Emile Londonien s’empare du New Morning
Ce n’est jamais pour ça qu’on vient au New, mais les habitués, du moins ceux soucieux de la pérennité de leurs musiques préférées, s’amusent souvent à estimer la moyenne d’âge du public. Hier soir, elle a chuté jusqu’à des niveaux rarement atteints depuis belle lurette. Pendant que le DJ Kuna Maze nous mets dans l’ambiance, on regarde les inconnus qui se pressent dans la salle, comme pour essayer de deviner d’où ils viennent, comment ils ont découvert ce si jeune groupe, qui vient à peine de publier son premier album « Legacy ». Pourquoi ils ne sont pas aussi nombreux d’habitude, aussi.
La musique, en tous cas, a visiblement mis tout le monde d’accord : Nils Boyny (synthés et piano), Théo Tritsch (basse) et Matthieu Drago (batterie) sont déjà des experts du groove qui font mouche, des textures bien choisies, avec un instinct et un savoir-faire sans pareil pour emmener toute la salle avec eux dans ce voyage dansant et atmosphérique, entre maîtrise technique (jamais ostentatoire) et lâcher-prise, partagé d’un côté comme de l’autre de la scène.
Ils sont ensuite rejoints par deux pointures du jazz français, Léon Phal (saxophone) et Antoine Berjeaut (trompette), puis par la chanteuse Lara Issa, qui comme Emile Londonien fait partie du collectif strasbourgeois Omezis : une voix comme on entend peu en jazz, qui sied parfaitement au titre Make It Easy et qui rappelle un peu les expérimentations house de Marc Moulin (« Top Secret », Blue Note, 2001). Voilà qui donne envie d’en entendre plus !
Ce premier gros concert parisien depuis leur sortie d’album a des allures de triomphe et tout laisse penser qu’on n’a pas fini d’entendre parler du trio ni des membres de leurs collectif. Tenez vous prêts : vous retrouverez d’ailleurs bientôt Emile Londonien dans les pages de Jazzmag’… Yazid Kouloughli
Photo : Nils Boyny, Matthieu Drago et Théo Tritsch, par Mathilde Cybulski