Danilo Perez et Fabrizio Bosso au Bergamo Jazz Festival
Pour sa première soirée, le festival accueillait deux personnalités très différentes qui représentent bien son éclectisme : l’une aux frontières de la modernité, l’autre gardienne d’une tradition pleine d’avenir. L’envoyé spécial de Jazz Magazine n’en manque pas une miette. par Yazid Kouloughli
Cette 45ème édition du Bergamo jazz Festival 2024 voit l’arrivée d’un nouveau directeur artistique et pas des moindres : c’est désormais saxophoniste Joe Lovano qui s’occupe de la programmation et son éclectisme est déjà évident.
D’abord Le trio du pianiste panaméen Danilo Perez qui se présente comme une formation piano basse batterie augmentée : le leader passe du piano à queue au synthétiseur pour certains chorus et John Patitucci de la contrebasse à la basse électrique tandis que les trois hommes mêlent rigueur de l’écriture (tantôt classique ou évoquant la culture cubaine du leader) et phases de groove électrique qui mettent en valeur le jeu virtuose de John Patitucci sur un instrument dont les six cordes en disent long sur son rôle, entre gardien du rythme et improvisateur-mélodiste même s’il semble passer d’un instrulent à l’autre sans éprouver la moindre gêne. Une variété d’approches qui ne rend la polyvalence du batteur Adam Cruz et ses frappes aux mille nuances, que plus impressionnante encore.Le leader dédie ses morceaux à Angela Davis ou Tony Morisson, se souvient de Wayne Shorter le temps d’une composition où l’émotion est palpable.
Place ensuite au quartette du trompettiste Fabrizio Bosso dont la sonorité claire et chantante, avec son côté volubile et ces sauts spectaculaire d’octave, fait d’emblée l’effet d’une lumière éblouissante, mais son jeu se pare bientôt de nuances d’une douceur sans pareil et il sait aussi laisser beaucoup de place à son pianiste Julian Oliver Mazzariello au jeu aussi incisif que voluptueux, sa section rythmique (Jacopo Ferrazza contrebasse, Nicola Angelucci batterie) toujours à l’affût d’un de ces changements entre flamboyance et atterrissages tout en délicatesse qui caractérise le son de cette formation partisane d’un swing moderne et généreux. Et qui sait conclure en beauté avec ce Cantabile, jadis rendu célèbre par Michel Petrucciani, que le trompettiste joue en déambulant dans la salle. Un son emprunt de classicisme oui, mais auquel la conviction du quartette donne une fraîcheur salutaire.