Doing it to death: Fred Wesley & the New J.B.’S
C’est toujours un plaisir de retrouver Fred Wesley, le tromboniste « le plus funky de la planète » (aucune raison de lui contester ce titre) dont la décontraction ne doit pas faire oublier qu’il fut l’un des architectes essentiels du genre popularisé par James Brown, George Clinton et Maceo Parker, dans l’ombre desquels il officia longtemps…
Jeudi 13 mars 2014 – Cap Cinéma, Agen.
Fred Wesley (tb), Reggie Ward (elg), Phillip Whack (ts), Gary Winters (tp), Bruce Cox (dm), Peter Madsen (p, cla), Dwayne Dolphin (elb).
Ce quatrième concert organisé par « All That Jazz » affiche complet, constat encourageant pour l’avenir d’un projet qui entend se déployer sur la durée et dans l’espace, au sein des multiplexes « Cap Cinéma » de plusieurs villes de France (Blois, Carcassonne, Montauban, Périgueux, Paris, Agen…), où le jazz trouve un nouveau lieu d’accueil – le directeur artistique et présentateur de la soirée, Didier Bergen, par ailleurs authentique fan des J.B.’S, est légitimement ravi.
Même si ses prestations se ressemblent désormais comme deux gouttes de sueur, Fred Wesley reste un musicien ubiquiste de même que l’auteur de savoureux arrangements ayant contribué au succès de ses divers employeurs. Uniforme noir, baskets métallisées scintillantes, hilarité permanente, la silhouette ronde perchée sur un tabouret donne le ton de la soirée dès le morceau d’ouverture: Funk for your ass ! Le message est sans ambiguïté. Cette composition est structurée pour accueillir et mettre en valeur de courts solos de chacun des membres des « New J.B.’S », le fil du groove restant toujours au centre des (d)ébats. Le saxophoniste cite In walked Bud, le pianiste promène ses doigts sur ses deux instruments, le bassiste slappe comme un damné et le batteur affiche de sérieuses compétences jazzistiques, Ward assurant quant à lui le lien entre deux traditions de la guitare afro-américaine – en solo, ses phrases prolongent les arabesques fuligineuses de Jimi Hendrix, Curtis Mayfield et Eddie Hazel, tandis qu’il s’inscrit simultanément dans la lignée des Jimmy Nolen, Bruno Speight et autres stakhanovistes de la guitare rythmique, promoteurs de ces infimes variations dans la répétition qui font advenir la sève du funk….
L’un des principaux concepteurs du « James Brown sound » (de 1969 à 1974), Fred Wesley est l’homme qui sut transformer les borborygmes de l’excentrique Godfather of Soul en monuments de groove ne demandant qu’à être samplés par les générations ultérieures. Celles-ci ne se firent pas prier! Parliament, George Benson, Bootsy Collins sont parmi les bénéficiaires de ses arrangements pêchus – une signature bluesy-funky qui traverse d’ailleurs les époques sans dégâts notables. Ce soir, les morceaux ont des airs de jam sessions ramenées à des portions raisonnables (prends-en de la graine, Maceo!), et s’enchaînent avec célérité : Peace power (extrait d’« Amalgamation », 1994), Breakin’ bread (ode à la famille nombreuse et aux plaisirs de la table), No one (tremplin pour le bassiste), le monstrueux Four play des Horny Horns dans une version remaniée que le leader affectionne depuis quelques années, les festifs Damn right I am somebody, Pass the peas, Gimme some more, You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, Gonna have a funky good time… N’oublions pas House party, LE tube post-JB de Wesley (1980) sans lequel nulle soirée ne serait complète. Une ballade douce-amère, un interlude polyrythmique, une blues song bien balancée (Trick bag) et un showcase pour le batteur équilibrent le programme. Le groove est naturel, conservant aux refrains éprouvés une fraîcheur d’exécution bienvenue. Bop to the Boogie tombe initialement à plat devant un public installé dans des fauteuils moelleux – quelques spectatrices se trémoussant toutefois avec entrain – mais le tromboniste obtient finalement le concours d’une majorité de spectateurs jusqu’à ce que l’expression « Bop to the boogie, boogie boogie to the bop to the boogie bop bop ! » soit sur toutes les lèvres.
