Jazz live
Publié le 3 Oct 2016

Un French Jazz All Stars live à Séoul

Manu Katché lance la séquence solo par des frappes sèches, métronomiques, démultipliées. Pourtant c’est à deux que le ton monte sur les batteries. A main nue sur les caisses ou les cymbales, Louis Moutin dévoile aussi sa façon de caresser ou titiller l’oreille. S’installe alors en mano à mano un coeur vivant de battements naturels conjugués. Le plaisir surgit d’une émulation sécrétée sur l’instant. En duo.

French Jazz All Stars, Henri Texier Quartet : Henri Texier (b), Louis Moutin (dm), François Corneloup (bar s), Sébastien Texier (as, cl, b cl) + invités: Airelle Besson (tp), Joce Mienniel (fl), Manu Katché (dm)

Lotte Concert Hall, Séoul, Corée du Nord 1er octobre

Le Concert Hall flambant neuf se niche plein centre ville au 8e niveau d’un énorme complexe commercial planté au beau milieu des buildings de Séoul, dont le plus haut (123 étages, plus de 300 mètres de hauteur ), Lotte Tower construit par un businessman japonais très entreprenant dans la ville -aujourd’hui en délicatesse avec la justice coréenne toutefois- se situe au 6e rang mondial des tours géantes. Le concert du French Jazz All Stars figure au rang des manifestations montées dans le cadre de l’Année Franco Coréenne de la Culture. Le jazz s’y inscrit au travers d’un échange de musiciens et d’orchestres entre deux festivals: Jazz sous les Pommiers à Coutances et Jarasum Jazz Festival à Gapyong, ville située au nord de la capitale coréenne.

L’étape préliminaire de Séoul, le casting français conçu spécialement pour ce concert one shot vaut affichage de prestige tant pour le festival coréen que pour l’échange artistique entre les deux pays. Avec un bonus non négligeable en terme de notoriété pour Jazz sous les Pommiers,  Pour la partie de l’équipe normande présente en Corée passer de l’image du Magic Mirror planté devant la cathédrale de Coutances au fac simile de la Philharmonie de Paris lové à l’ombre s’un gratte ciel géant peut faire choc…Restait en amont pour Henri Texier, récipiendaire de la commande d’un dit All Stars de musiciens de jazz tricolores, à trouver la bonne formule pour valoriser l’action ainsi engagée « Disons que je n’ai pas eu le choix des invités précise d’entrée le bassiste. On me les a imposés. A commencer par Manu Katché, musicien que je repecte, mais star mondiale de l’instrument quand même à intégrer dans l’optique d’un orchestre à deux batteurs, hypothèses pas si évidente à concrétiser. J’ai tout de suite pensé que la meilleure solution c’était de les adjoindre à mon propre orchestre. A mon tour j’ai posé trois conditions. Un: partir de mes compositions. Deux: planifier moi le déroulement du concert. J’ai donc imaginé l’entrée en scène des invités en fonctions de thèmes susceptible de les mettre en valeur au bon moment. Trois: vérifier la viabilité de la chose par une répétition à Paris. A là fin de cette répétition j’ai su su que Joce Mienniel comme Airelle Besson s’intégreraient parfaitement à l’orchestre. J’ai senti également que mes mélodies pouvaient inspirer le jeu de Manu. Il a été d’une grande modestie, il s’est montré intéressé d’apprendre de cette musique. Pour ma part en l’écoutant j’ai pigé ce que talking drums signifie vraiment… »

