Emmanuel Bex, Directeur de la Banque de France dans l’opérette Azor
L’organiste est également au clavier côté cour dans la mise en scène de la comédie Azor que l’on peut voir et entendre depuis le 20 décembre et encore jusqu’au 13 janvier à Paris à l’Athénée. À Jazzmag, on aurait tort de taire l’événement.
« Je te laisse une place à l’Athénée tout à l’heure. Tu devrais t’amuser. » À deux pas du bureau, le temps de fermer mon ordinateur, de traverser le boulevard et de contourner l’Olympia et remonter la rue Caumartin, j’y suis, dans ce joli théâtre à l’italienne plein comme un œuf. Le rideau s’ouvre, Emmanuel Bex est là, à son orgue, avec son fild Tristan Bex à la batterie et le guitariste Antonin Freysson, tous trois côté cour d’une scène représentant l’intérieur d’un commissariat de police. Le temps de se débarrasser de quelques habitudes d’adict des jazz clubs parisiens, et l’on s’amuse effectivement beaucoup en découvrant Azor, l’opérette policière de Raoul Praxy (Les Femmes à la caserne, Un ménage à la page, Et avec ça, Madame) créée en 1932 aux Bouffes-parisiens sur une musique de Gaston Gabaroche, Pierre Chagnon et Fred Pearly.
On est d’autant plus déstabilisé que la mise en scène de Stéphan Druet pour la compagnie Quand on est trois (Emmanuelle Goizé, Gilles Bugeaud et Pierre Méchanick) chahute ce vaudeville (tous les ingrédients y sont commissaire amoureux, mari trompé, amant dans le placard et cambrioleurs amateurs) d’Offenbach à Grease en passant par l’esprit d’Hellzapoppin’, des Branquignols de Robert Dhéry, des films de Jacques Demy, la musique elle-même brouillant les pistes avec le fil rouge du swing tiré par le trio de Bex, et faisant un soudain écart d’Azor que vous connaissiez par Arletty à More Over de Janis Joplin chanté ici par Fanny Fourquez (alias Marlène Dubois). Celle-ci complète la troupe avec Julien Alluguette, Estelle Kaique, Pauline Gardel et Quentin Gibelin, chacun passant d’un personnage à l’autre avec des talents d’acrobates de la voix et du corps. Sans oublier Antonin Fresson, guitariste élève d’Alberto Ponce, voisin d’Emmanuel Bex qui lui a appris quelques tours et ancien étudiant du Centre de musique Didier Lockwood, qui guitare électrique (ou ukulele) en mains endosse le rôle de Kiki-la-Frisette (acteur étant son second métier), Emmanuel et Tristan Bex participant eux-mêmes au bal masqué final chez le Ministre de l’Intérieur en tant que Directeur de la Banque de France et Ambassadeur du Paraguay. On aurait eu tort de vous cacher ça. • Franck Bergerot