D’Jazz Nevers Festival : John Surman enchante la cathédrale
Cette après-midi, le 6 novembre, le saxophoniste John Surman se produisait en solo à la cathédrale.
Nostalgie toujours (voir mon compte rendu du 4 novembre) ? Pour John Surman, il n’en est nullement question. En tout cas en ce qui concerne les premières années de sa carrière de leader que j’ai souvent évoquée dans ces pages. Il fait mine de chercher à s’en souvenir et s’amuse d’en avoir tout oublié. Voici désormais 40 ans que le noyau dur de son œuvre polymorphe, c’est le solo. Et s’il aime jouer dans les églises, ce sont des souvenirs beaucoup plus lointains qui lui reviennent, lorsqu’il était enfant et qu’il chantait à l’église avant que sa voix ne mue et qu’il passe à la clarinette puis aux saxophones. Et tandis que face à l’abside romane opposé au chœur gothique de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette, le public finit de s’installer, alors que les vibrations des vitraux de Raul Ubac s’éteignent, que les douces couleurs des baies du chœur gothique dessinées par Claude Vialliat prennent l’allure de simples panneaux peints et que les arches imaginées par Gottfried Honneger pour les vitraux surplombant la nef perdent leur couleurs nuancées en autant de traces noires à la Pierre Soulages, la lumière extérieure de “l’heure bleue” n’entrant plus que par la transparence incolore de ces derniers panneaux dorés de l’intérieur par les projecteurs, le son d’un saxophone baryton commence à rampant sur le sol, à se répandre dans les collatéraux, débordant sur les chapelles et la nef, sans que l’on parvienne à comprendre précisément d’où il vient, sinon de la gauche et qu’il progresse vers l’abside, jusqu’au moment où John Surman, dont certains ont pu observer la progression sur le côté, apparaît là-bas au loin, tout petit sous le flamboiement ocrée du Christ en gloire byzantin qui orne le cul de four de l’abside.
Longue complainte improvisée qui progressivement prend des tournures harmoniques évoquant Bach en un flux sonore d’où à chaque fin de morceau il émerge ravi, comme barbouillé du plaisir de jouer pour nous. Derrière le public, son compère à la console (Paul Herwin, sonorisateur attitré de Surman), envoie une séquence de sonorités liquides comme le bruit d’un ruisseau qui invite le saxophone à s’emparer du soprano et qui se terminera dans une volière où le soprano viendra se joindre aux pépiements d’autres volatiles, puis la clarinette basse lance l’ostinato d’Edges of Illusion aussitôt rejoint par la célèbre boucle synthétique qui ouvre le premier disque de Surman sur ECM, “Upon Reflection”. Le concert se poursuit ainsi dans un étonnant mélange de gravité qui résonne admirablement dans la solennité de cette abside et de cette nef, et d’une bonhommie nous rappelant que le saxophoniste n’est pas religieux, comme il me le confiait en 1997 dans une interview à propos de son travail avec John Taylor à l’orgue liturgique, mais humaniste, familier des textes et de l’univers de la Bible. Aussi lorsqu’en rappel, il invite le public à chanter un drone en soutien à une suite de trois airs à danser traditionnels des Iles britanniques, n’y voit-on aucun hiatus, mais le résultat d’un mélange de bonne humeur et de générosité.
Tandis que John Surman s’apprêtait à quitter Nevers, il croisait Gary Peacock et le batteur Mark Ferber qui seront rejoints demain, 7 novembre, par le pianiste Marc Copland sur la scène de la Maison de la Culture de Nevers où ils auront été précédés par le trio de Louis Sclavis, Dominique Pifarély et Vincent Courtois. Auparavant, dans l’auditorium de l’école de musique, nous aurons entendu les quatre cordes du Quatuor IXI, un concert dont je ne rendrai pas compte pour l’avoir abondamment fait dans ce blog “en toute incompétence”, mais auquel j’assisterai pour le simple plaisir des sens. • Franck Bergerot|Cette après-midi, le 6 novembre, le saxophoniste John Surman se produisait en solo à la cathédrale.