Sur les thèmes de Sky Dancers( Label Bleu ) dernier album en date de Texier dédié aux Indiens des Amériques, en quartet d’abord puis au fur et à mesure de l’entrée des invités la musique s’installe, s’impose presque lentement, pleine, ronde, portant au lyrisme. Depuis toujours la marque de fabrique musicale de la maison Texier se grave dans les mélodies, de celles qui demeurent inscrites dans la fonction mémoire (En ce sens on ne souligne pas assez aujourd’hui le travail de précision, la gamme des couleurs tramées sax et clarinette par le fils, Sébastien) Cette fois Airelle Besson a l’occasion d’y apporter ses rebonds, ses découpes savantes autant que sensuelles. La tonalité de la flute de Joce Mienniel agit elle dans des traits de lumière, façon fusée éclairante.  Manu Katché en boutefeux figure illico l’élément déclencheur « C’est moins simple qu’il y parait de rentrer dans un orchestre comme celui d’Henri. Bien sur je lui ai confié mon admiration lorsque, jeune batteur, j’allais écouter sa bande avec Aldo Romano et compagnie tracer les lignes du be-bop à la française…Mais pour moi aujourd’hui il s’agissait de m’intégrer dans une manière stylistique, une veine de jazz européen avec ses codes propres, le tout avec un talent spécifique à créer une telle musique. J’ai trouvé cette expérience d’autant plus intéressante dans son aboutissement.  Et Louis m’a beaucoup facilité la tâche, je l’en remercie. Je suis honoré, ravi d’y avoir participé, d’avoir apporter ma pierre  au projet» Sur les compositions jouées en septet les montées d’intensité partent du collectif. En saillies célébrées à grands cris par le public  coréen particulièrement réactif, prompt à s’enthousiasmer, on notera toutefois un échange sax baryton (François Corneloup) batterie tout en puissance et feu roulant de swings mêlés, l’art du batteur invité également à décorer de hauts reliefs les lignes de basse du leader parti en chorus.

Une remarque plus une question à postériori: voilà bien le genre de concert apte à mériter un enregistrement préparé pour la sortie d’un disque live justifié de par la nature de l’évènement. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? En point de conclusion touchant aussi à la question évènementielle portant sur un budget de 35 000 € (cf le compte rendu dans le Live Jazz Mag du 1er/10) l’avis d’Agnès Bénayer, Commissaire Générale de l’Année France-Corée au nom de l’Institut Français « Cette opération autour du jazz restera emblématique de la qualité de l’accord culturel passé, spécifiquement pour une année, entre la France et la Corée. Elle illustre les possibilités de dialogue à nouer entre les musiciens comme entre les institutions de pays distincts. En matière de coopération Il n’existe pas seulement que des logiques de chiffres mais bien des nécessités de développement culturel à renforcer. En ce sens le jazz en plein essor en Corée avec une fusion entre la tradition et les tendances actuelles me parait un bon support. D’autant qu’en France Jazz sous les Pommiers s’avère une vraie marque ancrée de surcroit en Normandie,  une région »

Robert Latxague

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Manu Katché lance la séquence solo par des frappes sèches, métronomiques, démultipliées. Pourtant c’est à deux que le ton monte sur les batteries. A main nue sur les caisses ou les cymbales, Louis Moutin dévoile aussi sa façon de caresser ou titiller l’oreille. S’installe alors en mano à mano un coeur vivant de battements naturels conjugués. Le plaisir surgit d’une émulation sécrétée sur l’instant. En duo.

French Jazz All Stars, Henri Texier Quartet : Henri Texier (b), Louis Moutin (dm), François Corneloup (bar s), Sébastien Texier (as, cl, b cl) + invités: Airelle Besson (tp), Joce Mienniel (fl), Manu Katché (dm)

Lotte Concert Hall, Séoul, Corée du Nord 1er octobre

Le Concert Hall flambant neuf se niche plein centre ville au 8e niveau d’un énorme complexe commercial planté au beau milieu des buildings de Séoul, dont le plus haut (123 étages, plus de 300 mètres de hauteur ), Lotte Tower construit par un businessman japonais très entreprenant dans la ville -aujourd’hui en délicatesse avec la justice coréenne toutefois- se situe au 6e rang mondial des tours géantes. Le concert du French Jazz All Stars figure au rang des manifestations montées dans le cadre de l’Année Franco Coréenne de la Culture. Le jazz s’y inscrit au travers d’un échange de musiciens et d’orchestres entre deux festivals: Jazz sous les Pommiers à Coutances et Jarasum Jazz Festival à Gapyong, ville située au nord de la capitale coréenne.

