La Voix est Libre, 11e édition
Devant un public nombreux, le directeur du festival Blaise Merlin et celui du théâtre Jacky Ohayon se sont livré à une présentation complémentaire et contrastée, le premier sur le contenu artistique du projet (décrit comme « zone de libre étrange »), le second sur le contexte tendu pour la culture en général et pour la tenue du festival en particulier, puisque ces représentations ont bien failli ne pas avoir lieu.
Le théâtre réaffirme son soutien aux intermittents et à leurs revendications et se met en grève tout en assurant l’accueil du public et le bon déroulement des spectacles.
« Collisions fertiles », Théâtre Garonne à Toulouse, 5 juin 2014.
La soirée se découpe en cinq parties et autant de duos, succession de formes courtes mêlant musique, poésie, danse et théâtre.
Deux comédiens/musiciens (Fantazio, voc, b ; Benjamin Colin, perc) dialoguent parmi les spectateurs, escaladent les sièges, passent du coq à l’âne dans un acte inaugural délirant. Ils s’y livrent à une critique sociale d’une grande drôlerie de surface mais acerbe sur le fond, massent les jambes des spectateurs, et jouent aussi de la musique (dont un vieux rock d’Elvis Presley). S’appuyant sur diverses contorsions physiques et phonatoires et sur divers accessoires (oiseau mécanique, sachet plastique…), le duo instaure une ambiance décontractée lors de cette entrée en matière sainement iconoclaste.
Changement d’humeur avec les étonnantes abstractions métallisées de la paire Vincent Fortemps (dessin, peinture à l’encre, projections) et Teun Verbruggen (dm, perc). Une improvisation à quatre mains dont la dimension musicale devient en temps réel une bande-son aux chimères qui s’animent sur grand écran. Le graphiste suscite des paysages grisâtres et troubles, constamment mouvants et hâtivement détruits.
Musique, danse et comédie ensuite, avec Yoann Durant (s, tuyau) et Andrea Sitter. Durant circule sur la scène et derrière elle, frôle la première rangée de spectateurs et puis s’en va loin d’eux, sans cesser de jouer. Il insère son embouchure dans un tuyau d’évacuation d’eau, de ceux torsadés et tortillant que l’on trouve derrière les machines à laver. Dans une inénarrable tenue rouge et rose, Sitter interprète ses propres textes en Allemand et en Français. Ses mouvements saccadés sont accompagnés de deux notes longues au tuyau. Quand il ne recourt pas à deux saxophones simultanément, Durant propose sur l’inhabituel instrument une alternance d’infrabasses grondantes et de saillants aigus. Ce segment s’achève sur un duo de gargarismes, face au public.
Après une petite pause, la deuxième partie s’ouvre sur le duo de Bernardo Sandoval (g, voc) et de la comédienne Catherine Froment, pour un programme titré « Trésor de la guerre d’Espagne ». Ils se font face, dans une grande proximité. Si l’interprétation du texte de Serge Pey paraît trop appliquée pour retenir l’attention, il n’en va pas de même de l’incarnation de mots simples (en Espagnol) par le musicien, dont le chant et le jeu de guitare sont habités et engageants, dans le style flamenco.
Et c’est le plat de résistance qui nous est offert en guise de dessert, avec les retrouvailles de Joëlle Léandre (b, voc) et Serge Teyssot-Gay (elg). Cet épilogue à la soirée se révèle être la prestation la plus conséquente par sa durée de même que par sa musicalité. Générosité, rage et humour se télescopent dans un même élan – fertiles collisions indeed. Si les deux musiciens font montre d’une grande sensibilité, la douceur émane pour l’essentiel du rocker qui concocte force nappes nimbées de mystère, tandis que le piquant est pris en charge par la contrebassiste, laquelle apporte encore une dimension théâtrale à l’ensemble via ses grognements fiévreux et divagations à la fois poétiques, dramatiques et comiques. L’interaction des deux complices fait plaisir à entendre. On peut prolonger le plaisir de cette association en se tournant vers l’album « Trans », sorti voici deux ans déjà.
David Cristol
Le festival La Voix est Libre se poursuit à Paris du 10 au 14 juin, au Théâtre des Bouffes du Nord, à la Maison de la Poésie et à l’Institut du Monde Arabe. Avec Serge Teyssot-Gay & Khaled Al Jaramani, Kaori Ito & Iva Bittova, Joëlle Léandre & Vincent Courtois, Médéric Collignon & Nass Makan, Andy Emler, Dgiz & Mehdi Chaïb…|Devant un public nombreux, le directeur du festival Blaise Merlin et celui du théâtre Jacky Ohayon se sont livré à une présentation complémentaire et contrastée, le premier sur le contenu artistique du projet (décrit comme « zone de libre étrange »), le second sur le contexte tendu pour la culture en général et pour la tenue du festival en particulier, puisque ces représentations ont bien failli ne pas avoir lieu.