Nostalgie toujours (voir mon compte rendu du 4 novembre) ? Pour John Surman, il n’en est nullement question. En tout cas en ce qui concerne les premières années de sa carrière de leader que j’ai souvent évoquée dans ces pages. Il fait mine de chercher à s’en souvenir et s’amuse d’en avoir tout oublié. Voici désormais 40 ans que le noyau dur de son œuvre polymorphe, c’est le solo. Et s’il aime jouer dans les églises, ce sont des souvenirs beaucoup plus lointains qui lui reviennent, lorsqu’il était enfant et qu’il chantait à l’église avant que sa voix ne mue et qu’il passe à la clarinette puis aux saxophones. Et tandis que face à l’abside romane opposé au chœur gothique de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette, le public finit de s’installer, alors que les vibrations des vitraux de Raul Ubac s’éteignent, que les douces couleurs des baies du chœur gothique dessinées par Claude Vialliat prennent l’allure de simples panneaux peints et que les arches imaginées par Gottfried Honneger pour les vitraux surplombant la nef perdent leur couleurs nuancées en autant de traces noires à la Pierre Soulages, la lumière extérieure de “l’heure bleue” n’entrant plus que par la transparence incolore de ces derniers panneaux dorés de l’intérieur par les projecteurs, le son d’un saxophone baryton commence à rampant sur le sol, à se répandre dans les collatéraux, débordant sur les chapelles et la nef, sans que l’on parvienne à comprendre précisément d’où il vient, sinon de la gauche et qu’il progresse vers l’abside, jusqu’au moment où John Surman, dont certains ont pu observer la progression sur le côté, apparaît là-bas au loin, tout petit sous le flamboiement ocrée du Christ en gloire byzantin qui orne le cul de four de l’abside.
Longue complainte improvisée qui progressivement prend des tournures harmoniques évoquant Bach en un flux sonore d’où à chaque fin de morceau il émerge ravi, comme barbouillé du plaisir de jouer pour nous. Derrière le public, son compère à la console (Paul Herwin, sonorisateur attitré de Surman), envoie une séquence de sonorités liquides comme le bruit d’un ruisseau qui invite le saxophone à s’emparer du soprano et qui se terminera dans une volière où le soprano viendra se joindre aux pépiements d’autres volatiles, puis la clarinette basse lance l’ostinato d’Edges of Illusion aussitôt rejoint par la célèbre boucle synthétique qui ouvre le premier disque de Surman sur ECM, “Upon Reflection”. Le concert se poursuit ainsi dans un étonnant mélange de gravité qui résonne admirablement dans la solennité de cette abside et de cette nef, et d’une bonhommie nous rappelant que le saxophoniste n’est pas religieux, comme il me le confiait en 1997 dans une interview à propos de son travail avec John Taylor à l’orgue liturgique, mais humaniste, familier des textes et de l’univers de la Bible. Aussi lorsqu’en rappel, il invite le public à chanter un drone en soutien à une suite de trois airs à danser traditionnels des Iles britanniques, n’y voit-on aucun hiatus, mais le résultat d’un mélange de bonne humeur et de générosité.
Tandis que John Surman s’apprêtait à quitter Nevers, il croisait Gary Peacock et le batteur Mark Ferber qui seront rejoints demain, 7 novembre, par le pianiste Marc Copland sur la scène de la Maison de la Culture de Nevers où ils auront été précédés par le trio de Louis Sclavis, Dominique Pifarély et Vincent Courtois. Auparavant, dans l’auditorium de l’école de musique, nous aurons entendu les quatre cordes du Quatuor IXI, un concert dont je ne rendrai pas compte pour l’avoir abondamment fait dans ce blog “en toute incompétence”, mais auquel j’assisterai pour le simple plaisir des sens. • Franck Bergerot|Cette après-midi, le 6 novembre, le saxophoniste John Surman se produisait en solo à la cathédrale.
