laurent Coulondre qui se jette tout entier sur son piano pour un chorus détonnant, chacun ira ensuite de sa contribution remarquée, mais avec la justesse qui les rend mémorables sans verser dans la complaisance.
La voix de la chanteuse, si elle fait merveille dans les ballades, survole tout aussi tranquillement la foule dans les morceaux au swing le plus vif, dans un scat au cours d’un duo avec son contrebassiste Jeremy Bruyère, ou encore dans un étonnant et parfaitement maîtrisé interlude solo, à la pédale de looper, pour chanter une peine de cœur au son des musiques de la Nouvelle-Orléans. Surtout, c’est une voix qui raconte, pendant mais aussi entre les morceaux, dont presque tous auront droit à une introduction détaillée et un rien théâtrale.
Les frissons sont là, malgré les derniers rayons pas commodes d’un soleil de plomb. Un rappel devant un public debout, et au moment où elle quitte la scène, pas de doute : on a déjà hâte de se revoir.
Yazid Kouloughli
Photo : Tom Edjerry