Getxo, des espoirs du jazz ibérique à la DesEsperanza
Getxo, cité chic de l’agglomération de Bilbao (1 million d’habitants) porte son festival depuis 40 ans. Comme les deux autres autres du Pays Basque, Vitoria et San Sebastian, il se trouve promu sinon aidé par le département culture du Gouvernement de la Communauté Autonome d’Euskadi.
Getxo Jazz, Botz Alai Plaza, Euskadi/Espagne
3 juillet
Hermeto Pascual é Grupo: Hermeto Pascual (p, voc, Sax, corne, perc), Aline Morena (g, voc)
Tibéré Zivarg (eb, perc), André Maquis (p, fl, per), Vinicius Dorin (sax, fl, per), Fabio Pascual (perc), Ajurina Zwarg (dm, perc)
Sans doute l’excentricité reste-t-elle motrice chez Hermeto Pascoal, multi instrumentiste inclassable do Brazil. (pourquoi à Getxo n’a-t-il pas joué d’accordéon ?) Génératrice de surprise, d’imprévu, d’une poésie distillée à fleur de notes certainement. Ainsi de cet exercice de percussion et cris/bruits sortis tout droit du ventre de cochons miniatures en latex. Ou ces gargarismes vocaux embouchés par le bec verseur d’une bouilloire à moitié remplie d’eau en guise d’’introduction d’une longue suite (à retrouver sur le CD: Eu e Eles, Selo Radio Mec Brasil) Le tout immédiatement mis en musique(s), évidemment. Autant de minis épisodes aussitôt relayés par les autres membres de l’orchestre, lesquels suivent les pas, facéties et autres initiatives (plus ou moins) baroques du leader comme les enfants un père dans la forêt. Avant de faire à leur tour, de développer. Ceci dit, décrit pour rendre compte autant que faire se peut, un concert d’Hermeto Pascoal demeure une série de moments musicaux tissés à partir de lignes complexes, de strates riches, d’accents multiples, multicolores, métissés du Brésil,du Nordeste en particulier. Pour ces raisons intuitives, le côté savant plus la folie douce, Miles Davis en personne respectait le compositeur. Bernard Lubat lui dit admirer l’artiste singulier autant que le créateur de sons. Ce dernier joue le décalage certes A cette fin il quitte la ligne toujours sans prévenir sans prévenir. In fine, backstage, avec force mimiques et embrassades multiples à ses interlocuteurs et interlocutrices d’un soir Hermeto d’un coup d’un seul redevenu sérieux lance cette sentence abrupte « Improviser pour allonger le temps des phrases ou des notes c’est au fond un peu facile, non ? Et souvent un péché véniel du jazz. L’écriture, le respect des lignes ainsi tracées reste un exercice difficile, une intelligence nécessaire à la musique »
4 juillet
Dee Dee Bridgewater (voc), Michael King (p, key), Theo Crocker (tp), Eric Wheeler (b), Irvin Hall (sax, fl), Kassa Overhall (dm)
La plus française des chanteuses américaines de jazz revient à ses classiques, Aux standards par là même. A ses origine quoi. Afro Blue pour commencer occasion d’un solo du sac ténor tout en ruptures. Blue Monk pour enchainer, histoire de dire le beau texte d’Abbey Lincoln. Et basculer dans des acrobaties de scat propres à accrocher le public par l ‘oreille. Elle fait appel à un thème chatoyant signé Horace Silver. Ça y est : elle a pleinement pris possession de la salle, le métier aidant évidemment pour réussir dans cette entreprise. Se profile dès lors un St James Infirmary aux cris scandés, graves, rauques pour évoluer les rues de New Orleans. L’audience sous le chapiteau planté en centre ville au dessus du port de plaisance par une nuit humide, est prise à même la gorge d’Amstrong et de Dee Dee personnifiés de concert. Entre les thèmes elle est restée discrète, sans discours excessif, son pêché mignon. La voix pour et dans le jazz. Presque jusqu’au bout du set et trois rappels à la clef. Là tout se déchaine. Un Living in the city de feu, des tempi binaires appuyés, une homogénéité orchestrale sans faille:voilà que Dee Dee se fait soul sister. Du groove en pagaille histoire d’habiter une voix grave. Des fourmis dans les jambes, de la danse partagée sur les planches et sur le carreau de la salle. Dee Dee à la tête d’un quintet funky super tonique se trouve come dopée. Revivifiée, allez. Public en folie, tout est dit.