Nostalgie toujours (voir mon compte rendu du 4 novembre) ? Pour John Surman, il n’en est nullement question. En tout cas en ce qui concerne les premières années de sa carrière de leader que j’ai souvent évoquée dans ces pages. Il fait mine de chercher à s’en souvenir et s’amuse d’en avoir tout oublié. Voici désormais 40 ans que le noyau dur de son œuvre polymorphe, c’est le solo. Et s’il aime jouer dans les églises, ce sont des souvenirs beaucoup plus lointains qui lui reviennent, lorsqu’il était enfant et qu’il chantait à l’église avant que sa voix ne mue et qu’il passe à la clarinette puis aux saxophones. Et tandis que face à l’abside romane opposé au chœur gothique de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette, le public finit de s’installer, alors que les vibrations des vitraux de Raul Ubac s’éteignent, que les douces couleurs des baies du chœur gothique dessinées par Claude Vialliat prennent l’allure de simples panneaux peints et que les arches imaginées par Gottfried Honneger pour les vitraux surplombant la nef perdent leur couleurs nuancées en autant de traces noires à la Pierre Soulages, la lumière extérieure de “l’heure bleue” n’entrant plus que par la transparence incolore de ces derniers panneaux dorés de l’intérieur par les projecteurs, le son d’un saxophone baryton commence à rampant sur le sol, à se répandre dans les collatéraux, débordant sur les chapelles et la nef, sans que l’on parvienne à comprendre précisément d’où il vient, sinon de la gauche et qu’il progresse vers l’abside, jusqu’au moment où John Surman, dont certains ont pu observer la progression sur le côté, apparaît là-bas au loin, tout petit sous le flamboiement ocrée du Christ en gloire byzantin qui orne le cul de four de l’abside.
Longue complainte improvisée qui progressivement prend des tournures harmoniques évoquant Bach en un flux sonore d’où à chaque fin de morceau il émerge ravi, comme barbouillé du plaisir de jouer pour nous. Derrière le public, son compère à la console (Paul Herwin, sonorisateur attitré de Surman), envoie une séquence de sonorités liquides comme le bruit d’un ruisseau qui invite le saxophone à s’emparer du soprano et qui se terminera dans une volière où le soprano viendra se joindre aux pépiements d’autres volatiles, puis la clarinette basse lance l’ostinato d’Edges of Illusion aussitôt rejoint par la célèbre boucle synthétique qui ouvre le premier disque de Surman sur ECM, “Upon Reflection”. Le concert se poursuit ainsi dans un étonnant mélange de gravité qui résonne admirablement dans la solennité de cette abside et de cette nef, et d’une bonhommie nous rappelant que le saxophoniste n’est pas religieux, comme il me le confiait en 1997 dans une interview à propos de son travail avec John Taylor à l’orgue liturgique, mais humaniste, familier des textes et de l’univers de la Bible. Aussi lorsqu’en rappel, il invite le public à chanter un drone en soutien à une suite de trois airs à danser traditionnels des Iles britanniques, n’y voit-on aucun hiatus, mais le résultat d’un mélange de bonne humeur et de générosité.
Tandis que John Surman s’apprêtait à quitter Nevers, il croisait Gary Peacock et le batteur Mark Ferber qui seront rejoints demain, 7 novembre, par le pianiste Marc Copland sur la scène de la Maison de la Culture de Nevers où ils auront été précédés par le trio de Louis Sclavis, Dominique Pifarély et Vincent Courtois. Auparavant, dans l’auditorium de l’école de musique, nous aurons entendu les quatre cordes du Quatuor IXI, un concert dont je ne rendrai pas compte pour l’avoir abondamment fait dans ce blog “en toute incompétence”, mais auquel j’assisterai pour le simple plaisir des sens. • Franck Bergerot|Cette après-midi, le 6 novembre, le saxophoniste John Surman se produisait en solo à la cathédrale.
