Europa Jazz, le final (3), Maaï Trio, Barre Phillips/John Surman/Tony Buck, Dave Douglas/Uri Caine
C’est la première fois de la semaine que je vois Armand Meignan, directeur de l’Europa, passer l’intégralité d’un concert sur sa chaise côté cour, dans les coulisses, avec en permanence le sourire, et le corps remué de mouvements exprimant la satisfaction et le plaisir. D’habitude, vêtu de noir, il est plutôt inexpressif, vaguement grognon, dissimulant ses émotions sous une attitude légèrement hostile. C’est ainsi que vont les grands timides, dont la pudeur n’a d’égale que l’intensité des passions intimes. Mais là… devant Barre Phillips, John Surman et Tony Buck, ces rescapés du free, qui faisaient monter la sauce avec un art consommé et sans avoir l’air, il s’est laissé aller. C’est bon signe, évidemment.
Maaï Trio : Patrick Charnois (as, bs), Matthieu Naulleau (p), Franck Vaillant (dm)
Barre Phillips/John Surman/Tony Buck : Barre Phillips (b), John Surman (ss, b-cl, fl), Tony Buck (dm)
Dave Douglas/Uri Caine Duo : Dave Douglas (tp), Uri Caine (p)
Sur le coup de midi quinze, toujours mobilisé par mes problèmes d’ordinateur, je n’ai pas pu assister, hier, au concert de Jean-Marc Montera et Fanny Pacoud. On m’en a dit grand bien, et je veux bien le croire. Une prochaine fois donc.
Suivant une méthode maintenant éprouvée, et finalement pas si éprouvante, je commencerai par la fin, reviendrai au milieu du repas, et terminerai par le plat de résistance. Uri Caine et Dave Douglas se connaissent bien. Ils ont souvent travaillé ensemble au sein de leur diverses formations personnelles, et ont su à chaque fois se mettre au service des projets et musiques de l’autre. C’est peut-être cette disponibilité, cette ouverture, qui explique la relative difficulté qu’ils ont éprouvé hier soir pour mettre en route « leur » musique. Largement improvisée, reposant néanmoins sur des cadres harmoniques solides, elle a mis du temps à s’imposer, finissant quand même par convaincre un public enthousiaste.
Maaï Trio, c’est une aventure quasi locale, ligérienne au deux tiers, toute fraîche, et on leur accorde une belle marge de progression encore. Leur concert d’hier a laissé voir et entendre de belles intentions, pas encore nettoyées de leur gangue native. Dans un espace globalement marqué par les rythmes complexes et les métriques venues de Steve Coleman, et avec l’aide d’un batteur qui connaît ça comme s’il était né dans le chaudron (Franck Vaillant, remarquable), Patrick Charnois et Matthieu Naulleau bâtissent une musique qui tend vers la répétition et les glissements progressifs, comme si quelque chose de Philip Glass venait se rajouter à ce qu’on connaît bien et qu’ont illustré en France des instrumentistes comme Benoît Delbecq ou Guillaume Orti. Une première fois ça emporte, une deuxième fois ça surprend car c’est une deuxième fois, et ensuite ça éprouve un peu car on n’y trouve pas la « différence » qu’on attendrait. A suivre néanmoins, évidemment.
Le trio Phillips/Surman/Buck, qui évoquait – encore aux deux tiers – l’illustre formation où officiait Stu Martin naguère, dont la célébrité remonte aux début des années 70, pouvait s’orienter vers un revival aussi douleureux dans ce cas-là que dans tous les autres, ou au contraire se diriger vers une musique vive, dont ils furent les fondateurs, et qui a donc conservé, sous leurs doigts et dans leurs souffles, toute son actualité. C’est évidemment cette voie qu’ils ont choisie, non sans un certain humour d’ailleurs, et au bout de dix minutes ce trio carburait comme aux premiers jours, avec un Barre impressionnant de justesse et de vitalité, un John Surman toujours aussi astucieux dans sa façon de prendre une cellule de base simple et d’en extirper tout le sel, et un Tony Buck nouveau venu pour moi, coloriste et batteur de grand large, venu d’Australie. Plus d’une heure d’un bonheur que j’ai déjà évoqué à travers la réaction (la joie) d’Armand Meignan. Le public était au diapason, les amis musiciens aussi, qui ont assisté à ce concert avec ravissement (Sylvie Courvoisier par exemple).