Le théâtre réaffirme son soutien aux intermittents et à leurs revendications et se met en grève tout en assurant l’accueil du public et le bon déroulement des spectacles.
« Collisions fertiles », Théâtre Garonne à Toulouse, 5 juin 2014.
La soirée se découpe en cinq parties et autant de duos, succession de formes courtes mêlant musique, poésie, danse et théâtre.
Deux comédiens/musiciens (Fantazio, voc, b ; Benjamin Colin, perc) dialoguent parmi les spectateurs, escaladent les sièges, passent du coq à l’âne dans un acte inaugural délirant. Ils s’y livrent à une critique sociale d’une grande drôlerie de surface mais acerbe sur le fond, massent les jambes des spectateurs, et jouent aussi de la musique (dont un vieux rock d’Elvis Presley). S’appuyant sur diverses contorsions physiques et phonatoires et sur divers accessoires (oiseau mécanique, sachet plastique…), le duo instaure une ambiance décontractée lors de cette entrée en matière sainement iconoclaste.
Changement d’humeur avec les étonnantes abstractions métallisées de la paire Vincent Fortemps (dessin, peinture à l’encre, projections) et Teun Verbruggen (dm, perc). Une improvisation à quatre mains dont la dimension musicale devient en temps réel une bande-son aux chimères qui s’animent sur grand écran. Le graphiste suscite des paysages grisâtres et troubles, constamment mouvants et hâtivement détruits.
Musique, danse et comédie ensuite, avec Yoann Durant (s, tuyau) et Andrea Sitter. Durant circule sur la scène et derrière elle, frôle la première rangée de spectateurs et puis s’en va loin d’eux, sans cesser de jouer. Il insère son embouchure dans un tuyau d’évacuation d’eau, de ceux torsadés et tortillant que l’on trouve derrière les machines à laver. Dans une inénarrable tenue rouge et rose, Sitter interprète ses propres textes en Allemand et en Français. Ses mouvements saccadés sont accompagnés de deux notes longues au tuyau. Quand il ne recourt pas à deux saxophones simultanément, Durant propose sur l’inhabituel instrument une alternance d’infrabasses grondantes et de saillants aigus. Ce segment s’achève sur un duo de gargarismes, face au public.
Après une petite pause, la deuxième partie s’ouvre sur le duo de Bernardo Sandoval (g, voc) et de la comédienne Catherine Froment, pour un programme titré « Trésor de la guerre d’Espagne ». Ils se font face, dans une grande proximité. Si l’interprétation du texte de Serge Pey paraît trop appliquée pour retenir l’attention, il n’en va pas de même de l’incarnation de mots simples (en Espagnol) par le musicien, dont le chant et le jeu de guitare sont habités et engageants, dans le style flamenco.
Et c’est le plat de résistance qui nous est offert en guise de dessert, avec les retrouvailles de Joëlle Léandre (b, voc) et Serge Teyssot-Gay (elg). Cet épilogue à la soirée se révèle être la prestation la plus conséquente par sa durée de même que par sa musicalité. Générosité, rage et humour se télescopent dans un même élan – fertiles collisions indeed. Si les deux musiciens font montre d’une grande sensibilité, la douceur émane pour l’essentiel du rocker qui concocte force nappes nimbées de mystère, tandis que le piquant est pris en charge par la contrebassiste, laquelle apporte encore une dimension théâtrale à l’ensemble via ses grognements fiévreux et divagations à la fois poétiques, dramatiques et comiques. L’interaction des deux complices fait plaisir à entendre. On peut prolonger le plaisir de cette association en se tournant vers l’album « Trans », sorti voici deux ans déjà.
David Cristol
Le festival La Voix est Libre se poursuit à Paris du 10 au 14 juin, au Théâtre des Bouffes du Nord, à la Maison de la Poésie et à l’Institut du Monde Arabe. Avec Serge Teyssot-Gay & Khaled Al Jaramani, Kaori Ito & Iva Bittova, Joëlle Léandre & Vincent Courtois, Médéric Collignon & Nass Makan, Andy Emler, Dgiz & Mehdi Chaïb…|Devant un public nombreux, le directeur du festival Blaise Merlin et celui du théâtre Jacky Ohayon se sont livré à une présentation complémentaire et contrastée, le premier sur le contenu artistique du projet (décrit comme « zone de libre étrange »), le second sur le contexte tendu pour la culture en général et pour la tenue du festival en particulier, puisque ces représentations ont bien failli ne pas avoir lieu.