L’étape préliminaire de Séoul, le casting français conçu spécialement pour ce concert one shot vaut affichage de prestige tant pour le festival coréen que pour l’échange artistique entre les deux pays. Avec un bonus non négligeable en terme de notoriété pour Jazz sous les Pommiers,  Pour la partie de l’équipe normande présente en Corée passer de l’image du Magic Mirror planté devant la cathédrale de Coutances au fac simile de la Philharmonie de Paris lové à l’ombre s’un gratte ciel géant peut faire choc…Restait en amont pour Henri Texier, récipiendaire de la commande d’un dit All Stars de musiciens de jazz tricolores, à trouver la bonne formule pour valoriser l’action ainsi engagée « Disons que je n’ai pas eu le choix des invités précise d’entrée le bassiste. On me les a imposés. A commencer par Manu Katché, musicien que je repecte, mais star mondiale de l’instrument quand même à intégrer dans l’optique d’un orchestre à deux batteurs, hypothèses pas si évidente à concrétiser. J’ai tout de suite pensé que la meilleure solution c’était de les adjoindre à mon propre orchestre. A mon tour j’ai posé trois conditions. Un: partir de mes compositions. Deux: planifier moi le déroulement du concert. J’ai donc imaginé l’entrée en scène des invités en fonctions de thèmes susceptible de les mettre en valeur au bon moment. Trois: vérifier la viabilité de la chose par une répétition à Paris. A là fin de cette répétition j’ai su su que Joce Mienniel comme Airelle Besson s’intégreraient parfaitement à l’orchestre. J’ai senti également que mes mélodies pouvaient inspirer le jeu de Manu. Il a été d’une grande modestie, il s’est montré intéressé d’apprendre de cette musique. Pour ma part en l’écoutant j’ai pigé ce que talking drums signifie vraiment… »

Sur les thèmes de Sky Dancers( Label Bleu ) dernier album en date de Texier dédié aux Indiens des Amériques, en quartet d’abord puis au fur et à mesure de l’entrée des invités la musique s’installe, s’impose presque lentement, pleine, ronde, portant au lyrisme. Depuis toujours la marque de fabrique musicale de la maison Texier se grave dans les mélodies, de celles qui demeurent inscrites dans la fonction mémoire (En ce sens on ne souligne pas assez aujourd’hui le travail de précision, la gamme des couleurs tramées sax et clarinette par le fils, Sébastien) Cette fois Airelle Besson a l’occasion d’y apporter ses rebonds, ses découpes savantes autant que sensuelles. La tonalité de la flute de Joce Mienniel agit elle dans des traits de lumière, façon fusée éclairante.  Manu Katché en boutefeux figure illico l’élément déclencheur « C’est moins simple qu’il y parait de rentrer dans un orchestre comme celui d’Henri. Bien sur je lui ai confié mon admiration lorsque, jeune batteur, j’allais écouter sa bande avec Aldo Romano et compagnie tracer les lignes du be-bop à la française…Mais pour moi aujourd’hui il s’agissait de m’intégrer dans une manière stylistique, une veine de jazz européen avec ses codes propres, le tout avec un talent spécifique à créer une telle musique. J’ai trouvé cette expérience d’autant plus intéressante dans son aboutissement.  Et Louis m’a beaucoup facilité la tâche, je l’en remercie. Je suis honoré, ravi d’y avoir participé, d’avoir apporter ma pierre  au projet» Sur les compositions jouées en septet les montées d’intensité partent du collectif. En saillies célébrées à grands cris par le public  coréen particulièrement réactif, prompt à s’enthousiasmer, on notera toutefois un échange sax baryton (François Corneloup) batterie tout en puissance et feu roulant de swings mêlés, l’art du batteur invité également à décorer de hauts reliefs les lignes de basse du leader parti en chorus.

Une remarque plus une question à postériori: voilà bien le genre de concert apte à mériter un enregistrement préparé pour la sortie d’un disque live justifié de par la nature de l’évènement. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? En point de conclusion touchant aussi à la question évènementielle portant sur un budget de 35 000 € (cf le compte rendu dans le Live Jazz Mag du 1er/10) l’avis d’Agnès Bénayer, Commissaire Générale de l’Année France-Corée au nom de l’Institut Français « Cette opération autour du jazz restera emblématique de la qualité de l’accord culturel passé, spécifiquement pour une année, entre la France et la Corée. Elle illustre les possibilités de dialogue à nouer entre les musiciens comme entre les institutions de pays distincts. En matière de coopération Il n’existe pas seulement que des logiques de chiffres mais bien des nécessités de développement culturel à renforcer. En ce sens le jazz en plein essor en Corée avec une fusion entre la tradition et les tendances actuelles me parait un bon support. D’autant qu’en France Jazz sous les Pommiers s’avère une vraie marque ancrée de surcroit en Normandie,  une région »

Robert Latxague

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Manu Katché lance la séquence solo par des frappes sèches, métronomiques, démultipliées. Pourtant c’est à deux que le ton monte sur les batteries. A main nue sur les caisses ou les cymbales, Louis Moutin dévoile aussi sa façon de caresser ou titiller l’oreille. S’installe alors en mano à mano un coeur vivant de battements naturels conjugués. Le plaisir surgit d’une émulation sécrétée sur l’instant. En duo.