5 juillet
Daahoud Salim (p, parc), Bruno Calvo (tp), Pablo Martinez (tb), (Hendrik Muller (b), Sunm Hong (dm)
Gonzalo Del Val (dm), David Mengual (b), Marco Mezquida (p)
Esperanza Spalding (voc, b), Corey King (keyb, voc), Matthew Stevens (g), Shavina Corso (voc), Emily Elbert (voc) Justin Tyson (dm)
Getxo Jazz comme d’autres festivals organise un concours d’orchestres. Cette année prix du public, pris du jury et prix du meilleur soliste vont aux mêmes: Daahoud Salim Quintet, orchestre formé à Amsterdam mais qui réunit des jeunes musiciens (espagnols, hollandais + une batteuse sud coréenne) dans la ville de Bilbao. Dont le leader, pianiste intéressant et compositeur inspiré. Chez le pianiste pointent des traces de Mc Coy Tyner, Jarreth ou Abdullah Ibrahim sans doute. Chez le compositeur un matériau original alliant cordes, cuivres (unissons ou contrastes,) et percussions, le tout bien étagé, précisément positionné. Avec un souci d’équilibre entre l’écrit et le plaisir festif laissé par l’improvisation. A écouter (CD: La Llamada, @Blueastéroir Records) A suivre sur d’autres scènes. Vu et entendu également sur la seconde scène du festival à Algorta le trio du batteur Gonzalo Del Val dévoile (outre le bassiste David Mengual, très solide, pilier reconnu du jazz à Barcelone) un pianiste catalan plein de promesses: Marco Mezquida fait s’épanouir sur le clavier une main droite volubile mais imaginative, un bon goût également dans les choix musicaux proposés. Au point de jouer Paradox, un thème de Jarreth « que, je l’avoue, j’ai été écouté la nuit dernière en piano solo à Budapest… » Gonflé non ce jeune ?
Pianiste toujours: Laurent Coulondres, venu lui aussi présenter le travail de son trio toujours sur la seconde scène…mais (entre)vu seulement à une heure du matin, présent, engagé, vaillant sur la scène ouverte d’un pub, lieu des jams sessions (la formule persiste dans les festivals en Espagne, suscitée, entretenue, suivi) de nuit à Getxo;
Esperanza Spalding, enfin pour clôturer le festival. Désolé: Esperanza ou Emily’s D + Evolution (son double ? sa conscience ? sa petite lumière), je n’ai pas saisi, je n’ai rien senti, vu que du blanc (costume seyant immaculé sous une couronne de pacotille façon roi aztèque imaginé ou Sun Ra du pauvre. Peu vu (une guitare,un batteur/ une batterie planqués derrière un un paravent de plexi glass) de musiciens. Pas entendu de contenu musical construit, nuancé au bénéfice de sons électriques couleurs guimauve au delà de stridences forcées d’une Stratocaster sortie de sa housse entrelardés d’épisodiques riffs de basse électrique. Et cette voix incessante comme égrenant ingénue le récit d’’une bibliothèque verte…Sans doute était ce un autre double, Desezperanza…Trop c’est trop, et de musique pas assez.
Bien. Pour terminer le credo du boss du Festival, Iñaki Isaitua « Nous voulons rester dans les possibilités artistiques que nous offres notre espace, une jauge de 1000 personnes. Continuer à faire découvrir des artistes à un public de non spécialistes, lLe satisfaire donc lui donner du plaisir d’écoute avec des figures du jazz évidemment. Mais aussi par la découverte de jeunes artistes, de chez nous au Pays Basque, d’Espagne et d’ailleurs sur la scène ouverte et gratuite. Notre satisfaction passe par l’élargissement du public vers, par cette musique de jazz » Plus cette année une perspective nouvelle: un lien d’échange établi avec le festival Ibiza Jazz qui renait de ses cendres. A suivre.
