Jazz live
Publié le 25 Jan 2025 • Par Xavier Prévost

Éric Löhrer & Jean-Charles Richard au Musée d’Art Moderne

Le Musée d’Art Moderne, c’est celui de la Ville de Paris, situé dans ce que l’on appelle désormais le Palais de Tokyo, vestige de l’exposition internationale de 1937 avec le Palais de Chaillot et le Palais d’Iéna. Un lieu chargé de souvenirs pour les amateurs de jazz : dès les années 70 se tenaient dans le musée des concerts de jazz contemporain programmés par Daniel Humair. Et au début des années 80, dans l’auditorium située au-dessous, avec accès par l’Avenue de New-York (côté quai de Seine), votre serviteur avait pu écouter pour la première fois en concert le Vienna Art Orchestra, qu’il ne connaissait jusqu’alors qu’au disque : c’était le 2 mars 1983. Et j’avais chroniqué ce concert, deux mois plus tard, dans le numéro 318 de Jazz Magazine.

ÉRIC LÖHRER & JEAN-CHARLES RICHARD

Jean-Charles Richard / saxophones soprano & baryton

Éric Löhrer / guitare électrique

Paris, Musée d’Art Moderne, 23 janvier 2025, 19h30

C’est au cœur de l’exposition Hans Josephsohn, entre deux sculptures monumentales millésime 2002, que les deux musiciens ont joué une partie du répertoire de leur récent disque «L[eg]ACY», consacré à la musique de Steve Lacy, à des thèmes joués par lui, et à des compositions du guitariste inspirée par Lacy. C’est ainsi que l’on put écouter une très libre version du thème Evidence de Thelonious Monk, finalement exposé au terme d’une belle et sinueuse improvisation du saxophoniste. Ou une relecture d’un thème de Cecil Taylor, Louise, que Lacy avait enregistré dans son disque «The Straight Horn Of Steve Lacy» en 1960. Un thème que Taylor avait gravé l’année précédente sous le titre de Little Lees. dans son disque «Love For Sale». De Lacy, parmi d’autres, une composition intitulée The Hoot fut l’occasion de goûter pleinement ce qui fit la beauté de tout le concert : une écoute mutuelle, un subtil mélange de rigueur et d’absolue liberté. La présence dans la salle d’amateurs passionnés et de musiciens réputés dit assez la force de l’événement artistique qui s’est produit là, dans une intensité d’écoute palpable, comme une cérémonie secrète.

Xavier Prévost