French Jazz All Stars, Henri Texier Quartet : Henri Texier (b), Louis Moutin (dm), François Corneloup (bar s), Sébastien Texier (as, cl, b cl) + invités: Airelle Besson (tp), Joce Mienniel (fl), Manu Katché (dm)

Lotte Concert Hall, Séoul, Corée du Nord 1er octobre

Le Concert Hall flambant neuf se niche plein centre ville au 8e niveau d’un énorme complexe commercial planté au beau milieu des buildings de Séoul, dont le plus haut (123 étages, plus de 300 mètres de hauteur ), Lotte Tower construit par un businessman japonais très entreprenant dans la ville -aujourd’hui en délicatesse avec la justice coréenne toutefois- se situe au 6e rang mondial des tours géantes. Le concert du French Jazz All Stars figure au rang des manifestations montées dans le cadre de l’Année Franco Coréenne de la Culture. Le jazz s’y inscrit au travers d’un échange de musiciens et d’orchestres entre deux festivals: Jazz sous les Pommiers à Coutances et Jarasum Jazz Festival à Gapyong, ville située au nord de la capitale coréenne.

L’étape préliminaire de Séoul, le casting français conçu spécialement pour ce concert one shot vaut affichage de prestige tant pour le festival coréen que pour l’échange artistique entre les deux pays. Avec un bonus non négligeable en terme de notoriété pour Jazz sous les Pommiers,  Pour la partie de l’équipe normande présente en Corée passer de l’image du Magic Mirror planté devant la cathédrale de Coutances au fac simile de la Philharmonie de Paris lové à l’ombre s’un gratte ciel géant peut faire choc…Restait en amont pour Henri Texier, récipiendaire de la commande d’un dit All Stars de musiciens de jazz tricolores, à trouver la bonne formule pour valoriser l’action ainsi engagée « Disons que je n’ai pas eu le choix des invités précise d’entrée le bassiste. On me les a imposés. A commencer par Manu Katché, musicien que je repecte, mais star mondiale de l’instrument quand même à intégrer dans l’optique d’un orchestre à deux batteurs, hypothèses pas si évidente à concrétiser. J’ai tout de suite pensé que la meilleure solution c’était de les adjoindre à mon propre orchestre. A mon tour j’ai posé trois conditions. Un: partir de mes compositions. Deux: planifier moi le déroulement du concert. J’ai donc imaginé l’entrée en scène des invités en fonctions de thèmes susceptible de les mettre en valeur au bon moment. Trois: vérifier la viabilité de la chose par une répétition à Paris. A là fin de cette répétition j’ai su su que Joce Mienniel comme Airelle Besson s’intégreraient parfaitement à l’orchestre. J’ai senti également que mes mélodies pouvaient inspirer le jeu de Manu. Il a été d’une grande modestie, il s’est montré intéressé d’apprendre de cette musique. Pour ma part en l’écoutant j’ai pigé ce que talking drums signifie vraiment… »