Robert Latxague
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Getxo, cité chic de l’agglomération de Bilbao (1 million d’habitants) porte son festival depuis 40 ans. Comme les deux autres autres du Pays Basque, Vitoria et San Sebastian, il se trouve promu sinon aidé par le département culture du Gouvernement de la Communauté Autonome d’Euskadi.
Getxo Jazz, Botz Alai Plaza, Euskadi/Espagne
3 juillet
Hermeto Pascual é Grupo: Hermeto Pascual (p, voc, Sax, corne, perc), Aline Morena (g, voc)
Tibéré Zivarg (eb, perc), André Maquis (p, fl, per), Vinicius Dorin (sax, fl, per), Fabio Pascual (perc), Ajurina Zwarg (dm, perc)
Sans doute l’excentricité reste-t-elle motrice chez Hermeto Pascoal, multi instrumentiste inclassable do Brazil. (pourquoi à Getxo n’a-t-il pas joué d’accordéon ?) Génératrice de surprise, d’imprévu, d’une poésie distillée à fleur de notes certainement. Ainsi de cet exercice de percussion et cris/bruits sortis tout droit du ventre de cochons miniatures en latex. Ou ces gargarismes vocaux embouchés par le bec verseur d’une bouilloire à moitié remplie d’eau en guise d’’introduction d’une longue suite (à retrouver sur le CD: Eu e Eles, Selo Radio Mec Brasil) Le tout immédiatement mis en musique(s), évidemment. Autant de minis épisodes aussitôt relayés par les autres membres de l’orchestre, lesquels suivent les pas, facéties et autres initiatives (plus ou moins) baroques du leader comme les enfants un père dans la forêt. Avant de faire à leur tour, de développer. Ceci dit, décrit pour rendre compte autant que faire se peut, un concert d’Hermeto Pascoal demeure une série de moments musicaux tissés à partir de lignes complexes, de strates riches, d’accents multiples, multicolores, métissés du Brésil,du Nordeste en particulier. Pour ces raisons intuitives, le côté savant plus la folie douce, Miles Davis en personne respectait le compositeur. Bernard Lubat lui dit admirer l’artiste singulier autant que le créateur de sons. Ce dernier joue le décalage certes A cette fin il quitte la ligne toujours sans prévenir sans prévenir. In fine, backstage, avec force mimiques et embrassades multiples à ses interlocuteurs et interlocutrices d’un soir Hermeto d’un coup d’un seul redevenu sérieux lance cette sentence abrupte « Improviser pour allonger le temps des phrases ou des notes c’est au fond un peu facile, non ? Et souvent un péché véniel du jazz. L’écriture, le respect des lignes ainsi tracées reste un exercice difficile, une intelligence nécessaire à la musique »
4 juillet
Dee Dee Bridgewater (voc), Michael King (p, key), Theo Crocker (tp), Eric Wheeler (b), Irvin Hall (sax, fl), Kassa Overhall (dm)
La plus française des chanteuses américaines de jazz revient à ses classiques, Aux standards par là même. A ses origine quoi. Afro Blue pour commencer occasion d’un solo du sac ténor tout en ruptures. Blue Monk pour enchainer, histoire de dire le beau texte d’Abbey Lincoln. Et basculer dans des acrobaties de scat propres à accrocher le public par l ‘oreille. Elle fait appel à un thème chatoyant signé Horace Silver. Ça y est : elle a pleinement pris possession de la salle, le métier aidant évidemment pour réussir dans cette entreprise. Se profile dès lors un St James Infirmary aux cris scandés, graves, rauques pour évoluer les rues de New Orleans. L’audience sous le chapiteau planté en centre ville au dessus du port de plaisance par une nuit humide, est prise à même la gorge d’Amstrong et de Dee Dee personnifiés de concert. Entre les thèmes elle est restée discrète, sans discours excessif, son pêché mignon. La voix pour et dans le jazz. Presque jusqu’au bout du set et trois rappels à la clef. Là tout se déchaine. Un Living in the city de feu, des tempi binaires appuyés, une homogénéité orchestrale sans faille:voilà que Dee Dee se fait soul sister. Du groove en pagaille histoire d’habiter une voix grave. Des fourmis dans les jambes, de la danse partagée sur les planches et sur le carreau de la salle. Dee Dee à la tête d’un quintet funky super tonique se trouve come dopée. Revivifiée, allez. Public en folie, tout est dit.