Wesley, qui fit partie du groupe de Count Basie en 1978, a toujours voulu faire cohabiter jazz et funk, diversifier son jeu et les formes musicales abordées, sans pour autant renier ses racines. C’est à cela qu’il s’emploie depuis son émancipation de ses anciens patrons. Ses textes sont autant de narrations pleines d’humour qui se prêtent fort bien à la scène, les musiciens prenant leur part dans des jeux de questions-réponses avec le leader. Lorsqu’ils ne jouent pas, les sidemen esquissent à l’unisson quelques pas de danse, à l’instar de l’armada du Minister of New New Super Heavy Funk (délirant sobriquet, moins connu que d’autres, dont s’était auto-affublé JB au mitan des seventies). Le rappel consiste en une version instrumentale de Get on the good foot, typique de la collaboration Brown/Wesley. Le concert terminé, les spectateurs ont l’occasion de rencontrer les artistes, hors de tout contexte promotionnel puisque le tromboniste n’a pas de nouvel album à défendre. Il annonce cependant que son prochain disque sera entièrement consacré au blues. « Il est également question que je parte en tournée avec George Clinton ! » Il y a pire nouvelle que la perspective de voir ces deux-là remettre le couvert… Let the good times roll.
David Cristol|C’est toujours un plaisir de retrouver Fred Wesley, le tromboniste « le plus funky de la planète » (aucune raison de lui contester ce titre) dont la décontraction ne doit pas faire oublier qu’il fut l’un des architectes essentiels du genre popularisé par James Brown, George Clinton et Maceo Parker, dans l’ombre desquels il officia longtemps…
Jeudi 13 mars 2014 – Cap Cinéma, Agen.
Fred Wesley (tb), Reggie Ward (elg), Phillip Whack (ts), Gary Winters (tp), Bruce Cox (dm), Peter Madsen (p, cla), Dwayne Dolphin (elb).
Ce quatrième concert organisé par « All That Jazz » affiche complet, constat encourageant pour l’avenir d’un projet qui entend se déployer sur la durée et dans l’espace, au sein des multiplexes « Cap Cinéma » de plusieurs villes de France (Blois, Carcassonne, Montauban, Périgueux, Paris, Agen…), où le jazz trouve un nouveau lieu d’accueil – le directeur artistique et présentateur de la soirée, Didier Bergen, par ailleurs authentique fan des J.B.’S, est légitimement ravi.
Même si ses prestations se ressemblent désormais comme deux gouttes de sueur, Fred Wesley reste un musicien ubiquiste de même que l’auteur de savoureux arrangements ayant contribué au succès de ses divers employeurs. Uniforme noir, baskets métallisées scintillantes, hilarité permanente, la silhouette ronde perchée sur un tabouret donne le ton de la soirée dès le morceau d’ouverture: Funk for your ass ! Le message est sans ambiguïté. Cette composition est structurée pour accueillir et mettre en valeur de courts solos de chacun des membres des « New J.B.’S », le fil du groove restant toujours au centre des (d)ébats. Le saxophoniste cite In walked Bud, le pianiste promène ses doigts sur ses deux instruments, le bassiste slappe comme un damné et le batteur affiche de sérieuses compétences jazzistiques, Ward assurant quant à lui le lien entre deux traditions de la guitare afro-américaine – en solo, ses phrases prolongent les arabesques fuligineuses de Jimi Hendrix, Curtis Mayfield et Eddie Hazel, tandis qu’il s’inscrit simultanément dans la lignée des Jimmy Nolen, Bruno Speight et autres stakhanovistes de la guitare rythmique, promoteurs de ces infimes variations dans la répétition qui font advenir la sève du funk….