John Surman, Tony Buck, Barre Phillips
Aujourd’hui, final du final avec Barre Phillips dans trente minutes à la boutique des « Allumés du Jazz », puis à la Fonderie (12.00) « Autour de Charles Mingus » par le trio de Paul Rogers « Whahay », suivi du duo Feldman/Courvoisier (15.00) et du duo Pascal Contet et Joëlle Léandre. A l’Epeau ce soir, Danilo Rea/Flavio Boltro « Opera », puis Cecile McLorin Salvant. Pas mal…
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C’est la première fois de la semaine que je vois Armand Meignan, directeur de l’Europa, passer l’intégralité d’un concert sur sa chaise côté cour, dans les coulisses, avec en permanence le sourire, et le corps remué de mouvements exprimant la satisfaction et le plaisir. D’habitude, vêtu de noir, il est plutôt inexpressif, vaguement grognon, dissimulant ses émotions sous une attitude légèrement hostile. C’est ainsi que vont les grands timides, dont la pudeur n’a d’égale que l’intensité des passions intimes. Mais là… devant Barre Phillips, John Surman et Tony Buck, ces rescapés du free, qui faisaient monter la sauce avec un art consommé et sans avoir l’air, il s’est laissé aller. C’est bon signe, évidemment.
Maaï Trio : Patrick Charnois (as, bs), Matthieu Naulleau (p), Franck Vaillant (dm)
Barre Phillips/John Surman/Tony Buck : Barre Phillips (b), John Surman (ss, b-cl, fl), Tony Buck (dm)
Dave Douglas/Uri Caine Duo : Dave Douglas (tp), Uri Caine (p)
Sur le coup de midi quinze, toujours mobilisé par mes problèmes d’ordinateur, je n’ai pas pu assister, hier, au concert de Jean-Marc Montera et Fanny Pacoud. On m’en a dit grand bien, et je veux bien le croire. Une prochaine fois donc.
Suivant une méthode maintenant éprouvée, et finalement pas si éprouvante, je commencerai par la fin, reviendrai au milieu du repas, et terminerai par le plat de résistance. Uri Caine et Dave Douglas se connaissent bien. Ils ont souvent travaillé ensemble au sein de leur diverses formations personnelles, et ont su à chaque fois se mettre au service des projets et musiques de l’autre. C’est peut-être cette disponibilité, cette ouverture, qui explique la relative difficulté qu’ils ont éprouvé hier soir pour mettre en route « leur » musique. Largement improvisée, reposant néanmoins sur des cadres harmoniques solides, elle a mis du temps à s’imposer, finissant quand même par convaincre un public enthousiaste.
Maaï Trio, c’est une aventure quasi locale, ligérienne au deux tiers, toute fraîche, et on leur accorde une belle marge de progression encore. Leur concert d’hier a laissé voir et entendre de belles intentions, pas encore nettoyées de leur gangue native. Dans un espace globalement marqué par les rythmes complexes et les métriques venues de Steve Coleman, et avec l’aide d’un batteur qui connaît ça comme s’il était né dans le chaudron (Franck Vaillant, remarquable), Patrick Charnois et Matthieu Naulleau bâtissent une musique qui tend vers la répétition et les glissements progressifs, comme si quelque chose de Philip Glass venait se rajouter à ce qu’on connaît bien et qu’ont illustré en France des instrumentistes comme Benoît Delbecq ou Guillaume Orti. Une première fois ça emporte, une deuxième fois ça surprend car c’est une deuxième fois, et ensuite ça éprouve un peu car on n’y trouve pas la « différence » qu’on attendrait. A suivre néanmoins, évidemment.
Le trio Phillips/Surman/Buck, qui évoquait – encore aux deux tiers – l’illustre formation où officiait Stu Martin naguère, dont la célébrité remonte aux début des années 70, pouvait s’orienter vers un revival aussi douleureux dans ce cas-là que dans tous les autres, ou au contraire se diriger vers une musique vive, dont ils furent les fondateurs, et qui a donc conservé, sous leurs doigts et dans leurs souffles, toute son actualité. C’est évidemment cette voie qu’ils ont choisie, non sans un certain humour d’ailleurs, et au bout de dix minutes ce trio carburait comme aux premiers jours, avec un Barre impressionnant de justesse et de vitalité, un John Surman toujours aussi astucieux dans sa façon de prendre une cellule de base simple et d’en extirper tout le sel, et un Tony Buck nouveau venu pour moi, coloriste et batteur de grand large, venu d’Australie. Plus d’une heure d’un bonheur que j’ai déjà évoqué à travers la réaction (la joie) d’Armand Meignan. Le public était au diapason, les amis musiciens aussi, qui ont assisté à ce concert avec ravissement (Sylvie Courvoisier par exemple).