Sur les thèmes de Sky Dancers( Label Bleu ) dernier album en date de Texier dédié aux Indiens des Amériques, en quartet d’abord puis au fur et à mesure de l’entrée des invités la musique s’installe, s’impose presque lentement, pleine, ronde, portant au lyrisme. Depuis toujours la marque de fabrique musicale de la maison Texier se grave dans les mélodies, de celles qui demeurent inscrites dans la fonction mémoire (En ce sens on ne souligne pas assez aujourd’hui le travail de précision, la gamme des couleurs tramées sax et clarinette par le fils, Sébastien) Cette fois Airelle Besson a l’occasion d’y apporter ses rebonds, ses découpes savantes autant que sensuelles. La tonalité de la flute de Joce Mienniel agit elle dans des traits de lumière, façon fusée éclairante.  Manu Katché en boutefeux figure illico l’élément déclencheur « C’est moins simple qu’il y parait de rentrer dans un orchestre comme celui d’Henri. Bien sur je lui ai confié mon admiration lorsque, jeune batteur, j’allais écouter sa bande avec Aldo Romano et compagnie tracer les lignes du be-bop à la française…Mais pour moi aujourd’hui il s’agissait de m’intégrer dans une manière stylistique, une veine de jazz européen avec ses codes propres, le tout avec un talent spécifique à créer une telle musique. J’ai trouvé cette expérience d’autant plus intéressante dans son aboutissement.  Et Louis m’a beaucoup facilité la tâche, je l’en remercie. Je suis honoré, ravi d’y avoir participé, d’avoir apporter ma pierre  au projet» Sur les compositions jouées en septet les montées d’intensité partent du collectif. En saillies célébrées à grands cris par le public  coréen particulièrement réactif, prompt à s’enthousiasmer, on notera toutefois un échange sax baryton (François Corneloup) batterie tout en puissance et feu roulant de swings mêlés, l’art du batteur invité également à décorer de hauts reliefs les lignes de basse du leader parti en chorus.

Une remarque plus une question à postériori: voilà bien le genre de concert apte à mériter un enregistrement préparé pour la sortie d’un disque live justifié de par la nature de l’évènement. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? En point de conclusion touchant aussi à la question évènementielle portant sur un budget de 35 000 € (cf le compte rendu dans le Live Jazz Mag du 1er/10) l’avis d’Agnès Bénayer, Commissaire Générale de l’Année France-Corée au nom de l’Institut Français « Cette opération autour du jazz restera emblématique de la qualité de l’accord culturel passé, spécifiquement pour une année, entre la France et la Corée. Elle illustre les possibilités de dialogue à nouer entre les musiciens comme entre les institutions de pays distincts. En matière de coopération Il n’existe pas seulement que des logiques de chiffres mais bien des nécessités de développement culturel à renforcer. En ce sens le jazz en plein essor en Corée avec une fusion entre la tradition et les tendances actuelles me parait un bon support. D’autant qu’en France Jazz sous les Pommiers s’avère une vraie marque ancrée de surcroit en Normandie,  une région »

Robert Latxague

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Manu Katché lance la séquence solo par des frappes sèches, métronomiques, démultipliées. Pourtant c’est à deux que le ton monte sur les batteries. A main nue sur les caisses ou les cymbales, Louis Moutin dévoile aussi sa façon de caresser ou titiller l’oreille. S’installe alors en mano à mano un coeur vivant de battements naturels conjugués. Le plaisir surgit d’une émulation sécrétée sur l’instant. En duo.

French Jazz All Stars, Henri Texier Quartet : Henri Texier (b), Louis Moutin (dm), François Corneloup (bar s), Sébastien Texier (as, cl, b cl) + invités: Airelle Besson (tp), Joce Mienniel (fl), Manu Katché (dm)

Lotte Concert Hall, Séoul, Corée du Nord 1er octobre

Le Concert Hall flambant neuf se niche plein centre ville au 8e niveau d’un énorme complexe commercial planté au beau milieu des buildings de Séoul, dont le plus haut (123 étages, plus de 300 mètres de hauteur ), Lotte Tower construit par un businessman japonais très entreprenant dans la ville -aujourd’hui en délicatesse avec la justice coréenne toutefois- se situe au 6e rang mondial des tours géantes. Le concert du French Jazz All Stars figure au rang des manifestations montées dans le cadre de l’Année Franco Coréenne de la Culture. Le jazz s’y inscrit au travers d’un échange de musiciens et d’orchestres entre deux festivals: Jazz sous les Pommiers à Coutances et Jarasum Jazz Festival à Gapyong, ville située au nord de la capitale coréenne.