L’un des principaux concepteurs du « James Brown sound » (de 1969 à 1974), Fred Wesley est l’homme qui sut transformer les borborygmes de l’excentrique Godfather of Soul en monuments de groove ne demandant qu’à être samplés par les générations ultérieures. Celles-ci ne se firent pas prier! Parliament, George Benson, Bootsy Collins sont parmi les bénéficiaires de ses arrangements pêchus – une signature bluesy-funky qui traverse d’ailleurs les époques sans dégâts notables. Ce soir, les morceaux ont des airs de jam sessions ramenées à des portions raisonnables (prends-en de la graine, Maceo!), et s’enchaînent avec célérité : Peace power (extrait d’« Amalgamation », 1994), Breakin’ bread (ode à la famille nombreuse et aux plaisirs de la table), No one (tremplin pour le bassiste), le monstrueux Four play des Horny Horns dans une version remaniée que le leader affectionne depuis quelques années, les festifs Damn right I am somebody, Pass the peas, Gimme some more, You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, Gonna have a funky good time… N’oublions pas House party, LE tube post-JB de Wesley (1980) sans lequel nulle soirée ne serait complète. Une ballade douce-amère, un interlude polyrythmique, une blues song bien balancée (Trick bag) et un showcase pour le batteur équilibrent le programme. Le groove est naturel, conservant aux refrains éprouvés une fraîcheur d’exécution bienvenue. Bop to the Boogie tombe initialement à plat devant un public installé dans des fauteuils moelleux – quelques spectatrices se trémoussant toutefois avec entrain – mais le tromboniste obtient finalement le concours d’une majorité de spectateurs jusqu’à ce que l’expression « Bop to the boogie, boogie boogie to the bop to the boogie bop bop ! » soit sur toutes les lèvres.
Wesley, qui fit partie du groupe de Count Basie en 1978, a toujours voulu faire cohabiter jazz et funk, diversifier son jeu et les formes musicales abordées, sans pour autant renier ses racines. C’est à cela qu’il s’emploie depuis son émancipation de ses anciens patrons. Ses textes sont autant de narrations pleines d’humour qui se prêtent fort bien à la scène, les musiciens prenant leur part dans des jeux de questions-réponses avec le leader. Lorsqu’ils ne jouent pas, les sidemen esquissent à l’unisson quelques pas de danse, à l’instar de l’armada du Minister of New New Super Heavy Funk (délirant sobriquet, moins connu que d’autres, dont s’était auto-affublé JB au mitan des seventies). Le rappel consiste en une version instrumentale de Get on the good foot, typique de la collaboration Brown/Wesley. Le concert terminé, les spectateurs ont l’occasion de rencontrer les artistes, hors de tout contexte promotionnel puisque le tromboniste n’a pas de nouvel album à défendre. Il annonce cependant que son prochain disque sera entièrement consacré au blues. « Il est également question que je parte en tournée avec George Clinton ! » Il y a pire nouvelle que la perspective de voir ces deux-là remettre le couvert… Let the good times roll.
David Cristol|C’est toujours un plaisir de retrouver Fred Wesley, le tromboniste « le plus funky de la planète » (aucune raison de lui contester ce titre) dont la décontraction ne doit pas faire oublier qu’il fut l’un des architectes essentiels du genre popularisé par James Brown, George Clinton et Maceo Parker, dans l’ombre desquels il officia longtemps…
Jeudi 13 mars 2014 – Cap Cinéma, Agen.
Fred Wesley (tb), Reggie Ward (elg), Phillip Whack (ts), Gary Winters (tp), Bruce Cox (dm), Peter Madsen (p, cla), Dwayne Dolphin (elb).
Ce quatrième concert organisé par « All That Jazz » affiche complet, constat encourageant pour l’avenir d’un projet qui entend se déployer sur la durée et dans l’espace, au sein des multiplexes « Cap Cinéma » de plusieurs villes de France (Blois, Carcassonne, Montauban, Périgueux, Paris, Agen…), où le jazz trouve un nouveau lieu d’accueil – le directeur artistique et présentateur de la soirée, Didier Bergen, par ailleurs authentique fan des J.B.’S, est légitimement ravi.
Même si ses prestations se ressemblent désormais comme deux gouttes de sueur, Fred Wesley reste un musicien ubiquiste de même que l’auteur de savoureux arrangements ayant contribué au succès de ses divers employeurs. Uniforme noir, baskets métallisées scintillantes, hilarité permanente, la silhouette ronde perchée sur un tabouret donne le ton de la soirée dès le morceau d’ouverture: Funk for your ass ! Le message est sans ambiguïté. Cette composition est structurée pour accueillir et mettre en valeur de courts solos de chacun des membres des « New J.B.’S », le fil du groove restant toujours au centre des (d)ébats. Le saxophoniste cite In walked Bud, le pianiste promène ses doigts sur ses deux instruments, le bassiste slappe comme un damné et le batteur affiche de sérieuses compétences jazzistiques, Ward assurant quant à lui le lien entre deux traditions de la guitare afro-américaine – en solo, ses phrases prolongent les arabesques fuligineuses de Jimi Hendrix, Curtis Mayfield et Eddie Hazel, tandis qu’il s’inscrit simultanément dans la lignée des Jimmy Nolen, Bruno Speight et autres stakhanovistes de la guitare rythmique, promoteurs de ces infimes variations dans la répétition qui font advenir la sève du funk….