John Surman, Tony Buck, Barre Phillips
Aujourd’hui, final du final avec Barre Phillips dans trente minutes à la boutique des « Allumés du Jazz », puis à la Fonderie (12.00) « Autour de Charles Mingus » par le trio de Paul Rogers « Whahay », suivi du duo Feldman/Courvoisier (15.00) et du duo Pascal Contet et Joëlle Léandre. A l’Epeau ce soir, Danilo Rea/Flavio Boltro « Opera », puis Cecile McLorin Salvant. Pas mal…
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C’est la première fois de la semaine que je vois Armand Meignan, directeur de l’Europa, passer l’intégralité d’un concert sur sa chaise côté cour, dans les coulisses, avec en permanence le sourire, et le corps remué de mouvements exprimant la satisfaction et le plaisir. D’habitude, vêtu de noir, il est plutôt inexpressif, vaguement grognon, dissimulant ses émotions sous une attitude légèrement hostile. C’est ainsi que vont les grands timides, dont la pudeur n’a d’égale que l’intensité des passions intimes. Mais là… devant Barre Phillips, John Surman et Tony Buck, ces rescapés du free, qui faisaient monter la sauce avec un art consommé et sans avoir l’air, il s’est laissé aller. C’est bon signe, évidemment.
Maaï Trio : Patrick Charnois (as, bs), Matthieu Naulleau (p), Franck Vaillant (dm)
Barre Phillips/John Surman/Tony Buck : Barre Phillips (b), John Surman (ss, b-cl, fl), Tony Buck (dm)
Dave Douglas/Uri Caine Duo : Dave Douglas (tp), Uri Caine (p)
Sur le coup de midi quinze, toujours mobilisé par mes problèmes d’ordinateur, je n’ai pas pu assister, hier, au concert de Jean-Marc Montera et Fanny Pacoud. On m’en a dit grand bien, et je veux bien le croire. Une prochaine fois donc.
Suivant une méthode maintenant éprouvée, et finalement pas si éprouvante, je commencerai par la fin, reviendrai au milieu du repas, et terminerai par le plat de résistance. Uri Caine et Dave Douglas se connaissent bien. Ils ont souvent travaillé ensemble au sein de leur diverses formations personnelles, et ont su à chaque fois se mettre au service des projets et musiques de l’autre. C’est peut-être cette disponibilité, cette ouverture, qui explique la relative difficulté qu’ils ont éprouvé hier soir pour mettre en route « leur » musique. Largement improvisée, reposant néanmoins sur des cadres harmoniques solides, elle a mis du temps à s’imposer, finissant quand même par convaincre un public enthousiaste.
Maaï Trio, c’est une aventure quasi locale, ligérienne au deux tiers, toute fraîche, et on leur accorde une belle marge de progression encore. Leur concert d’hier a laissé voir et entendre de belles intentions, pas encore nettoyées de leur gangue native. Dans un espace globalement marqué par les rythmes complexes et les métriques venues de Steve Coleman, et avec l’aide d’un batteur qui connaît ça comme s’il était né dans le chaudron (Franck Vaillant, remarquable), Patrick Charnois et Matthieu Naulleau bâtissent une musique qui tend vers la répétition et les glissements progressifs, comme si quelque chose de Philip Glass venait se rajouter à ce qu’on connaît bien et qu’ont illustré en France des instrumentistes comme Benoît Delbecq ou Guillaume Orti. Une première fois ça emporte, une deuxième fois ça surprend car c’est une deuxième fois, et ensuite ça éprouve un peu car on n’y trouve pas la « différence » qu’on attendrait. A suivre néanmoins, évidemment.
Le trio Phillips/Surman/Buck, qui évoquait – encore aux deux tiers – l’illustre formation où officiait Stu Martin naguère, dont la célébrité remonte aux début des années 70, pouvait s’orienter vers un revival aussi douleureux dans ce cas-là que dans tous les autres, ou au contraire se diriger vers une musique vive, dont ils furent les fondateurs, et qui a donc conservé, sous leurs doigts et dans leurs souffles, toute son actualité. C’est évidemment cette voie qu’ils ont choisie, non sans un certain humour d’ailleurs, et au bout de dix minutes ce trio carburait comme aux premiers jours, avec un Barre impressionnant de justesse et de vitalité, un John Surman toujours aussi astucieux dans sa façon de prendre une cellule de base simple et d’en extirper tout le sel, et un Tony Buck nouveau venu pour moi, coloriste et batteur de grand large, venu d’Australie. Plus d’une heure d’un bonheur que j’ai déjà évoqué à travers la réaction (la joie) d’Armand Meignan. Le public était au diapason, les amis musiciens aussi, qui ont assisté à ce concert avec ravissement (Sylvie Courvoisier par exemple).
