FRED HERSCH en solo au Duc des Lombards
Fred Hersch en solo, et en club, c’est une expérience unique. Avec en mémoire le souvenir ému d’un concert passé dans l’ancien Duc de Lombards, je me suis dit que l’unique pouvait sans doute devenir pluriel.
Paris, Duc des Lombards, 15 décembre 2016, 21h30
Le public est très sage, concentré, attentif, et l’atmosphère bon enfant : le pianiste parle aux spectateurs en termes chaleureux pour les accueillir, et annonce les titres avant -ou après- leur interprétation. On est dans la connivence qu’autorise la proximité, presque une intimité. Le concert commence en tempo lent. Mais déjà les phrases s’entrelacent en des circonvolutions serrées, et lyriques. Suivent un thème dédié à la grand mère et à la mère du pianiste, West Virginia Rose , et un thème folky dédié à Bill Frisell. Dans ce registre qui rappelle un peu le Keith Jarrett de « Facing You », Fred Hersch joue une autre carte, où l’intériorité supplante l’ostentation du chant. Puis le pianiste reprend For No One, des Beatles, époque « Revolver ». Mais cette version en solo est fort différente de celle qui se trouve sur son tout récent « Sunday Night At The Vanguard », en trio. Vient ensuite une improvisation où l’indépendance des voix, parfois vertigineuse, me rappelle Lennie Tristano. Après un vieux standard, After You’ve Gone, façon stride cubiste, Fred Hersch nous offre The Peacocks, de Jimmy Rowles, dans une version d’anthologie. Après une intro mystère dans l’esprit des Images de Debussy, le pianiste expose ce thème magnifique dans tout le détail de ses détours harmoniques, ajoutant çà et là dans ses improvisations des tensions supplémentaires à l’effet jouissif ; et la coda majestueuse nous entraîne du côté de Moussorgski. Ensuite, sur un thème de Jobim, Fred Hersch dissocie les voix d’une façon étonnante : il me fait penser à Glenn Gould et à cette indépendance expressive des mains qui, chacune suivant sa voie (sa voix), produit un discours d’une clarté et d’une lisibilité confondantes, mais dans la plus grande cohérence musicale. Après une composition originale le pianiste conclut, comme il aime à le faire, avec Thelonious Monk : quelques thèmes du Mystérieux Ermite s’entrecroisent dans un exercice funambule, pour notre ravissement. Rappelé, comme il se doit, Fred Hersch joue Valentine (qui concluait aussi, en solo, son récent disque en trio), mais le public, insatiable, lui extorque encore un bonus, qu’il concède de bonne grâce : ce sera un retour aux standards, avec un stride qui tutoie les abysses sans y sombrer jamais. Une fois de plus, au sortir d’un concert de Fred Hersch, je me dis que c’est, décidément, un Grand Maître.
Xavier Prévost|Fred Hersch en solo, et en club, c’est une expérience unique. Avec en mémoire le souvenir ému d’un concert passé dans l’ancien Duc de Lombards, je me suis dit que l’unique pouvait sans doute devenir pluriel.
Paris, Duc des Lombards, 15 décembre 2016, 21h30
Le public est très sage, concentré, attentif, et l’atmosphère bon enfant : le pianiste parle aux spectateurs en termes chaleureux pour les accueillir, et annonce les titres avant -ou après- leur interprétation. On est dans la connivence qu’autorise la proximité, presque une intimité. Le concert commence en tempo lent. Mais déjà les phrases s’entrelacent en des circonvolutions serrées, et lyriques. Suivent un thème dédié à la grand mère et à la mère du pianiste, West Virginia Rose , et un thème folky dédié à Bill Frisell. Dans ce registre qui rappelle un peu le Keith Jarrett de « Facing You », Fred Hersch joue une autre carte, où l’intériorité supplante l’ostentation du chant. Puis le pianiste reprend For No One, des Beatles, époque « Revolver ». Mais cette version en solo est fort différente de celle qui se trouve sur son tout récent « Sunday Night At The Vanguard », en trio. Vient ensuite une improvisation où l’indépendance des voix, parfois vertigineuse, me rappelle Lennie Tristano. Après un vieux standard, After You’ve Gone, façon stride cubiste, Fred Hersch nous offre The Peacocks, de Jimmy Rowles, dans une version d’anthologie. Après une intro mystère dans l’esprit des Images de Debussy, le pianiste expose ce thème magnifique dans tout le détail de ses détours harmoniques, ajoutant çà et là dans ses improvisations des tensions supplémentaires à l’effet jouissif ; et la coda majestueuse nous entraîne du côté de Moussorgski. Ensuite, sur un thème de Jobim, Fred Hersch dissocie les voix d’une façon étonnante : il me fait penser à Glenn Gould et à cette indépendance expressive des mains qui, chacune suivant sa voie (sa voix), produit un discours d’une clarté et d’une lisibilité confondantes, mais dans la plus grande cohérence musicale. Après une composition originale le pianiste conclut, comme il aime à le faire, avec Thelonious Monk : quelques thèmes du Mystérieux Ermite s’entrecroisent dans un exercice funambule, pour notre ravissement. Rappelé, comme il se doit, Fred Hersch joue Valentine (qui concluait aussi, en solo, son récent disque en trio), mais le public, insatiable, lui extorque encore un bonus, qu’il concède de bonne grâce : ce sera un retour aux standards, avec un stride qui tutoie les abysses sans y sombrer jamais. Une fois de plus, au sortir d’un concert de Fred Hersch, je me dis que c’est, décidément, un Grand Maître.