Le théâtre réaffirme son soutien aux intermittents et à leurs revendications et se met en grève tout en assurant l’accueil du public et le bon déroulement des spectacles.
« Collisions fertiles », Théâtre Garonne à Toulouse, 5 juin 2014.
La soirée se découpe en cinq parties et autant de duos, succession de formes courtes mêlant musique, poésie, danse et théâtre.
Deux comédiens/musiciens (Fantazio, voc, b ; Benjamin Colin, perc) dialoguent parmi les spectateurs, escaladent les sièges, passent du coq à l’âne dans un acte inaugural délirant. Ils s’y livrent à une critique sociale d’une grande drôlerie de surface mais acerbe sur le fond, massent les jambes des spectateurs, et jouent aussi de la musique (dont un vieux rock d’Elvis Presley). S’appuyant sur diverses contorsions physiques et phonatoires et sur divers accessoires (oiseau mécanique, sachet plastique…), le duo instaure une ambiance décontractée lors de cette entrée en matière sainement iconoclaste.
Changement d’humeur avec les étonnantes abstractions métallisées de la paire Vincent Fortemps (dessin, peinture à l’encre, projections) et Teun Verbruggen (dm, perc). Une improvisation à quatre mains dont la dimension musicale devient en temps réel une bande-son aux chimères qui s’animent sur grand écran. Le graphiste suscite des paysages grisâtres et troubles, constamment mouvants et hâtivement détruits.
Musique, danse et comédie ensuite, avec Yoann Durant (s, tuyau) et Andrea Sitter. Durant circule sur la scène et derrière elle, frôle la première rangée de spectateurs et puis s’en va loin d’eux, sans cesser de jouer. Il insère son embouchure dans un tuyau d’évacuation d’eau, de ceux torsadés et tortillant que l’on trouve derrière les machines à laver. Dans une inénarrable tenue rouge et rose, Sitter interprète ses propres textes en Allemand et en Français. Ses mouvements saccadés sont accompagnés de deux notes longues au tuyau. Quand il ne recourt pas à deux saxophones simultanément, Durant propose sur l’inhabituel instrument une alternance d’infrabasses grondantes et de saillants aigus. Ce segment s’achève sur un duo de gargarismes, face au public.
Après une petite pause, la deuxième partie s’ouvre sur le duo de Bernardo Sandoval (g, voc) et de la comédienne Catherine Froment, pour un programme titré « Trésor de la guerre d’Espagne ». Ils se font face, dans une grande proximité. Si l’interprétation du texte de Serge Pey paraît trop appliquée pour retenir l’attention, il n’en va pas de même de l’incarnation de mots simples (en Espagnol) par le musicien, dont le chant et le jeu de guitare sont habités et engageants, dans le style flamenco.
Et c’est le plat de résistance qui nous est offert en guise de dessert, avec les retrouvailles de Joëlle Léandre (b, voc) et Serge Teyssot-Gay (elg). Cet épilogue à la soirée se révèle être la prestation la plus conséquente par sa durée de même que par sa musicalité. Générosité, rage et humour se télescopent dans un même élan – fertiles collisions indeed. Si les deux musiciens font montre d’une grande sensibilité, la douceur émane pour l’essentiel du rocker qui concocte force nappes nimbées de mystère, tandis que le piquant est pris en charge par la contrebassiste, laquelle apporte encore une dimension théâtrale à l’ensemble via ses grognements fiévreux et divagations à la fois poétiques, dramatiques et comiques. L’interaction des deux complices fait plaisir à entendre. On peut prolonger le plaisir de cette association en se tournant vers l’album « Trans », sorti voici deux ans déjà.
David Cristol
Le festival La Voix est Libre se poursuit à Paris du 10 au 14 juin, au Théâtre des Bouffes du Nord, à la Maison de la Poésie et à l’Institut du Monde Arabe. Avec Serge Teyssot-Gay & Khaled Al Jaramani, Kaori Ito & Iva Bittova, Joëlle Léandre & Vincent Courtois, Médéric Collignon & Nass Makan, Andy Emler, Dgiz & Mehdi Chaïb…|Devant un public nombreux, le directeur du festival Blaise Merlin et celui du théâtre Jacky Ohayon se sont livré à une présentation complémentaire et contrastée, le premier sur le contenu artistique du projet (décrit comme « zone de libre étrange »), le second sur le contexte tendu pour la culture en général et pour la tenue du festival en particulier, puisque ces représentations ont bien failli ne pas avoir lieu.
