Festival unerhört ! Zürich, 15e édition (3)
Pas sectaire, le festival a ménagé plusieurs ouvertures à la musique contemporaine, avec deux duos de pianos au féminin. Le nouveau trio d’Ellery Eskelin dépote, et une vedette locale déçoit.
Mercredi 23 novembre 2016, Kulturhaus Helferei
Katharina Weber (p) Erika Radermacher (p)
Katharina Weber a récemment cosigné l’album « It Rolls ! » aux côtés de Fred Frith. Une musicienne aux oreilles aussi ouvertes que le festival qui l’accueille. Amen de la création de Messiaen convoque dès les premières notes la magie du vieil Olivier. Kurtag lui emboîte le pas. L’une se charge d’accords répétitifs dans les aigus et l’autre s’adonne à de grandes embardées sur le clavier. Parfois les lignes se dédoublent, se chevauchent, créent des effets de relief et de scintillement. Des pièces « difficiles » (à jouer plutôt qu’à écouter) voisinent avec d’autres d’une simplicité… biblique. Le symbole du lieu est un lagomorphe fuyard, sculpté au sous-sol et apparent sujet de discussions entre théologiens d’antan : on en apprend tous les jours.
Mercredi 23 novembre 2016, Jazz im Seefeld, GZ Riesbach
Eskelin – Weber – Griener
Ellery Eskelin (ts), Christian Weber (b), Michael Griener (dm)
Le trio serait-il le format idéal pour Ellery Eskelin ? C’est en tout cas celui qu’il a le plus exploré, de ses débuts avec Drew Gress et Phil Haynes (« Setting the Standard »), à la série d’albums Hat Hut avec Andrea Parkins et Jim Black en passant par Barondown avec Joey Baron et Steve Swell ; ces dernières années ce furent des trios avec Susan Alcorn et Michael Formanek, et avec Gary Versace et Gerald Cleaver pour des relectures de standards. Le concert prend place dans un centre social où les habitants du quartier se réunissent pour faire la popote. Il coïncide avec la sortie du CD « Sensations of Tone » (Intakt). Weber et Griener sont des partenaires de choix, et tous trois éprouvent un plaisir évident à alterner swing et blues de la vieille école (Shreveport Stomp, Moten Swing, China Boy, Ain’t Misbehavin’…) joués straightahead avec beaucoup d’intensité, retrouvant peut-être l’esprit des interprétations originales (et, pour les spectateurs, un frisson comparable ?). A chaque tune succède une pièce d’impro, et les deux approches sont embrassées avec le même appétit. Beau nouveau trio « européen » pour le new-yorkais.
Hans-Peter Pfammatter & Big Band der Hochschule Luzern – Musik
Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
Plusieurs interlocuteurs se sont répandus en louanges au sujet du pianiste Hans-Peter Pfammatter. Ce soir, il ne joue pas de piano, mais avec parcimonie et approximation d’un clavier électrique, se concentrant sur la direction de l’orchestre constitué par les étudiants de Lucerne, entendus deux soirs auparavant sous la houlette d’Ohad Talmor. Le problème me semble avant tout résider dans une écriture linéaire, certes généreuse mais où l’on peine à discerner le moindre discours personnel. Les rythmes impairs s’enchaînent avec un pompier hollywoodien, à volume excessif – les sons se noient les uns dans les autres. Cette restitution d’une démarche pédagogique a sans doute sa raison d’être, mais l’abondance d’écueils et l’absence de concision (les pièces s’étirent à n’en plus finir) n’incitent pas à l’indulgence. La comparaison avec la plume de Talmor ne joue pas non plus en la faveur d’un compositeur sans doute plus inspiré comme instrumentiste. David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|Pas sectaire, le festival a ménagé plusieurs ouvertures à la musique contemporaine, avec deux duos de pianos au féminin. Le nouveau trio d’Ellery Eskelin dépote, et une vedette locale déçoit.
Mercredi 23 novembre 2016, Kulturhaus Helferei
Katharina Weber (p) Erika Radermacher (p)
Katharina Weber a récemment cosigné l’album « It Rolls ! » aux côtés de Fred Frith. Une musicienne aux oreilles aussi ouvertes que le festival qui l’accueille. Amen de la création de Messiaen convoque dès les premières notes la magie du vieil Olivier. Kurtag lui emboîte le pas. L’une se charge d’accords répétitifs dans les aigus et l’autre s’adonne à de grandes embardées sur le clavier. Parfois les lignes se dédoublent, se chevauchent, créent des effets de relief et de scintillement. Des pièces « difficiles » (à jouer plutôt qu’à écouter) voisinent avec d’autres d’une simplicité… biblique. Le symbole du lieu est un lagomorphe fuyard, sculpté au sous-sol et apparent sujet de discussions entre théologiens d’antan : on en apprend tous les jours.