5 juillet
Daahoud Salim (p, parc), Bruno Calvo (tp), Pablo Martinez (tb), (Hendrik Muller (b), Sunm Hong (dm)
Gonzalo Del Val (dm), David Mengual (b), Marco Mezquida (p)
Esperanza Spalding (voc, b), Corey King (keyb, voc), Matthew Stevens (g), Shavina Corso (voc), Emily Elbert (voc) Justin Tyson (dm)
Getxo Jazz comme d’autres festivals organise un concours d’orchestres. Cette année prix du public, pris du jury et prix du meilleur soliste vont aux mêmes: Daahoud Salim Quintet, orchestre formé à Amsterdam mais qui réunit des jeunes musiciens (espagnols, hollandais + une batteuse sud coréenne) dans la ville de Bilbao. Dont le leader, pianiste intéressant et compositeur inspiré. Chez le pianiste pointent des traces de Mc Coy Tyner, Jarreth ou Abdullah Ibrahim sans doute. Chez le compositeur un matériau original alliant cordes, cuivres (unissons ou contrastes,) et percussions, le tout bien étagé, précisément positionné. Avec un souci d’équilibre entre l’écrit et le plaisir festif laissé par l’improvisation. A écouter (CD: La Llamada, @Blueastéroir Records) A suivre sur d’autres scènes. Vu et entendu également sur la seconde scène du festival à Algorta le trio du batteur Gonzalo Del Val dévoile (outre le bassiste David Mengual, très solide, pilier reconnu du jazz à Barcelone) un pianiste catalan plein de promesses: Marco Mezquida fait s’épanouir sur le clavier une main droite volubile mais imaginative, un bon goût également dans les choix musicaux proposés. Au point de jouer Paradox, un thème de Jarreth « que, je l’avoue, j’ai été écouté la nuit dernière en piano solo à Budapest… » Gonflé non ce jeune ?
Pianiste toujours: Laurent Coulondres, venu lui aussi présenter le travail de son trio toujours sur la seconde scène…mais (entre)vu seulement à une heure du matin, présent, engagé, vaillant sur la scène ouverte d’un pub, lieu des jams sessions (la formule persiste dans les festivals en Espagne, suscitée, entretenue, suivi) de nuit à Getxo;
Esperanza Spalding, enfin pour clôturer le festival. Désolé: Esperanza ou Emily’s D + Evolution (son double ? sa conscience ? sa petite lumière), je n’ai pas saisi, je n’ai rien senti, vu que du blanc (costume seyant immaculé sous une couronne de pacotille façon roi aztèque imaginé ou Sun Ra du pauvre. Peu vu (une guitare,un batteur/ une batterie planqués derrière un un paravent de plexi glass) de musiciens. Pas entendu de contenu musical construit, nuancé au bénéfice de sons électriques couleurs guimauve au delà de stridences forcées d’une Stratocaster sortie de sa housse entrelardés d’épisodiques riffs de basse électrique. Et cette voix incessante comme égrenant ingénue le récit d’’une bibliothèque verte…Sans doute était ce un autre double, Desezperanza…Trop c’est trop, et de musique pas assez.
Bien. Pour terminer le credo du boss du Festival, Iñaki Isaitua « Nous voulons rester dans les possibilités artistiques que nous offres notre espace, une jauge de 1000 personnes. Continuer à faire découvrir des artistes à un public de non spécialistes, lLe satisfaire donc lui donner du plaisir d’écoute avec des figures du jazz évidemment. Mais aussi par la découverte de jeunes artistes, de chez nous au Pays Basque, d’Espagne et d’ailleurs sur la scène ouverte et gratuite. Notre satisfaction passe par l’élargissement du public vers, par cette musique de jazz » Plus cette année une perspective nouvelle: un lien d’échange établi avec le festival Ibiza Jazz qui renait de ses cendres. A suivre.
