Fabrice Martinez, trompettiste sauvage
Le trompettiste Fabrice Martinez rencontrait Bruno Chevillon et Paul Brousseau pour une série d’improvisations aussi passionnantes que tempêtueuses.
Fabrice Martinez (trompette, bugle), Bruno Chevillon (basse), Paul Brousseau (piano), Concert d’appartement chez Hélène-Caroline Bodet, 8 avril 2018
Je tiens Fabrice Martinez pour un des trompettistes les plus passionnants et les plus aventureux d’aujourd’hui. Avec ou sans sourdine, il travaille sans relâche à élargir sa palette sonore, toujours à l’affût de nouveaux timbres, de nouveaux effets, au service d’un funambulisme musical privilégiant le risque, l’intensité, l’aventure.
Dans le cadre feutré et intime de l’appartement d’hélène-Caroline Bodet, ce musicien qui fait volontiers rimer trompette avec tempête n’a pas dérogé à son esthétique. Il a joué fort, souvent dans les aigus, non pas pour montrer ses muscles, comme tant de trompettistes qui se prennent pour des haltérophiles, mais pour extraire de ses cuivres des effets originaux, à caractère souvent vocal.
Face à un tel ouragan, ses deux partenaires ont plié sans rompre. Le pianiste Paul Brousseau a répondu par des petites vaguelettes qui semblaient filtrer les bourrasques déchaînées par le trompettiste, tandis que Bruno Chevillon, plein d’autorité, a enraciné la musique, l’empêchant de s’envoler.
Par la suite, les rapports entre les trois musiciens ont quelque peu évolué. Bruno Chevillon réplique au trompettiste en trouvant à l’archet des sonorités si mordantes, si agressives, que l’on s’étonne que les cordes y aient résisté. Paul Brousseau affine le miroitement de ses vagues.
Quant à Fabrice Martinez, obstinément, il continue de tracer son sillon, chercheur inlassable de nouvelles sonorités et de nouveaux timbres (par exemple avec du papier aluminium dont il fait une sourdine), en jouant sans embouchure (c’est possible) ou en se servant de sa trompette comme d’une percussion. C’est toujours intense, jamais gratuit. Musique à la fois subtile et sauvage, toujours passionnante.
texte: JF Mondot
Dessins : AC Alvoët
(autres dessins, peintures, gravures à découvrir sur son site www.annie-claire.com )
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