Mercredi 23 novembre 2016, Jazz im Seefeld, GZ Riesbach
Eskelin – Weber – Griener
Ellery Eskelin (ts), Christian Weber (b), Michael Griener (dm)
Le trio serait-il le format idéal pour Ellery Eskelin ? C’est en tout cas celui qu’il a le plus exploré, de ses débuts avec Drew Gress et Phil Haynes (« Setting the Standard »), à la série d’albums Hat Hut avec Andrea Parkins et Jim Black en passant par Barondown avec Joey Baron et Steve Swell ; ces dernières années ce furent des trios avec Susan Alcorn et Michael Formanek, et avec Gary Versace et Gerald Cleaver pour des relectures de standards. Le concert prend place dans un centre social où les habitants du quartier se réunissent pour faire la popote. Il coïncide avec la sortie du CD « Sensations of Tone » (Intakt). Weber et Griener sont des partenaires de choix, et tous trois éprouvent un plaisir évident à alterner swing et blues de la vieille école (Shreveport Stomp, Moten Swing, China Boy, Ain’t Misbehavin’…) joués straightahead avec beaucoup d’intensité, retrouvant peut-être l’esprit des interprétations originales (et, pour les spectateurs, un frisson comparable ?). A chaque tune succède une pièce d’impro, et les deux approches sont embrassées avec le même appétit. Beau nouveau trio « européen » pour le new-yorkais.
Hans-Peter Pfammatter & Big Band der Hochschule Luzern – Musik
Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
Plusieurs interlocuteurs se sont répandus en louanges au sujet du pianiste Hans-Peter Pfammatter. Ce soir, il ne joue pas de piano, mais avec parcimonie et approximation d’un clavier électrique, se concentrant sur la direction de l’orchestre constitué par les étudiants de Lucerne, entendus deux soirs auparavant sous la houlette d’Ohad Talmor. Le problème me semble avant tout résider dans une écriture linéaire, certes généreuse mais où l’on peine à discerner le moindre discours personnel. Les rythmes impairs s’enchaînent avec un pompier hollywoodien, à volume excessif – les sons se noient les uns dans les autres. Cette restitution d’une démarche pédagogique a sans doute sa raison d’être, mais l’abondance d’écueils et l’absence de concision (les pièces s’étirent à n’en plus finir) n’incitent pas à l’indulgence. La comparaison avec la plume de Talmor ne joue pas non plus en la faveur d’un compositeur sans doute plus inspiré comme instrumentiste. David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|Pas sectaire, le festival a ménagé plusieurs ouvertures à la musique contemporaine, avec deux duos de pianos au féminin. Le nouveau trio d’Ellery Eskelin dépote, et une vedette locale déçoit.
Mercredi 23 novembre 2016, Kulturhaus Helferei
Katharina Weber (p) Erika Radermacher (p)
Katharina Weber a récemment cosigné l’album « It Rolls ! » aux côtés de Fred Frith. Une musicienne aux oreilles aussi ouvertes que le festival qui l’accueille. Amen de la création de Messiaen convoque dès les premières notes la magie du vieil Olivier. Kurtag lui emboîte le pas. L’une se charge d’accords répétitifs dans les aigus et l’autre s’adonne à de grandes embardées sur le clavier. Parfois les lignes se dédoublent, se chevauchent, créent des effets de relief et de scintillement. Des pièces « difficiles » (à jouer plutôt qu’à écouter) voisinent avec d’autres d’une simplicité… biblique. Le symbole du lieu est un lagomorphe fuyard, sculpté au sous-sol et apparent sujet de discussions entre théologiens d’antan : on en apprend tous les jours.
Mercredi 23 novembre 2016, Jazz im Seefeld, GZ Riesbach
Eskelin – Weber – Griener
Ellery Eskelin (ts), Christian Weber (b), Michael Griener (dm)
Le trio serait-il le format idéal pour Ellery Eskelin ? C’est en tout cas celui qu’il a le plus exploré, de ses débuts avec Drew Gress et Phil Haynes (« Setting the Standard »), à la série d’albums Hat Hut avec Andrea Parkins et Jim Black en passant par Barondown avec Joey Baron et Steve Swell ; ces dernières années ce furent des trios avec Susan Alcorn et Michael Formanek, et avec Gary Versace et Gerald Cleaver pour des relectures de standards. Le concert prend place dans un centre social où les habitants du quartier se réunissent pour faire la popote. Il coïncide avec la sortie du CD « Sensations of Tone » (Intakt). Weber et Griener sont des partenaires de choix, et tous trois éprouvent un plaisir évident à alterner swing et blues de la vieille école (Shreveport Stomp, Moten Swing, China Boy, Ain’t Misbehavin’…) joués straightahead avec beaucoup d’intensité, retrouvant peut-être l’esprit des interprétations originales (et, pour les spectateurs, un frisson comparable ?). A chaque tune succède une pièce d’impro, et les deux approches sont embrassées avec le même appétit. Beau nouveau trio « européen » pour le new-yorkais.