Robert Latxague
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Getxo, cité chic de l’agglomération de Bilbao (1 million d’habitants) porte son festival depuis 40 ans. Comme les deux autres autres du Pays Basque, Vitoria et San Sebastian, il se trouve promu sinon aidé par le département culture du Gouvernement de la Communauté Autonome d’Euskadi.
Getxo Jazz, Botz Alai Plaza, Euskadi/Espagne
3 juillet
Hermeto Pascual é Grupo: Hermeto Pascual (p, voc, Sax, corne, perc), Aline Morena (g, voc)
Tibéré Zivarg (eb, perc), André Maquis (p, fl, per), Vinicius Dorin (sax, fl, per), Fabio Pascual (perc), Ajurina Zwarg (dm, perc)
Sans doute l’excentricité reste-t-elle motrice chez Hermeto Pascoal, multi instrumentiste inclassable do Brazil. (pourquoi à Getxo n’a-t-il pas joué d’accordéon ?) Génératrice de surprise, d’imprévu, d’une poésie distillée à fleur de notes certainement. Ainsi de cet exercice de percussion et cris/bruits sortis tout droit du ventre de cochons miniatures en latex. Ou ces gargarismes vocaux embouchés par le bec verseur d’une bouilloire à moitié remplie d’eau en guise d’’introduction d’une longue suite (à retrouver sur le CD: Eu e Eles, Selo Radio Mec Brasil) Le tout immédiatement mis en musique(s), évidemment. Autant de minis épisodes aussitôt relayés par les autres membres de l’orchestre, lesquels suivent les pas, facéties et autres initiatives (plus ou moins) baroques du leader comme les enfants un père dans la forêt. Avant de faire à leur tour, de développer. Ceci dit, décrit pour rendre compte autant que faire se peut, un concert d’Hermeto Pascoal demeure une série de moments musicaux tissés à partir de lignes complexes, de strates riches, d’accents multiples, multicolores, métissés du Brésil,du Nordeste en particulier. Pour ces raisons intuitives, le côté savant plus la folie douce, Miles Davis en personne respectait le compositeur. Bernard Lubat lui dit admirer l’artiste singulier autant que le créateur de sons. Ce dernier joue le décalage certes A cette fin il quitte la ligne toujours sans prévenir sans prévenir. In fine, backstage, avec force mimiques et embrassades multiples à ses interlocuteurs et interlocutrices d’un soir Hermeto d’un coup d’un seul redevenu sérieux lance cette sentence abrupte « Improviser pour allonger le temps des phrases ou des notes c’est au fond un peu facile, non ? Et souvent un péché véniel du jazz. L’écriture, le respect des lignes ainsi tracées reste un exercice difficile, une intelligence nécessaire à la musique »
4 juillet
Dee Dee Bridgewater (voc), Michael King (p, key), Theo Crocker (tp), Eric Wheeler (b), Irvin Hall (sax, fl), Kassa Overhall (dm)
La plus française des chanteuses américaines de jazz revient à ses classiques, Aux standards par là même. A ses origine quoi. Afro Blue pour commencer occasion d’un solo du sac ténor tout en ruptures. Blue Monk pour enchainer, histoire de dire le beau texte d’Abbey Lincoln. Et basculer dans des acrobaties de scat propres à accrocher le public par l ‘oreille. Elle fait appel à un thème chatoyant signé Horace Silver. Ça y est : elle a pleinement pris possession de la salle, le métier aidant évidemment pour réussir dans cette entreprise. Se profile dès lors un St James Infirmary aux cris scandés, graves, rauques pour évoluer les rues de New Orleans. L’audience sous le chapiteau planté en centre ville au dessus du port de plaisance par une nuit humide, est prise à même la gorge d’Amstrong et de Dee Dee personnifiés de concert. Entre les thèmes elle est restée discrète, sans discours excessif, son pêché mignon. La voix pour et dans le jazz. Presque jusqu’au bout du set et trois rappels à la clef. Là tout se déchaine. Un Living in the city de feu, des tempi binaires appuyés, une homogénéité orchestrale sans faille:voilà que Dee Dee se fait soul sister. Du groove en pagaille histoire d’habiter une voix grave. Des fourmis dans les jambes, de la danse partagée sur les planches et sur le carreau de la salle. Dee Dee à la tête d’un quintet funky super tonique se trouve come dopée. Revivifiée, allez. Public en folie, tout est dit.