L’étape préliminaire de Séoul, le casting français conçu spécialement pour ce concert one shot vaut affichage de prestige tant pour le festival coréen que pour l’échange artistique entre les deux pays. Avec un bonus non négligeable en terme de notoriété pour Jazz sous les Pommiers,  Pour la partie de l’équipe normande présente en Corée passer de l’image du Magic Mirror planté devant la cathédrale de Coutances au fac simile de la Philharmonie de Paris lové à l’ombre s’un gratte ciel géant peut faire choc…Restait en amont pour Henri Texier, récipiendaire de la commande d’un dit All Stars de musiciens de jazz tricolores, à trouver la bonne formule pour valoriser l’action ainsi engagée « Disons que je n’ai pas eu le choix des invités précise d’entrée le bassiste. On me les a imposés. A commencer par Manu Katché, musicien que je repecte, mais star mondiale de l’instrument quand même à intégrer dans l’optique d’un orchestre à deux batteurs, hypothèses pas si évidente à concrétiser. J’ai tout de suite pensé que la meilleure solution c’était de les adjoindre à mon propre orchestre. A mon tour j’ai posé trois conditions. Un: partir de mes compositions. Deux: planifier moi le déroulement du concert. J’ai donc imaginé l’entrée en scène des invités en fonctions de thèmes susceptible de les mettre en valeur au bon moment. Trois: vérifier la viabilité de la chose par une répétition à Paris. A là fin de cette répétition j’ai su su que Joce Mienniel comme Airelle Besson s’intégreraient parfaitement à l’orchestre. J’ai senti également que mes mélodies pouvaient inspirer le jeu de Manu. Il a été d’une grande modestie, il s’est montré intéressé d’apprendre de cette musique. Pour ma part en l’écoutant j’ai pigé ce que talking drums signifie vraiment… »

Sur les thèmes de Sky Dancers( Label Bleu ) dernier album en date de Texier dédié aux Indiens des Amériques, en quartet d’abord puis au fur et à mesure de l’entrée des invités la musique s’installe, s’impose presque lentement, pleine, ronde, portant au lyrisme. Depuis toujours la marque de fabrique musicale de la maison Texier se grave dans les mélodies, de celles qui demeurent inscrites dans la fonction mémoire (En ce sens on ne souligne pas assez aujourd’hui le travail de précision, la gamme des couleurs tramées sax et clarinette par le fils, Sébastien) Cette fois Airelle Besson a l’occasion d’y apporter ses rebonds, ses découpes savantes autant que sensuelles. La tonalité de la flute de Joce Mienniel agit elle dans des traits de lumière, façon fusée éclairante.  Manu Katché en boutefeux figure illico l’élément déclencheur « C’est moins simple qu’il y parait de rentrer dans un orchestre comme celui d’Henri. Bien sur je lui ai confié mon admiration lorsque, jeune batteur, j’allais écouter sa bande avec Aldo Romano et compagnie tracer les lignes du be-bop à la française…Mais pour moi aujourd’hui il s’agissait de m’intégrer dans une manière stylistique, une veine de jazz européen avec ses codes propres, le tout avec un talent spécifique à créer une telle musique. J’ai trouvé cette expérience d’autant plus intéressante dans son aboutissement.  Et Louis m’a beaucoup facilité la tâche, je l’en remercie. Je suis honoré, ravi d’y avoir participé, d’avoir apporter ma pierre  au projet» Sur les compositions jouées en septet les montées d’intensité partent du collectif. En saillies célébrées à grands cris par le public  coréen particulièrement réactif, prompt à s’enthousiasmer, on notera toutefois un échange sax baryton (François Corneloup) batterie tout en puissance et feu roulant de swings mêlés, l’art du batteur invité également à décorer de hauts reliefs les lignes de basse du leader parti en chorus.

Une remarque plus une question à postériori: voilà bien le genre de concert apte à mériter un enregistrement préparé pour la sortie d’un disque live justifié de par la nature de l’évènement. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? En point de conclusion touchant aussi à la question évènementielle portant sur un budget de 35 000 € (cf le compte rendu dans le Live Jazz Mag du 1er/10) l’avis d’Agnès Bénayer, Commissaire Générale de l’Année France-Corée au nom de l’Institut Français « Cette opération autour du jazz restera emblématique de la qualité de l’accord culturel passé, spécifiquement pour une année, entre la France et la Corée. Elle illustre les possibilités de dialogue à nouer entre les musiciens comme entre les institutions de pays distincts. En matière de coopération Il n’existe pas seulement que des logiques de chiffres mais bien des nécessités de développement culturel à renforcer. En ce sens le jazz en plein essor en Corée avec une fusion entre la tradition et les tendances actuelles me parait un bon support. D’autant qu’en France Jazz sous les Pommiers s’avère une vraie marque ancrée de surcroit en Normandie,  une région »

Robert Latxague