Hans-Peter Pfammatter & Big Band der Hochschule Luzern – Musik
Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
Plusieurs interlocuteurs se sont répandus en louanges au sujet du pianiste Hans-Peter Pfammatter. Ce soir, il ne joue pas de piano, mais avec parcimonie et approximation d’un clavier électrique, se concentrant sur la direction de l’orchestre constitué par les étudiants de Lucerne, entendus deux soirs auparavant sous la houlette d’Ohad Talmor. Le problème me semble avant tout résider dans une écriture linéaire, certes généreuse mais où l’on peine à discerner le moindre discours personnel. Les rythmes impairs s’enchaînent avec un pompier hollywoodien, à volume excessif – les sons se noient les uns dans les autres. Cette restitution d’une démarche pédagogique a sans doute sa raison d’être, mais l’abondance d’écueils et l’absence de concision (les pièces s’étirent à n’en plus finir) n’incitent pas à l’indulgence. La comparaison avec la plume de Talmor ne joue pas non plus en la faveur d’un compositeur sans doute plus inspiré comme instrumentiste. David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|Pas sectaire, le festival a ménagé plusieurs ouvertures à la musique contemporaine, avec deux duos de pianos au féminin. Le nouveau trio d’Ellery Eskelin dépote, et une vedette locale déçoit.
Mercredi 23 novembre 2016, Kulturhaus Helferei
Katharina Weber (p) Erika Radermacher (p)
Katharina Weber a récemment cosigné l’album « It Rolls ! » aux côtés de Fred Frith. Une musicienne aux oreilles aussi ouvertes que le festival qui l’accueille. Amen de la création de Messiaen convoque dès les premières notes la magie du vieil Olivier. Kurtag lui emboîte le pas. L’une se charge d’accords répétitifs dans les aigus et l’autre s’adonne à de grandes embardées sur le clavier. Parfois les lignes se dédoublent, se chevauchent, créent des effets de relief et de scintillement. Des pièces « difficiles » (à jouer plutôt qu’à écouter) voisinent avec d’autres d’une simplicité… biblique. Le symbole du lieu est un lagomorphe fuyard, sculpté au sous-sol et apparent sujet de discussions entre théologiens d’antan : on en apprend tous les jours.
Mercredi 23 novembre 2016, Jazz im Seefeld, GZ Riesbach
Eskelin – Weber – Griener
Ellery Eskelin (ts), Christian Weber (b), Michael Griener (dm)
Le trio serait-il le format idéal pour Ellery Eskelin ? C’est en tout cas celui qu’il a le plus exploré, de ses débuts avec Drew Gress et Phil Haynes (« Setting the Standard »), à la série d’albums Hat Hut avec Andrea Parkins et Jim Black en passant par Barondown avec Joey Baron et Steve Swell ; ces dernières années ce furent des trios avec Susan Alcorn et Michael Formanek, et avec Gary Versace et Gerald Cleaver pour des relectures de standards. Le concert prend place dans un centre social où les habitants du quartier se réunissent pour faire la popote. Il coïncide avec la sortie du CD « Sensations of Tone » (Intakt). Weber et Griener sont des partenaires de choix, et tous trois éprouvent un plaisir évident à alterner swing et blues de la vieille école (Shreveport Stomp, Moten Swing, China Boy, Ain’t Misbehavin’…) joués straightahead avec beaucoup d’intensité, retrouvant peut-être l’esprit des interprétations originales (et, pour les spectateurs, un frisson comparable ?). A chaque tune succède une pièce d’impro, et les deux approches sont embrassées avec le même appétit. Beau nouveau trio « européen » pour le new-yorkais.
Hans-Peter Pfammatter & Big Band der Hochschule Luzern – Musik
Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
Plusieurs interlocuteurs se sont répandus en louanges au sujet du pianiste Hans-Peter Pfammatter. Ce soir, il ne joue pas de piano, mais avec parcimonie et approximation d’un clavier électrique, se concentrant sur la direction de l’orchestre constitué par les étudiants de Lucerne, entendus deux soirs auparavant sous la houlette d’Ohad Talmor. Le problème me semble avant tout résider dans une écriture linéaire, certes généreuse mais où l’on peine à discerner le moindre discours personnel. Les rythmes impairs s’enchaînent avec un pompier hollywoodien, à volume excessif – les sons se noient les uns dans les autres. Cette restitution d’une démarche pédagogique a sans doute sa raison d’être, mais l’abondance d’écueils et l’absence de concision (les pièces s’étirent à n’en plus finir) n’incitent pas à l’indulgence. La comparaison avec la plume de Talmor ne joue pas non plus en la faveur d’un compositeur sans doute plus inspiré comme instrumentiste. David Cristol
Photos : Michelle Ettlin