5 juillet
Daahoud Salim (p, parc), Bruno Calvo (tp), Pablo Martinez (tb), (Hendrik Muller (b), Sunm Hong (dm)
Gonzalo Del Val (dm), David Mengual (b), Marco Mezquida (p)
Esperanza Spalding (voc, b), Corey King (keyb, voc), Matthew Stevens (g), Shavina Corso (voc), Emily Elbert (voc) Justin Tyson (dm)
Getxo Jazz comme d’autres festivals organise un concours d’orchestres. Cette année prix du public, pris du jury et prix du meilleur soliste vont aux mêmes: Daahoud Salim Quintet, orchestre formé à Amsterdam mais qui réunit des jeunes musiciens (espagnols, hollandais + une batteuse sud coréenne) dans la ville de Bilbao. Dont le leader, pianiste intéressant et compositeur inspiré. Chez le pianiste pointent des traces de Mc Coy Tyner, Jarreth ou Abdullah Ibrahim sans doute. Chez le compositeur un matériau original alliant cordes, cuivres (unissons ou contrastes,) et percussions, le tout bien étagé, précisément positionné. Avec un souci d’équilibre entre l’écrit et le plaisir festif laissé par l’improvisation. A écouter (CD: La Llamada, @Blueastéroir Records) A suivre sur d’autres scènes. Vu et entendu également sur la seconde scène du festival à Algorta le trio du batteur Gonzalo Del Val dévoile (outre le bassiste David Mengual, très solide, pilier reconnu du jazz à Barcelone) un pianiste catalan plein de promesses: Marco Mezquida fait s’épanouir sur le clavier une main droite volubile mais imaginative, un bon goût également dans les choix musicaux proposés. Au point de jouer Paradox, un thème de Jarreth « que, je l’avoue, j’ai été écouté la nuit dernière en piano solo à Budapest… » Gonflé non ce jeune ?
Pianiste toujours: Laurent Coulondres, venu lui aussi présenter le travail de son trio toujours sur la seconde scène…mais (entre)vu seulement à une heure du matin, présent, engagé, vaillant sur la scène ouverte d’un pub, lieu des jams sessions (la formule persiste dans les festivals en Espagne, suscitée, entretenue, suivi) de nuit à Getxo;
Esperanza Spalding, enfin pour clôturer le festival. Désolé: Esperanza ou Emily’s D + Evolution (son double ? sa conscience ? sa petite lumière), je n’ai pas saisi, je n’ai rien senti, vu que du blanc (costume seyant immaculé sous une couronne de pacotille façon roi aztèque imaginé ou Sun Ra du pauvre. Peu vu (une guitare,un batteur/ une batterie planqués derrière un un paravent de plexi glass) de musiciens. Pas entendu de contenu musical construit, nuancé au bénéfice de sons électriques couleurs guimauve au delà de stridences forcées d’une Stratocaster sortie de sa housse entrelardés d’épisodiques riffs de basse électrique. Et cette voix incessante comme égrenant ingénue le récit d’’une bibliothèque verte…Sans doute était ce un autre double, Desezperanza…Trop c’est trop, et de musique pas assez.
Bien. Pour terminer le credo du boss du Festival, Iñaki Isaitua « Nous voulons rester dans les possibilités artistiques que nous offres notre espace, une jauge de 1000 personnes. Continuer à faire découvrir des artistes à un public de non spécialistes, lLe satisfaire donc lui donner du plaisir d’écoute avec des figures du jazz évidemment. Mais aussi par la découverte de jeunes artistes, de chez nous au Pays Basque, d’Espagne et d’ailleurs sur la scène ouverte et gratuite. Notre satisfaction passe par l’élargissement du public vers, par cette musique de jazz » Plus cette année une perspective nouvelle: un lien d’échange établi avec le festival Ibiza Jazz qui renait de ses cendres. A suivre.
