Dominique Pifarély : Archipels et renaissance
Belle manière de présenter l’esprit de ces “archipels” que de le faire au 19 Paul Fort, au 19 de la rue du même nom, maison d’Hélène Aziza qui y expose arts plastiques et musicaux sur plusieurs niveaux. Belle manière que de le faire en faisant surgir un premier archipel sonore parmi la foule qui patiente au rez-de-chaussée, en la personne de Valentin Ceccaldi dont le violoncelle se glisse discrètement parmi la multitude des conversations en cours avant d’imposer progressivement le silence autour de ses seules sonorités frottées puis pincées de toutes les manières qu’il faut pour rendre l’inouï musical une nouvelle fois et lui faire épouser plastiquement le bel espace où il s’élève au pied de la grande verrière d’un patio, périodiquement chahuté par le carillon annonçant périodiquement de nouveaux arrivants en ce lieu privé où l’on en se présente que sur réservation. Jusqu’à ce qu’une volière de sonorités concurrentes aimante l’assistance vers un autre point de diffusion d’où l’on peine à identifier et démêler ce qui relève du souffle brisé de ce qui ressort de l’anche battante, tant la flûtiste Sylvaine Hélary et le saxophoniste Matthieu Metzger (ici au soprano, peut-être sopranino… je n’ai pas vérifié) s’y entendent pour tromper leur monde comme en un jeu de masques…
Et à peine les a-t-on démasqués, que d’autres sonorités de forge, de chaudronnerie et de cristallerie nous invitent à descendre l’escalier conduisant à la salle de concert où le pianiste Antonin Rayon sera bientôt rejoint par – outre Ceccaldi, Hélary et Metzger – Dominique Pifarély (violon), François Corneloup (sax baryton) et François Merville (batterie), l’effectif du projet Anabasis que nous avions découvert en septembre dernier aux Emouvantes à Marseille. Une écriture où l’on peut encore filer la métaphore de l’archipel, tant sa polyphonie paraît se répartir par îlots, îlots instrumentaux, îlots fonctionnels, îlots de personnalités, dont l’une d’elle disparaît discrètement par l’escalier dérobé en fond de scène…
C’est François Corneloup qui interrompt le concert et nous appelle au loin à regagner le rez-de-chaussée pour le verre de l’amitié après que Dominique Pifarély ait donné un dernier solo dans la cuisine où l’on se presse à l’annonce des deuxièmes Rencontres musicales d’Archipels au Prieuré de Saint-Léger-la-Pallu, à Jaunay-Marigny, au nord de Poitiers. Lieux dans le lieu, comme ce soir chez Hélène Aziza, où l’on se déplacera d’un archipel esthétique à l’autre (voir ci-dessous). Célébration d’un événement à venir, donc, mais aussi, plus discrètement, en toute absence de pathos, célébration d’une renaissance pour Dominique Pifarély qui, l’hiver dernier à été sauvé in extremis d’une brutale rupture d’aorte par une très lourde opération. Franck Bergerot (photo © Eric Legret)
Rencontres Musicales d’Archipels : Du 17 au 20 au Juillet au Prieuré de Saint-Léger-la-Pallu, Jaunay-Marigny (86).
Du 17 au 19, stages et ateliers : travail d’ensemble par Louis Sclavis, l’improvisation en solo par Dominique Pifarély, atelier d’écriture par François Bon
Le 19 : à 18h concert des stagiaires, à 19h concerts- performances (Juliette Kapla & Julia Robin, François Bon & Dominique Pifarély), à 22h Love of Life (Daniel Erdman / Robin Fincker / Vincent Courtois)
Le 20 : à 12h rencontre des Allumés du jazz, à 15h La Soustraction des fleurs (Jean-François Vrod / Frédéric Aurier / Sylvain Lemêtre), à 16 Connie & Blyde (Caroline Sentis & Bruno Ducret), à 16h visite du Prieuré, à 18H Suite Anabasis par le Dominique Pifarély Septet (Sylvaine Hélary / Matthieu Metzger / François Corneloup / Bruno Ducret / Antonin Rayon / François Merville), 20h30 Louis Sclavis Quartet (Benjamin Moussay / Frédéric Chiffoleau / Christophe Lavergne), à 22h LBK Labulkrack