Le théâtre réaffirme son soutien aux intermittents et à leurs revendications et se met en grève tout en assurant l’accueil du public et le bon déroulement des spectacles.
« Collisions fertiles », Théâtre Garonne à Toulouse, 5 juin 2014.
La soirée se découpe en cinq parties et autant de duos, succession de formes courtes mêlant musique, poésie, danse et théâtre.
Deux comédiens/musiciens (Fantazio, voc, b ; Benjamin Colin, perc) dialoguent parmi les spectateurs, escaladent les sièges, passent du coq à l’âne dans un acte inaugural délirant. Ils s’y livrent à une critique sociale d’une grande drôlerie de surface mais acerbe sur le fond, massent les jambes des spectateurs, et jouent aussi de la musique (dont un vieux rock d’Elvis Presley). S’appuyant sur diverses contorsions physiques et phonatoires et sur divers accessoires (oiseau mécanique, sachet plastique…), le duo instaure une ambiance décontractée lors de cette entrée en matière sainement iconoclaste.
Changement d’humeur avec les étonnantes abstractions métallisées de la paire Vincent Fortemps (dessin, peinture à l’encre, projections) et Teun Verbruggen (dm, perc). Une improvisation à quatre mains dont la dimension musicale devient en temps réel une bande-son aux chimères qui s’animent sur grand écran. Le graphiste suscite des paysages grisâtres et troubles, constamment mouvants et hâtivement détruits.
Musique, danse et comédie ensuite, avec Yoann Durant (s, tuyau) et Andrea Sitter. Durant circule sur la scène et derrière elle, frôle la première rangée de spectateurs et puis s’en va loin d’eux, sans cesser de jouer. Il insère son embouchure dans un tuyau d’évacuation d’eau, de ceux torsadés et tortillant que l’on trouve derrière les machines à laver. Dans une inénarrable tenue rouge et rose, Sitter interprète ses propres textes en Allemand et en Français. Ses mouvements saccadés sont accompagnés de deux notes longues au tuyau. Quand il ne recourt pas à deux saxophones simultanément, Durant propose sur l’inhabituel instrument une alternance d’infrabasses grondantes et de saillants aigus. Ce segment s’achève sur un duo de gargarismes, face au public.
Après une petite pause, la deuxième partie s’ouvre sur le duo de Bernardo Sandoval (g, voc) et de la comédienne Catherine Froment, pour un programme titré « Trésor de la guerre d’Espagne ». Ils se font face, dans une grande proximité. Si l’interprétation du texte de Serge Pey paraît trop appliquée pour retenir l’attention, il n’en va pas de même de l’incarnation de mots simples (en Espagnol) par le musicien, dont le chant et le jeu de guitare sont habités et engageants, dans le style flamenco.
Et c’est le plat de résistance qui nous est offert en guise de dessert, avec les retrouvailles de Joëlle Léandre (b, voc) et Serge Teyssot-Gay (elg). Cet épilogue à la soirée se révèle être la prestation la plus conséquente par sa durée de même que par sa musicalité. Générosité, rage et humour se télescopent dans un même élan – fertiles collisions indeed. Si les deux musiciens font montre d’une grande sensibilité, la douceur émane pour l’essentiel du rocker qui concocte force nappes nimbées de mystère, tandis que le piquant est pris en charge par la contrebassiste, laquelle apporte encore une dimension théâtrale à l’ensemble via ses grognements fiévreux et divagations à la fois poétiques, dramatiques et comiques. L’interaction des deux complices fait plaisir à entendre. On peut prolonger le plaisir de cette association en se tournant vers l’album « Trans », sorti voici deux ans déjà.
David Cristol
Le festival La Voix est Libre se poursuit à Paris du 10 au 14 juin, au Théâtre des Bouffes du Nord, à la Maison de la Poésie et à l’Institut du Monde Arabe. Avec Serge Teyssot-Gay & Khaled Al Jaramani, Kaori Ito & Iva Bittova, Joëlle Léandre & Vincent Courtois, Médéric Collignon & Nass Makan, Andy Emler, Dgiz & Mehdi Chaïb…