Robert Latxague
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Getxo, cité chic de l’agglomération de Bilbao (1 million d’habitants) porte son festival depuis 40 ans. Comme les deux autres autres du Pays Basque, Vitoria et San Sebastian, il se trouve promu sinon aidé par le département culture du Gouvernement de la Communauté Autonome d’Euskadi.
Getxo Jazz, Botz Alai Plaza, Euskadi/Espagne
3 juillet
Hermeto Pascual é Grupo: Hermeto Pascual (p, voc, Sax, corne, perc), Aline Morena (g, voc)
Tibéré Zivarg (eb, perc), André Maquis (p, fl, per), Vinicius Dorin (sax, fl, per), Fabio Pascual (perc), Ajurina Zwarg (dm, perc)
Sans doute l’excentricité reste-t-elle motrice chez Hermeto Pascoal, multi instrumentiste inclassable do Brazil. (pourquoi à Getxo n’a-t-il pas joué d’accordéon ?) Génératrice de surprise, d’imprévu, d’une poésie distillée à fleur de notes certainement. Ainsi de cet exercice de percussion et cris/bruits sortis tout droit du ventre de cochons miniatures en latex. Ou ces gargarismes vocaux embouchés par le bec verseur d’une bouilloire à moitié remplie d’eau en guise d’’introduction d’une longue suite (à retrouver sur le CD: Eu e Eles, Selo Radio Mec Brasil) Le tout immédiatement mis en musique(s), évidemment. Autant de minis épisodes aussitôt relayés par les autres membres de l’orchestre, lesquels suivent les pas, facéties et autres initiatives (plus ou moins) baroques du leader comme les enfants un père dans la forêt. Avant de faire à leur tour, de développer. Ceci dit, décrit pour rendre compte autant que faire se peut, un concert d’Hermeto Pascoal demeure une série de moments musicaux tissés à partir de lignes complexes, de strates riches, d’accents multiples, multicolores, métissés du Brésil,du Nordeste en particulier. Pour ces raisons intuitives, le côté savant plus la folie douce, Miles Davis en personne respectait le compositeur. Bernard Lubat lui dit admirer l’artiste singulier autant que le créateur de sons. Ce dernier joue le décalage certes A cette fin il quitte la ligne toujours sans prévenir sans prévenir. In fine, backstage, avec force mimiques et embrassades multiples à ses interlocuteurs et interlocutrices d’un soir Hermeto d’un coup d’un seul redevenu sérieux lance cette sentence abrupte « Improviser pour allonger le temps des phrases ou des notes c’est au fond un peu facile, non ? Et souvent un péché véniel du jazz. L’écriture, le respect des lignes ainsi tracées reste un exercice difficile, une intelligence nécessaire à la musique »
4 juillet
Dee Dee Bridgewater (voc), Michael King (p, key), Theo Crocker (tp), Eric Wheeler (b), Irvin Hall (sax, fl), Kassa Overhall (dm)
La plus française des chanteuses américaines de jazz revient à ses classiques, Aux standards par là même. A ses origine quoi. Afro Blue pour commencer occasion d’un solo du sac ténor tout en ruptures. Blue Monk pour enchainer, histoire de dire le beau texte d’Abbey Lincoln. Et basculer dans des acrobaties de scat propres à accrocher le public par l ‘oreille. Elle fait appel à un thème chatoyant signé Horace Silver. Ça y est : elle a pleinement pris possession de la salle, le métier aidant évidemment pour réussir dans cette entreprise. Se profile dès lors un St James Infirmary aux cris scandés, graves, rauques pour évoluer les rues de New Orleans. L’audience sous le chapiteau planté en centre ville au dessus du port de plaisance par une nuit humide, est prise à même la gorge d’Amstrong et de Dee Dee personnifiés de concert. Entre les thèmes elle est restée discrète, sans discours excessif, son pêché mignon. La voix pour et dans le jazz. Presque jusqu’au bout du set et trois rappels à la clef. Là tout se déchaine. Un Living in the city de feu, des tempi binaires appuyés, une homogénéité orchestrale sans faille:voilà que Dee Dee se fait soul sister. Du groove en pagaille histoire d’habiter une voix grave. Des fourmis dans les jambes, de la danse partagée sur les planches et sur le carreau de la salle. Dee Dee à la tête d’un quintet funky super tonique se trouve come dopée. Revivifiée, allez. Public en folie, tout est dit.