John Surman, Tony Buck, Barre Phillips
Aujourd’hui, final du final avec Barre Phillips dans trente minutes à la boutique des « Allumés du Jazz », puis à la Fonderie (12.00) « Autour de Charles Mingus » par le trio de Paul Rogers « Whahay », suivi du duo Feldman/Courvoisier (15.00) et du duo Pascal Contet et Joëlle Léandre. A l’Epeau ce soir, Danilo Rea/Flavio Boltro « Opera », puis Cecile McLorin Salvant. Pas mal…
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C’est la première fois de la semaine que je vois Armand Meignan, directeur de l’Europa, passer l’intégralité d’un concert sur sa chaise côté cour, dans les coulisses, avec en permanence le sourire, et le corps remué de mouvements exprimant la satisfaction et le plaisir. D’habitude, vêtu de noir, il est plutôt inexpressif, vaguement grognon, dissimulant ses émotions sous une attitude légèrement hostile. C’est ainsi que vont les grands timides, dont la pudeur n’a d’égale que l’intensité des passions intimes. Mais là… devant Barre Phillips, John Surman et Tony Buck, ces rescapés du free, qui faisaient monter la sauce avec un art consommé et sans avoir l’air, il s’est laissé aller. C’est bon signe, évidemment.
Maaï Trio : Patrick Charnois (as, bs), Matthieu Naulleau (p), Franck Vaillant (dm)
Barre Phillips/John Surman/Tony Buck : Barre Phillips (b), John Surman (ss, b-cl, fl), Tony Buck (dm)
Dave Douglas/Uri Caine Duo : Dave Douglas (tp), Uri Caine (p)
Sur le coup de midi quinze, toujours mobilisé par mes problèmes d’ordinateur, je n’ai pas pu assister, hier, au concert de Jean-Marc Montera et Fanny Pacoud. On m’en a dit grand bien, et je veux bien le croire. Une prochaine fois donc.
Suivant une méthode maintenant éprouvée, et finalement pas si éprouvante, je commencerai par la fin, reviendrai au milieu du repas, et terminerai par le plat de résistance. Uri Caine et Dave Douglas se connaissent bien. Ils ont souvent travaillé ensemble au sein de leur diverses formations personnelles, et ont su à chaque fois se mettre au service des projets et musiques de l’autre. C’est peut-être cette disponibilité, cette ouverture, qui explique la relative difficulté qu’ils ont éprouvé hier soir pour mettre en route « leur » musique. Largement improvisée, reposant néanmoins sur des cadres harmoniques solides, elle a mis du temps à s’imposer, finissant quand même par convaincre un public enthousiaste.
Maaï Trio, c’est une aventure quasi locale, ligérienne au deux tiers, toute fraîche, et on leur accorde une belle marge de progression encore. Leur concert d’hier a laissé voir et entendre de belles intentions, pas encore nettoyées de leur gangue native. Dans un espace globalement marqué par les rythmes complexes et les métriques venues de Steve Coleman, et avec l’aide d’un batteur qui connaît ça comme s’il était né dans le chaudron (Franck Vaillant, remarquable), Patrick Charnois et Matthieu Naulleau bâtissent une musique qui tend vers la répétition et les glissements progressifs, comme si quelque chose de Philip Glass venait se rajouter à ce qu’on connaît bien et qu’ont illustré en France des instrumentistes comme Benoît Delbecq ou Guillaume Orti. Une première fois ça emporte, une deuxième fois ça surprend car c’est une deuxième fois, et ensuite ça éprouve un peu car on n’y trouve pas la « différence » qu’on attendrait. A suivre néanmoins, évidemment.
Le trio Phillips/Surman/Buck, qui évoquait – encore aux deux tiers – l’illustre formation où officiait Stu Martin naguère, dont la célébrité remonte aux début des années 70, pouvait s’orienter vers un revival aussi douleureux dans ce cas-là que dans tous les autres, ou au contraire se diriger vers une musique vive, dont ils furent les fondateurs, et qui a donc conservé, sous leurs doigts et dans leurs souffles, toute son actualité. C’est évidemment cette voie qu’ils ont choisie, non sans un certain humour d’ailleurs, et au bout de dix minutes ce trio carburait comme aux premiers jours, avec un Barre impressionnant de justesse et de vitalité, un John Surman toujours aussi astucieux dans sa façon de prendre une cellule de base simple et d’en extirper tout le sel, et un Tony Buck nouveau venu pour moi, coloriste et batteur de grand large, venu d’Australie. Plus d’une heure d’un bonheur que j’ai déjà évoqué à travers la réaction (la joie) d’Armand Meignan. Le public était au diapason, les amis musiciens aussi, qui ont assisté à ce concert avec ravissement (Sylvie Courvoisier par exemple).
John Surman, Tony Buck, Barre Phillips
Aujourd’hui, final du final avec Barre Phillips dans trente minutes à la boutique des « Allumés du Jazz », puis à la Fonderie (12.00) « Autour de Charles Mingus » par le trio de Paul Rogers « Whahay », suivi du duo Feldman/Courvoisier (15.00) et du duo Pascal Contet et Joëlle Léandre. A l’Epeau ce soir, Danilo Rea/Flavio Boltro « Opera », puis Cecile McLorin Salvant. Pas mal…