L’un des principaux concepteurs du « James Brown sound » (de 1969 à 1974), Fred Wesley est l’homme qui sut transformer les borborygmes de l’excentrique Godfather of Soul en monuments de groove ne demandant qu’à être samplés par les générations ultérieures. Celles-ci ne se firent pas prier! Parliament, George Benson, Bootsy Collins sont parmi les bénéficiaires de ses arrangements pêchus – une signature bluesy-funky qui traverse d’ailleurs les époques sans dégâts notables. Ce soir, les morceaux ont des airs de jam sessions ramenées à des portions raisonnables (prends-en de la graine, Maceo!), et s’enchaînent avec célérité : Peace power (extrait d’« Amalgamation », 1994), Breakin’ bread (ode à la famille nombreuse et aux plaisirs de la table), No one (tremplin pour le bassiste), le monstrueux Four play des Horny Horns dans une version remaniée que le leader affectionne depuis quelques années, les festifs Damn right I am somebody, Pass the peas, Gimme some more, You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, Gonna have a funky good time… N’oublions pas House party, LE tube post-JB de Wesley (1980) sans lequel nulle soirée ne serait complète. Une ballade douce-amère, un interlude polyrythmique, une blues song bien balancée (Trick bag) et un showcase pour le batteur équilibrent le programme. Le groove est naturel, conservant aux refrains éprouvés une fraîcheur d’exécution bienvenue. Bop to the Boogie tombe initialement à plat devant un public installé dans des fauteuils moelleux – quelques spectatrices se trémoussant toutefois avec entrain – mais le tromboniste obtient finalement le concours d’une majorité de spectateurs jusqu’à ce que l’expression « Bop to the boogie, boogie boogie to the bop to the boogie bop bop ! » soit sur toutes les lèvres.
Wesley, qui fit partie du groupe de Count Basie en 1978, a toujours voulu faire cohabiter jazz et funk, diversifier son jeu et les formes musicales abordées, sans pour autant renier ses racines. C’est à cela qu’il s’emploie depuis son émancipation de ses anciens patrons. Ses textes sont autant de narrations pleines d’humour qui se prêtent fort bien à la scène, les musiciens prenant leur part dans des jeux de questions-réponses avec le leader. Lorsqu’ils ne jouent pas, les sidemen esquissent à l’unisson quelques pas de danse, à l’instar de l’armada du Minister of New New Super Heavy Funk (délirant sobriquet, moins connu que d’autres, dont s’était auto-affublé JB au mitan des seventies). Le rappel consiste en une version instrumentale de Get on the good foot, typique de la collaboration Brown/Wesley. Le concert terminé, les spectateurs ont l’occasion de rencontrer les artistes, hors de tout contexte promotionnel puisque le tromboniste n’a pas de nouvel album à défendre. Il annonce cependant que son prochain disque sera entièrement consacré au blues. « Il est également question que je parte en tournée avec George Clinton ! » Il y a pire nouvelle que la perspective de voir ces deux-là remettre le couvert… Let the good times roll.
David Cristol|C’est toujours un plaisir de retrouver Fred Wesley, le tromboniste « le plus funky de la planète » (aucune raison de lui contester ce titre) dont la décontraction ne doit pas faire oublier qu’il fut l’un des architectes essentiels du genre popularisé par James Brown, George Clinton et Maceo Parker, dans l’ombre desquels il officia longtemps…
Jeudi 13 mars 2014 – Cap Cinéma, Agen.
Fred Wesley (tb), Reggie Ward (elg), Phillip Whack (ts), Gary Winters (tp), Bruce Cox (dm), Peter Madsen (p, cla), Dwayne Dolphin (elb).
Ce quatrième concert organisé par « All That Jazz » affiche complet, constat encourageant pour l’avenir d’un projet qui entend se déployer sur la durée et dans l’espace, au sein des multiplexes « Cap Cinéma » de plusieurs villes de France (Blois, Carcassonne, Montauban, Périgueux, Paris, Agen…), où le jazz trouve un nouveau lieu d’accueil – le directeur artistique et présentateur de la soirée, Didier Bergen, par ailleurs authentique fan des J.B.’S, est légitimement ravi.