Xavier Prévost|Fred Hersch en solo, et en club, c’est une expérience unique. Avec en mémoire le souvenir ému d’un concert passé dans l’ancien Duc de Lombards, je me suis dit que l’unique pouvait sans doute devenir pluriel.
Paris, Duc des Lombards, 15 décembre 2016, 21h30
Le public est très sage, concentré, attentif, et l’atmosphère bon enfant : le pianiste parle aux spectateurs en termes chaleureux pour les accueillir, et annonce les titres avant -ou après- leur interprétation. On est dans la connivence qu’autorise la proximité, presque une intimité. Le concert commence en tempo lent. Mais déjà les phrases s’entrelacent en des circonvolutions serrées, et lyriques. Suivent un thème dédié à la grand mère et à la mère du pianiste, West Virginia Rose , et un thème folky dédié à Bill Frisell. Dans ce registre qui rappelle un peu le Keith Jarrett de « Facing You », Fred Hersch joue une autre carte, où l’intériorité supplante l’ostentation du chant. Puis le pianiste reprend For No One, des Beatles, époque « Revolver ». Mais cette version en solo est fort différente de celle qui se trouve sur son tout récent « Sunday Night At The Vanguard », en trio. Vient ensuite une improvisation où l’indépendance des voix, parfois vertigineuse, me rappelle Lennie Tristano. Après un vieux standard, After You’ve Gone, façon stride cubiste, Fred Hersch nous offre The Peacocks, de Jimmy Rowles, dans une version d’anthologie. Après une intro mystère dans l’esprit des Images de Debussy, le pianiste expose ce thème magnifique dans tout le détail de ses détours harmoniques, ajoutant çà et là dans ses improvisations des tensions supplémentaires à l’effet jouissif ; et la coda majestueuse nous entraîne du côté de Moussorgski. Ensuite, sur un thème de Jobim, Fred Hersch dissocie les voix d’une façon étonnante : il me fait penser à Glenn Gould et à cette indépendance expressive des mains qui, chacune suivant sa voie (sa voix), produit un discours d’une clarté et d’une lisibilité confondantes, mais dans la plus grande cohérence musicale. Après une composition originale le pianiste conclut, comme il aime à le faire, avec Thelonious Monk : quelques thèmes du Mystérieux Ermite s’entrecroisent dans un exercice funambule, pour notre ravissement. Rappelé, comme il se doit, Fred Hersch joue Valentine (qui concluait aussi, en solo, son récent disque en trio), mais le public, insatiable, lui extorque encore un bonus, qu’il concède de bonne grâce : ce sera un retour aux standards, avec un stride qui tutoie les abysses sans y sombrer jamais. Une fois de plus, au sortir d’un concert de Fred Hersch, je me dis que c’est, décidément, un Grand Maître.
Xavier Prévost|Fred Hersch en solo, et en club, c’est une expérience unique. Avec en mémoire le souvenir ému d’un concert passé dans l’ancien Duc de Lombards, je me suis dit que l’unique pouvait sans doute devenir pluriel.
Paris, Duc des Lombards, 15 décembre 2016, 21h30
Le public est très sage, concentré, attentif, et l’atmosphère bon enfant : le pianiste parle aux spectateurs en termes chaleureux pour les accueillir, et annonce les titres avant -ou après- leur interprétation. On est dans la connivence qu’autorise la proximité, presque une intimité. Le concert commence en tempo lent. Mais déjà les phrases s’entrelacent en des circonvolutions serrées, et lyriques. Suivent un thème dédié à la grand mère et à la mère du pianiste, West Virginia Rose , et un thème folky dédié à Bill Frisell. Dans ce registre qui rappelle un peu le Keith Jarrett de « Facing You », Fred Hersch joue une autre carte, où l’intériorité supplante l’ostentation du chant. Puis le pianiste reprend For No One, des Beatles, époque « Revolver ». Mais cette version en solo est fort différente de celle qui se trouve sur son tout récent « Sunday Night At The Vanguard », en trio. Vient ensuite une improvisation où l’indépendance des voix, parfois vertigineuse, me rappelle Lennie Tristano. Après un vieux standard, After You’ve Gone, façon stride cubiste, Fred Hersch nous offre The Peacocks, de Jimmy Rowles, dans une version d’anthologie. Après une intro mystère dans l’esprit des Images de Debussy, le pianiste expose ce thème magnifique dans tout le détail de ses détours harmoniques, ajoutant çà et là dans ses improvisations des tensions supplémentaires à l’effet jouissif ; et la coda majestueuse nous entraîne du côté de Moussorgski. Ensuite, sur un thème de Jobim, Fred Hersch dissocie les voix d’une façon étonnante : il me fait penser à Glenn Gould et à cette indépendance expressive des mains qui, chacune suivant sa voie (sa voix), produit un discours d’une clarté et d’une lisibilité confondantes, mais dans la plus grande cohérence musicale. Après une composition originale le pianiste conclut, comme il aime à le faire, avec Thelonious Monk : quelques thèmes du Mystérieux Ermite s’entrecroisent dans un exercice funambule, pour notre ravissement. Rappelé, comme il se doit, Fred Hersch joue Valentine (qui concluait aussi, en solo, son récent disque en trio), mais le public, insatiable, lui extorque encore un bonus, qu’il concède de bonne grâce : ce sera un retour aux standards, avec un stride qui tutoie les abysses sans y sombrer jamais. Une fois de plus, au sortir d’un concert de Fred Hersch, je me dis que c’est, décidément, un Grand Maître.
Xavier Prévost