Jazz live
Publié le 30 Mar 2025

David Linx, pure joie de chanter

David Linx célébrait au Studio de l’Ermitage à la fois la sortie de son dernier album, Real men cry, et son soixantième anniversaire.

David Linx a 60 ans et il n’en revient pas : « J’ai l’impression d’être à mes débuts mais trente ans plus tard !». Ni son physique ni sa voix ne trahissent son âge. Le visage, étroit comme un croissant de lune, reste émacié. La voix est toujours aussi somptueuse, souple et ductile, avec des graves riches qu’il peut appuyer ou mettre en filigrane en prenant un pas de retrait derrière le micro, ce qui donne à son timbre un caractère dépoli, intérieur, comme un effet de sourdine Harmon.

Une voix capable aussi d’éclats de soul, vifs et intenses, mais aussi de passages en voix de tête, ou d’un phrasé déclamé-chanté qu’il adopte parfois sur ses textes les plus longs et qui n’est pas du slam. Bref la voix et le phrasé de David Linx empruntent mille chemins, mais toujours au service de l’expressivité.

La voix est là, bien présente, mais aussi la joie de chanter : quand il est sur scène, David Linx déplie son corps, redresse le buste, écarte les bras, parcouru d’ondes irrésistibles qu’il transmet au public. Dans ces moments-là il est pure énergie vitale. A ses côtés le trompettiste Hermon Méhari fait entendre toute l’histoire de la trompette dans ses interventions, Clifford, Miles, Kenny, Art, Booker Little, avec des phrases aussi bien dessinées que son profil.

Il n’accompagne pas David Linx, c’est beaucoup plus que ça : les deux hommes entrelacent leurs sons, fil d’or et fil d’argent mêlés. Le groupe est une sorte de brillant all-star : Grégory Privat esquisse ses guirlandes magiques, en y insérant ici et là quelques coquillages caribéens, Arnaud Dolmen fait entendre la souplesse du tonnerre, Chris Jennings creuse le silence, plus profondément à chaque note. Le concert avait commencé très haut, très fort. Et pourtant, tout au long de la soirée, l’émotion et l’intensité n’allaient cesser de monter jusqu’à culminer sur les trois derniers morceaux. David Linx a du mal à partir de scène. la joie n’a pas d’âge. Mémorable concert.

Texte JF Mondot

Dessins : AC Alvoët (autres dessins, peintures, gravures à consulter sur son site www.annieclaire.com)