Même si ses prestations se ressemblent désormais comme deux gouttes de sueur, Fred Wesley reste un musicien ubiquiste de même que l’auteur de savoureux arrangements ayant contribué au succès de ses divers employeurs. Uniforme noir, baskets métallisées scintillantes, hilarité permanente, la silhouette ronde perchée sur un tabouret donne le ton de la soirée dès le morceau d’ouverture: Funk for your ass ! Le message est sans ambiguïté. Cette composition est structurée pour accueillir et mettre en valeur de courts solos de chacun des membres des « New J.B.’S », le fil du groove restant toujours au centre des (d)ébats. Le saxophoniste cite In walked Bud, le pianiste promène ses doigts sur ses deux instruments, le bassiste slappe comme un damné et le batteur affiche de sérieuses compétences jazzistiques, Ward assurant quant à lui le lien entre deux traditions de la guitare afro-américaine – en solo, ses phrases prolongent les arabesques fuligineuses de Jimi Hendrix, Curtis Mayfield et Eddie Hazel, tandis qu’il s’inscrit simultanément dans la lignée des Jimmy Nolen, Bruno Speight et autres stakhanovistes de la guitare rythmique, promoteurs de ces infimes variations dans la répétition qui font advenir la sève du funk….
L’un des principaux concepteurs du « James Brown sound » (de 1969 à 1974), Fred Wesley est l’homme qui sut transformer les borborygmes de l’excentrique Godfather of Soul en monuments de groove ne demandant qu’à être samplés par les générations ultérieures. Celles-ci ne se firent pas prier! Parliament, George Benson, Bootsy Collins sont parmi les bénéficiaires de ses arrangements pêchus – une signature bluesy-funky qui traverse d’ailleurs les époques sans dégâts notables. Ce soir, les morceaux ont des airs de jam sessions ramenées à des portions raisonnables (prends-en de la graine, Maceo!), et s’enchaînent avec célérité : Peace power (extrait d’« Amalgamation », 1994), Breakin’ bread (ode à la famille nombreuse et aux plaisirs de la table), No one (tremplin pour le bassiste), le monstrueux Four play des Horny Horns dans une version remaniée que le leader affectionne depuis quelques années, les festifs Damn right I am somebody, Pass the peas, Gimme some more, You can have watergate just gimme some bucks and I’ll be straight, Gonna have a funky good time… N’oublions pas House party, LE tube post-JB de Wesley (1980) sans lequel nulle soirée ne serait complète. Une ballade douce-amère, un interlude polyrythmique, une blues song bien balancée (Trick bag) et un showcase pour le batteur équilibrent le programme. Le groove est naturel, conservant aux refrains éprouvés une fraîcheur d’exécution bienvenue. Bop to the Boogie tombe initialement à plat devant un public installé dans des fauteuils moelleux – quelques spectatrices se trémoussant toutefois avec entrain – mais le tromboniste obtient finalement le concours d’une majorité de spectateurs jusqu’à ce que l’expression « Bop to the boogie, boogie boogie to the bop to the boogie bop bop ! » soit sur toutes les lèvres.
Wesley, qui fit partie du groupe de Count Basie en 1978, a toujours voulu faire cohabiter jazz et funk, diversifier son jeu et les formes musicales abordées, sans pour autant renier ses racines. C’est à cela qu’il s’emploie depuis son émancipation de ses anciens patrons. Ses textes sont autant de narrations pleines d’humour qui se prêtent fort bien à la scène, les musiciens prenant leur part dans des jeux de questions-réponses avec le leader. Lorsqu’ils ne jouent pas, les sidemen esquissent à l’unisson quelques pas de danse, à l’instar de l’armada du Minister of New New Super Heavy Funk (délirant sobriquet, moins connu que d’autres, dont s’était auto-affublé JB au mitan des seventies). Le rappel consiste en une version instrumentale de Get on the good foot, typique de la collaboration Brown/Wesley. Le concert terminé, les spectateurs ont l’occasion de rencontrer les artistes, hors de tout contexte promotionnel puisque le tromboniste n’a pas de nouvel album à défendre. Il annonce cependant que son prochain disque sera entièrement consacré au blues. « Il est également question que je parte en tournée avec George Clinton ! » Il y a pire nouvelle que la perspective de voir ces deux-là remettre le couvert… Let the good times roll.
David Cristol