5 juillet
Daahoud Salim (p, parc), Bruno Calvo (tp), Pablo Martinez (tb), (Hendrik Muller (b), Sunm Hong (dm)
Gonzalo Del Val (dm), David Mengual (b), Marco Mezquida (p)
Esperanza Spalding (voc, b), Corey King (keyb, voc), Matthew Stevens (g), Shavina Corso (voc), Emily Elbert (voc) Justin Tyson (dm)
Getxo Jazz comme d’autres festivals organise un concours d’orchestres. Cette année prix du public, pris du jury et prix du meilleur soliste vont aux mêmes: Daahoud Salim Quintet, orchestre formé à Amsterdam mais qui réunit des jeunes musiciens (espagnols, hollandais + une batteuse sud coréenne) dans la ville de Bilbao. Dont le leader, pianiste intéressant et compositeur inspiré. Chez le pianiste pointent des traces de Mc Coy Tyner, Jarreth ou Abdullah Ibrahim sans doute. Chez le compositeur un matériau original alliant cordes, cuivres (unissons ou contrastes,) et percussions, le tout bien étagé, précisément positionné. Avec un souci d’équilibre entre l’écrit et le plaisir festif laissé par l’improvisation. A écouter (CD: La Llamada, @Blueastéroir Records) A suivre sur d’autres scènes. Vu et entendu également sur la seconde scène du festival à Algorta le trio du batteur Gonzalo Del Val dévoile (outre le bassiste David Mengual, très solide, pilier reconnu du jazz à Barcelone) un pianiste catalan plein de promesses: Marco Mezquida fait s’épanouir sur le clavier une main droite volubile mais imaginative, un bon goût également dans les choix musicaux proposés. Au point de jouer Paradox, un thème de Jarreth « que, je l’avoue, j’ai été écouté la nuit dernière en piano solo à Budapest… » Gonflé non ce jeune ?
Pianiste toujours: Laurent Coulondres, venu lui aussi présenter le travail de son trio toujours sur la seconde scène…mais (entre)vu seulement à une heure du matin, présent, engagé, vaillant sur la scène ouverte d’un pub, lieu des jams sessions (la formule persiste dans les festivals en Espagne, suscitée, entretenue, suivi) de nuit à Getxo;
Esperanza Spalding, enfin pour clôturer le festival. Désolé: Esperanza ou Emily’s D + Evolution (son double ? sa conscience ? sa petite lumière), je n’ai pas saisi, je n’ai rien senti, vu que du blanc (costume seyant immaculé sous une couronne de pacotille façon roi aztèque imaginé ou Sun Ra du pauvre. Peu vu (une guitare,un batteur/ une batterie planqués derrière un un paravent de plexi glass) de musiciens. Pas entendu de contenu musical construit, nuancé au bénéfice de sons électriques couleurs guimauve au delà de stridences forcées d’une Stratocaster sortie de sa housse entrelardés d’épisodiques riffs de basse électrique. Et cette voix incessante comme égrenant ingénue le récit d’’une bibliothèque verte…Sans doute était ce un autre double, Desezperanza…Trop c’est trop, et de musique pas assez.
Bien. Pour terminer le credo du boss du Festival, Iñaki Isaitua « Nous voulons rester dans les possibilités artistiques que nous offres notre espace, une jauge de 1000 personnes. Continuer à faire découvrir des artistes à un public de non spécialistes, lLe satisfaire donc lui donner du plaisir d’écoute avec des figures du jazz évidemment. Mais aussi par la découverte de jeunes artistes, de chez nous au Pays Basque, d’Espagne et d’ailleurs sur la scène ouverte et gratuite. Notre satisfaction passe par l’élargissement du public vers, par cette musique de jazz » Plus cette année une perspective nouvelle: un lien d’échange établi avec le festival Ibiza Jazz qui renait de ses cendres. A suivre.
Robert Latxague