Nostalgie toujours (voir mon compte rendu du 4 novembre) ? Pour John Surman, il n’en est nullement question. En tout cas en ce qui concerne les premières années de sa carrière de leader que j’ai souvent évoquée dans ces pages. Il fait mine de chercher à s’en souvenir et s’amuse d’en avoir tout oublié. Voici désormais 40 ans que le noyau dur de son œuvre polymorphe, c’est le solo. Et s’il aime jouer dans les églises, ce sont des souvenirs beaucoup plus lointains qui lui reviennent, lorsqu’il était enfant et qu’il chantait à l’église avant que sa voix ne mue et qu’il passe à la clarinette puis aux saxophones. Et tandis que face à l’abside romane opposé au chœur gothique de la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette, le public finit de s’installer, alors que les vibrations des vitraux de Raul Ubac s’éteignent, que les douces couleurs des baies du chœur gothique dessinées par Claude Vialliat prennent l’allure de simples panneaux peints et que les arches imaginées par Gottfried Honneger pour les vitraux surplombant la nef perdent leur couleurs nuancées en autant de traces noires à la Pierre Soulages, la lumière extérieure de “l’heure bleue” n’entrant plus que par la transparence incolore de ces derniers panneaux dorés de l’intérieur par les projecteurs, le son d’un saxophone baryton commence à rampant sur le sol, à se répandre dans les collatéraux, débordant sur les chapelles et la nef, sans que l’on parvienne à comprendre précisément d’où il vient, sinon de la gauche et qu’il progresse vers l’abside, jusqu’au moment où John Surman, dont certains ont pu observer la progression sur le côté, apparaît là-bas au loin, tout petit sous le flamboiement ocrée du Christ en gloire byzantin qui orne le cul de four de l’abside.
Longue complainte improvisée qui progressivement prend des tournures harmoniques évoquant Bach en un flux sonore d’où à chaque fin de morceau il émerge ravi, comme barbouillé du plaisir de jouer pour nous. Derrière le public, son compère à la console (Paul Herwin, sonorisateur attitré de Surman), envoie une séquence de sonorités liquides comme le bruit d’un ruisseau qui invite le saxophone à s’emparer du soprano et qui se terminera dans une volière où le soprano viendra se joindre aux pépiements d’autres volatiles, puis la clarinette basse lance l’ostinato d’Edges of Illusion aussitôt rejoint par la célèbre boucle synthétique qui ouvre le premier disque de Surman sur ECM, “Upon Reflection”. Le concert se poursuit ainsi dans un étonnant mélange de gravité qui résonne admirablement dans la solennité de cette abside et de cette nef, et d’une bonhommie nous rappelant que le saxophoniste n’est pas religieux, comme il me le confiait en 1997 dans une interview à propos de son travail avec John Taylor à l’orgue liturgique, mais humaniste, familier des textes et de l’univers de la Bible. Aussi lorsqu’en rappel, il invite le public à chanter un drone en soutien à une suite de trois airs à danser traditionnels des Iles britanniques, n’y voit-on aucun hiatus, mais le résultat d’un mélange de bonne humeur et de générosité.
Tandis que John Surman s’apprêtait à quitter Nevers, il croisait Gary Peacock et le batteur Mark Ferber qui seront rejoints demain, 7 novembre, par le pianiste Marc Copland sur la scène de la Maison de la Culture de Nevers où ils auront été précédés par le trio de Louis Sclavis, Dominique Pifarély et Vincent Courtois. Auparavant, dans l’auditorium de l’école de musique, nous aurons entendu les quatre cordes du Quatuor IXI, un concert dont je ne rendrai pas compte pour l’avoir abondamment fait dans ce blog “en toute incompétence”, mais auquel j’assisterai pour le simple plaisir des sens. • Franck Bergerot